La Turquie critiquée pour avoir promis d'envoyer des armes en Somalie

Un soldat turc participe à l'inauguration d'une base militaire turque à Mogadiscio samedi (Reuters/Dossier)
Un soldat turc participe à l'inauguration d'une base militaire turque à Mogadiscio samedi (Reuters/Dossier)
Des soldats du gouvernement somalien marchent près d'une voiture à Mogadiscio, en Somalie, le 5 août 2018 (Reuters/Dossier)
Des soldats du gouvernement somalien marchent près d'une voiture à Mogadiscio, en Somalie, le 5 août 2018 (Reuters/Dossier)
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Publié le Samedi 19 décembre 2020

La Turquie critiquée pour avoir promis d'envoyer des armes en Somalie

  • L'opposition craint que les forces spéciales n’utilisent ces armes pour contrôler les prochaines élections dans ce pays meurtri par la guerre.
  • Ankara prévoit d'envoyer 1 000 fusils d'assaut G3 et 150 000 balles aux troupes de Harama'ad ce mois-ci

ANKARA : L'opposition somalienne a exhorté Ankara à s'abstenir de fournir des armes à une unité spéciale de la police par crainte que le président somalien ne les utilise pour « manipuler » les élections nationales qui s'annoncent. Cet appel met en lumière l'engagement de la Turquie dans ce pays meurtri par la guerre civile depuis des décennies. 

De leur côté, les candidats de l'opposition ont adressé une lettre à l'ambassadeur de Turquie en Somalie dans laquelle ils ont fait part de leur inquiétude à l'égard de l'entrée de ces armes dans le pays durant cette « période d'élections délicate ».

En effet, la Turquie a entraîné la troupe de Harama'ad, une unité spéciale somalienne réputée pour réprimer par la violence les manifestations pacifiques dans ce pays de la Corne de l'Afrique.

Lors d'une manifestation pacifique qui a eu lieu le 15 décembre à Mogadiscio, quatre manifestants ont été blessés par les tirs de la troupe, et deux autres ont été arrêtés. Le Conseil des candidats à la présidence a condamné le recours aux balles réelles contre le peuple somalien par les troupes Harama'ad.

Ankara prévoit d'envoyer 1 000 fusils d'assaut G3 et 150 000 balles aux troupes de Harama'ad ce mois-ci.

Le report des élections prévues ce mois-ci en raison de désaccords politiques a suscité la colère dans les rangs de l'opposition.

« Avec les élections nationales qui se rapprochent, la saison des ingérences étrangères est ouverte », affirme Jędrzej Czerep, analyste principal du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique de l'Institut polonais des affaires internationales (PISM).

« Pour la Turquie qui représente le partenaire le plus visible et le plus dévoué de la Somalie en matière de développement et d'aide humanitaire depuis dix ans, le jeu consiste à conserver sa primauté avant que les concessions pétrolières ne soient réparties », explique-t-il à Arab News. 

En outre, Ankara n'a pas encore fait de commentaires sur l'appel lancé par l'opposition somalienne. Cependant, au cours des dernières années, les dirigeants turcs ont accentué leur engagement dans ce pays africain en y construisant des infrastructures et en octroyant des bourses aux Somaliens. 

Trois ans auparavant, la Turquie a établi sa plus grande base militaire en Somalie pour disposer d'un avantage militaire dans les points chauds de la région. Outre sa projection de force, Ankara assure également la formation de soldats somaliens turcophones et livre des armes tactiques à l'armée somalienne.

Selon M. Czerep, « à la veille des élections, le président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo cherche à affirmer son pouvoir en adoptant une stratégie de « tout ou rien ». Ceci a entraîné une politisation grandissante des unités de police formées par les Turcs : les troupes de Harama'ad et de Gorgor – celles-ci étant théoriquement neutres et professionnelles et», précise.

Par ailleurs, les États-Unis ont pris récemment la décision de retirer des centaines de leurs troupes déployées en Somalie pour combattre les terroristes d'Al-Shabab. 

Selon M. Czerep, si les forces de Danab formées par les Etats-Unis ont été en première ligne de la lutte contre Al-Shabab en 2020, les unités Gorgor et Harama'ad ont été plus souvent utilisées pour contrer l'opposition dans les États fédérés.

« Leur déploiement à Galmudug en février a influencé les élections locales dans cet État qui ont été boycottées par l'opposition », déclare-t-il. « Les troupes entraînées par la Turquie se sont également heurtées à Ahlu Sunna Wal Jamaa, une milice soufie qui était l'allié principal du gouvernement contre Al-Shabab, mais qui, paraît-il, est devenue un peu trop puissante. A Gedo, les unités Gorgor et Harama'ad se sont battues contre les forces de la région du Jubaland, où le gouvernement central souhaitait instaurer un climat de paix ». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président syrien à la Maison Blanche le 10 novembre

Le président syrien Ahmad al-Chareh rencontrera le président Trump à la Maison Blanche lundi. (Reuters/Archives)
Le président syrien Ahmad al-Chareh rencontrera le président Trump à la Maison Blanche lundi. (Reuters/Archives)
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  • Le président syrien Ahmad al-Chareh sera reçu lundi à la Maison-Blanche par Donald Trump, une première historique qui s’inscrit dans les efforts américains pour la paix mondiale
  • Les discussions porteront sur la levée des sanctions, la lutte contre l’État islamique et la reconstruction de la Syrie, après plus de 14 ans de guerre

WASHINGTON: La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a indiqué mardi que le président syrien Ahmad al-Chareh serait reçu lundi à la Maison Blanche par Donald Trump.

Il sera le premier chef d'Etat syrien à faire cette visite, qui "fait partie des efforts" du président américain "pour la paix dans le monde", a déclaré la porte-parole pendant une conférence de presse.

Elle a rappelé que Donald Trump, pendant un voyage dans le Golfe en mai, avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie, un sujet qui figurera très haut sur l'ordre du jour de la réunion lundi.

Karoline Leavitt a par ailleurs jugé que la Syrie avait fait "des progrès" sur la voie de la paix avec ce nouveau dirigeant.

Ce sera la deuxième visite aux Etats-Unis d'Ahmad al-Chareh après son passage en septembre à l'ONU à New York, où cet ancien jihadiste est devenu le premier président syrien depuis 1967 à s'adresser à l'Assemblée générale.

Selon le ministre syrien des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, la discussion avec Donald Trump portera aussi sur la lutte contre le groupe Etat islamique et sur la reconstruction en Syrie, après plus de 14 ans de guerre.

Le président américain avait dressé en mai un portrait élogieux d'Ahmad al-Chareh, parlant d'un "gars costaud" et assurant que leur première rencontre, qui a eu lieu en Arabie saoudite, s'était "très bien passée".

Il l'avait pressé à l'époque de rejoindre les accords d'Abraham, une initiative diplomatique dont Donald Trump est particulièrement fier, et qui avait vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.


Soudan: le ministre de la Défense affirme que la guerre va continuer

Des Soudanais déplacés blessés qui ont fui les violences à El-Fasher sont soignés dans une clinique de fortune gérée par Médecins Sans Frontières (MSF), alors que les affrontements entre la RSF et l'armée soudanaise se poursuivent à Tawila, dans le nord du Darfour. (Reurters)
Des Soudanais déplacés blessés qui ont fui les violences à El-Fasher sont soignés dans une clinique de fortune gérée par Médecins Sans Frontières (MSF), alors que les affrontements entre la RSF et l'armée soudanaise se poursuivent à Tawila, dans le nord du Darfour. (Reurters)
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  • Le ministre soudanais de la Défense, Hassan Kabroun, a annoncé la poursuite de la guerre contre les paramilitaires des FSR, malgré une proposition américaine de cessez-le-feu
  • Depuis la chute d’El-Facher, des exactions massives sont rapportées, tandis que l’aide humanitaire reste bloquée

PORT-SOUDAN: Le ministre soudanais de la Défense a affirmé mardi que la guerre contre les paramilitaires allait continuer, après une réunion gouvernementale qui a discuté d'une proposition américaine de cessez-le-feu.

"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais sont en cours", a déclaré le ministre, Hassan Kabroun, dans un discours télévisé.

"Nous remercions l'administration Trump pour ses efforts et ses propositions afin de parvenir à la paix", a-t-il dit, tous en affirmant que la guerre était "un droit national légitime".

Aucun détail sur la proposition américaine n'a été rendu public.

Le gouvernement américain "est tout à fait impliqué" pour tenter de trouver une issue "pacifique" au conflit qui ravage le Soudan, a assuré mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, tout en reconnaissant que "la situation sur le terrain est très compliquée".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel Fattah Al-Burhane à son ancien allié Mohamed Hamdane Daglo, chef des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont pris le 26 octobre El-Facher, dernière ville de la vaste région du Darfour, dans l'ouest, qui échappait à leur contrôle.

Les combats se concentrent désormais sur la région voisine du Kordofan, dans le centre du Soudan, où l'ONU a fait état d'exactions et de déplacements massifs de population ces derniers jours.

- "Incontrôlable" -

Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence, dès maintenant".

"La crise terrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il prévenu, alors que le Conseil de défense et de sécurité présidé par le général Burhane s'est réuni dans la journée pour étudier une proposition américaine de trêve.

L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a mené ces derniers jours des entretiens au Caire dans le but de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Le groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions, présentées mi-septembre à Washington, sont restées lettre morte. Jusqu'à présent, le général Burhane a accueilli négativement ce plan prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.

- "Ne tuez pas les enfants" -

Depuis la chute d'El-Facher, après 18 mois de siège par les paramilitaires, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols, les attaques contre des humanitaires, documentés par des images satellite et par des vidéos publiées par les combattants eux-mêmes.

Le général Burhane a affirmé sa volonté de "se venger" de la prise de cette grande ville, tandis que le chef des FSR s'est dit déterminé à poursuivre les conquêtes sur le terrain.

Mardi, la représentante de l'ONU en charge des questions humanitaires, Denise Brown, a déploré que la ville d'El-Facher reste "barricadée" et fermée à l'aide humanitaire.

"La livraison d'aide de survie cruciale reste bloquée par les FSR contrairement à leurs obligations à l'égard des lois internationales", a-t-elle déclaré.

Près de 71.000 civils ont fui la ville depuis sa prise par les FSR, certains ayant trouvé refuge à Tawila, à environ 70 km à l'ouest.

"Ne tuez pas les enfants, ne tuez pas les femmes", pouvait-on lire en arabe sur une pancarte écrite à la main lors d'une manifestation lundi d'enfants à Khartoum, la capitale du pays sous contrôle de l'armée.

Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU, se joue sur fond de rivalités régionales.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, d'après des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient leur implication.


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.