Procès après l'assassinat d'un couple de policiers au nom de l'Etat islamique en France

L'avocat de la défense Vincent Brengarth s'adresse à la presse avant le procès des attentats de Magnanville au palais de justice de Paris le 25 septembre 2023. (Mehdi FEDOUACH / AFP)
L'avocat de la défense Vincent Brengarth s'adresse à la presse avant le procès des attentats de Magnanville au palais de justice de Paris le 25 septembre 2023. (Mehdi FEDOUACH / AFP)
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Publié le Lundi 25 septembre 2023

Procès après l'assassinat d'un couple de policiers au nom de l'Etat islamique en France

  • Acquis à la cause du groupe EI, l'assassin du couple, Larossi Abballa, 25 ans, avait été tué lors de l'assaut de policiers d'élite pour libérer l'enfant qu'il retenait en otage
  • L'assassin du couple a-t-il agi seul? C'est tout l'enjeu du procès. L'accusation est persuadée qu'il bénéficiait d'un complice dans la maison

PARIS: Sept ans après l'assassinat, au nom de l'organisation Etat islamique, d'un couple de policiers à leur domicile de la région parisienne, sous les yeux de leur fils âgé alors de trois ans, Mohamed Lamine Aberouz a tenu à se démarqué lundi de l'assaillant, au premier jour de son procès pour complicité à Paris.

"Je réitère mes condamnations les plus fermes à l'encontre de Larossi (Abballa) pour cet acte monstrueux qu'il a commis", a affirmé Mohamed Lamine Aberouz, 30 ans.

"J'exprime ma compassion à la famille des victimes. (Leur) recherche de vérité est logique. J'espère y participer. J'espère être écouté. Je réitère mon innocence", a-t-il ajouté à son procès prévu jusqu'au 10 octobre.

Le couple avait été tué chez lui à l'arme blanche, en juin 2016 dans son pavillon de Magnanville, à l'ouest de Paris.

Acquis à la cause du groupe Etat islamique, l'assassin du couple, Larossi Abballa, 25 ans, avait été tué lors de l'assaut de policiers d'élite pour libérer l'enfant qu'il retenait en otage.

Ce double assassinat, le premier de policiers qui n'étaient pas en service, avait profondément choqué l'institution et ému le pays tout entier entier, encore traumatisé par les attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), à Paris et dans sa banlieue, ainsi que par l'attentat contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 dans la capitale (12 morts).

De nombreux policiers en civil étaient présents lundi au début de l'audience, devant la cour d'assises spéciale de Paris, dans une salle pleine à craquer.

«Evolution»

Dans l'après-midi, le procès a été marqué par l'audition de son épouse, Janna C,citée à l'initiative du parquet général et qu'il voyait pour la première fois.

"Est-ce que je peux compter sur ton soutien jusqu'au bout ?", lui a-t-il demandé. "Oui", a-t-elle répondu, l'accusé dessinant alors un coeur avec ses mains.

Tous les deux se sont mariés "religieusement" en juin 2021 sans jamais se voir alors qu'ils étaient tous deux en détention. Janna C. est sortie de prison le 14 septembre, après une condamnation à sept ans d'emprisonnement pour un projet d'attentat en juillet 2016.

Voilée de la tête aux pieds dans un jilbab bleu canard, Janna C., 25 ans, mains sur les hanches, répond vertement à la cour, devant laquelle elle a refusé de prêter serment.

Quand la cour l'interroge sur son "évolution", elle a une réponse ambiguë. "Avant (j'étais prête à) faire une action violente pour rendre la pareille à ceux qui voulaient tuer mes frères et soeurs musulmans. Maintenant, je sais que dans ma religion je n'ai pas à combattre car je suis une femme".

Avant Janna C., c'est Sarah Hervouët, une ex-"promise" de l'accusé, qui a témoigné en visio depuis sa prison où elle purge une peine de 20 ans de réclusion pour avoir poignardé un policier en civil en septembre 2016 après une tentative d'attentat aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame de Paris.

Abelouz et Hervouët étaient "fiancés" sans s'être jamais rencontrés.

"Avec Mohamed, on parlait religion", pas de projet d'attentat, dit-elle. "Quand j'avais une question, j'avais tendance à me tourner vers lui et c'était carré".

Poursuivi pour complicité d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique, association de malfaiteurs terroriste criminelle et complicité de séquestration en relation avec une entreprise terroriste, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

«Assassinat barbare»

En visite dans le nord du pays, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a évoqué "ces policiers qui ont été tués par la barbarie islamiste parce que policiers, dans leur domicile, devant leur enfant".

"J’espère que la justice - j’en ai même l’intime conviction - condamnera cette personne de complicité, s’il est prouvé qu’elle était effectivement en lien avec cet assassinat barbare", a-t-il déclaré devant des journalistes.

L'assassin du couple a-t-il agi seul? C'est tout l'enjeu du procès. L'accusation est persuadée qu'il bénéficiait d'un complice dans la maison. C'est M. Aberouz qui lui a "désigné" le couple de policiers "comme cible de l'attentat", soutient le parquet général.

Des traces de l'ADN de Mohamed Lamine Aberouz ont été trouvées sur le repose-poignet de l'ordinateur du couple utilisé pour la revendication de l'assassinat.

En dehors de ces traces ADN, aucune autre preuve tangible de sa présence sur les lieux n'a pu être établie, font valoir ses avocats Vincent Brengarth et Nino Arnaud. Ils entendent plaider l'acquittement. Selon eux, Larossi Abballa était un "loup solitaire" qui n'avait pas besoin de complice.


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.