Le référendum de Macron sur le climat, «avancée majeure» ou «coup de com»?

Emmanuel Macron s’exprime lors de la Convention citoyenne pour le climat, le 14 décembre (Photo, AFP).
Emmanuel Macron s’exprime lors de la Convention citoyenne pour le climat, le 14 décembre (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Le référendum de Macron sur le climat, «avancée majeure» ou «coup de com»?

  • Le Premier ministre Jean Castex a dit mardi espérer qu'il puisse se tenir «si possible» avant la fin du quinquennat
  • Un référendum permettrait que «des millions de Français débattent et se prononcent», donnant ainsi «à la lutte pour l'environnement et contre le changement climatique une grande force»

PARIS: L'annonce d'un référendum sur le climat par Emmanuel Macron a reçu un accueil mitigé, certains saluant « une avancée majeure », d'autres dénonçant « un coup de com », mais de nombreuses interrogations demeurent sur les chances de consulter les Français avant la fin du quinquennat.

Le temps presse car l'organisation d'un référendum, rare en France, est un processus long et complexe.

Prudent, le Premier ministre Jean Castex a dit mardi espérer qu'il puisse se tenir « si possible » avant la fin du quinquennat, en soulignant que cela dépendrait de l'évolution de l'épidémie de Covid-19.

« D'un point de vue de l'agenda parlementaire, ça passe », veut toutefois rassurer un ponte de la majorité.

Pour cela, le gouvernement proposera la réforme constitutionnelle, d'un seul article, probablement le 27 janvier, en même temps que la loi climat. Elle devra ensuite être votée « en des termes identiques » par les députés et par les sénateurs et, alors, « ce jour-là, elle sera soumise à référendum », a expliqué Emmanuel Macron lundi soir devant les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC).

Dans le meilleur des cas, celui-ci pourrait être adossé aux élections régionales et départementales - pressenties pour se tenir en juin - ou en septembre.

Mais ce processus est loin d'être acquis en raison du contexte : la classe politique aura les yeux rivés vers la présidentielle de 2022 et le Sénat, fortement ancré à droite, pourrait être réticent à offrir un succès au président.

Le gouvernement a d'ailleurs échoué à deux reprises à modifier l'article 1er de la Constitution dans le cadre de projets de loi qui n'ont jamais vu le jour, en partie à cause de l'opposition du Sénat.

« Le parlement, on ne le forcera pas. Il agira en toute liberté, en toute indépendance, sans subir de pressions, et j'en serai le garant », a affirmé le président du Sénat Gérard Larcher sur LCI.

Pour le constitutionnaliste Fabrice Gartner, « la plus grosse probabilité, c'est que le référendum n'ait pas lieu ». « De Gaulle, en 68, s'était vite ravisé après avoir proposé un référendum et avait finalement dissous l'Assemblée nationale », rappelle le professeur de droit public à l'Université de Lorraine, selon qui l'annonce d'Emmanuel Macron peut en revanche « nourrir un débat pour la campagne présidentielle ».

Sans fermer la porte, les responsables de droite affichent également leur scepticisme. 

Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau dit « attendre la formulation » du référendum, tandis que son homologue à l'Assemblée Damien Abad dénonce une « instrumentalisation de l'écologie à des fins politiques ».

« Pas d'intérêt juridique »

Pour la Convention et certaines ONG, la réponse à cette question est positive car « l'article 1er de la Constitution consacre le socle de nos valeurs républicaines », selon Grégoire Fraty, co-président de l'association « Les 150 » qui regroupe la majorité des membres de la CCC.

Un référendum permettrait que « des millions de Français débattent et se prononcent », donnant ainsi « à la lutte pour l'environnement et contre le changement climatique une grande force », ajoute-t-il.

C'est aussi pour cette raison que, tout en dénonçant « l'opportunisme » d'Emmanuel Macron, l'eurodéputé EELV Yannick Jadot dit qu'il ferait « campagne pour le oui » au référendum, qui « est une victoire culturelle majeure pour les écologistes » selon le secrétaire national du parti Julien Bayou.

Saluant « l'habileté » du président, le patron des sénateurs centristes Hervé Marseille se déclare « pas hostile à l'intention et au principe », mais que « l'important est de savoir comment est écrit » le projet de loi.

D'autres sont moins convaincus, comme l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, qui dénonce « une démarche largement inutile ».

Le professeur associé en droit de l'environnement à Paris I Panthéon-Sorbonne, Arnaud Gossement, est également dubitatif, en ne voyant pas « d'intérêt juridique » à une telle évolution, en faisant valoir que la Charte pour l'Environnement, votée en 2004, est déjà partie intégrante de la Constitution.

Jean-Luc Mélenchon (LFI) annonce qu'il voterait « non » au référendum qu'il assimile à une « manipulation ».

Il s'agit d' « une énième manœuvre politicienne » d'Emmanuel Macron, juge Marine Le Pen.

S'il se tenait, ce référendum serait le premier à être organisé en France depuis 2005, et la victoire du Non à la Constitution européenne, et le premier sur l'écologie.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.