Les victimes de torture irakiennes attendent toujours une compensation américaine

Près de 100 000 Irakiens ont été détenus par les États-Unis et leurs alliés de la coalition entre 2003 et 2009, après l’invasion américaine de l’Irak en 2003. (AFP)
Près de 100 000 Irakiens ont été détenus par les États-Unis et leurs alliés de la coalition entre 2003 et 2009, après l’invasion américaine de l’Irak en 2003. (AFP)
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Publié le Mardi 26 septembre 2023

Les victimes de torture irakiennes attendent toujours une compensation américaine

  • «Vingt ans plus tard, les Irakiens qui ont été torturés par des membres des forces américaines ignorent toujours la voie à suivre pour déposer une plainte»
  • «Deux soldats américains, un homme et une femme, nous ont ordonné de nous déshabiller. Ils nous ont entassés, nous les prisonniers, les uns sur les autres. J’étais l’un d’entre eux»

LONDRES: Le gouvernement américain a visiblement omis d’indemniser les Irakiens qui ont été torturés ou maltraités, deux décennies après que des preuves ont montré que les forces américaines maltraitaient les détenus dans les prisons qu'elles dirigeaient en Irak, a déclaré Human Rights Watch lundi.

Près de 100 000 Irakiens ont été détenus par les États-Unis et leurs alliés de la coalition entre 2003 et 2009, après l’invasion américaine de l’Irak, en 2003.

HRW et d'autres organisations ont documenté des actes de torture et d'autres mauvais traitements commis par les forces américaines en Irak. Les survivants de ces maltraitances ont rendu compte des traitements qu'ils avaient subis, avec peu de reconnaissance des faits de la part du gouvernement américain ni la moindre compensation.

«Vingt ans plus tard, les Irakiens qui ont été torturés par des membres des forces américaines ignorent toujours la voie à suivre pour déposer une plainte ou obtenir une quelconque forme de réparation ou de reconnaissance de la part du gouvernement américain», a affirmé la directrice de HRW à Washington, Sarah Yager.

«Les responsables américains ont indiqué qu'ils préféraient considérer que la torture appartenait au passé, mais les effets de cette dernière à long terme restent une réalité quotidienne pour de nombreux Irakiens et leurs familles», a indiqué Sarah Yager.

Entre avril et juillet 2023, HRW s’est entretenue avec un ancien détenu de la célèbre prison d'Abou Ghraib du nom de Taleb al-Majli, de même qu’avec trois personnes anonymes qui sont au courant de sa détention et de son état après sa libération.

Il a affirmé être l'un des hommes sur une photographie largement diffusée qui montre un groupe de prisonniers nus et cagoulés entassés les uns sur les autres dans une pyramide humaine, tandis que, derrière eux, deux soldats américains sourient.

«Deux soldats américains, un homme et une femme, nous ont ordonné de nous déshabiller. Ils nous ont entassés, nous les prisonniers, les uns sur les autres. J’étais l’un d’entre eux», a confié Taleb al-Majli.

Ce dernier a indiqué que les forces américaines l'avaient arrêté en 2003 alors qu'il rendait visite à des parents dans la province d'Anbar. Une rafle de vieillards et de garçons avait eu lieu dans le village où il résidait.

Il a été détenu pendant quelques jours à la base militaire de Habbaniya et dans un lieu inconnu en Irak. Puis les forces américaines l’ont transféré dans la prison d'Abou Ghraib.

«C'est à ce moment que les tortures ont commencé. Ils nous ont pris nos vêtements. Ils se moquaient sans cesse de nous alors que nous avions les yeux bandés et une cagoule sur la tête. Nous étions complètement impuissants. J’ai été torturé par des chiens policiers, des bombes assourdissantes, des tirs réels et des jets d’eau», a-t-il affirmé.

HRW a déclaré que l’histoire de sa détention à Abou Ghraib est tout à fait crédible et que Taleb al-Majli a présenté des preuves concordantes, parmi lesquelles une carte d'identité de prisonnier avec son nom complet, son numéro de détenu et son bloc cellulaire (il a expliqué que les forces américaines les lui avaient donnés à Abou Ghraib après l'avoir pris en photo), en plus d’un scan de l'iris et de ses empreintes digitales.

Taleb al-Majli a également montré à l'organisation une lettre qu'il avait obtenue en 2013 de la Haute Commission irakienne des droits humains, un organisme gouvernemental qui a pour mission de protéger et de promouvoir les droits humains en Irak. Elle confirme sa détention dans la prison d'Abou Ghraib, avec sa date d'arrestation, et indique le même numéro de détenu que sa carte d'identité de prisonnier.

Depuis deux décennies, il demande des réparations et des excuses pour les maltraitances dont il a été victime. Il a demandé l'aide de l'Association du barreau irakien et de la Haute Commission irakienne pour les droits humains, mais elles n'ont pas pu l'aider. Il a indiqué qu'il ne savait pas comment contacter l'armée américaine et déposer une plainte.

HRW a écrit au ministère américain de la défense en juin 2023 pour présenter le cas d’Al-Majli et demander des informations sur l’indemnisation des survivants de la torture en Irak. Aucune réponse n'a été reçue.

«Le secrétaire à la défense et le procureur général des États-Unis devraient enquêter sur les allégations de torture et sur les autres maltraitances qu’ont subies les personnes détenues par les États-Unis à l’étranger lors d’opérations anti-insurrectionnelles liées à leur “guerre mondiale contre le terrorisme”», a soutenu Sarah Yager.

«Les autorités américaines devraient engager les poursuites adéquates contre toute personne impliquée, quel que soit son rang ou sa position. Les États-Unis devraient offrir une compensation, une reconnaissance et des excuses officielles aux survivants des maltraitances et à leurs familles», a-t-elle encore affirmé.

L’organisation n’a pas trouvé de preuve selon laquelle le gouvernement américain aurait versé une quelconque compensation ou autre réparation aux victimes de la maltraitance infligée aux détenus en Irak. Les États-Unis n’ont pas non plus présenté d'excuses à titre individuel ni effectué d’autres dédommagements.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.