PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
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Publié le Jeudi 28 septembre 2023

PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

  • Edi Rama déclare à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, que les réalisations des pays du Golfe sont une «source d'inspiration»
  • Il explique pourquoi les relations avec l'Iran restent rompus, se montre confiant quant à l'adhésion à l'UE et affirme que le fait d'être dans le camp occidental est une priorité pour l'Albanie

LONDRES: Au cours d'une longue interview accordée à Asharq News, Edi Rama, le Premier ministre albanais, a fait l'éloge des pays du Conseil de coopération du Golfe, a abordé les tensions avec l'Iran et a exprimé son optimisme quant à la voie à suivre pour rejoindre l'UE.

S'adressant à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, il a exprimé son admiration pour les dirigeants de l'Arabie saoudite et des autres États membres du CCG, décrivant leurs réalisations comme «une source d'inspiration».

«En ce qui concerne l'Arabie saoudite et les pays du CCG, nous avons des relations très fortes avec les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et le Koweït, et j’espère qu'elles se renforceront», a signalé Rama, peintre, écrivain, ancien professeur d'université, publicitaire et ancien joueur de basket-ball.

«Je constate avec admiration ce qui se passe là-bas, tant aux Émirats arabes unis qu'en Arabie saoudite, et je loue beaucoup les dirigeants qui font preuve de vision et développent ces pays, dont ils font, à bien des égards, une source d'inspiration.

«Nous pouvons être en désaccord sur certains points, mais ce n'est pas une raison pour ne pas admirer ce qu'ils font, et nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Je souhaite que nos relations deviennent de plus en plus fortes», a-t-il ajouté.

En revanche, l'Iran est un pays du Moyen-Orient avec lequel les relations restent tendues. L'Albanie, membre de l'Otan, a accusé l'Iran d'avoir mené une cyberattaque le 15 juillet de l'année dernière, qui a entraîné la fermeture temporaire de nombreux services numériques et sites web du gouvernement albanais. Quelques jours plus tard, une deuxième cyberattaque a touché l'un des systèmes frontaliers de l'Albanie.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

Tirana a réagi en coupant les relations diplomatiques avec Téhéran et en expulsant le personnel de l'ambassade iranienne. À l'époque, l'Arabie saoudite avait condamné la cyberattaque.

«Nous devions agir contre l'Iran parce que ce pays agissait brutalement contre nous», a déclaré Rama. «Ils ont pris l'Albanie pour cible avec une cyber-attaque malveillante.

«Pourquoi ? Parce que nous avons accueilli quelques milliers d'Iraniens, non pas pour faire de l'Albanie une tribune politique contre le régime – même si nous n'avons rien à aimer de ce régime – non pas pour leur donner une tribune contre le régime, mais pour leur donner un abri parce que leurs vies étaient en danger.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

Rama faisait référence aux membres de l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien, également connue sous le nom de Mojahedin-e-Khalq ou MEK, qui ont transféré leur quartier général de l'Irak à l'Albanie en 2016.

«Nous sommes un pays qui honore toujours les êtres humains et la vie humaine», a souligné Rama. «L'Iran ne l'a pas bien compris, voire pas du tout, et nous a attaqués, si bien que nous avons dû rompre les relations diplomatiques et les mettre à la porte.»

Au cours de l'interview, Rama s'est montré confiant quant à l'admission prochaine de son pays au sein de l'Union européenne des 27.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

«Je suis toujours tragiquement optimiste – je ne suis pas pessimiste – mais je dois dire que pour moi, l'UE est la chose la plus fascinante dans l'histoire mondiale de la politique que l'humanité a créée», a-t-il déclaré à Al-Ahmari.

«Une vision de la paix et de la sécurité et une action visant à rapprocher des pays qui se combattent depuis longtemps et à faire passer les intérêts communs pour l'avenir au-dessus des différentes façons d'envisager l'histoire», a précisé Rama.

«D'autre part, l'UE a créé une expérience incroyable du fonctionnement de l'État, du fonctionnement institutionnel, d'une véritable séparation des pouvoirs, des droits, du respect des personnes et de l'égalité devant la loi», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

L'Albanie a déposé sa candidature pour intégrer à l'UE en avril 2009 et a obtenu le statut de pays candidat en juin 2014. L'UE a tenu sa première conférence intergouvernementale avec l'Albanie en juillet 2022.

Depuis lors, le Conseil de stabilisation et d'association UE-Albanie a salué les progrès de Tirana en matière d'État de droit, en particulier les réformes globales de la justice et les luttes contre la corruption et le crime organisé. Il a toutefois appelé à des progrès plus concrets en matière de liberté d'expression et de consolidation des droits de propriété.

«Je dois dire qu'il n'y a pas d'exigences irréalistes de la part de l'UE», a révélé Rama. «Nous devons faire nos devoirs et il est très important de s'assurer que tout le monde comprenne que nos devoirs ne sont pas quelque chose que nous devons faire à cause d'eux ou pour eux. Nos devoirs, nous devons les faire pour nos enfants, pour l'Albanie de demain

Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News (Photo, AN).

Outre l'Albanie, sept autres pays sont reconnus comme candidats pour intégrer à l'UE : la Turquie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, la Moldavie, l'Ukraine et la Bosnie-et-Herzégovine.

Le chemin de l'Albanie vers l'adhésion à l'UE n'a cependant pas été sans heurts, ce qui a donné lieu à des suggestions de blocage délibéré ou de sabotage.

Selon le recensement de 2011, 56,7% de la population albanaise adhère à l'Islam, ce qui en fait la religion la plus importante du pays. Le reste de la population suit le Christianisme (16,99%) ou est irréligieux.

Au cours des derniers mois, il a été spéculé que la décision sur l'adhésion de l'Albanie à l'UE avait été retardée à cause de réticences concernant sa population à majorité musulmane sur un continent historiquement chrétien. Rama a rejeté cette hypothèse comme étant une théorie de la conspiration.

«Nous avons peut-être beaucoup de musulmans dans notre pays, que Dieu les bénisse», a-t-il déclaré. «Nous avons aussi beaucoup de chrétiens. Et nous avons aussi beaucoup d'athées.»

«Mais ce qui est important, et ce que nous chérissons le plus, c'est qu'avant tout, ce sont tous des Albanais, ce sont tous des frères et des sœurs, et nous n'avons jamais eu de problèmes religieux ni de conflits, et nous avons toujours vécu notre vie ensemble. Dans notre pays, il est très courant que les chrétiens fêtent le Ramadan et les musulmans Noël. Je dirais donc que nous sommes vraiment dans une très bonne situation et qu'il n'y a pas de place pour les théories de la conspiration.

«Deuxièmement, je sais qu'en Europe, il n'est pas toujours facile d'accepter les musulmans. Et il y a parfois, malheureusement et honteusement, une voix ici, une voix là, un parti ici, un parti là, qui le dit sans vergogne», a expliqué Rama.

«Mais dans l'ensemble, l'UE n'est pas un endroit où les musulmans sont considérés comme un danger ou un problème, et ils sont plutôt bien accueillis et intégrés.»

Le veto de la Bulgarie à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE a bloqué les progrès de l'Albanie, car l'Union considère les deux pays comme faisant partie d'un seul et même ensemble de mesures d'adhésion. Toutefois, la voie a finalement été dégagée en juillet de l'année dernière.

Rama a indiqué que toute suggestion selon laquelle la Bulgarie, membre de l'UE depuis 2007, envisage d'entraver davantage l'adhésion de l'Albanie serait une nouvelle pour lui.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de haut niveau sur la situation en Ukraine (Photo, AFP).

«Non, ce n'est pas quelque chose de vrai, je pense», a-t-il déclaré. «Ou du moins, si c'est vrai, c'est la première fois que j'en entends parler – et je serais très, très surpris. Mais nous entretenons des relations très amicales avec la Bulgarie et nous n'avons jamais eu de problèmes.

«Oui, nous avons eu des débats dans le passé, mais pas sur l'Albanie, sur la Macédoine du Nord, qui est notre voisin bien-aimé. Mais non, la Bulgarie ne ferait jamais une telle chose pour plaire à la Russie. Elle n’opposerait pas son veto à l'intégration de l'Albanie dans l'UE.»

De même, Rama a estimé qu'il voyait peu de chances que la Grèce, membre de l'UE, fasse obstacle à l'adhésion de l'Albanie à l'UE, indépendamment des différends passés.

«Au contraire, la Grèce a été bonne avec nous, elle a soutenu notre processus d'intégration», a affirmé Rama. «Des centaines de milliers d'Albanais vivent en Grèce, où ils travaillent et sont bien intégrés. Et il y a beaucoup de Grecs qui viennent ici pour le tourisme. Nous sommes donc des pays frères.»

Alors que l'Albanie vise à resserrer ses relations avec l'Europe, d'autres acteurs puissants, dont la Chine, la Turquie et la Russie, ont fait des incursions dans la région des Balkans occidentaux.

«Je ne les mettrais pas tous les trois dans le même panier, car il s'agit de trois acteurs différents ayant des raisons différentes et une volonté différente d'aborder les Balkans ou d'autres régions», a indiqué Rama.

Pays communiste de 1946 à 1991, l'Albanie s'est séparée de l'Union soviétique à la fin des années 1950 à la suite de la dénonciation de Joseph Staline par Nikita Khrouchtchev, que le dirigeant albanais de l'époque, Enver Hoxha, considérait comme une rupture avec les principes idéologiques du communisme.

Des membres des Mojahedin-e-Khalq agitent des drapeaux lors de la conférence «120 ans de lutte pour la liberté de l'Iran» dans une base de l'Organisation des Moudjahidin du peuple d'Iran à Manza, en Albanie (Photo, AFP).

Rama a mentionné que les relations stratégiques avec la Russie ne servaient pas les intérêts des Balkans à l'époque et qu'elles ne les servent pas aujourd'hui, comme le montre l'invasion russe de l'Ukraine.

«La Russie s'est révélée pleinement en attaquant brutalement l'Ukraine au cours de la troisième décennie du XXIe siècle, aux portes de l'UE, en investissant dans une guerre, en tuant des gens et en se dévoilant d'une manière qui est vraiment choquante. C'est une vision totalement impérialiste du monde», a déclaré Rama.

«Ce que la Russie veut dans la région est facile à comprendre, et nous ne sommes pas intéressés par une relation substantielle avec la Russie à cause de notre histoire, pour le meilleur ou pour le pire. Bien sûr, ce n'est pas la même Russie aujourd'hui. Mais elle n'est pas très différente et nous ne sommes donc pas intéressés. Ils ont également compris, avec le temps, que l'Albanie n'est pas un terrain où planter leurs graines de division avec l'Europe et avec l'Occident», a-t-il jugé.

L'Albanie a plutôt donné la priorité aux relations avec les pays occidentaux, a-t-il précisé.

«Nous sommes totalement dévoués à la communauté euro-atlantique, parce que l'histoire nous a enseigné des leçons très importantes et que c'est le meilleur endroit où se trouver pour des raisons de paix et de sécurité», a soutenu Rama.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.


Zelensky a déclaré espérer que le conflit Iran-Israël ne réduirait pas l'aide à l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky observe pendant une conférence de presse avec le ministre allemand de la Défense à l'issue de leurs discussions à Kiev le 12 juin 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky observe pendant une conférence de presse avec le ministre allemand de la Défense à l'issue de leurs discussions à Kiev le 12 juin 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Il a souligné que « l'escalade de la situation au Moyen-Orient entraînera une augmentation de l'aide à Israël », potentiellement aux dépens de l'Ukraine.
  • M. Zelensky a aussi estimé que l'aide européenne à l'Ukraine avait « ralenti » sur fond de désengagement partiel initié par Donald Trump, qui affirme vouloir trouver une issue au conflit le plus rapidement possible.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré espérer que la série de frappes menées par Israël et l'Iran l'un contre l'autre n'aboutirait pas à une diminution de l'aide occidentale à l'Ukraine pour faire face à l'invasion russe.

« Nous aimerions que l'aide à l'Ukraine ne diminue pas pour cette raison. La dernière fois, cela a été un facteur qui a ralenti l'aide à l'Ukraine », a indiqué M. Zelensky lors d'une conférence de presse menée vendredi et diffusée samedi.

Il a souligné que « l'escalade de la situation au Moyen-Orient entraînera une augmentation de l'aide à Israël », potentiellement aux dépens de l'Ukraine.

M. Zelensky a aussi estimé que l'aide européenne à l'Ukraine avait « ralenti » sur fond de désengagement partiel initié par Donald Trump, qui affirme vouloir trouver une issue au conflit le plus rapidement possible.

« La coalition des volontaires est en train de ralentir (...) Cette situation a montré que l'Europe n'a pas encore décidé de rester aux côtés de l'Ukraine sans les États-Unis », a-t-il déclaré. 

« Lorsque les Européens ont rejoint avec énergie la coalition des volontaires, ils ont constaté que cette énergie n'existait pas aux États-Unis », a-t-il poursuivi, reconnaissant que « des doutes commencent à surgir » au sein des alliés européens de l'Ukraine.

Samedi, dans un message sur X, le dirigeant ukrainien a également appelé les États-Unis à « changer de ton » avec la Russie, alors que Donald Trump a rétabli les contacts avec Moscou après son retour à la Maison-Blanche.

« À l'heure actuelle, le ton du dialogue entre les États-Unis et la Russie semble trop conciliant. Soyons honnêtes : cela n'arrêtera pas Poutine. Ce qu'il faut, c'est changer de ton », a plaidé M. Zelensky, appelant au contraire à renforcer les sanctions envers Moscou.

Le dirigeant ukrainien a par ailleurs assuré que l'offensive russe dans la région de Soumy (nord) avait été stoppée, alors que la Russie y avait revendiqué la capture d'une nouvelle localité la veille. 

Selon M. Zelensky, une incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk a conduit les forces russes à scinder leur contingent en deux pour mener l'offensive sur la région de Soumy, ce qui les a empêchées d'avancer plus profondément vers la capitale régionale du même nom.

Les forces russes se trouvent actuellement à une vingtaine de kilomètres de la ville de Soumy. Samedi, elles ont également revendiqué la capture de la localité de Zeleny Kout, dans la région de Donetsk, à l'est du pays.

Le président ukrainien a également démenti que les forces de Moscou aient pénétré dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), qu'elles ont annoncé attaquer début juin.

Il a enfin annoncé que l'Ukraine « travaillait sur la possibilité de produire en série des missiles balistiques », sans donner plus de détails. 


Mali : des affrontements meurtriers ont opposé l'armée à des indépendantistes touareg dans le nord du pays.

Le ministre malien de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Ismael Wague, arrive à une réunion entre les membres de l'association Tamouzok (vivre ensemble) et les autorités maliennes à Bamako, le 15 février 2025. (Photo de Gousno / AFP)
Le ministre malien de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Ismael Wague, arrive à une réunion entre les membres de l'association Tamouzok (vivre ensemble) et les autorités maliennes à Bamako, le 15 février 2025. (Photo de Gousno / AFP)
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  • Dans un communiqué, l'état-major malien a reconnu qu'un convoi logistique avait essuyé une « embuscade » à l'aube vendredi dans la région de Kidal, après avoir mené une « opération offensive contre un groupe armé terroriste ».
  • Le communiqué du FLA affirme également qu'« une quinzaine de corps sont restés abandonnés sur le lieu du combat » et que « 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés » ont été détruits pendant ces affrontements.

DAKAR, SENEGAL : Des affrontements meurtriers ont éclaté vendredi dans le nord du Mali entre l'armée, soutenue par les mercenaires russes d'Africa Corps et les indépendantistes du Front de libération de l'Azawad (FLA), a rapporté l'AFP, se basant sur les témoignages des belligérants et de sources locales.

Dans un communiqué, l'état-major malien a reconnu qu'un convoi logistique avait essuyé une « embuscade » à l'aube vendredi dans la région de Kidal, après avoir mené une « opération offensive contre un groupe armé terroriste ».

L'armée affirme avoir tué des « combattants ennemis » et estime que la situation est « sous contrôle », sans admettre de pertes.

Dans un communiqué publié vendredi soir, le FLA (Front de libération de l'Azawad), coalition de groupes indépendantistes, a affirmé avoir mené « une opération offensive contre un important convoi de la coalition Fama (Forces armées maliennes) Africa Corps ». 

« Plusieurs dizaines de morts à l'ennemi, dont des éléments des mercenaires d'Africa Corps », c'est ce qu'aurait infligé le FLA.

Le communiqué du FLA affirme également qu'« une quinzaine de corps sont restés abandonnés sur le lieu du combat » et que « 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés » ont été détruits pendant ces affrontements.

Le FLA annonce également un bilan de trois morts et sept blessés dans ses rangs.

Plus tôt vendredi, Mohamed Elmaouloud, porte-parole de la coalition de groupes indépendantistes FLA, avait déclaré à l'AFP : « Nos troupes ont mené une action ciblée contre une patrouille d'Africa Corps ce vendredi. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans leurs rangs ».

Une autre source au sein du FLA avait affirmé à l'AFP que « plusieurs mercenaires d'Africa Corps ont été tués ».

Au cours de la journée, les indépendantistes du FLA ont diffusé des images sur les réseaux sociaux. On y voit des corps d'hommes blancs en tenue de combat, ainsi que ce que le FLA présente comme du matériel récupéré lors des affrontements.

L'Azawad est le nom du territoire revendiqué par les indépendantistes dans le nord du Mali. Les groupes armés séparatistes ont perdu le contrôle de plusieurs localités du nord du pays à la fin de l'année 2023, après une offensive de l'armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l'État central.

Cette attaque survient une semaine après l'annonce par Wagner, qui appuyait l'État malien depuis 2021, de la fin de sa mission dans le pays. Ses contingents ont été réintégrés au sein de l'Africa Corps, une organisation sous le contrôle direct du ministère russe de la Défense. 

« Les combats de ce vendredi ont été féroces. Il y a eu des pertes des deux côtés. Mais il faut encore attendre pour obtenir des chiffres définitifs », avait indiqué plus tôt vendredi à l'AFP un élu de la région.

Créé en novembre 2024 par la fusion de plusieurs groupes indépendantistes à dominante touarègue revendiquant le territoire de l'Azawad, dans le nord du Mali, le FLA est le principal groupe armé du pays.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire, nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Cette crise s'ajoute à une grave crise économique.