Interdiction de l’abaya à l’école: les réactions s’enchaînent en France

Des élèves lors de l'affichage des résultats du baccalauréat général français au lycée Pasteur de Strasbourg, dans l'est de la France, le 4 juillet 2023. La décision du gouvernement français d'interdire aux élèves de porter des abayas - des robes longues et fluides d'origine moyen-orientale - a ouvert un nouveau débat sur les lois laïques du pays et le traitement des minorités musulmanes. (Photo Frederick FLORIN / AFP)
Des élèves lors de l'affichage des résultats du baccalauréat général français au lycée Pasteur de Strasbourg, dans l'est de la France, le 4 juillet 2023. La décision du gouvernement français d'interdire aux élèves de porter des abayas - des robes longues et fluides d'origine moyen-orientale - a ouvert un nouveau débat sur les lois laïques du pays et le traitement des minorités musulmanes. (Photo Frederick FLORIN / AFP)
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Publié le Mardi 29 août 2023

Interdiction de l’abaya à l’école: les réactions s’enchaînent en France

  • «Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant», a estimé Gabriel Attal
  • «La consigne n’était pas claire; désormais elle l’est et nous nous en félicitons», s’est réjoui le secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale

PARIS: Il fallait s’y attendre. Les réactions – de félicitations ou d’indignation – n’ont pas tardé après l’annonce de l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires français, ce dimanche 27 août. «J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter d’abaya à l’école», a en effet déclaré Gabriel Attal dimanche soir sur le plateau du JT de TF1. Pour le ministre de l’Éducation nationale, cette longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes est l’expression d’«un geste religieux, visant à tester la résistance de la République sur le sanctuaire laïque que doit constituer l’école». «Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant», a-t-il estimé.

Ses collègues au gouvernement n’ont pas manqué de le soutenir. Gabriel Attal «a mille fois raison», a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur France Inter. «Non à l’abaya, non à tous les signes religieux ostensibles et non à l’islam politique dans notre pays!» Le locataire de Bercy a renchéri en ces termes: «Oui, c’était une urgence de dire stop et de dire non, de se mettre derrière le personnel enseignant qui réclamait des consignes claires.»

«La consigne n’était pas claire; désormais elle l’est et nous nous en félicitons», s’est réjoui de son côté Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale. «Maintenant que le message est énoncé, il faut que cela se mette en œuvre dans les établissements. […] Il ne faut pas que les chefs d’établissement soient seuls face aux abayas», a-t-il demandé.

«On vient à l’école non pas pour faire du prosélytisme religieux, mais pour apprendre», a estimé sur BFM TV et sur RMC Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement. Ce dernier a dénoncé une forme de «prosélytisme» à travers le port de ce vêtement. Il a expliqué que cette décision avait été prise en prenant d’abord en compte les proviseurs qui avaient demandé un soutien plus fort de la part de leur ministère. «L’école, c’est un temple de la laïcité», a martelé Olivier Véran.

Une interdiction saluée à droite

Sans surprise, cette décision a été saluée à droite. Éric Ciotti (Les Républicains) a soutenu que «le communautarisme est une lèpre qui menace la République», avant de rappeler, dans un message publié sur X (anciennement Twitter): «Nous avions réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans nos écoles.»

Le communautarisme est une lèpre qui menace la République.

Nous avions réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans nos écoles.

Je salue la décision du Ministre de l’Éducation nationale qui nous donne raison. https://t.co/Eyr3G4K4vt

— Eric Ciotti (@ECiotti) August 27, 2023

Toujours sur X, Éric Zemmour a lui aussi salué une annonce qu’il réclame depuis plusieurs mois. «L’interdiction des abayas est un premier bon pas si elle est appliquée», assure le président du parti «Reconquête!», avant de demander à aller encore «plus loin» en proposant «la généralisation du port de l’uniforme pour éviter toute provocation islamique à l’école».

L’interdiction des abayas est un premier bon pas si elle est appliquée.
Avec les @ParentsVigil nous réclamons cette interdiction depuis plusieurs mois et allons même plus loin en proposant la généralisation du port de l’uniforme pour éviter toute provocation islamique à l’école. https://t.co/CsgWGtKzJp

— Eric Zemmour (@ZemmourEric) August 28, 2023

La gauche divisée

À gauche, cependant, la mesure divise. Fabien Roussel a salué cette interdiction «parce que les chefs d'établissement avaient besoin de consignes claires, même si cela concerne 150 établissements sur 60 000», a souligné le patron du PCF sur Sud Radio.

Oui, la décision sur l’abaya était nécessaire pour ne pas laisser seuls les chefs d’établissement.

Non, ce n’est pas la priorité de la rentrée.

La priorité, c’est une éducation de qualité et vraiment gratuite pour toutes et tous. pic.twitter.com/KdDsim1sex

— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) August 28, 2023

Du côté du Parti socialiste (PS), les réactions sont venues du député Jérôme Guedj, qui rappelle que «notre boussole, c’est l’interdiction des signes ostensibles à l’école. Dès l’instant où l’abaya ou le qamis [vêtement long masculin, NDLR] sont portés dans une dimension ostentatoire, alors il faut les interdire comme la loi de 2004 le permet, sans difficultés majeures». Le maire PS de Montpellier, Michaël Delafosse, a expliqué sur X que «le principe de #laïcité doit être affirmé avec clarté. La loi de 2004 interdit les symboles religieux dans le cadre scolaire. Le prosélytisme religieux n’y a pas sa place».

Le principe de #laïcité doit être affirmé avec clarté. La loi de 2004 interdit les symboles religieux dans le cadre scolaire. Le prosélytisme religieux n’y a pas sa place. La prise de position du ministre ferme sur les #abayas est un signal très important qui doit dire consensus.

— Michaël Delafosse (@MDelafosse) August 27, 2023

En revanche, l’interdiction ne passe pas chez La France insoumise (LFI), qui le fait savoir haut et fort. «Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin», a réagi Jean-Luc Mélenchon sur X. À quand la paix civile et la vraie laïcité, qui unit au lieu d’exaspérer?», s’est demandé le leader du parti.

Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d'un habit féminin. À quand la paix civile et la vraie laïcité qui unit au lieu d'exaspérer ?

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) August 28, 2023

«Jusqu'où ira la police du vêtement? La proposition de @Gabriel_attal est anticonstitutionnelle. Contraire aux principes fondateurs de la laïcité. Symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans», s'est indignée sur X la députée LFI Clémentine Autain. Cette dernière a considéré que, «à peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le Rassemblement national [RN] par la droite».

Jusqu'où ira la police du vêtement ?
La proposition de @Gabriel_attal est anticonstitutionnelle.
Contraire aux principes fondateurs de la laïcité.
Symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans.

À peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le RN par la droite. https://t.co/2j0tClzL59

— Clémentine Autain (@Clem_Autain) August 27, 2023

Pour la députée insoumise Danièle Obono, «l’interdiction de l'#abaya est antilaïque, sexiste et raciste. La macronie impose un sens religieux à ce vêtement alors que les autorités du culte concerné disent qu'il n'en a pas».

?#BFMTV L'interdiction de l'#abaya est anti-laïque, sexiste et raciste. La Macronie impose un sens religieux à ce vêtement alors que les autorités du culte concerné disent qu'il n'en a pas ; vise spécifiquement un habillement féminin ; et stigmatise la seule religion musulmane. pic.twitter.com/nMseqfRMhp

— Députée Obono (@Deputee_Obono) August 28, 2023

«On a des nouvelles du nouveau ministre de l’Éducation: Gabriel Ciotti. Son obsession? Les musulmans. Plus précisément, les musulmanes», a raillé de son côté la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot.

On a des nouvelles du nouveau ministre de l’Éducation : Gabriel Ciotti. Son obsession ? Les musulmans.
Plus précisément, les musulmanes. Pour ne pas changer. https://t.co/4WUGfxfl0y

— Mathilde Panot (@MathildePanot) August 27, 2023

Pour la députée Sandrine Rousseau, cette décision prévoit un nouveau «contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles» après «l’interdiction du crop top, qui était annoncée le 12 septembre 2022».

L’année dernière c’était l’interdiction du crop top qui était annoncée le 12 sept 2022. Cette année, c’est l’abaya.

Le contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles, toujours. pic.twitter.com/ZDzcPVe6aC

— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) August 27, 2023

David Guiraud, député LFI du Nord, a rejoint sa collègue en constatant que «le premier acte du nouveau ministre de l’Éducation nationale n’aura donc pas été d’ouvrir des écoles, ni de revaloriser les salaires des personnels, ni d’ouvrir des postes pour accompagner les élèves en situation de handicap, mais d’interdire un vêtement. Tirez-en vos conclusions».

Le premier acte du nouveau Ministre de l’Éducation Nationale n’aura donc pas été d’ouvrir des écoles, ni de revaloriser les salaires des personnels, ni d’ouvrir des postes pour accompagner les élèves en situation de handicap, mais d’interdire un vêtement. Tirez-en vos conclusions https://t.co/yJPFUa8oby

— David Guiraud (@GuiraudInd) August 27, 2023

Un constat partagé par Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, qui a estimé sur France Inter que «le sujet principal de cette rentrée n’est pas le port de l’abaya. Il ne faudrait pas que cela vienne masquer l’ensemble des problèmes de l’école lors de cette rentrée». Selon elle, seulement «quelques milliers d’adolescentes portent ce vêtement» et, «dans 95% des cas, ces situations se dénouent par le dialogue».

Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, a également regretté cette décision: «Je pense que le ministre aurait pu échanger, demander l’avis des responsables religieux. Pour moi, l’abaya n’est pas une tenue religieuse, c’est une forme de mode», a-t-il déclaré sur BFM TV.


Le Sénat récupère le budget de l'Etat, le compromis reste hors de vue

Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, aborde le budget 2026 avec une ligne stricte : réduire les dépenses, rejeter de nouvelles taxes et viser un déficit de 4,7 % du PIB
  • Les divergences restent fortes avec l’Assemblée nationale et la gauche, rendant le compromis budgétaire très incertain

PARIS: Le Sénat, intransigeant sur sa ligne anti-taxes prônée par la droite, s'attaque jeudi au projet de budget de l'Etat pour 2026. Une étape cruciale sur la route d'un compromis budgétaire encore hors de vue, même si certains envisagent toujours une étroite voie de passage.

D'un budget à l'autre... Après avoir acté mercredi d'irréconciliables divergences avec l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la chambre haute se penche sur le deuxième volet de son marathon budgétaire à partir de 14H30.

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 occupera les sénateurs jusqu'à un vote solennel le 15 décembre. Et contrairement aux députés, qui ont massivement rejeté la partie "recettes" du texte le week-end dernier, les élus de la Haute assemblée auront l'opportunité de parcourir l'ensemble du budget, recettes comme dépenses.

Cela arrange bien la majorité sénatoriale, une solide alliance entre la droite et les centristes. Car sa ligne directrice est simple: "Plus d'économies et moins de taxes injustes", a résumé mercredi le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud.

Redevenu sénateur, Bruno Retailleau est plus offensif encore ces derniers jours vis-à-vis du gouvernement.

Le "compromis" budgétaire ? "Moi, je parle de tambouille", a-t-il encore égratigné mercredi sur franceinfo. Le scénario d'une loi spéciale en cas d'échec du processus budgétaire ? Il serait meilleur, selon lui, qu'un budget qui "appauvrit les Français"...

Les débats sur le budget de la Sécu, ces derniers jours, ont dressé le tableau d'une droite sénatoriale inflexible, refusant la suspension de la réforme des retraites et la quasi-totalité des compromis trouvés à l'Assemblée nationale.

Ce texte va désormais revenir sur le bureau des députés, samedi en commission et mardi dans l'hémicycle, pour une nouvelle lecture.

- "Un rouleau-compresseur" -

Bis repetita sur le budget de l'Etat ? "Notre majorité, c'est un rouleau-compresseur, elle vote en bloc, contrairement à l'Assemblée", assure à l'AFP le chef des centristes, Hervé Marseille. "On essaie d'avoir une ligne qui soit claire et audible: limiter les impôts, trouver des économies".

Ainsi, les sénateurs entendent bien respecter l'objectif d'un déficit ramené à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% en 2025. Avec deux ambitions: limiter les nouveaux prélèvements - environ 14 milliards dans la copie du gouvernement - et aller plus loin que les 17 milliards d'économies de dépenses proposées par Sébastien Lecornu.

Transformation de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers en aide médicale d'urgence, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de 4.000 postes d'enseignants supplémentaires, refus de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, restriction de la taxe sur les "holdings patrimoniales" proposée par le gouvernement...

Voici, pèle-mêle, les propositions que la Haute assemblée promet de voter.

"C'est la droite la plus dure qu'on ait connu", s'inquiète le patron du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. "Nous faisons face à une droite revancharde. Clairement, ce n'est pas avec elle que nous pourrons avancer" vers un compromis, renchérit son collègue Thierry Cozic.

- Compromis impossible ? -

Si la gauche est minoritaire au Sénat, le gouvernement peut difficilement faire sans elle à l'Assemblée nationale. L'abstention des socialistes y sera nécessaire - voire même insuffisante - pour envisager l'adoption définitive d'un budget, si Sébastien Lecornu continue de renoncer à l'article 49.3.

Après l'échec de la taxe "Zucman", les socialistes cherchent toujours à faire contribuer les plus hauts patrimoines. Une nouvelle proposition a fleuri mercredi, celle d'un emprunt "forcé" visant les foyers les plus aisés.

Si le gouvernement a accueilli avec "bienveillance" cet amendement, il semble n'avoir aucune chance de passer le filtre du Sénat.

Malgré ces divergences majeures, le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de croire à un compromis possible avant la fin décembre.

Plusieurs sources parlementaires et gouvernementales espèrent notamment qu'un accord potentiel sur le budget de la Sécu, la semaine prochaine à l'Assemblée, ferait souffler un vent positif sur le budget de l'Etat.

"Chacun affiche ses positions mais je pense qu'il y a la volonté non feinte de trouver une voie de passage", a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR). "Il faudra à un moment qu'on enlève les costumes."


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.