PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
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Publié le Jeudi 28 septembre 2023

PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

  • Edi Rama déclare à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, que les réalisations des pays du Golfe sont une «source d'inspiration»
  • Il explique pourquoi les relations avec l'Iran restent rompus, se montre confiant quant à l'adhésion à l'UE et affirme que le fait d'être dans le camp occidental est une priorité pour l'Albanie

LONDRES: Au cours d'une longue interview accordée à Asharq News, Edi Rama, le Premier ministre albanais, a fait l'éloge des pays du Conseil de coopération du Golfe, a abordé les tensions avec l'Iran et a exprimé son optimisme quant à la voie à suivre pour rejoindre l'UE.

S'adressant à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, il a exprimé son admiration pour les dirigeants de l'Arabie saoudite et des autres États membres du CCG, décrivant leurs réalisations comme «une source d'inspiration».

«En ce qui concerne l'Arabie saoudite et les pays du CCG, nous avons des relations très fortes avec les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et le Koweït, et j’espère qu'elles se renforceront», a signalé Rama, peintre, écrivain, ancien professeur d'université, publicitaire et ancien joueur de basket-ball.

«Je constate avec admiration ce qui se passe là-bas, tant aux Émirats arabes unis qu'en Arabie saoudite, et je loue beaucoup les dirigeants qui font preuve de vision et développent ces pays, dont ils font, à bien des égards, une source d'inspiration.

«Nous pouvons être en désaccord sur certains points, mais ce n'est pas une raison pour ne pas admirer ce qu'ils font, et nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Je souhaite que nos relations deviennent de plus en plus fortes», a-t-il ajouté.

En revanche, l'Iran est un pays du Moyen-Orient avec lequel les relations restent tendues. L'Albanie, membre de l'Otan, a accusé l'Iran d'avoir mené une cyberattaque le 15 juillet de l'année dernière, qui a entraîné la fermeture temporaire de nombreux services numériques et sites web du gouvernement albanais. Quelques jours plus tard, une deuxième cyberattaque a touché l'un des systèmes frontaliers de l'Albanie.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

Tirana a réagi en coupant les relations diplomatiques avec Téhéran et en expulsant le personnel de l'ambassade iranienne. À l'époque, l'Arabie saoudite avait condamné la cyberattaque.

«Nous devions agir contre l'Iran parce que ce pays agissait brutalement contre nous», a déclaré Rama. «Ils ont pris l'Albanie pour cible avec une cyber-attaque malveillante.

«Pourquoi ? Parce que nous avons accueilli quelques milliers d'Iraniens, non pas pour faire de l'Albanie une tribune politique contre le régime – même si nous n'avons rien à aimer de ce régime – non pas pour leur donner une tribune contre le régime, mais pour leur donner un abri parce que leurs vies étaient en danger.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

Rama faisait référence aux membres de l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien, également connue sous le nom de Mojahedin-e-Khalq ou MEK, qui ont transféré leur quartier général de l'Irak à l'Albanie en 2016.

«Nous sommes un pays qui honore toujours les êtres humains et la vie humaine», a souligné Rama. «L'Iran ne l'a pas bien compris, voire pas du tout, et nous a attaqués, si bien que nous avons dû rompre les relations diplomatiques et les mettre à la porte.»

Au cours de l'interview, Rama s'est montré confiant quant à l'admission prochaine de son pays au sein de l'Union européenne des 27.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

«Je suis toujours tragiquement optimiste – je ne suis pas pessimiste – mais je dois dire que pour moi, l'UE est la chose la plus fascinante dans l'histoire mondiale de la politique que l'humanité a créée», a-t-il déclaré à Al-Ahmari.

«Une vision de la paix et de la sécurité et une action visant à rapprocher des pays qui se combattent depuis longtemps et à faire passer les intérêts communs pour l'avenir au-dessus des différentes façons d'envisager l'histoire», a précisé Rama.

«D'autre part, l'UE a créé une expérience incroyable du fonctionnement de l'État, du fonctionnement institutionnel, d'une véritable séparation des pouvoirs, des droits, du respect des personnes et de l'égalité devant la loi», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

L'Albanie a déposé sa candidature pour intégrer à l'UE en avril 2009 et a obtenu le statut de pays candidat en juin 2014. L'UE a tenu sa première conférence intergouvernementale avec l'Albanie en juillet 2022.

Depuis lors, le Conseil de stabilisation et d'association UE-Albanie a salué les progrès de Tirana en matière d'État de droit, en particulier les réformes globales de la justice et les luttes contre la corruption et le crime organisé. Il a toutefois appelé à des progrès plus concrets en matière de liberté d'expression et de consolidation des droits de propriété.

«Je dois dire qu'il n'y a pas d'exigences irréalistes de la part de l'UE», a révélé Rama. «Nous devons faire nos devoirs et il est très important de s'assurer que tout le monde comprenne que nos devoirs ne sont pas quelque chose que nous devons faire à cause d'eux ou pour eux. Nos devoirs, nous devons les faire pour nos enfants, pour l'Albanie de demain

Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News (Photo, AN).

Outre l'Albanie, sept autres pays sont reconnus comme candidats pour intégrer à l'UE : la Turquie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, la Moldavie, l'Ukraine et la Bosnie-et-Herzégovine.

Le chemin de l'Albanie vers l'adhésion à l'UE n'a cependant pas été sans heurts, ce qui a donné lieu à des suggestions de blocage délibéré ou de sabotage.

Selon le recensement de 2011, 56,7% de la population albanaise adhère à l'Islam, ce qui en fait la religion la plus importante du pays. Le reste de la population suit le Christianisme (16,99%) ou est irréligieux.

Au cours des derniers mois, il a été spéculé que la décision sur l'adhésion de l'Albanie à l'UE avait été retardée à cause de réticences concernant sa population à majorité musulmane sur un continent historiquement chrétien. Rama a rejeté cette hypothèse comme étant une théorie de la conspiration.

«Nous avons peut-être beaucoup de musulmans dans notre pays, que Dieu les bénisse», a-t-il déclaré. «Nous avons aussi beaucoup de chrétiens. Et nous avons aussi beaucoup d'athées.»

«Mais ce qui est important, et ce que nous chérissons le plus, c'est qu'avant tout, ce sont tous des Albanais, ce sont tous des frères et des sœurs, et nous n'avons jamais eu de problèmes religieux ni de conflits, et nous avons toujours vécu notre vie ensemble. Dans notre pays, il est très courant que les chrétiens fêtent le Ramadan et les musulmans Noël. Je dirais donc que nous sommes vraiment dans une très bonne situation et qu'il n'y a pas de place pour les théories de la conspiration.

«Deuxièmement, je sais qu'en Europe, il n'est pas toujours facile d'accepter les musulmans. Et il y a parfois, malheureusement et honteusement, une voix ici, une voix là, un parti ici, un parti là, qui le dit sans vergogne», a expliqué Rama.

«Mais dans l'ensemble, l'UE n'est pas un endroit où les musulmans sont considérés comme un danger ou un problème, et ils sont plutôt bien accueillis et intégrés.»

Le veto de la Bulgarie à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE a bloqué les progrès de l'Albanie, car l'Union considère les deux pays comme faisant partie d'un seul et même ensemble de mesures d'adhésion. Toutefois, la voie a finalement été dégagée en juillet de l'année dernière.

Rama a indiqué que toute suggestion selon laquelle la Bulgarie, membre de l'UE depuis 2007, envisage d'entraver davantage l'adhésion de l'Albanie serait une nouvelle pour lui.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de haut niveau sur la situation en Ukraine (Photo, AFP).

«Non, ce n'est pas quelque chose de vrai, je pense», a-t-il déclaré. «Ou du moins, si c'est vrai, c'est la première fois que j'en entends parler – et je serais très, très surpris. Mais nous entretenons des relations très amicales avec la Bulgarie et nous n'avons jamais eu de problèmes.

«Oui, nous avons eu des débats dans le passé, mais pas sur l'Albanie, sur la Macédoine du Nord, qui est notre voisin bien-aimé. Mais non, la Bulgarie ne ferait jamais une telle chose pour plaire à la Russie. Elle n’opposerait pas son veto à l'intégration de l'Albanie dans l'UE.»

De même, Rama a estimé qu'il voyait peu de chances que la Grèce, membre de l'UE, fasse obstacle à l'adhésion de l'Albanie à l'UE, indépendamment des différends passés.

«Au contraire, la Grèce a été bonne avec nous, elle a soutenu notre processus d'intégration», a affirmé Rama. «Des centaines de milliers d'Albanais vivent en Grèce, où ils travaillent et sont bien intégrés. Et il y a beaucoup de Grecs qui viennent ici pour le tourisme. Nous sommes donc des pays frères.»

Alors que l'Albanie vise à resserrer ses relations avec l'Europe, d'autres acteurs puissants, dont la Chine, la Turquie et la Russie, ont fait des incursions dans la région des Balkans occidentaux.

«Je ne les mettrais pas tous les trois dans le même panier, car il s'agit de trois acteurs différents ayant des raisons différentes et une volonté différente d'aborder les Balkans ou d'autres régions», a indiqué Rama.

Pays communiste de 1946 à 1991, l'Albanie s'est séparée de l'Union soviétique à la fin des années 1950 à la suite de la dénonciation de Joseph Staline par Nikita Khrouchtchev, que le dirigeant albanais de l'époque, Enver Hoxha, considérait comme une rupture avec les principes idéologiques du communisme.

Des membres des Mojahedin-e-Khalq agitent des drapeaux lors de la conférence «120 ans de lutte pour la liberté de l'Iran» dans une base de l'Organisation des Moudjahidin du peuple d'Iran à Manza, en Albanie (Photo, AFP).

Rama a mentionné que les relations stratégiques avec la Russie ne servaient pas les intérêts des Balkans à l'époque et qu'elles ne les servent pas aujourd'hui, comme le montre l'invasion russe de l'Ukraine.

«La Russie s'est révélée pleinement en attaquant brutalement l'Ukraine au cours de la troisième décennie du XXIe siècle, aux portes de l'UE, en investissant dans une guerre, en tuant des gens et en se dévoilant d'une manière qui est vraiment choquante. C'est une vision totalement impérialiste du monde», a déclaré Rama.

«Ce que la Russie veut dans la région est facile à comprendre, et nous ne sommes pas intéressés par une relation substantielle avec la Russie à cause de notre histoire, pour le meilleur ou pour le pire. Bien sûr, ce n'est pas la même Russie aujourd'hui. Mais elle n'est pas très différente et nous ne sommes donc pas intéressés. Ils ont également compris, avec le temps, que l'Albanie n'est pas un terrain où planter leurs graines de division avec l'Europe et avec l'Occident», a-t-il jugé.

L'Albanie a plutôt donné la priorité aux relations avec les pays occidentaux, a-t-il précisé.

«Nous sommes totalement dévoués à la communauté euro-atlantique, parce que l'histoire nous a enseigné des leçons très importantes et que c'est le meilleur endroit où se trouver pour des raisons de paix et de sécurité», a soutenu Rama.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.