Darmanin en Corse pour préparer la venue de Macron dans l'île

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin (à droite) s'entretient avec le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni à la préfecture d'Ajaccio (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin (à droite) s'entretient avec le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni à la préfecture d'Ajaccio (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

Darmanin en Corse pour préparer la venue de Macron dans l'île

  • Sept mois après sa dernière visite, Gérald Darmanin s'est entretenu 30 minutes avec le président autonomiste de l'exécutif Gilles Simeoni
  • Le ministre de l'Intérieur prépare la venue «fin septembre» du président Emmanuel Macron qui s'exprimera sur la possible réforme constitutionnelle

AJJACIO: Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est arrivé mercredi pour deux jours en Corse pour préparer la venue "fin septembre" du président Emmanuel Macron qui s'exprimera sur la possible réforme constitutionnelle.

Sept mois après sa dernière visite, Gérald Darmanin s'est entretenu 30 minutes avec le président autonomiste de l'exécutif Gilles Simeoni avant de participer, à Ajaccio, à une assemblée générale des maires de l'île.

"Je suis chargé de vous dire que je prépare le déplacement du président de la République qui viendra à la fin du mois de septembre sur l'île de Beauté", leur a-t-il déclaré.

Emmanuel Macron doit venir pour les commémorations des 80 ans de la libération de la Corse et il "aura l'occasion de s'exprimer devant vous, devant les Corses, sur les conclusions peut-être provisoires d'une année de discussions institutionnelles", a-t-il précisé.

Fin février, lors de la reprise des discussions sur l'avenir institutionnel de l'île, à l'arrêt depuis six mois, Emmanuel Macron avait répété être prêt à inscrire d'éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle, à charge pour les élus corses et le ministère de l'Intérieur de lui présenter une proposition avant le 14 juillet.

"Si il y a évolution institutionnelle, ça n'est pas pour se faire plaisir", "c'est parce que nous considérerions collectivement que sans ça, nous ne pouvons pas améliorer la vie des Corses", a insisté Gérald Darmanin mercredi, précisant que l'évolution pourrait aller "jusqu'à la fabrication de la norme, ce que certains appellent autonomie".

Mais il a également rappelé les deux lignes rouges : "la Corse dans la République et pas deux catégories de citoyens sur le territoire national mais entre ces deux lignes, il y a une immense possibilité".

Invitant les élus insulaires au pragmatisme politique, il a rappelé qu'un éventuel "compromis politique institutionnel" doit être adopté "par les 3/5e du Congrès".

Répondant aux élus qui souhaitaient parler du quotidien, M. Darmanin a assuré que ce qui l'intéressait "à côté de l'autonomie législative, politique qui reste encore à discuter", "c'est l'autonomie agricole, c'est l'autonomie énergétique, c'est éviter d'envoyer ses déchets dans d'autres pays".

«Efforts indispensables»
"Nous vivons un moment que nous savons particulier, un moment important et certainement décisif", a déclaré de son côté le président autonomiste du conseil exécutif Gilles Simeoni, assurant que "les uns et les autres" ont fait "les efforts indispensables pour que la paix, qui est précieuse, soit enracinée".

"Nous avons la volonté de construire ensemble une perspective qui soit celle du progrès, du développement et de l'émancipation", a-t-il ajouté.

Ce déplacement intervient alors que l'Assemblée de Corse n'a pas réussi début juillet à s'accorder sur un projet unique d'autonomie pour cette île de 340.000 habitants rassemblant tout le spectre politique.

Les élus insulaires avaient en effet transmis à Paris deux projets, l'un des nationalistes quasi-unis et l'autre de l'opposition de droite.

Le texte des nationalistes, adopté par l'Assemblée de Corse où ils occupent 46 des 63 sièges, réclame la "reconnaissance juridique du peuple corse", "un statut de co-officialité de la langue corse" et la reconnaissance du "lien entre le peuple corse et sa terre" via "un statut de résident".

Globalement, il demande un pouvoir législatif dans tous les domaines pour l'Assemblée de Corse, sauf ceux relatifs aux pouvoirs régaliens.

Le second texte, issu de l'opposition minoritaire de droite, appelle lui à un simple "pouvoir d'adaptation" des lois françaises aux spécificités corses, sans gestion autonome de l'éducation et de la santé et sans transfert de la fiscalité.

Après l'agression mortelle en prison en 2022 du militant indépendantiste Yvan Colonna et les manifestations violentes qui avaient suivi, le gouvernement avait ouvert la possibilité de discussions pouvant "aller jusqu'à l'autonomie".

Mercredi soir, Gérald Darmanin dîne avec les présidents de groupes politiques de l'Assemblée de Corse.

Jeudi matin, il doit prendre le petit-déjeuner avec le maire d'Ajaccio, Stéphane Sbraggia avant de retrouver Gilles Simeoni à 9H30 pour un second entretien.


Cinq semaines après Chido, les députés examinent la loi d'urgence pour reconstruire Mayotte

Le ministre français de l'Outre-mer Manuel Valls (C) prononce un discours lors de l'examen d'un projet de loi d'urgence pour l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 20 janvier 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Outre-mer Manuel Valls (C) prononce un discours lors de l'examen d'un projet de loi d'urgence pour l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 20 janvier 2025. (AFP)
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  • Les députés ont débuté lundi l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte, premier texte du gouvernement Bayrou à être débattu dans l'hémicycle
  • Ce texte doit "permettre la mise en œuvre très rapide de mesures urgentes pour faciliter l'hébergement et l'accompagnement de la population", a fait valoir le ministre des Outre-mer Manuel Valls

PARIS: Les députés ont débuté lundi l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte, premier texte du gouvernement Bayrou à être débattu dans l'hémicycle. Malgré les critiques, son adoption ne fait guère de doutes au regard de l'impératif d'accélérer la reconstruction de l'archipel.

Ce texte, examiné cinq semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido, doit "permettre la mise en œuvre très rapide de mesures urgentes pour faciliter l'hébergement et l'accompagnement de la population", a fait valoir le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

L'ancien Premier ministre s'exprimait pour la première fois dans l'hémicycle de l'Assemblée depuis son retour au gouvernement. Il y a défendu un texte "incontournable" mais qui n'est qu'une "première réponse".

"Mayotte est à bout de forces", l'a interpellé la rapporteure du projet de loi, la députée mahoraise Estelle Youssouffa, du groupe indépendant Liot, alertant sur des "efforts et des renforts" de l'Etat "pas à la hauteur des besoins".

Elle a de nouveau déploré un texte élaboré "sans consultation" des élus locaux, et qui "reste largement muet sur les sujets essentiels tels que l'immigration".

Les mêmes griefs ont été soulevés par la seconde députée de Mayotte, Anchya Bamana (RN).

Le texte, adopté la semaine dernière en commission, comporte principalement des dispositions visant à déroger à des règles d'urbanisme et à faciliter le financement de la reconstruction. Il contient aussi des mesures sociales.

Aucun article ne concerne les questions migratoires, et les amendements déposés par la droite et l'extrême droite pour les intégrer ont été rejetés, car jugés hors sujet en vertu de l'article 45 de la Constitution.

- "Rien à cacher" -

"Ne confondons pas le temps", s'est défendu le ministre qui a assuré que la lutte contre "l'immigration clandestine (qui) nécrose Mayotte" constituera un "volet primordial" d'une future loi annoncée par le gouvernement d'ici deux mois.

Le ministre a par ailleurs rappelé qu'une proposition de loi de la droite visant à restreindre le droit du sol à Mayotte sera examinée le 6 février à l'Assemblée. Il s'y est dit favorable.

De l'autre côté du spectre politique, la députée écologiste Dominique Voynet a dénoncé un projet de loi qui "en dépit de son nom, n'est pas examiné en urgence et ne répond pas à l'urgence" regrettant y chercher "en vain" de "quoi remédier à la misère éducative, à la saturation du système de soins" etc.

En commission, l'un des ses amendements visant à "disposer vite d'un bilan exhaustif" de la catastrophe, "alors que des milliers de personnes manquent à l'appel", selon les mots de la députée, a été adopté.

"Nous ne vous lâcherons pas, monsieur le ministre, avant de savoir combien de personnes sont décédées, disparues, amputées, blessées", a-t-elle lancé. "Nous n'avons rien à cacher", lui a répondu Manuel Valls, réitérant le bilan de 39 morts, 124 blessés graves et près de 5.000 blessés légers.

En début de soirée, les députés ont commencé l'examen de premiers articles, concernant notamment la reconstruction des écoles, durement touchées par le cyclone.

Ils ont notamment adopté une mesure permettant à l'Etat d'assurer leur reconstruction en lieu et place des collectivités locales jusqu'au 31 décembre 2027.

- Tôle et bidonvilles -

En fin de soirée, les débats se sont tendus autour de l'interdiction des bidonvilles, indirectement liée aux questions migratoires.

Le gouvernement a notamment réussi à faire voter un amendement, surtout symbolique, visant à "rappeler" que la lutte contre l'habitat informel, est une "priorité", selon les mots de M. Valls.

L'absence de mesures en ce sens dans le texte initial avait été largement décriée, notamment par les deux députés de Mayotte.

Comme en commission, l'encadrement de la vente de tôle sur l'archipel a crispé les discussions avec les députés de gauche.

Ecologistes et Insoumis ont échoué à supprimer un article qui restreint la vente de ce matériel de construction "à la présentation d'un titre d'identité" notamment.

Pour Manuel Valls, "laisser la tôle en vente libre", c'est "la garantie d'un retour des bangas", c'est-à-dire des bidonvilles, et "un vrai risque pour les populations", leur envol au moment du cyclone ayant fait des blessés, selon lui.

Mme Voynet, qui y voit une mesure choquante, a appelé à faire "preuve d'un peu de bonne foi".

Si au premier coup de vent, les "tôles sont des armes mortelles (...) alors il faut être logique et les interdire pour tout le monde", a-t-elle lancé d'un ton acerbe.

L'examen du texte devrait se conclure cette semaine. Le Sénat prévoit de s'en emparer le 3 février.


Narcobanditisme : le chef présumé du clan « Yoda » est actuellement en cours d'extradition du Maroc vers la France

Le ministre français de la Justice, Gerald Darmanin, quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 15 janvier 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de la Justice, Gerald Darmanin, quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 15 janvier 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Accusé d'être à l'origine d'une sanglante guerre des gangs dans la deuxième ville de France, Félix Bingui attendait depuis le 8 mars d'être extradé vers la France.
  • « Victoire contre le narcobanditisme », s'est félicité le garde des Sceaux sur X, rappelant qu'il avait obtenu son arrestation lorsqu'il était ministre de l'Intérieur et remerciant « très sincèrement les autorités marocaines.

PARIS : Le chef présumé du clan « Yoda », l'un des principaux gangs de narcotrafiquants de Marseille, a été arrêté en mars 2024 au Maroc. Il est actuellement en cours d'extradition vers la France, a appris lundi l'AFP de source proche du dossier.

Accusé d'être à l'origine d'une sanglante guerre des gangs dans la deuxième ville de France, Félix Bingui attendait depuis le 8 mars d'être extradé vers la France.

Selon cette source, Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, a « œuvré discrètement » auprès de son homologue marocain dès son arrivée place Vendôme pour obtenir cet accord d'extradition.

« Victoire contre le narcobanditisme », s'est félicité le garde des Sceaux sur X, rappelant qu'il avait obtenu son arrestation lorsqu'il était ministre de l'Intérieur et remerciant « très sincèrement les autorités marocaines d'avoir enclenché le processus d'extradition, qui permettra enfin à la justice française de le juger ».

Félix Bingui avait été interpellé sur mandat d'arrêt d'un juge d'instruction marseillais pour « importation de stupéfiants en bande organisée, transport, détention, acquisition, cession de stupéfiants, association de malfaiteurs, blanchiment et non justification de ressources ».

En avril 2024, lors d'une audience à la Cour de cassation de Rabat, il avait accepté d'être extradé vers la France.

« M. Bingui a accepté son extradition et nous espérons que les magistrats chargés du dossier aborderont le sujet avec sérénité et en toute indépendance, dans le respect des droits de la défense », a commenté son avocat, Me Philippe Ohayon, auprès de l'AFP.  


L'UE envisagerait un « deal » avec Trump sur la défense européenne en échange d'une paix commerciale, selon Séjourné

Drapeaux de l’UE devant un immeuble de bureaux moderne à Bruxelles (Photo iStock)
Drapeaux de l’UE devant un immeuble de bureaux moderne à Bruxelles (Photo iStock)
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  • Nous ne pouvons pas le faire avec une guerre commerciale à nos portes. Et les budgets nationaux ne sont pas en mesure d'augmenter partout pour atteindre 3 % du PIB, a-t-il dit.
  • « On ne pourra pas s'organiser de manière efficace, notamment sur le front de l'Est, si en plus on a une guerre commerciale qui nous coûte énormément », a insisté Stéphane Séjourné, en référence à l'aide à l'Ukraine.

PARIS : L'Union européenne souhaite proposer à Donald Trump qu'elle investisse davantage dans sa défense, tout en lui demandant de ne pas lancer de guerre commerciale, a déclaré lundi Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne en charge de la stratégie industrielle.

« On ne peut pas avoir une guerre commerciale et en même temps construire l'Europe de la défense », a-t-il lancé sur France Inter.

« Le deal avec les États-Unis, c'est oui pour un désengagement de la défense européenne et pour construire des garanties de sécurité européennes en plus de l'OTAN, mais nous ne pouvons pas le faire avec une guerre commerciale à nos portes. Et les budgets nationaux ne sont pas en mesure d'augmenter partout pour atteindre 3 % du PIB, a-t-il dit.

« On ne pourra pas s'organiser de manière efficace, notamment sur le front de l'Est, si en plus on a une guerre commerciale qui nous coûte énormément », a insisté Stéphane Séjourné, en référence à l'aide à l'Ukraine.

Interrogé sur la possibilité d'une réponse européenne « par la force » à une guerre commerciale, le commissaire européen a réagi avec prudence : « Je ne peux pas vous répondre. » Les Européens pâtiraient eux-mêmes en cas de droits de douane accrus sur des produits américains et « la balance commerciale avec les États-Unis est très favorable aux Européens », a-t-il souligné.

« Il y a deux stratégies possibles : une approche offensive ou défensive. On peut avoir une réplique sur les droits de douane, mais ce sont les Européens qui les paieront », a-t-il poursuivi, prenant l'exemple de compagnies européennes qui achètent des pièces détachées à Boeing.

« Il faut être offensif et peut-être même radical si nécessaire », a-t-il cependant estimé.

Il a également évoqué une « approche défensive qui consiste à réorienter un certain nombre d'achats à travers le monde », par exemple « suspendre les approvisionnements en gaz naturel liquéfié (GNL) à l'Azerbaïdjan pour acheter plus aux Américains ».

« Le monde entier attend de voir ce que décidera Donald Trump ce soir. Un certain nombre de décrets seront pris. Et je pense que ni les Canadiens, ni les Mexicains, ni nous, ni personne d'autre ne sait exactement ce qu'il y a dans ces décrets », a-t-il conclu.

Donald Trump prévoit notamment d'imposer, dès le 20 janvier, des droits de douane de 25 % sur tous les produits provenant du Mexique et du Canada. La Chine pourrait également voir ses taxes augmenter de 10 % et la zone euro est aussi dans son collimateur.

Interrogé enfin sur « la bureaucratie » bruxelloise, M. Séjourné a mentionné « des annonces » qui seraient faites « à partir du 26 février, concernant un choc de simplification d'envergure ».

« Nous conservons les objectifs en matière de climat, notamment, mais nous modifions le parcours pour les entreprises afin d'y parvenir, avec une suppression du reporting : nous allons changer beaucoup de choses dans la bureaucratie », a-t-il promis, sans autre précision.

Les arbitrages sur ces annonces sont encore en discussion, mais la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait déjà promis, lors du sommet européen de Budapest début novembre, une « loi omnibus » pour revoir « ce qui paraît excessif » dans la forme de textes à visée sociétale, comme la directive CSRD, qui prévoit justement le reporting extra-financier des entreprises, ou la CS3D.

« Mais leur contenu est bon, nous le maintiendrons », avait-elle assuré.