Le marché de la dette saoudienne doit être réformé dans le cadre de la Vision 2030, selon le président de la CMA

Mohammed el-Kuwaiz s'exprimant lors du Forum EFG Hermes d’Arabie saoudite, à Londres. (Photo, AN)
Mohammed el-Kuwaiz s'exprimant lors du Forum EFG Hermes d’Arabie saoudite, à Londres. (Photo, AN)
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Publié le Mercredi 13 septembre 2023

Le marché de la dette saoudienne doit être réformé dans le cadre de la Vision 2030, selon le président de la CMA

  • Abordant le sujet des réformes déjà appliquées, M. El-Kuwaiz a mis en avant les récents changements apportés aux lois de la zakat dans le secteur de la gestion d'actifs
  • «Nous avons beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons actuellement; j’estime que la plupart d’entre elles nécessitent un équilibre délicat»

LONDRES: Le marché des capitaux de l'Arabie saoudite est sur le point d'être restructuré dans le but d'aider les entreprises du Royaume à obtenir des financements, affirme le président de l'Autorité des marchés des capitaux (CMA).

S'exprimant lors du Forum EFG Hermes d’Arabie saoudite à Londres, Mohammed el-Kuwaiz a insisté sur le fait que tout changement dans le système financier saoudien devait se faire progressivement pour garantir la stabilité économique, tout en soulignant que l'objectif était de rendre le Royaume aussi compétitif que possible sur la scène mondiale.

Abordant le sujet des réformes déjà appliquées, M. El-Kuwaiz a mis en avant les récents changements apportés aux lois de la zakat (aumône légale) dans le secteur de la gestion d'actifs, qui, selon lui, ont rendu le secteur plus attractif pour les investisseurs étrangers.

Le haut responsable financier a également parlé de ses ambitions pour la Bourse saoudienne, affirmant qu'il y a quelque cent quarante sociétés à différentes étapes du processus d'introduction en bourse.

S'exprimant à propos des projets du Royaume en matière de programmes de marché de la dette, Mohammed el-Kuwaiz indique: «Nous sommes actuellement en train de revoir complètement toutes nos offres, ainsi que la réglementation des valeurs mobilières, pour nous assurer qu'elles sont adaptées aux entreprises qui souhaitent se financer via le marché des capitaux d'emprunt, notamment les réglementations en matière de titrisation, qui ont été récemment adoptées et enregistrées.»

«Nous avons beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons actuellement. J’estime que la plupart d’entre elles nécessitent un équilibre délicat.»

M. El-Kuwaiz a évoqué les projets de l’Arabie saoudite dans le cadre de l’initiative de la Vision 2030 visant à développer le secteur financier, et à terme, à faire du Royaume l’une des quinze premières économies mondiales.

Il explique que la CMA a contribué à rendre le secteur de la gestion d’actifs «compétitif à l’échelle mondiale», mais il indique clairement que des réformes trop rapides pourraient causer des problèmes.

«D'une part, nous devons apporter de nombreux changements afin d’atteindre les ambitions et les objectifs dont le pays a besoin sur le marché saoudien des capitaux», soutient-il, ajoutant: «Mais en même temps, la stabilité des réglementations est essentielle, car si vous changez les choses trop rapidement, les gens n’ont pas le temps de comprendre ces réglementations et de se familiariser avec elles.»

En ce qui concerne le marché boursier en plein essor du pays, Mohammed el-Kuwaiz se dit convaincu que celui-ci continuerait à se développer et à s'appuyer sur sa performance record de l’année 2022, avec plus de cinquante cotations.

«Si nous nous projetons dans l'avenir, nous sommes sur le bon chemin. C’est en grande partie dû à la stabilité, car le fait de bénéficier d’une telle situation attire régulièrement les entreprises», affirme-t-il, ajoutant que dix-neuf entreprises ont été approuvées par la CMA, et que près de cinquante autres ont fait une demande.

«Enfin, nous interrogeons périodiquement le réseau de conseillers financiers sur le nombre de mandats qu'ils ont signés, ce qui nous donne une indication supplémentaire sur la voie à suivre, sachant que ce nombre est proche de soixante-dix mandats signés», précise-t-il.

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Mohammed al-Rumaih, PDG de la Bourse saoudienne. (AN)

Son optimisme est partagé par Mohammed al-Rumaih, PDG de Saudi Exchange.

Dans l'interview qu'il a accordée au cours du forum, il a déclaré: «Ce qui est beau, et ce qui est encore plus impressionnant que les introductions en bourse que nous avons réalisées l'année dernière – cinquante et une – c’est qu’elles représentent une belle mosaïque d'entreprises de différents secteurs et de différentes tailles. Chaque nouvelle introduction en bourse avec un nombre élevé de souscriptions augmente la confiance dans le marché saoudien.»

Ces entretiens ont été menés lors de la matinée d'ouverture du forum de deux jours, organisé sous le thème: «À la recherche d'une croissance durable».

Plus de trois cent soixante-quinze participants devaient être présents à cet événement, dont des représentants d'une cinquantaine d'entreprises saoudiennes, ainsi que des délégués du Fonds d'investissement public (PIF).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".