La réconciliation entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie est «possible», selon le conseiller du président Aliev

Hikmet Hajiyev, conseiller du président azerbaïdjanais et chef du département des Affaires de politique étrangère accorde une interview à Arab News (Photo, Capture d’écran).
Hikmet Hajiyev, conseiller du président azerbaïdjanais et chef du département des Affaires de politique étrangère accorde une interview à Arab News (Photo, Capture d’écran).
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Publié le Mercredi 06 septembre 2023

La réconciliation entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie est «possible», selon le conseiller du président Aliev

  • Hikmet Hajiyev rejette les allégations selon lesquelles l'Azerbaïdjan affame délibérément les Arméniens du Haut-Karabakh
  • ll affirme qu'un traité de paix changerait le paysage du Caucase du Sud,

NEW YORK : Les tensions entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont fortement aggravées ces derniers mois, chaque partie accusant l'autre de mener des attaques transfrontalières dans le cadre de leur différend de longue date sur le Haut-Karabakh.

Les deux anciennes républiques soviétiques ont mené deux guerres, au début des années 1990 et à nouveau en 2020, pour le contrôle de la région, qui est internationalement reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, mais qui est largement peuplée d'Arméniens.

Malgré les efforts de médiation de l'UE, des États-Unis et de la Russie et l'appel unanime lancé par le Conseil de sécurité des Nations unies en août pour résoudre leur différend, Bakou et Erevan n'ont pas été en mesure de parvenir à un accord de paix durable.

Aujourd'hui, Erevan accuse Bakou de bloquer délibérément les livraisons de nourriture et d'aide aux villes du Haut-Karabakh peuplées d'Arméniens, via le corridor de Lachin, la seule route reliant l'Arménie à la région.

Les autorités arméniennes et les groupes d'aide internationale ont prévenu que la situation humanitaire des quelque 120 000 Arméniens vivant là-bas se détériorait, avec des pénuries de nourriture et de médicaments.

Dans une longue interview accordée à Arab News, Hikmet Hajiyev, conseiller du président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, et chef du département des Affaires de politique étrangère de l'administration présidentielle, a répondu à ces allégations.

Hajiyev a également décrit ce qu'il faudrait faire pour garantir la paix et tourner la page sur les atrocités du passé. Une bonne façon de commencer, a-t-il affirmé, serait que l'Arménie présente des excuses.

Q : Le Conseil de sécurité des Nations unies a récemment discuté de la situation dans le corridor de Lachin, où les membres du Conseil ont appris que l'Azerbaïdjan bloquait la seule route qui relie l'Arménie aux 120 000 Arméniens de souche vivant dans le Haut-Karabakh, les privant de nourriture, de médicaments et d'autres produits de première nécessité, ce qui entraîne une détérioration de la situation humanitaire.

R : Il s'agit d'allégations injustifiées et sans fondement à l'encontre de l'Azerbaïdjan. Il n'y a pas d'embargo ou de blocus à l’encontre des résidents arméniens de la région azerbaïdjanaise du Karabakh.

Ce que l'Azerbaïdjan propose, c'est d'avoir plusieurs routes. L'une des routes les plus importantes est la route Aghdam-Khankendi. Elle est beaucoup plus efficace et dispose de plus de capacités logistiques pour atteindre la région du Karabakh, car l'Azerbaïdjan l'a entièrement reconstruite.

Actuellement, la route Lachin-Khankendi est opérationnelle et fonctionnelle. Le Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge organise des convois le long de cette route.

Mais ce que nous disons, c'est qu'il faut ouvrir la route Aghdam-Khankendi. L'Azerbaïdjan aura ainsi un accès direct à Khankendi et un contact direct avec les Arméniens du Karabakh qui, à leur tour, auront la possibilité d'utiliser le principal réseau routier de l'Azerbaïdjan pour se rendre dans d'autres régions de l'Azerbaïdjan.

Mais, malheureusement, les seigneurs de la guerre à la tête de l'actuel régime arménien subordonné et fantoche dans ces territoires de l'Azerbaïdjan utilisent la situation humanitaire à leur profit, pour prolonger leur survie en tant qu'entité séparatiste qui n'acceptera pas la souveraineté de l'Azerbaïdjan, et au profit de la propagande, de l’intox et de la désinformation de la communauté internationale. Cela a toujours été leur raison d'être.

Nous les avons invités à dialoguer. Mais ils refusent le dialogue. C'est une attitude destructrice. Ils refusent également les denrées alimentaires de base ou tout ce qui vient d'Azerbaïdjan. C'est du racisme. À cause de l'origine du produit alimentaire, ils ont dit qu'ils ne l'accepteraient pas.

Les forces azerbaïdjanaises ont repris Fuzuli en 2020, trois décennies après avoir perdu le contrôle de la ville au profit de l'Arménie, et ont trouvé des maisons en ruines envahies par la végétation (Photo, AN/Ephrem Kossaify).
Les forces azerbaïdjanaises ont repris Fuzuli en 2020, trois décennies après avoir perdu le contrôle de la ville au profit de l'Arménie, et ont trouvé des maisons en ruines envahies par la végétation (Photo, AN/Ephrem Kossaify).

Q : Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) affirme qu'il n'a pas été en mesure d'apporter de l'aide à la population depuis plusieurs semaines et a demandé à votre administration de lui permettre de reprendre ses activités. Il a déclaré qu'en vertu du droit international humanitaire, toutes les parties doivent permettre et faciliter le passage rapide et sans entrave de l'aide humanitaire pour les citoyens dans le besoin. Quelle est votre réponse à l'appel du CICR ?

R : Nous avons une coopération et un engagement très étroits avec le CICR. Il opère déjà en Azerbaïdjan.

Le CICR sait également très bien, parce que nous sommes en contact régulier, qu’il y a eu un engagement d'honneur le 5 août selon lequel le CICR était invité à utiliser la route Aghdam-Khankendi pour ses convois humanitaires.

Dans les prochaines vingt-quatre heures (à partir du 31 août, jour de l'interview), nous assurerons également l'ouverture complète de la route Lachin-Khankendi, mais les douanes de l'Azerbaïdjan et le système de sécurité et de contrôle des frontières doivent être respectés.

Malheureusement, depuis la signature de la déclaration trilatérale (des dirigeants de l'Azerbaïdjan et de la Russie) en 2021, la partie arménienne a utilisé la route de Lachin à mauvais escient pour expédier des munitions militaires, du personnel et des mines terrestres dans la région azerbaïdjanaise du Karabakh.

L'Azerbaïdjan a donc été contraint d'établir le poste de contrôle de Lachin à sa frontière avec l'Arménie. L'Azerbaïdjan ne peut se permettre d'avoir une nouvelle zone grise sur son territoire souverain.

Mais ma question est la suivante : pourquoi le régime arménien illégal s’oppose-t-il à l'ouverture de cette deuxième route ? Par tous les moyens, il continue à manipuler l'opinion de la communauté internationale.

La route représente la civilisation. La route représente la culture. Dire non à une route comporte un élément de racisme. C'est une politique destructrice. Mais le temps de l'occupation est révolu.

Des camions arméniens transportant de l'aide humanitaire pour la région du Haut-Karabakh, peuplée d'Arméniens, sont bloqués non loin d'un poste de contrôle azerbaïdjanais installé à l'entrée du corridor de Lachin, la seule liaison terrestre du Karabakh avec l'Arménie (Photo, AFP).
Des camions arméniens transportant de l'aide humanitaire pour la région du Haut-Karabakh, peuplée d'Arméniens, sont bloqués non loin d'un poste de contrôle azerbaïdjanais installé à l'entrée du corridor de Lachin, la seule liaison terrestre du Karabakh avec l'Arménie (Photo, AFP).

Q : En août, l'ancien procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, a publié un rapport qualifiant de génocide le blocus du corridor de Lachin.

«Il n'y a pas de crématoires, pas d'attaques à la machette. La famine est l'arme invisible du génocide», a déclaré Ocampo, avertissant que «sans changement radical, le groupe d'Arméniens sera détruit en quelques semaines». Quelle est votre réaction à ce rapport ?

R : Tout d'abord, la personnalité, l'honnêteté de cet individu qui prétend parler au nom de la justice, est discutable. Il y a beaucoup de faits dans les médias internationaux qui montrent qu'il a commis des actes répréhensibles. Mais ce n'est pas mon affaire.

Deuxièmement, je regrette qu'une personne qui prétend être juriste puisse abuser du concept de génocide comme si elle ne savait pas ce qu'il signifie.

Troisièmement, il est partial. Pourquoi ne parle-t-il pas du génocide et des crimes de guerre commis au niveau de l'État par la République d'Arménie contre l'Azerbaïdjan ?

Huit villes d'Azerbaïdjan ont été complètement détruites, ainsi que la population civile. Où se trouve ce fait dans le rapport d’Ocampo ?

Où était Ocampo lorsqu'en 1992, avant Srebrenica, toute la population de Khojaly, en Azerbaïdjan, a été massacrée par les Arméniens ?

Qui a mené un génocide contre qui ? Telle est la grande question. C'est une question à laquelle il faut répondre en ce qui concerne un million d'Azerbaïdjanais, qui ont été ethniquement nettoyés de leur terre et qui vivent en tant que personnes déplacées et réfugiés depuis trente ans.

Pourquoi Ocampo reste-t-il silencieux en ce qui concerne le patrimoine culturel de l'Azerbaïdjan, notamment les mosquées d'Azerbaïdjan qui ont été complètement détruites par l'Arménie ?

Margarita Khanaghyan, 81 ans, passe devant un véhicule blindé de la force russe de maintien de la paix dans la ville de Lachin, le 26 novembre 2020, après six semaines de combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au sujet de la région contestée du Haut-Karabakh (Photo, AFP).
Margarita Khanaghyan, 81 ans, passe devant un véhicule blindé de la force russe de maintien de la paix dans la ville de Lachin, le 26 novembre 2020, après six semaines de combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au sujet de la région contestée du Haut-Karabakh (Photo, AFP).

Q : Mais il n'y a pas qu’Ocampo. D'autres institutions spécialisées ont déjà affirmé qu'un génocide était en cours dans le Haut-Karabakh.

Là encore, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à l'Azerbaïdjan de «prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir l'incitation et la promotion de la haine et de la discrimination raciales, en particulier par ses responsables et ses institutions publiques, à l'encontre des personnes d'origine nationale ou ethnique arménienne».

R : En vertu de la Convention internationale sur l'élimination complète de toutes les formes de discrimination raciale, l'Azerbaïdjan a également déposé un projet très sérieux contre la République d'Arménie devant la CIJ. En Arménie, le mot Azerbaïdjanais ou Turc est utilisé comme une insulte.

Cela en dit long sur le courant de pensée dominant dans la société arménienne. Je pourrais vous donner de nombreux autres exemples de haine ethnique et de phobie de l'Azerbaïdjan. Mais les faits sur le terrain parlent d'eux-mêmes. L'Arménie a détruit tous les éléments du patrimoine culturel, religieux et même humain de l'Azerbaïdjan dans les territoires qu'elle occupe.

Je regrette donc que certains médias internationaux tombent dans le piège de la propagande politique arménienne.

Pourquoi les Arméniens s'opposent-ils à l'importation de farine de blé en provenance d'Azerbaïdjan ? Vous me posez une question sur la haine ethnique. De quoi s'agit-il alors ? La farine de blé n'a pas d'origine ethnique. C'est un aliment de base que tout le monde peut utiliser. Mais pourquoi la refusent-ils ?

Q : Passons aux pourparlers de paix. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies restent unis dans leur soutien à une solution négociée du conflit du Haut-Karabakh. La guerre a pris fin. Une déclaration a été signée. Les Arméniens ont déclaré que le Karabakh appartenait à l'Azerbaïdjan. Que reste-t-il à faire pour parvenir à la paix ?

R : L'Azerbaïdjan souhaite réellement signer un traité de paix et tourner la page sur le chapitre de la confrontation et des atrocités dans cette région. Nous aimerions vivre en paix. Mais la balle est dans le camp de la République d'Arménie. Plus vite elle comprendra cette réalité, mieux ce sera pour tout le monde.

La sale propagande de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan nous a fait dévier de la voie des négociations sur le traité de paix, sur une plate-forme fournie par Washington DC, que nous apprécions beaucoup. Nous avions réalisé des progrès très importants. Près de 70 % du document avait été approuvé. Dans un sens, nous étions d'accord.

La signature du traité de paix changera complètement le paysage de la région du Caucase du Sud. Mais le Premier ministre arménien reconnaît d'une part l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan et maintient d'autre part les forces armées arméniennes sur notre territoire. Il finance toujours le régime subordonné illégal sur notre territoire.

Des policiers arméniens arrêtent un manifestant lors d'un rassemblement contre l'accord conclu avec l'Azerbaïdjan pour mettre fin aux combats dans la région contestée du Haut-Karabakh, à Erevan, le 12 novembre 2020 (Photo, AFP).
Des policiers arméniens arrêtent un manifestant lors d'un rassemblement contre l'accord conclu avec l'Azerbaïdjan pour mettre fin aux combats dans la région contestée du Haut-Karabakh, à Erevan, le 12 novembre 2020 (Photo, AFP).

Q : Pensez-vous que la confrontation actuelle entre la Russie et certains pays occidentaux au sujet de l'Ukraine a un impact sur les perspectives de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie ?

R : Malheureusement, nous voyons des éléments de la rivalité géopolitique se manifester dans la région du Caucase du Sud, et notre message aux grandes puissances est le suivant : n'exportez pas votre agenda politique interne dans notre région.

Ce que nous voyons également, c'est que l'Arménie devient, malheureusement, une autre Syrie dans notre région, car elle est divisée entre les grandes puissances en fonction de leurs propres intérêts géopolitiques.

L'une des missions là-bas est la mission de l'UE. On nous a dit qu'il s'agissait d'une mission civile à court terme. Mais elle est devenue une mission à long terme. Elle comprend du personnel militaire.

Tous ceux qui veulent contribuer à la paix et à la sécurité dans la région, au lieu de l'aventurisme diplomatique et de la propagande, devraient s'engager sérieusement à soutenir les pourparlers sur le traité de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Q : Existe-t-il un partenaire international fiable ou un mécanisme qui serait plus efficace que             d'autres ?

R : Il existe plusieurs plates-formes. Nous n'avons pas de préférence pour l'une ou l'autre. Notre approche est que toute personne désireuse de contribuer à une paix réelle sur le terrain est la bienvenue.

D'une part, nous avons un processus de Bruxelles facilité par le président du Conseil européen, Charles Michel. Ce processus est très apprécié. Des éléments importants des pourparlers sur le traité de paix concernant un Conseil de normalisation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont été générés à partir de cette plate-forme.

Nous apprécions également le gouvernement américain, et en particulier l'engagement personnel du secrétaire d'État, Antony Blinken, dans les discussions sur le traité de paix. Ils ont eu un grand impact.

Nous ne pouvons pas non plus nier le rôle de la Russie. Elle y contribue également parce qu'elle fait partie de la région et qu'elle a des relations historiques avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Des policiers arméniens arrêtent un manifestant lors d'un rassemblement contre l'accord conclu avec l'Azerbaïdjan pour mettre fin aux combats dans la région contestée du Haut-Karabakh, à Erevan, le 12 novembre 2020 (Photo, AFP).
Des policiers arméniens arrêtent un manifestant lors d'un rassemblement contre l'accord conclu avec l'Azerbaïdjan pour mettre fin aux combats dans la région contestée du Haut-Karabakh, à Erevan, le 12 novembre 2020 (Photo, AFP).

Q : Pensez-vous sincèrement qu'il est encore possible de mettre en place un processus de réconciliation ? Des habitants de Bakou ont déclaré à Arab News que dans le passé, les Arméniens et les Azerbaïdjanais étaient frères et sœurs et vivaient côte à côte. Cela se reproduira-t-il à nouveau ?

R : Cela pourrait se reproduire, mais il est toujours difficile de faire des prévisions à ce sujet. La réconciliation est vraiment l'un des aspects les plus difficiles de toute situation post-conflit. En Azerbaïdjan, des centaines de milliers de familles ont perdu leurs proches et sont des réfugiés et des personnes déplacées.

Imaginez que des gens rentrent chez eux et voient leurs maisons complètement en ruines. Ce n'est pas facile. Et ils cherchent des réponses. Il n'y a pas de réponse parce que personne du côté arménien n'a eu le courage d'oser dire : «Veuillez nous pardonner. Nous présentons nos excuses pour tous nos actes répréhensibles.»

En Arménie, aucun procès n'a été intenté contre les personnes qui ont mené des actions horribles contre l'Azerbaïdjan. Le fait de rendre justice aux victimes pourrait également envoyer un signal positif.

Oui, je pense que la réconciliation est possible, mais cela prendra du temps. Beaucoup de choses dépendent de la partie arménienne.

J'ai également étudié attentivement tous les livres scolaires et les manuels de la République d'Arménie. Tout n'est que haine, haine et haine contre leurs voisins azerbaïdjanais, et supériorité exclusive des Arméniens.

Ce type de pensée raciste est toujours dominant dans l'esprit de la littérature arménienne, des médias arméniens, etc.

Q : Le Premier ministre arménien a dit la même chose. La paix est un appel qui doit venir du peuple azerbaïdjanais, qui doit l'exiger de son gouvernement.

A : Je vais demander au Premier ministre arménien s'il est prêt à dire, au nom du peuple arménien et du gouvernement arménien : «Veuillez nous pardonner». Je suis convaincu que cela pourrait changer beaucoup de choses.

Pourquoi l'Arménie refuse-t-elle de fournir des informations sur les fosses communes des 4 000 Azerbaïdjanais ? Qui compensera les trente années perdues dans la vie d'un million d'Azerbaïdjanais qui ont grandi dans des tentes de réfugiés ?

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".