Après le sommet de Djeddah, la formule de paix de l’Ukraine est la seule voie à suivre

"La Russie doit respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues", a déclaré M. Kuleba à Arab News. (Photo, AN)
"La Russie doit respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues", a déclaré M. Kuleba à Arab News. (Photo, AN)
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Publié le Mercredi 16 août 2023

Après le sommet de Djeddah, la formule de paix de l’Ukraine est la seule voie à suivre

  • Le diplomate en chef de l’Ukraine déclare que le monde se dirige vers un sommet de la paix mondiale
  • Il félicite le «rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la politique internationale»

RIYAD: Le monde se rapproche d'un sommet pour la paix, mais mettre fin au conflit avec la Russie ne peut être réalisé que si le plan de paix de l'Ukraine est respecté, souligne Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, dans une interview exclusive accordée à Arab News.

Lors d'une interview exclusive réalisée via Zoom, M. Kuleba a indiqué qu'il était encore prématuré d'aborder en détail les lieux ou les dates spécifiques d'un sommet mondial. Cependant, il a affirmé que le dialogue progressait dans la bonne direction, à condition que la formule de paix ukrainienne soit mise en œuvre.

De hauts fonctionnaires de quarante-deux pays se sont rassemblés à Djeddah, en Arabie saoudite, les 5 et 6 août, dans le but d'élaborer les principes phares pour mettre fin à la guerre avec la Russie. Ce sommet faisait suite à un forum similaire qui s'était tenu à Copenhague, au Danemark, plus tôt cet été.

Dmytro Kuleba commente: «À la suite de la réunion de Djeddah, je peux affirmer que nous progressons définitivement dans cette direction à un bon rythme et que cela se concrétisera. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'Arabie saoudite et d'autres pays impliqués pour organiser ce sommet, comme proposé par l'Ukraine.»

«Et l'objectif de ce sommet est très clair, la formule de paix de l'Ukraine, qui est une manière globale de résoudre le conflit, donnera des résultats, et tous les enjeux couverts par cette solution de paix commenceront à être mis en œuvre.»

«C'est la seule voie à suivre, selon la Charte des nations unies et le droit international.»

Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a déclaré qu'il espère que l'initiative diplomatique conduira à un sommet de paix des dirigeants mondiaux à l'automne pour approuver les principes, basés sur sa propre formule en dix points pour un règlement.

Il a présenté le plan lors du sommet du Groupe des vingt (G20) à Bali, en Indonésie, en novembre dernier.

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Celui-ci abordait la sécurité nucléaire, la sécurité alimentaire et énergétique, la libération des prisonniers, la restitution du territoire, la cessation des hostilités, la responsabilité des crimes de guerre, la sécurité environnementale, la prévention des futures agressions et la confirmation de la fin de la guerre. Arab News a contacté l'ambassade de Russie pour un commentaire, sans succès.

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a récemment déclaré que Moscou appréciait les «initiatives humanitaires et de médiation» des amis de la Russie, tout en réitérant le rejet par son pays de la « formule de paix » proposée par l'Ukraine.

«En promouvant la formule de Zelensky, le régime de Kiev et l'Occident tentent de minimiser l'importance des initiatives de paix proposées par d'autres pays et de monopoliser le droit de les faire avancer», a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse la semaine dernière. 

La réunion de Djeddah, qui vient de s'achever, s'est terminée sans conférence de presse de clôture ni déclaration officielle saoudienne. Toutefois, le Royaume a maintenu jusqu'à présent son désir de servir d'intermédiaire neutre entre la Russie et l'Ukraine. Mardi, le Cabinet saoudien a décrit le sommet de Djeddah comme une poursuite des initiatives et des efforts du prince héritier visant à contribuer à la réalisation d'une paix durable et à réduire l'impact humanitaire de la crise.

Lors de la réunion de Copenhague en juin, la demande de l'Ukraine selon laquelle toutes les troupes russes devaient se retirer avant le début des pourparlers de paix a été considérée par certains pays participants comme une demande irréaliste.

La Russie, qui contrôle de vastes parties du territoire ukrainien, notamment la Crimée et des parties de Donetsk et Louhansk, a déclaré que toute négociation devait tenir compte des «nouvelles réalités territoriales».

Interrogé sur la signification des positions de ces deux nations, M. Kuleba affirme que l'Ukraine avait la «vérité» de son côté.

«De toutes les perspectives, légales, politiques, économiques et historiques, la Russie doit respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues», déclare-t-il.

«Les frontières ont été reconnues par la Russie, ainsi que par le reste du monde, notamment l'Arabie saoudite et d'autres pays. Donc, la différence entre notre position et celle de la Russie est que notre position est légitime, à l’inverse de la leur.»

«Et la vérité dans ce cas est de notre côté. Alors pourquoi ne devrions-nous pas la poursuivre?»

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La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'est entretenue en exclusivité avec Dmytro Kuleba, de l'Ukraine. (Photo, AN)

Commentant le sommet de Djeddah, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, avait déclaré que «toute tentative de promouvoir un règlement pacifique mérite une évaluation positive».

Quand on lui a demandé si cela pouvait suggérer que la Russie était prête à envisager d'autres moyens pour parvenir à la paix, Dmytro Kuleba a fait remarquer que Kiev ne croit pas aux paroles de Moscou – seules les actions importent.

«Je pense qu'il serait trop tôt et naïf de tirer des conclusions d'un seul commentaire du porte-parole du président Poutine», souligne M. Kuleba.

«À différentes occasions, non seulement lui, mais d'autres hauts responsables russes ont également déclaré que l'agression russe contre l'Ukraine se poursuivra tant que la Russie atteindra les objectifs de cette agression.»

«Nous ne faisons donc pas confiance aux paroles russes. Nous voulons voir des actions russes spécifiques sur le terrain pour en conclure qu'ils sont prêts à restaurer la paix. Pour l'instant, ce n'est pas le cas.»

Arab News a contacté l'ambassade de Russie pour obtenir un commentaire, mais sans succès.

Dmytro Kuleba a reconnu le rôle prépondérant de l'Arabie saoudite dans les efforts visant à résoudre la crise ukrainienne, depuis l'échange de prisonniers qu'elle a facilité en septembre 2022 jusqu'à l'intervention de M. Zelensky devant la Ligue arabe à Djeddah en mai de cette année et, plus récemment, en tant qu'hôte du sommet de ce mois-ci.

«J’estime que l'Arabie saoudite joue un rôle très constructif dans les affaires liées à l'agression russe contre l'Ukraine», précise-t-il.

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«Nous sommes conscients que votre direction a identifié une possibilité pour l'Arabie saoudite de jouer un rôle véritablement global et positif sur la scène de la politique internationale.»

«Et je ne peux que saluer la vision et le leadership de votre pays dans ces affaires, car pour résoudre les problèmes mondiaux, il faut avoir une ambition mondiale. L'Arabie saoudite a clairement démontré qu'elle a cette ambition.»

«En conséquence, elle a également prouvé sa capacité à réaliser énormément de choses, ce qui ne peut qu'être accueilli et salué.»

Récemment, les responsables ukrainiens ont porté leurs efforts diplomatiques vers la construction d'un soutien au-delà des principaux soutiens occidentaux de Kiev en s'adressant aux pays du Sud mondial.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles l'Ukraine considère soudainement le Sud mondial comme une composante si essentielle, M. Kuleba a indiqué qu’un nombre important de ces nations avaient souffert de l'agression russe.

«Bien que l'agression russe contre l'Ukraine se déroule en Europe, elle a des répercussions mondiales et ce sont les pays du Moyen-Orient, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud qui ressentent les conséquences de cette agression», déclare Dmytro Kuleba.

«C'est pourquoi il est essentiel que tous ces pays s'associent dans un effort commun visant à mettre fin à ce conflit, afin d’alléger la pression sur nos économies, pour la sécurité alimentaire mondiale et, bien sûr, pour rétablir le respect du droit international, ceci étant dans l'intérêt de tous.»

Lorsqu'on l'a questionné sur la possibilité que des pays tels que la Turquie, l'Inde, l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Brésil et même la Chine aient les incitations ou l'influence nécessaires pour convaincre le Kremlin de modifier sa trajectoire, M. Kuleba a expliqué que cela constituerait un processus graduel, mais qu'il se déroulerait dans la bonne direction.

«Si je regarde la liste des pays qui ont participé à la réunion similaire des conseillers à la sécurité nationale et des représentants des ministères des Affaires étrangères à Copenhague, il y a un peu plus d'un mois, puis à la réunion de suivi à Djeddah, je constate que le nombre de pays participants augmente – notamment la Chine, qui a rejoint le format pour la première fois – ce qui témoigne du fait très simple qu'ils y voient de la valeur et que leur incitation évolue», déclare-t-il.

«Cela ne se produit pas en un jour, mais la dynamique générale de ce processus est positive. Et je tiens à remercier une fois de plus l'Arabie saoudite d'avoir joué un rôle très constructif en aidant d'autres pays à rejoindre le processus et à y réaliser leurs intérêts.»

Dmytro Kuleba spécifie que c’est la voix collective du Sud mondial, par opposition aux nations individuelles, qui amènerait finalement la Russie à la table des négociations.

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«Si l'on prend la Chine, elle entretient des relations spéciales avec la Russie», indique-t-il. «Si l'on prend la Turquie, elle entretient des relations très profondes avec la Russie. Si l'on prend l'Arabie saoudite, on peut en dire autant.»

«Alors, peut-être que chaque pays agissant individuellement ne dispose pas des ressources nécessaires pour influencer la Russie à changer de position. Cependant, si tous ces pays sont réunis, l'effet cumulatif sur la Russie pourrait être décisif.»

«Et c'est précisément l'objectif; réunir tous ceux qui sont prêts à transformer la situation pour le mieux. Ensemble, nous pouvons mettre fin à cette guerre, mettre en place une formule de paix et restaurer l'intégrité territoriale de l'Ukraine, dans l'intérêt de la communauté internationale tout entière.»

Cependant, des inquiétudes persistent parmi les pays du Sud global concernant les risques de compromettre leurs relations avec la Russie en s'alignant aux côtés de l'Ukraine. En effet, même l'Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) semble hésitante quant à la manière dont elle doit agir pour confronter la Russie, refusant de proposer une voie claire permettant à l'Ukraine de rejoindre l'alliance militaire.

«Je pense que ce sont deux voies distinctes», déclare M. Kuleba. «L'Ukraine se dirige progressivement vers son intégration dans l'Union européenne (UE) et l'Otan pour des raisons économiques et de sécurité. C'est un choix très naturel pour notre pays, compte tenu de notre histoire et de notre géographie.»

«Les pays du Sud global ont beaucoup perdu en raison de l'agression russe contre notre pays. Mais cela n'a rien à voir avec nos aspirations à devenir membres de l'UE ou de l'Otan.»

«Ce que les pays d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique du Sud veulent voir, ce sont des marchés mondiaux de l'alimentation stables, des perspectives de commerce avec l'Ukraine et l'exploitation du plein potentiel de l'éducation pour leurs étudiants en Ukraine. Tout cela fonctionnait parfaitement avant que la Russie n'attaque.»

«Je n'ai donc pas l'impression que les pays du monde voient la situation à travers le prisme des intérêts régionaux de l'Ukraine, qui visent une intégration étroite avec l'UE et l'Otan.»

L'Ukraine semble considérer le retrait de la Russie de l'Initiative pour les céréales de la mer Noire en juillet comme un problème autour duquel elle pourrait peut-être mobiliser le soutien du Sud global.

L'Ukraine et la Russie figurent parmi les principaux exportateurs mondiaux de céréales. L'accord sur les céréales a été négocié par l'Organisation des nations unies (ONU) et la Turquie en juillet 2022 afin d’aider à combattre une crise alimentaire mondiale aggravée par l'invasion.

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La Russie a déclaré que trop peu de céréales étaient parvenues aux pays pauvres en vertu des termes de l'accord – une affirmation contestée par l'ONU. Moscou estimait également que la partie de l'accord permettant une augmentation des exportations agricoles russes n'était pas respectée par l'Occident en raison des sanctions.

En réponse à l'argument du Kremlin, Dmytro Kuleba a déclaré que la Russie n'avait pas le droit de demander des conditions préférentielles dans une crise qu'elle avait elle-même provoquée.

«Il convient de revenir à février 2022, lorsque la Russie a lancé une attaque illégale contre l'Ukraine et a imposé un blocus sur les exportations maritimes ukrainiennes de céréales. Cette action était en violation de la loi et illégitime», précise-t-il.

«Ainsi, lorsque la Russie tente de négocier en sa faveur à la suite de ses propres actions illégales, il est inapproprié de considérer l'apaisement des préoccupations et des intérêts légitimes de la Russie dans de telles circonstances.»

«La Russie est à l'origine de ce problème et elle doit déployer tous les efforts nécessaires pour le résoudre, plutôt que de chercher à maintenir le blocus des ports ukrainiens et de tenter de protéger ses propres intérêts sur la scène mondiale. Ce n'est tout simplement pas la manière dont les choses fonctionnent.»

Si ce genre de comportement de la Russie est toléré, d'autres acteurs à travers le monde pourraient être tentés d'adopter la même approche, de générer des problèmes, puis d’essayer de les résoudre au détriment d'autrui, plutôt que d'éliminer simplement la cause initiale – la raison fondamentale des problèmes auxquels nous sommes tous confrontés.

Noor Nugali est rédactrice en chef adjointe d'Arab News.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.