Abayas, manque de moyens: Un lycée de Seine-Saint-Denis en grève

Une jeune femme portant une abaya (au centre) parle avec d'autres personnes dans une rue de Nantes, dans l'ouest de la France, le 31 août 2023 (Photo, LOIC VENANCE / AFP).
Une jeune femme portant une abaya (au centre) parle avec d'autres personnes dans une rue de Nantes, dans l'ouest de la France, le 31 août 2023 (Photo, LOIC VENANCE / AFP).
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Publié le Mercredi 06 septembre 2023

Abayas, manque de moyens: Un lycée de Seine-Saint-Denis en grève

  • Une dizaine de membres du personnel éducatif ont manifesté à la mi-journée devant les grilles du lycée polyvalent Maurice Utrillo de Stains
  • L'interdiction du port de l'abaya «est érigée comme un problème majeur alors que c'est avant tout un épouvantail, un moyen de détourner le regard des autres problèmes», a estimé un gréviste

STAINS: La moitié des enseignants d'un lycée de Stains (Seine-Saint-Denis) sont en grève mercredi pour dénoncer l'interdiction du port de l'abaya à l'école et le manque de moyens dans l'Éducation nationale.

"Abaya plus d'infirmière", "Abaya 60h de cours en moins par semaine": masque chirurgical cachant le visage, une dizaine de membres du personnel éducatif ont manifesté à la mi-journée devant les grilles du lycée polyvalent Maurice Utrillo de Stains, face à une nuée de micros et caméras de télévisions.

Les grévistes pointent la "perte" de 60 heures d'enseignement du fonctionnement de l'établissement, la suppression d'un des quatre postes de conseiller principal d'éducation et la vacance de plusieurs postes d'enseignants dans différentes matières en cette rentrée.

"C'est une accumulation qui fait qu'il fallait que la journée d'accueil des élèves soit marquée comme un point majeur, qui s'oppose à cette idée que tout va bien. Non, tout ne va pas bien, il y a un manque de moyens évident", a déclaré à l'AFP un professeur qui, comme ses collègues, a refusé d'être identifié.

Dans ce contexte, l'interdiction du port de l'abaya "est érigée comme un problème majeur alors que c'est avant tout un épouvantail, un moyen de détourner le regard des autres problèmes", a estimé un autre gréviste.

Selon le rectorat de l'académie de Créteil, le taux de grévistes pour la journée de mercredi avoisine les 50%. Aucun incident lié à l'interdiction du port des abayas n'est survenu dans cet établissement de 1 200 élèves et 43 classes générales et professionnelles, selon cette même source.

Sur les murs en face du lycée, des collages proclament : "Comparer les lycéennes à des terroristes c'est non", "Stop harcèlement" ou "Abaya plus de profs".

Quelques mères de famille se sont jointes au rassemblement des professeurs pour protester contre la mesure "islamophobe" de l'interdiction des abayas en classe.

"Quand j'ai accompagné ma fille, j'ai vu un représentant de la laïcité qui décidait si les élèves avait le droit de rentrer ou pas. Franchement ça m'a choquée, c'est pour ça que je suis là aujourd'hui", a dit à l'AFP la mère d'une élève de seconde, qui a refusé de donner son nom.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.