Abayas, pénurie d'enseignants: l'année scolaire démarre entre défis et défiance

Une photo prise le 1er septembre 2022 à Marseille montre des élèves arrivant dans leur école pour le premier jour de la rentrée. Douze millions d'élèves feront leur rentrée en France le 4 septembre 2023. (Photo Clément MAHOUDEAU / AFP)
Une photo prise le 1er septembre 2022 à Marseille montre des élèves arrivant dans leur école pour le premier jour de la rentrée. Douze millions d'élèves feront leur rentrée en France le 4 septembre 2023. (Photo Clément MAHOUDEAU / AFP)
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Publié le Lundi 04 septembre 2023

Abayas, pénurie d'enseignants: l'année scolaire démarre entre défis et défiance

  • Les vacances sont bel et bien terminées. 6,4 millions d'écoliers, 3,4 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens font leur retour en classe
  • Arrivé en juillet rue de Grenelle, Gabriel Attal fait lui sa première rentrée dans le costume de ministre de l'Education

PARIS: Quelque 12 millions d’élèves font leur retour à l’école lundi: une rentrée 2023/2024 où les pénuries d'enseignants, malgré la promesse d’un professeur devant chaque classe, sont éclipsées médiatiquement par l'interdiction de l'abaya.

Les vacances sont bel et bien terminées. 6,4 millions d'écoliers, 3,4 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens font leur retour en classe. Arrivé en juillet rue de Grenelle, Gabriel Attal fait lui sa première rentrée dans le costume de ministre de l'Education.

Du prix d'achat des fournitures scolaires à la tentation de l'uniforme en passant par le poids du cartable qu'il souhaite voir divisé par deux comme il l'a déclaré dimanche soir sur M6, M. Attal a multiplié les annonces avec la volonté de s'emparer de sujets "concrets".

«Les vraies questions»

C'est cependant l'interdiction controversée de l'abaya, longue robe traditionnelle couvrant le corps portée par certaines élèves musulmanes, qui a dominé médiatiquement la rentrée.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a adressé un message aux forces de l'ordre pour souligner "le caractère sensible que revêt cette rentrée" sur les atteintes à la laïcité en milieu scolaire.

"Il y a 513 établissements que nous avons identifiés comme potentiellement concernés par cette question-là à la rentrée scolaire", a indiqué M. Attal lundi sur RTL.

Abayas: 513 établissements «potentiellement concernés», selon Attal

Le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a indiqué lundi que 513 établissements étaient "potentiellement concernés" par la question de l'abaya pour la rentrée scolaire, après l'interdiction de ce vêtement à l'école.

"Il y a 513 établissements que nous avons identifiés comme potentiellement concernés par cette question-là à la rentrée scolaire", a affirmé Gabriel Attal sur RTL. "On a beaucoup travaillé avec les équipes de l’Education nationale, aussi avec le ministère de l’Intérieur sur ce sujet-là, pour identifier les établissements dans lesquels on sait qu’a priori cette situation va se présenter."

"Il y a un peu plus de 2.000 personnels qui sont formés sur ces questions qu’on a positionnés dans les établissements pour lesquels on sait que ce sujet va se manifester", a-t-il encore précisé, citant "des inspecteurs d’académies, des personnels laïcité et valeurs de la République des rectorats".

Quelque 12 millions d’élèves font leur retour à l’école lundi, avec une rentrée marquée notamment par l'interdiction de l'abaya, longue robe traditionnelle couvrante portée par certaines élèves musulmanes.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a adressé un message aux forces de l'ordre pour souligner "le caractère sensible que revêt cette rentrée" sur les atteintes à la laïcité en milieu scolaire.

Interrogé sur l'idée d'une interdiction des signes religieux pour les parents accompagnant les sorties scolaires, le ministre de l'Education a indiqué qu'il n'y était pas favorable, évoquant "la distinction sur ce qui se passe dans l’école et ce qui se passe en dehors de l’école". "Ce qui m’importe, c'est ce qui se passe dans l’école", a-t-il dit.

Gabriel Attal a par ailleurs indiqué qu'il "annoncerait à l’automne" les "modalités d’expérimentation" sur l'uniforme à l'école, qu'il souhaite mettre en place.

"Je suis pas sûr que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes de l’école. Mais en tout cas je pense qu’elle mérite d’être testée", a-t-il souligné.

"Je vois bien qu’il y a des prises de position d’élus en nombre ces derniers jours sur cette question de l’uniforme", a-t-il poursuivi. "J’invite ces élus à se rapprocher de mes services pour proposer concrètement les établissements dans lesquels ils souhaiteraient expérimenter une tenue scolaire unique, et j’annoncerai à l’automne les modalités d’expérimentation qui nous permettront de tester cette solution."

Les présidents LR des Conseils départementaux des Alpes-Maritimes et des Bouches-du- Rhône se sont proposés pour expérimenter l'uniforme au collège, emboîtant le pas du patron des Républicains Eric Ciotti.

C'est tout l'exécutif qui, au nom de la défense de la laïcité, a appelé à "faire bloc" sur cette interdiction qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de ce vêtement.

Sur France 2, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet a jugé lundi "très dangereux de faire la rentrée scolaire sur cette annonce là", parce que "ça occulte les vraies questions" et "stigmatise une partie de la population".

Comme ce qui a été prévu par la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles, les élèves récalcitrants se verront accueillis par l'établissement mais pas en classe et une phase de dialogue s'ouvrira entre la famille et l'Education nationale.

Dans le sillage du chef de l'Etat Emmanuel Macron qui a décidé de faire de l'école "son domaine réservé", le gouvernement, deux mois après les émeutes, souhaite incarner une ligne de fermeté en matière éducative, par exemple sur la laïcité ou les savoirs fondamentaux sur lesquels Gabriel Attal veut "mettre le paquet".

Si les chefs d'établissements ont salué l'interdiction, de nombreux enseignants jugent que la question de l'abaya "ne doit pas cacher les problématiques réelles du terrain".

La rentrée se déroule en effet à nouveau sous tension en raison d'une crise du recrutement des enseignants - un phénomène pas nouveau mais qui s'est accentué depuis l'an dernier - avec cette année plus de 3.100 postes non pourvus aux concours enseignants dans le pays.

Abaya: Hidalgo juge que c'est la réussite des élèves qui «devrait occuper la rentrée»

La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, s'est dite lundi "favorable" à l'interdiction du port de l'abaya dans les établissements scolaires mais a estimé que c'est la réussite "qui devrait occuper la rentrée", car "c'est ça le pacte républicain".

Interrogée sur l'interdiction de l'abaya lors d'une visite dans une école du XXe arrondissement, l'édile a estimé que "ce qui devrait occuper la rentrée scolaire c'est :  +Qu'est-ce qu'on fait pour que nos enfants réussissent à l'école ?+ C'est ça le pacte républicain".

L'élue socialiste a cependant rappelé être "favorable" à la mesure présentée par le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal.

Pour la rentrée des classes, la maire s'est rendue à l'école Vitruve, qui fête les 60 ans de sa pédagogie participative.

"Plutôt que de fermer des postes de façon massive à Paris et ailleurs, il faudrait aussi repenser l'école", a souligné Anne Hidalgo, évoquant "un manque d'anticipation" du gouvernement à l'occasion de la rentrée scolaire.

Lundi matin, il était "difficile de dire" si le nombre d'enseignants dans les classes parisiennes faisait défaut, a estimé la maire.

"C'est le moment de se poser et de regarder quelles sont les pédagogies, les organisations qui fonctionnent pour la réussite des enfants", a souligné l'édile, contestant la suppression de 170 classes dans la capitale et déplorant "ne pas entendre" cette réflexion dans les rangs politiques.

Les 209 élèves de l'école Vitruve participent à l'organisation et au financement des "classes vertes", "un projet qui permet chaque année à tous les enfants de l'école de partir dans des classes autogérées", a indiqué devant la presse la coordinatrice de l'école, Laurence Delhommeau.

L'intention de la municipalité parisienne est "d'appuyer et organiser la visibilité de ces expériences" pour favoriser leur essaimage, a indiqué la maire.

Elle a également rappelé que la mairie est à l'origine de la création de 131 "cours oasis", des cours d'école plus végétales et avec moins d'asphalte, ainsi que de "180 rues aux écoles", des rues rendues piétonnes ou semi-piétonnes et végétalisées.

Malgré la baisse démographique dans la capitale, les 750 postes de professeurs de la ville de Paris, venant en complément des enseignants de l'Education nationale pour la musique, les arts plastiques et le sport, ont été maintenus, selon la mairie.

«Devoir républicain»

Dans le Vaucluse, Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi que la promesse d'"un professeur devant chaque classe" à la rentrée serait "tenue": "un devoir républicain", selon lui.

Selon un sondage du syndicat SE-Unsa, mené auprès de 2.000 personnes, 68% des enseignants interrogés disent pourtant craindre qu'il y ait un manque de personnels pour la rentrée.

Pour résoudre la crise des vocations, l'exécutif met en avant sa politique de revalorisation "historique" mais, en dépit de l'effort budgétaire consenti, les syndicats ont accueilli avec beaucoup de réserve ces mesures et avec une franche hostilité la mise en place du "pacte".

Celui-ci prévoit de nouvelles hausses de rémunérations en contrepartie de nouvelles tâches notamment pour effectuer des remplacements de courte durée, un serpent de mer dans l'Education nationale. Le gouvernement estime qu'il peut agir comme un remède pour s'attaquer aux 15 millions d'heures non remplacées par an.

Lundi, la Première ministre Elisabeth Borne et Gabriel Attal qui se rendront en Ille-et-Vilaine à l’école Amandine-Mallet à Saint-Germain-sur-Ille et au lycée général et technologique Simone-Veil de Liffré, pour aborder le renforcement des fondamentaux en mathématiques et en lecture mais aussi le pacte.

La lutte contre le harcèlement sera aussi une autre priorité et un nouveau plan sera dévoilé d'ici fin septembre.

Pour la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, le sujet de l'abaya ne doit "pas occulter les questions liées au manque de personnels" de direction ou d'infirmières "ou la

priorité à donner à la lutte contre le harcèlement, aux effectifs surchargés des classes, à la lutte contre le décrochage scolaire, aux milliers d’enfants sans toit".


Lancés vers 2027, Bardella et Mélenchon préparent leur lutte finale

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
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  • À un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà le récit d’un duel annoncé entre l’extrême droite et la gauche radicale
  • Tandis que le RN estime qu’un face-à-face avec Mélenchon faciliterait la victoire de Bardella, les Insoumis jugent au contraire le président du RN plus fragile que Marine Le Pen

PARIS: Quatre décennies les séparent. Vingt points dans les sondages, aussi. Favoris de leurs camps respectifs à un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà à distance le récit de leur affrontement final.

Pour provoquer un duel, il faut désigner l'adversaire. Jordan Bardella a choisi le sien et ne manque pas une occasion ces derniers mois de cibler un Jean-Luc Mélenchon qui "met de l'huile sur le feu" et "veut l'implosion du pays", incarnation d'une "menace qui pèse sur nos valeurs".

Du haut de ses 30 ans, le jeune président du Rassemblement national cherche aussi à discréditer son aîné, âgé de 74 ans, en l'accusant systématiquement de "s'être allié" à Emmanuel Macron aux dernières législatives. L'épouvantail insoumis, "main dans la main" avec le président repoussoir "pour m'empêcher de devenir Premier ministre", se lamente presque le remplaçant désigné de Marine Le Pen - en cas d'inéligibilité confirmée en appel.

Un acharnement justifié par ce constat: "Il est à gauche celui qui a la possibilité d'emmener son camp au second tour de l'élection présidentielle". Le parti à la flamme étant, dans tous les pronostics, déjà qualifié pour la finale, inutile donc de s'épuiser contre des outsiders.

"À part Marine et Jordan, y a rien d'autre", résume un eurodéputé RN, qui reconnait quelques qualités au tribun de la gauche radicale: "Il sait s'exprimer, il a du talent", et surtout "il a un socle d'adhésion en dessous duquel il ne peut pas descendre".

La question n'est donc "pas de savoir s'il est le meilleur", de toute façon "c'est lui qui sera au second tour", ajoute ce cadre du mouvement d'extrême droite, pour qui ce scénario "rend plus simple l'élection". Chacun ayant en tête le récent sondage prédisant une victoire écrasante (74% contre 26%) de M. Bardella dans un second tour face à M. Mélenchon.

Un proche de Mme Le Pen faisait la même analyse au début de l'automne: "Pour gagner, il vaut mieux être contre un Mélenchon" jugé "très clivant", même si "une partie des gens votera moins pour nous que contre lui".

- "Bardella, c'est plus simple" -

Du côté des Insoumis, cela fait plus de 10 ans, avant même la création de LFI, que Jean-Luc Mélenchon prophétise: "à la fin ça se terminera entre eux et nous". Comprendre l'extrême droite et la gauche radicale.

Et ils sont persuadés que cette fois, leur fondateur pourrait accéder au second tour après trois échecs - à chaque fois derrière Marine Le Pen. Et que Jordan Bardella, en raison de son manque d'expérience et son profil plus libéral que la patronne du RN, ferait un meilleur adversaire que cette dernière.

"Bardella, c'est plus simple que Marine Le Pen au second tour. Il apprend par coeur mais il ne réfléchit pas par lui-même. Il peut s'effondrer pendant la campagne, comme lors des législatives l'année dernière", assure le coordinateur de LFI Manuel Bompard, alors que le mouvement mélenchoniste a acté que l'option Bardella était "la plus probable" pour le parti d'extrême droite en 2027.

Et suit de près son activité à Bruxelles.

"Sur cette dernière année, Bardella a déposé beaucoup plus d'amendements que lors tout son mandat précédent. Et il donne beaucoup plus de conférences de presse. Il fait ça pour la présidentielle, c'est évident", assure la cadre insoumise Manon Aubry, élue au Parlement européen depuis 2019 comme le président du RN.

"À LFI, je suis un peu l'anti-Bardella, je surveille de près ce qu'il fait au Parlement européen où il profite de la moindre médiatisation pour voter contre les droits des femmes ou les droits des LGBT", ajoute-t-elle, en précisant: "Il y aura de quoi avoir beaucoup de munitions pour Jean-Luc Mélenchon pour un éventuel débat d'entre-deux tours, s'ils sont tous les deux candidats".

Les Insoumis restent persuadés que la "magie du second tour" pourrait opérer, malgré les sondages très défavorables et à la faveur de la dynamique de campagne, pour qu'un "front républicain anti-RN" puisse se mettre en place.

Et tant pis si des responsables macronistes, comme Elisabeth Borne, refusent publiquement de choisir entre les deux. "Je suis incapable de voter pour Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ancienne Première ministre, pourtant connue pour son engagement contre l'extrême droite.


Budget: députés et sénateurs échouent à se mettre d'accord, pas de budget avant la fin de l'année

Cette photographie montre les résultats affichés sur un écran géant du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 16 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre les résultats affichés sur un écran géant du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • La commission mixte paritaire a échoué à trouver un accord sur le budget de l'État, repoussant son adoption et forçant le gouvernement à préparer une loi spéciale pour assurer la continuité des finances publiques
  • L'impasse reflète des tensions entre le gouvernement et la gauche à l'Assemblée, et la droite sénatoriale, chacun accusant l'autre de blocage

PARIS: Députés et sénateurs ont échoué à s'entendre vendredi sur le budget de l'État, écartant la perspective d'un texte adopté avant la fin de l'année, un échec au moins provisoire pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Entre le gouvernement et les socialistes d'un côté, la droite sénatoriale et les oppositions de l'autre, chacun se renvoie la balle sur la responsabilité de cette impasse.

Face à ce scénario, le gouvernement avait déjà annoncé qu'il préparait une loi spéciale pour permettre le prélèvement des impôts et assurer la continuité de l'Etat, avant une reprise des débats sur le budget début 2026.

Cette procédure exceptionnelle avait déjà été activée l'an dernier après la chute du gouvernement Barnier. Le texte devrait être examiné par les deux chambres au début de la semaine prochaine, après un probable passage lors du Conseil des ministres convoqué lundi soir, au retour d'un déplacement d'Emmanuel Macron aux Emirats arabes unis.

Le Premier ministre a également annoncé réunir, à partir de lundi, les principaux responsables politiques pour les "consulter sur la marche à suivre pour protéger les Français et trouver les conditions d'une solution".

L'échec de la commission mixte paritaire (CMP), où sept députés et sept sénateurs n'ont pas réussi à se mettre d'accord, marque la fin de deux mois de discussions parlementaires autour de ce texte financier crucial.

Dès le départ, le compromis semblait quasi impossible entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclamait plus de recettes et moins de coupes budgétaires.

Et le pari de Sébastien Lecornu de faire adopter le budget sans recours au 49.3 dans une chambre basse sans majorité était particulièrement ambitieux.

- La faute à qui ? -

C'est donc un échec pour le Premier ministre, même s'il a réussi à faire adopter mardi l'autre budget, celui de la Sécurité sociale, en obtenant un vote favorable des socialistes en échange d'une suspension de la réforme des retraites.

Pour l'exécutif et le PS, le coupable est tout désigné : les sénateurs LR, accusés d'intransigeance sur les recettes à trouver.

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a accusé la droite sénatoriale de "faire le choix de bloquer le pays". Sébastien Lecornu a plus sobrement regretté "l'absence de volonté d'aboutir de certains parlementaires".

Car, derrière les désaccords budgétaires, une guerre des chefs s'exacerbe à mesure que les échéances électorales se rapprochent.

Une ministre accuse ainsi Bruno Retailleau, patron de LR, d'avoir attisé la radicalité des sénateurs de son parti, dans une guerre larvée avec le chef des députés LR Laurent Wauquiez.

Au Palais du Luxembourg, on renvoie la balle à Matignon.

"La responsabilité de cet échec incombe au gouvernement qui a soigneusement, méthodiquement, scrupuleusement organisé l'impossibilité d'un accord", ont rétorqué Mathieu Darnaud (Les Républicains) et Hervé Marseille (UDI), chefs des groupes LR et centriste du Sénat, très remontés, dans un communiqué commun.

Bruno Retailleau avait émis les mêmes critiques un peu plus tôt, fustigeant un texte qui "aurait envoyé la France dans le mur de la dette" et appelant le gouvernement à recourir au 49.3 à la rentrée.

A l'Assemblée, la gauche, hors socialistes, a dénoncé un gouvernement qui se "défausse" sur les parlementaires, selon les mots d'Eric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances.

Pour le groupe écologistes, l'échec est dû à "la désunion profonde du bloc gouvernemental, incapable de s'accorder sur des priorités claires et de construire une majorité parlementaire".

- "Sparadrap" -

Cap sur la loi spéciale donc, avant la reprise des discussions en janvier.

A moins que le gouvernement ne se dirige vers les ordonnances avant la fin de l'année, s'interroge Jean-Philippe Tanguy pour le Rassemblement national. Son groupe continue d'appeler à un retour aux urnes, "seule solution" à la crise, dit-il.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a rappelé vendredi matin le coût d'une loi spéciale. "L'an dernier, on avait estimé à 12 milliards le coût d'avoir six à huit semaines sans budget."

"C'est un sparadrap", cela permet de "faire tourner le pays" mais il faudra bien que le Parlement s'accorde en début d'année, a aussi répété dans la matinée Mme Bregeon.

Outre l'urgence de disposer d'un budget, s'ajoutera la volonté du monde politique de tourner la page budgétaire avant les municipales de mars.


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.