Collectivités: à deux jours du budget, le gouvernement démine le terrain

Cette vue aérienne prise le 8 juin 2013 montre l'hôtel de ville de Lille et son beffroi. (Photo, AFP)
Cette vue aérienne prise le 8 juin 2013 montre l'hôtel de ville de Lille et son beffroi. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 25 septembre 2023

Collectivités: à deux jours du budget, le gouvernement démine le terrain

  • "Le budget 2024 prévoit une augmentation de 220 millions d'euros" de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour les communes et intercommunalités
  • "C'est un message fort vers les collectivités", a affirmé le ministre de la Cohésion des territoires Christophe Béchu dans une déclaration écrite à la presse

PARIS: Augmentation de la principale dotation aux collectivités, "nouvelle méthode" pour trouver des économies: à deux jours de la présentation du projet de budget pour 2024, le gouvernement a multiplié lundi les gestes de bonne volonté envers les élus locaux.

"Le budget 2024 prévoit une augmentation de 220 millions d'euros" de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour les communes et intercommunalités, a annoncé la ministre déléguée aux Collectivités territoriales Dominique Faure dans un entretien à La Gazette des communes.

La somme se décomposera en trois blocs: "100 millions d'euros sur la dotation de solidarité rurale, 90 millions d'euros sur la dotation de solidarité urbaine et 30 millions d'euros sur la dotation d'intercommunalité", a détaillé Mme Faure.

Après treize ans de gel de cette ressource versée par l'Etat aux communes, intercommunalités et départements, la DGF croît ainsi pour la deuxième année de suite.

En 2023, le gouvernement l'a ainsi rehaussée de 320 millions d'euros, déjà pour faire face à une forte inflation (+4,9% sur un an en août selon l'Insee).

"C'est un message fort vers les collectivités", a affirmé le ministre de la Cohésion des territoires Christophe Béchu dans une déclaration écrite à la presse.

"Cette annonce permet de mesurer la sincérité de l'engagement de notre gouvernement aux côtés des collectivités", a-t-il ajouté.

Malgré la rallonge de 220 millions d'euros annoncée pour 2024, certaines associations d'élus locaux pourraient être déçues.

Ces dernières semaines, elles ont en effet réclamé une indexation de la DGF, principale dotation dont elles disposent, sur le niveau de l'inflation.

"On ne peut pas demander à l'Etat de compenser entièrement l'inflation", leur a répondu lundi Dominique Faure.

L'entourage de la ministre insiste: "L'Etat lui-même subit" la hausse des prix et "l'inflation fait également augmenter certaines recettes des collectivités".

Alors que les élus locaux demandent à l'Etat de la visibilité sur plusieurs années quant à leurs ressources, le gouvernement a semblé lundi ouvert à cette idée.

"La demande de visibilité et de pluriannualité des élus locaux est légitime", a confié le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave, également interviewé par La Gazette des Communes.

Méfiance

"La loi de programmation des finances publiques offre déjà une visibilité sur la trajectoire des concours financiers (versés par l'Etat aux collectivités, NDLR), et sur la croissance et l'inflation. On peut probablement aller plus loin", a reconnu l'ancien président de la délégation aux collectivités territoriales de l'Assemblée nationale.

Thomas Cazenave s'est au passage dit "favorable à ce que le gouvernement présente une stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique", publics et privés.

Surtout, le ministre des Comptes publics a proposé lundi une "nouvelle méthode" aux élus locaux pour maîtriser la croissance des dépenses dans les collectivités.

La première étape consistera selon lui à "échanger de manière très précise avec toutes les associations d'élus pour nous mettre d'accord sur des revues de dépenses".

In fine, l'objectif est que les dépenses de fonctionnement des collectivités (masse salariale, achats de fournitures...) progressent d'un demi-point de pourcentage de moins que l'inflation.

"L'effort pour les collectivités sera bien moins important que celui demandé à l'Etat", a assuré M. Cazenave, et "les dépenses d'investissement progresseront plus fortement que l'inflation."

Et contrairement aux précédents mécanismes de contrôle des dépenses, les collectivités qui manqueront les objectifs fixés par le gouvernement ne seront pas sanctionnées.

La "nouvelle méthode" esquissée lundi rappelle furieusement le "pacte de confiance" promis il y a un an par le prédécesseur de Thomas Cazenave à Bercy, Gabriel Attal.

Face aux réticences des élus locaux, cette initiative déjà destinée à contenir la progression de la dépense locale avait été enterrée.

Dès dimanche soir, une série de messages sur "X" (ex-Twitter) du président de l'Association des maires de France David Lisnard a souligné la méfiance persistante des élus locaux.

"Les comptes des collectivités sont à l'équilibre, contrairement à l'Etat. Elles n'empruntent que pour investir. Elles n'ont pas de leçon de gestion à recevoir de l'Etat surdépensier et surpréleveur", a cinglé le maire de Cannes en réaction à des propos d'Emmanuel Macron sur la taxe foncière.


Attaque mortelle près de la Tour Eiffel: Le parquet antiterroriste saisi, l'assaillant en garde à vue

Un agresseur a poignardé une personne à mort et en a blessé une autre samedi à Paris. (X/@Life_Info)
Un agresseur a poignardé une personne à mort et en a blessé une autre samedi à Paris. (X/@Life_Info)
Short Url
  • Un Allemand a été tué et deux personnes ont été blessées samedi soir à Paris dans une attaque au couteau et au marteau près de la tour Eiffel
  • L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français né en 1997 de parents iraniens, a été interpellé peu après les faits et placé en garde à vue

PARIS: Un Allemand a été tué et deux autres personnes ont été blessées samedi soir dans une agression au couteau et au marteau près de la tour Eiffel à Paris, où le parquet antiterroriste (Pnat) s'est saisi de l'enquête sur l'attaque perpétrée par un Français, connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques.

L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français né en 1997 de parents iraniens, a été interpellé peu après les faits et placé en garde à vue.

Il s'est attaqué à coups de couteau à un homme de nationalité allemande né en 1999 et s'en est pris à deux autres personnes à coups de marteau, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine.

Le Pnat a indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques, l'agresseur a crié "Allah Akbar" au moment des faits, selon une source policière.

Il aurait dit aux policiers l'ayant interpellé qu'il "ne pouvait plus supporter que les musulmans meurent, tant en Afghanistan qu'en Palestine" et aurait aussi déclaré qu'il "en voulait" pour "ce qui se passait à Gaza" et que la France serait "complice de ce que faisait Israël" là-bas, a précisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'un point presse sur place.

Les enquêteurs vont se pencher sur le suivi médical de l'auteur, un homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire à l'AFP. "Est-ce qu'il était suivi médicalement comme il aurait dû l'être et comme il l'a été un temps, c'est une question qui se posera?", a dit une source policière à l'AFP.

Cet homme avait déjà été interpellé en 2016 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'action violente à La Défense, à l'ouest de Paris. Il avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement et était sorti après quatre ans de détention, selon cette source.

Armand Rajabpour-Miyandoab, qui vivait chez ses parents en Essonne selon Gérald Darmanin, a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de revendication de son attaque, ont confirmé à l'AFP des sources policières et sécuritaires.

Dans la vidéo, l'assaillant évoque "l'actualité, le gouvernement, le meurtre de musulmans innocents", a détaillé la source sécuritaire.

A ce stade, les enquêteurs ne savent pas quand elle a été tournée, mais elle a été postée en ligne "concomitamment" au passage à l'acte, selon cette source.

La victime décédée est un touriste allemand, selon Gérald Darmanin.

"L'attaque s'est passée peu après 21H00 entre le quai de Grenelle et Bir Hakeim, l'assaillant s'en est pris à un couple de touristes", a rapporté le ministre de l'Intérieur. "L'homme est décédé sous les coups de couteau" et l'attaquant "s'en est pris à la femme de ce touriste allemand" mais elle a eu la vie sauve "grâce à un chauffeur de taxi qui a vu la scène".

L'assaillant a alors traversé le pont. Poursuivi par les policiers, il a manifestement agressé deux autres personnes dont la vie n'est pas en danger: une personne serait blessée d'un coup de marteau au niveau de l'oeil et une autre serait particulièrement "choquée", selon le récit de Gérald Darmanin.

Les deux blessés sont un Français, âgé d'une soixantaine d'années, et un touriste étranger, a-t-il précisé. La nationalité de ce dernier n'a pas été précisée à ce stade.


«Ras-le-bol !»: Grève nationale des livreurs Uber, qui réclament une meilleure rémunération

Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris  (Photo, AFP).
Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris (Photo, AFP).
Short Url
  • Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris
  • «Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser»

PARIS: "C'est quoi la prochaine étape, bientôt il faudra payer pour livrer ?" Les chauffeurs Uber ont manifesté samedi à travers la France, pour réclamer une meilleure rémunération après un changement dans l'algorithme du groupe qu'ils estiment désavantageux.

Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris, chasubles de syndicat sur le dos et pour certains vélo à la main.

"Je suis là pour dénoncer cette nouvelle tarification qui a été faite de manière totalement unilatérale par Uber", a expliqué à l'AFP Adrien, livreur de 37 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. Deliveroo et Stuart, "c'est le même délire", a-t-il aussi critiqué.

Depuis le 10 octobre, un nouveau système a été mis en place par Uber Eats dans les agglomérations de Lille, Rouen et Valence, pour "valoriser le temps passé à réaliser la course", a justifié la plateforme.

Généralisée depuis le 1er novembre, cette nouvelle tarification "peut faire varier certaines courses à la hausse et d'autres à la baisse, mais ne vise pas à diminuer la rémunération moyenne par course", avait assuré vendredi à l'AFP Uber Eats, qui dit avoir même noté "une légère augmentation du revenu moyen par course de 1,4%" dans les villes pilotes.

Mais des livreurs évoquent une autre réalité: "J'ai constaté que les courses à un ou deux kilomètres sont payées 2,85 euros sur Uber, alors qu'avant elles étaient à 3,30 euros", a affirmé Adrien, qui utilise Uber depuis 2020 et récemment aussi Deliveroo. "Il y en a ras-le-bol !"

"Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser. Ça sera quoi la prochaine étape? 0,50 euro la course? Devoir payer pour livrer?", proteste celui qui a l'impression d'être la "variable d'ajustement" du système.

«Pas rentable»

L'appel à la grève a été lancé par Union-Indépendants, la fédération CGT Transports et SUD Commerces. Des rassemblements de livreurs grévistes sont prévus samedi et dimanche, notamment à Paris, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Marseille et Armentières, dans le nord de la France.

Des mouvements de protestation de livreurs indépendants, qui sont en France quelque 65.000 à passer par Uber Eats, avaient déjà eu lieu en novembre.

A Bordeaux, une vingtaine de livreurs, accompagnés d’une dizaine de militants de la CGT et du porte-parole du NPA Philippe Poutou, se sont eux aussi réunis place de la Victoire en fin de matinée pour réclamer l’amélioration de leur rémunération et de leurs conditions de travail.

"Ce n'est pas un travail rentable. Tu vas sacrifier toute ta journée pour avoir 50 euros", a dénoncé auprès de l'AFP Ousmane Doumbia, coursier Uber Eats de 22 ans. Les "courses de 2 km pour 3 euros, qui en réalité sont plus longues", si "tu les fais en moto, si tu comptes l'essence, l'Urssaf, l'entretien de la moto, à la fin tu n'as rien".

"D'après nos estimations, le nouveau système entraîne une baisse (de rémunération) de 10 à 40%", a assuré Lilian Pouill, livreur de 22 ans venu manifester à Paris. Résultat: "Je travaille plus pour compenser la perte."

«Esclavage moderne»

Selon la députée LFI Danièle Simonet, présente au rassemblement parisien, les plateformes utilisent leur promesse de rémunérer au minimum horaire de 11,75 euros pour "faire baisser le prix des courses" pour les livreurs, ces "tâcherons du XXIe siècle".

"C'est 11,75 euros de l'heure effective de course", sans compter le temps d'attente, a-t-elle dit à l'AFP. Donc "vous cumulez des courses pendant une heure pour qu'elles soient rémunérées au total à 11,75 euros, ça veut dire que vous faites fortement chuter le prix de chaque course individuelle."

"Ça crée une situation d'esclavage moderne", a protesté David Belliard, élu à la mairie de Paris, ville où les "livraisons de repas ont explosé ces dernières années". M. Belliard demande à ces plateformes, qui "exploitent ces gens", de requalifier leurs contrats en salariat. Il regrette que ce système de rémunération pousse les livreurs "à prendre évidemment des risques inconsidérés pour eux et ceux qui sont autour".

"La plupart d'entre nous veulent rester indépendants", a affirmé Adrien, mais "avec  un minimum de protection et surtout, une meilleure rémunération!"


Des milliers de soutiens aux Palestiniens de nouveau dans la rue à Paris

Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, participe à une manifestation pro-palestinienne à Paris, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, participe à une manifestation pro-palestinienne à Paris, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • «Nous sommes tous des enfants des enfants de Gaza», scandaient les manifestants
  • Une quarantaine de rassemblements de soutien au peuple palestinien étaient organisés en France

PARIS: Des milliers de soutiens au peuple palestinien sont de nouveau descendus dans la rue samedi à Paris avec des slogans réclamant un "cessez le feu permanent" dans le conflit entre Israël et le Hamas et dénonçant un "génocide" des Palestiniens.

Une quarantaine de rassemblements étaient organisés en France, au lendemain de la reprise des bombardements de la bande de Gaza par l'armée israélienne et l'expiration d'une trêve avec le Hamas, qui a permis la libération d'otages.

Dans la capitale, la manifestation a réuni 7.000 personnes, selon la préfecture de police, soit autant que lors d'un précédent rassemblement le 19 novembre mais moins que les 4 novembre (19.000) et le 11 novembre (16.000). Les organisateurs ont revendiqué 60.000 participants.

"Nous sommes tous des enfants de Gaza", ont scandé des manifestants, qui ont bravé le froid hivernal derrière une banderole appelant à un "cessez le feu permanent" dans le conflit né de l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la riposte d'Israël avec pour objectif "d'anéantir" le mouvement islamiste palestinien.

Des pancartes dénonçaient un "génocide en Palestine", a constaté une journaliste de l'AFP.

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, présent avec des élus de son parti dont les députées Mathilde Panot et Aurélie Trouvé, a jugé devant la presse que la reprise des bombardements israéliens à Gaza présentait "tous les indices d'une volonté génocidaire".

Juché pendant la manifestation sur un camion, il a harangué les manifestants en qualifiant d'"intolérable" qu'il soit "mort à Gaza en 42 jours plus de monde qu'il n'en a jamais été tué en quatre ans de siège à Sarajevo".

Motion en Martinique

La cheffe des écologistes, Marine Tondelier, a plaidé pour "l'entrée de la Cour pénale internationale à Gaza", "le seul moyen d'avoir des observateurs impartiaux" sur place.

La représentante de l'Autorité palestinienne en France, Hala Abou Assira, a insisté sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat" et réclamé que "le monde démocratique (...) oblige Israël à arrêter son agression".

Martine Bezzina, 70 ans, veut que "le peuple palestinien puisse vivre côte-à-côte avec le peuple israélien". "C'est ce que demandent les populations. La sécurité d'Israël passe par la sécurité et l'existence de la Palestine", ajoute cette manifestante venue en famille.

A Toulouse, ils étaient 600, selon la préfecture, 2.000 selon les organisateurs, avec des pancartes comme "Israël assassin, Biden complice".

Alexane, une étudiante en droit des médias de 22 ans qui n'a pas souhaité communiquer son patronyme, voudrait qu'"on donne au peuple palestinien les ressources nécessaires pour que la solution à deux Etats lui permette de vivre de manière convenable, autrement, le gouvernement israélien continuera à l'opprimer".

A Montpellier, ils étaient 500 selon les autorités, et à Rennes quelques centaines, selon l'AFP. Le président de l'association France Palestine solidarité à Rennes, Moulay Hamid, a déploré au micro l'inaction du gouvernement Macron et de la communauté internationale.

Les élus de l'Assemblée territoriale de Martinique ont de son côté adopté vendredi une "motion de soutien au peuple palestinien" pour condamner "toutes les violences commises contre des civils", "l’attaque organisée par le Hamas à l’encontre de civils israéliens", "les crimes de guerre commis par l’État d’Israël" et "exige(r) un cessez-le-feu immédiat".

Une manifestation sur l'île a réuni une soixantaine de personnes samedi, dont des élus, selon la police.