New Delhi veut «réduire» le nombre de diplomates canadiens en Inde, la crise s'intensifie

Des membres de la communauté sikh pakistanaise participent à une manifestation à Peshawar le 20 septembre 2023, suite à l'assassinat au Canada du leader sikh Hardeep Singh Nijjar. (Photo, Abdul MAJEED / AFP)
Des membres de la communauté sikh pakistanaise participent à une manifestation à Peshawar le 20 septembre 2023, suite à l'assassinat au Canada du leader sikh Hardeep Singh Nijjar. (Photo, Abdul MAJEED / AFP)
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Publié le Jeudi 21 septembre 2023

New Delhi veut «réduire» le nombre de diplomates canadiens en Inde, la crise s'intensifie

  • Mardi, le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait demandé à l'Inde de « prendre au sérieux» l'affaire de la mort de Hardeep Singh Nijjar et les soupçons d'implication d'agents de New Delhi
  • New Delhi a déclaré avoir cessé de traiter les demandes de visa au Canada, invoquant des « menaces pour la sécurité» qui, selon elle, « perturbent» le travail de ses fonctionnaires

NEW DELHI: New Delhi a déclaré jeudi avoir demandé la réduction du nombre de diplomates canadiens en Inde et cessé "temporairement" de traiter les demandes de visas au Canada, tandis que la crise entre les deux pays s'intensifie autour de l'assassinat d'un leader sikh canadien en juin.

Mardi, le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait demandé à l'Inde de "prendre au sérieux" l'affaire de la mort de Hardeep Singh Nijjar et les soupçons d'implication d'agents de New Delhi évoqués lundi par Ottawa, qui dit s'appuyer sur des "éléments crédibles".

Des accusations qualifiées d'"absurdes" par le gouvernement indien qui a démenti "tout acte de violence au Canada". Depuis, les relations diplomatiques entre le Canada et l'Inde sont au plus bas, marquées par des expulsions réciproques de diplomates.

"Nous avons informé le gouvernement canadien qu'il devrait y avoir une parité dans la présence diplomatique", a déclaré jeudi le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Arindam Bagchi, lors d'une conférence de presse. "Leur nombre est beaucoup plus élevé que le nôtre au Canada (...) je suppose qu'il y aura une réduction", a-t-il ajouté.

New Delhi a également déclaré avoir cessé de traiter les demandes de visa au Canada, invoquant des "menaces pour la sécurité" qui, selon elle, "perturbent" le travail de ses fonctionnaires.

"Pour l'instant, en raison de la situation sécuritaire au Canada et de l'inaction du gouvernement canadien, nous avons interrompu temporairement les services de visa", a expliqué M. Bagchi.

«Menaces»

Quelques heures avant, le Haut-Commissariat du Canada avait annoncé qu'il allait "ajuster" la présence de ses diplomates en Inde à la suite de "menaces sur diverses plateformes de médias sociaux" contre son personnel.

"Dans le contexte actuel où les tensions se sont accrues, nous prenons des mesures pour assurer la sécurité de nos diplomates", a ajouté la mission canadienne dans un communiqué, "en conséquence, et par prudence, nous avons décidé d'ajuster temporairement la présence du personnel en Inde".

La mission n'a pas précisé le nombre de personnel concerné, mais a déclaré que ses bureaux étaient "ouverts et opérationnels".

"Nous attendons de l'Inde qu'elle assure la sécurité de nos diplomates et agents consulaires accrédités en Inde, tout comme nous assurons la leur ici", a souligné la mission.

Mercredi, le ministère indien des Affaires étrangères s'est déclaré inquiet pour ses ressortissants voyageant au Canada, "compte tenu de la multiplication des activités anti-indiennes et des crimes haineux et criminels à connotation politique au Canada".

"Récemment, les menaces ont particulièrement visé les diplomates indiens et les membres de la communauté indienne qui s'opposent à l'agenda anti-indien", a ajouté le ministère dans un communiqué.

"Il est conseillé aux étudiants indiens en particulier de faire preuve d'une extrême prudence et de rester vigilants", a-t-il précisé.

Le gouvernement canadien a réagi en affirmant que son pays était "sûr". "Je prends note de l'avis de voyage de l'Inde (...) Le Canada est un pays sûr", a déclaré le ministre canadien de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, devant les journalistes.

Le «Khalistan»

Hardeep Singh Nijjar a été abattu en juin au Canada par deux hommes masqués sur le parking du temple sikh qu'il dirigeait à Surrey, près de Vancouver, en Colombie-Britannique (ouest).

Militant pour la création du "Khalistan", un Etat sikh indépendant dans le Nord de l'Inde, il était arrivé au Canada en 1997 et avait été naturalisé en 2015.

Il était recherché par les autorités indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.

Des accusations qu'il niait, selon l'Organisation mondiale des sikhs du Canada, un groupe de défense des intérêts des sikhs canadiens.

Depuis son meurtre et les violentes manifestations qui ont suivi au Canada, les relations entre Ottawa et New Delhi se sont largement dégradées.

Ottawa a suspendu récemment les négociations en vue d'un accord de libre-échange avec l'Inde et sa ministre du Commerce a annulé la semaine dernière un déplacement prévu dans dans le pays en octobre.

Cette affaire "est extrêmement grave et a des conséquences importantes, tant sur le plan du droit international que sur d'autres aspects pour le Canada", a déclaré mardi Justin Trudeau.

L'affaire est suivie de près ailleurs dans le monde: mardi, Washington s'est dit "profondément préoccupé par les allégations" canadiennes.

"Il est très important que l'enquête du Canada se poursuive et que les coupables soient traduits en justice", a commenté Adrienne Watson, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

De son côté, Londres a estimé qu'il était "particulièrement important" de laisser les autorités canadiennes mener l'enquête.


Affaires de corruption en Espagne: Pedro Sánchez devant une commission d'enquête

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
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  • L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué
  • Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance.

Connue sous le nom d'"affaire Koldo", du nom de Koldo García Izaguirre, l'assistant d'un ancien ministre des Transports et ex-bras droit de M. Sánchez, José Luis Ábalos, cette affaire est l'un des scandales qui éclaboussent depuis plus d'un an l'entourage du Premier ministre.

Sa comparution devant cette commission sénatoriale se produira dans un climat de polarisation politique extrême, le Parti populaire (PP, opposition de droite), majoritaire à la chambre haute, ayant fait de la corruption l'axe principal de son offensive contre le gouvernement de gauche dirigé par M. Sánchez.

"Pensez-vous dire la vérité demain (jeudi) devant la commission?", lui a ainsi demandé le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, mercredi matin au Congrès des députés.

"Vous mentirez de nouveau" 

M. Feijóo a ajouté que sa question était "rhétorique", dans la mesure où il est, selon lui, exclu que Pedro Sánchez puisse dire la vérité sur cette affaire, de peur de s'incriminer.

"Vous mentirez de nouveau, parce que vous savez que la vérité entraînerait votre chute" a lancé le chef du premier parti d'opposition, accusant M. Sánchez d'avoir menti "à tous" et sur tous les sujets.

L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué.

Ce scandale a éclaté au grand jour en février 2024 avec l'arrestation de Koldo García Izaguirre, soupçonné d'être au cœur d'une énorme escroquerie ayant permis à une petite société d'obtenir entre mars et juin 2020 - au plus fort de la pandémie de Covid-19 - des contrats d'un montant de 53 millions d'euros pour fournir des masques à diverses administrations. Ces contrats avaient dégagé des commissions illégales de plusieurs millions d'euros.

La justice est vite remontée jusqu'à José Luis Ábalos, le juge chargé de l'enquête considérant qu'il avait joué un rôle d'"intermédiaire" dans la combine.

Outre son poste de ministre, M. Ábalos était surtout secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, poste clé qui en faisait l'homme de confiance de M. Sánchez.

Il a été expulsé du Parti socialiste, mais l'affaire n'a fait ensuite que s'aggraver pour le Premier ministre.

Car le successeur de M. Ábalos comme secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, Santos Cerdán, a à son tour été mis en cause en juin dernier, après la publication d'un rapport de police selon lequel il était au cœur du réseau de corruption et avait touché des pots-de-vin en échange de contrats publics.

Il a été placé en détention provisoire en juillet.

Englué 

Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux.

Il a redit en septembre qu'il ne disposait d'"aucune information" sur les délits reprochés à José Luis Ábalos, Santos Cerdán et Koldo García Izaguirre, et a rejeté toute "corruption systémique" au sein de son parti.

Il reprendra cette ligne de défense jeudi devant la commission sénatoriale, mais il est certain qu'il ne convaincra pas la droite, qui se dit assurée qu'il était au courant et l'accuse d'avoir tenté d'étouffer le scandale.

Outre cette tentaculaire affaire Koldo, M. Sánchez est englué dans d'autres affaires judiciaires qui le touchent de près: son épouse, Begoña Gómez, devrait être jugée pour une affaire de corruption et trafic d'influence, son frère David le sera également pour trafic d'influence et le procureur général de l’État, Álvaro García Ortiz, qu'il a nommé, sera jugé à partir de lundi pour violation du secret judiciaire.

L'audition de Pedro Sánchez, qui doit débuter à 09H00 (08H00 GMT), devrait durer plusieurs heures.


Elon Musk lance Grokipedia pour concurrencer Wikipédia qu'il juge orienté à gauche

Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
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  • Elon Musk et xAI ont lancé Grokipedia, une encyclopédie en ligne concurrente de Wikipédia, générée par intelligence artificielle et présentée comme “plus objective” selon Musk, avec déjà 885.000 définitions
  • Grokipedia est critiquée pour un biais idéologique apparent dans certains articles, notamment ceux sur Musk, Black Lives Matter ou Tucker Carlson, tandis que Wikipédia revendique un point de vue neutre

NEW YORK: Elon Musk et son entreprise xAI ont mis en ligne lundi Grokipedia, présenté comme le concurrent de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, accusée de biais idéologique par une partie des républicains aux États-Unis.

La version a été numérotée 0.1 et comptait déjà lundi soir plus de 885.000 définitions, contre plus de 7 millions en anglais pour Wikipédia.

Dans un message posté sur X, Elon Musk a promis l'arrivée prochaine d'une version 1.0, "dix fois meilleure" que la 0.1, qui est déjà "meilleure que Wikipédia à (son) avis".

Il y a une semaine, l'entrepreneur avait décidé de reporter de quelques jours le lancement de Grokipedia, annoncé fin septembre, un délai justifié par la nécessité d'effectuer "un travail supplémentaire pour purger la propagande".

A l'image de responsables républicains, Elon Musk critique régulièrement Wikipédia depuis plusieurs années. En 2024, il avait taxé le site d'être "contrôlé par des activistes d'extrême gauche" et appelé à ne plus faire de don à la plateforme.

"Le but de Grok et de (Grokipedia) est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", a affirmé l'homme le plus riche du monde, qui a précisé que le programme informatique de l'encyclopédie était en accès libre (open source). "Tout le monde peut donc l'utiliser pour n'importe quoi gratuitement."

- "Biais systémiques" -

Le contenu de certains articles de Grokipedia témoigne d'une orientation des résultats, à l'image de la page consacrée à Elon Musk.

Dans les premiers paragraphes de résumé, la plateforme indique que le patron de Tesla et SpaceX a "influencé le débat" sur plusieurs sujets, ce qui lui a valu "des critiques des médias traditionnels qui font preuve de penchants à gauche dans leur couverture".

Concernant le mouvement des droits civiques "Black Lives Matter", Grokipedia écrit qu'il a "mobilisé des millions de personnes".

"Cependant, ces manifestations ont entraîné des émeutes, (...) les plus coûteuses de l'histoire des assurance pour les dommages aux biens", poursuit l'encyclopédie, sans mentionner, comme le fait Wikipédia, que "la grande majorité des manifestations de 2020 se sont déroulées dans le calme".

Autre exemple, la page consacrée à l'éditorialiste conservateur Tucker Carlson, qui souligne son "rôle (...) dans la dénonciation des biais systémiques du journalisme traditionnel". Elle renvoie à un article du site du magazine Newsweek qui ne mentionne ces biais que dans des citations de Tucker Carlson lui-même.

Créé en 2001, Wikipédia est une encyclopédie collaborative gérée par des bénévoles, largement financée par des dons, et dont les pages peuvent être écrites ou modifiées par les internautes.

Elle revendique un "point de vue neutre" dans ses contenus.

Le contenu de Grokipedia est lui généré par intelligence artificielle (IA) et l'assistant d'IA générative Grok mais cite également plusieurs sources sur chaque page.

En avril, le procureur fédéral de Washington, Ed Martin, remplacé depuis, avait adressé une demande de documents à la fondation Wikimédia, qui a autorité sur Wikipédia.

Il disait vouloir déterminer si Wikimédia était bien habilitée à bénéficier de l'exonération d'impôts octroyée aux fondations.

Le procureur désigné par Donald Trump avait dénoncé "la manipulation de l'information" dont Wikipédia se rendait coupable, selon lui, la plateforme cherchant à "masquer la propagande".

Fin août, deux élus républicains de la Chambre des représentants, James Comer et Nancy Mace, ont ouvert une enquête sur des "manoeuvres organisées (...) pour influencer l'opinion américaine (...) en manipulant des articles Wikipédia".

La naissance de Grokipedia a été saluée par plusieurs personnalités de droite, notamment l'idéologue ultranationaliste russe Alexandre Douguine, qualifiant l'article le concernant de "neutre", "objectif" et "juste" alors que celui de Wikipédia est, selon lui, "diffamatoire".


La Russie dit avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
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  • La Russie affirme avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, dont 40 près de Moscou et 47 dans la région de Briansk, où une personne a été tuée et cinq blessées
  • Alors que Kiev intensifie ses frappes sur les infrastructures russes, Donald Trump écarte pour l’instant toute nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine, faute de perspective d’accord sur la fin du conflit

KIEV: Le ministère russe de la Défense a annoncé lundi matin avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque qui a fait un mort selon des autorités locales.

Un chauffeur de minibus a été tué et cinq passagers ont été blessés dans le village de Pogar, a affirmé lundi matin sur Telegram Aleksandre Bogomaz, gouverneur de la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine.

Parmi les drones décomptés, 47 ont survolé la région de Briansk et 40 la région de Moscou, dont la majorité se dirigeait vers la capitale russe, selon le ministère de la Défense.

Depuis le début de son offensive il y a trois ans et demi, la Russie lance quasi-quotidiennement drones et missiles sur l'Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe.

Kiev intensifie ses frappes et vise notamment les infrastructures énergétiques russes.

Sur le front diplomatique, le président américain Donald Trump a affirmé samedi qu'il ne "perdrait pas son temps" à programmer une nouvelle rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine sans accord en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.

De son côté, la Russie a dénoncé dimanche des "tentatives" de saper son dialogue "constructif" avec les Etats-Unis.

Fin septembre, Moscou exerçait un contrôle total ou partiel sur 19% du territoire ukrainien, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).

Quelque 7% - la Crimée et des zones de la région industrielle du Donbass - étaient déjà contrôlés avant le début de l'assaut russe en février 2022.