PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
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Publié le Jeudi 28 septembre 2023

PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

  • Edi Rama déclare à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, que les réalisations des pays du Golfe sont une «source d'inspiration»
  • Il explique pourquoi les relations avec l'Iran restent rompus, se montre confiant quant à l'adhésion à l'UE et affirme que le fait d'être dans le camp occidental est une priorité pour l'Albanie

LONDRES: Au cours d'une longue interview accordée à Asharq News, Edi Rama, le Premier ministre albanais, a fait l'éloge des pays du Conseil de coopération du Golfe, a abordé les tensions avec l'Iran et a exprimé son optimisme quant à la voie à suivre pour rejoindre l'UE.

S'adressant à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, il a exprimé son admiration pour les dirigeants de l'Arabie saoudite et des autres États membres du CCG, décrivant leurs réalisations comme «une source d'inspiration».

«En ce qui concerne l'Arabie saoudite et les pays du CCG, nous avons des relations très fortes avec les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et le Koweït, et j’espère qu'elles se renforceront», a signalé Rama, peintre, écrivain, ancien professeur d'université, publicitaire et ancien joueur de basket-ball.

«Je constate avec admiration ce qui se passe là-bas, tant aux Émirats arabes unis qu'en Arabie saoudite, et je loue beaucoup les dirigeants qui font preuve de vision et développent ces pays, dont ils font, à bien des égards, une source d'inspiration.

«Nous pouvons être en désaccord sur certains points, mais ce n'est pas une raison pour ne pas admirer ce qu'ils font, et nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Je souhaite que nos relations deviennent de plus en plus fortes», a-t-il ajouté.

En revanche, l'Iran est un pays du Moyen-Orient avec lequel les relations restent tendues. L'Albanie, membre de l'Otan, a accusé l'Iran d'avoir mené une cyberattaque le 15 juillet de l'année dernière, qui a entraîné la fermeture temporaire de nombreux services numériques et sites web du gouvernement albanais. Quelques jours plus tard, une deuxième cyberattaque a touché l'un des systèmes frontaliers de l'Albanie.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

Tirana a réagi en coupant les relations diplomatiques avec Téhéran et en expulsant le personnel de l'ambassade iranienne. À l'époque, l'Arabie saoudite avait condamné la cyberattaque.

«Nous devions agir contre l'Iran parce que ce pays agissait brutalement contre nous», a déclaré Rama. «Ils ont pris l'Albanie pour cible avec une cyber-attaque malveillante.

«Pourquoi ? Parce que nous avons accueilli quelques milliers d'Iraniens, non pas pour faire de l'Albanie une tribune politique contre le régime – même si nous n'avons rien à aimer de ce régime – non pas pour leur donner une tribune contre le régime, mais pour leur donner un abri parce que leurs vies étaient en danger.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

Rama faisait référence aux membres de l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien, également connue sous le nom de Mojahedin-e-Khalq ou MEK, qui ont transféré leur quartier général de l'Irak à l'Albanie en 2016.

«Nous sommes un pays qui honore toujours les êtres humains et la vie humaine», a souligné Rama. «L'Iran ne l'a pas bien compris, voire pas du tout, et nous a attaqués, si bien que nous avons dû rompre les relations diplomatiques et les mettre à la porte.»

Au cours de l'interview, Rama s'est montré confiant quant à l'admission prochaine de son pays au sein de l'Union européenne des 27.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

«Je suis toujours tragiquement optimiste – je ne suis pas pessimiste – mais je dois dire que pour moi, l'UE est la chose la plus fascinante dans l'histoire mondiale de la politique que l'humanité a créée», a-t-il déclaré à Al-Ahmari.

«Une vision de la paix et de la sécurité et une action visant à rapprocher des pays qui se combattent depuis longtemps et à faire passer les intérêts communs pour l'avenir au-dessus des différentes façons d'envisager l'histoire», a précisé Rama.

«D'autre part, l'UE a créé une expérience incroyable du fonctionnement de l'État, du fonctionnement institutionnel, d'une véritable séparation des pouvoirs, des droits, du respect des personnes et de l'égalité devant la loi», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

L'Albanie a déposé sa candidature pour intégrer à l'UE en avril 2009 et a obtenu le statut de pays candidat en juin 2014. L'UE a tenu sa première conférence intergouvernementale avec l'Albanie en juillet 2022.

Depuis lors, le Conseil de stabilisation et d'association UE-Albanie a salué les progrès de Tirana en matière d'État de droit, en particulier les réformes globales de la justice et les luttes contre la corruption et le crime organisé. Il a toutefois appelé à des progrès plus concrets en matière de liberté d'expression et de consolidation des droits de propriété.

«Je dois dire qu'il n'y a pas d'exigences irréalistes de la part de l'UE», a révélé Rama. «Nous devons faire nos devoirs et il est très important de s'assurer que tout le monde comprenne que nos devoirs ne sont pas quelque chose que nous devons faire à cause d'eux ou pour eux. Nos devoirs, nous devons les faire pour nos enfants, pour l'Albanie de demain

Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News (Photo, AN).

Outre l'Albanie, sept autres pays sont reconnus comme candidats pour intégrer à l'UE : la Turquie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, la Moldavie, l'Ukraine et la Bosnie-et-Herzégovine.

Le chemin de l'Albanie vers l'adhésion à l'UE n'a cependant pas été sans heurts, ce qui a donné lieu à des suggestions de blocage délibéré ou de sabotage.

Selon le recensement de 2011, 56,7% de la population albanaise adhère à l'Islam, ce qui en fait la religion la plus importante du pays. Le reste de la population suit le Christianisme (16,99%) ou est irréligieux.

Au cours des derniers mois, il a été spéculé que la décision sur l'adhésion de l'Albanie à l'UE avait été retardée à cause de réticences concernant sa population à majorité musulmane sur un continent historiquement chrétien. Rama a rejeté cette hypothèse comme étant une théorie de la conspiration.

«Nous avons peut-être beaucoup de musulmans dans notre pays, que Dieu les bénisse», a-t-il déclaré. «Nous avons aussi beaucoup de chrétiens. Et nous avons aussi beaucoup d'athées.»

«Mais ce qui est important, et ce que nous chérissons le plus, c'est qu'avant tout, ce sont tous des Albanais, ce sont tous des frères et des sœurs, et nous n'avons jamais eu de problèmes religieux ni de conflits, et nous avons toujours vécu notre vie ensemble. Dans notre pays, il est très courant que les chrétiens fêtent le Ramadan et les musulmans Noël. Je dirais donc que nous sommes vraiment dans une très bonne situation et qu'il n'y a pas de place pour les théories de la conspiration.

«Deuxièmement, je sais qu'en Europe, il n'est pas toujours facile d'accepter les musulmans. Et il y a parfois, malheureusement et honteusement, une voix ici, une voix là, un parti ici, un parti là, qui le dit sans vergogne», a expliqué Rama.

«Mais dans l'ensemble, l'UE n'est pas un endroit où les musulmans sont considérés comme un danger ou un problème, et ils sont plutôt bien accueillis et intégrés.»

Le veto de la Bulgarie à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE a bloqué les progrès de l'Albanie, car l'Union considère les deux pays comme faisant partie d'un seul et même ensemble de mesures d'adhésion. Toutefois, la voie a finalement été dégagée en juillet de l'année dernière.

Rama a indiqué que toute suggestion selon laquelle la Bulgarie, membre de l'UE depuis 2007, envisage d'entraver davantage l'adhésion de l'Albanie serait une nouvelle pour lui.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de haut niveau sur la situation en Ukraine (Photo, AFP).

«Non, ce n'est pas quelque chose de vrai, je pense», a-t-il déclaré. «Ou du moins, si c'est vrai, c'est la première fois que j'en entends parler – et je serais très, très surpris. Mais nous entretenons des relations très amicales avec la Bulgarie et nous n'avons jamais eu de problèmes.

«Oui, nous avons eu des débats dans le passé, mais pas sur l'Albanie, sur la Macédoine du Nord, qui est notre voisin bien-aimé. Mais non, la Bulgarie ne ferait jamais une telle chose pour plaire à la Russie. Elle n’opposerait pas son veto à l'intégration de l'Albanie dans l'UE.»

De même, Rama a estimé qu'il voyait peu de chances que la Grèce, membre de l'UE, fasse obstacle à l'adhésion de l'Albanie à l'UE, indépendamment des différends passés.

«Au contraire, la Grèce a été bonne avec nous, elle a soutenu notre processus d'intégration», a affirmé Rama. «Des centaines de milliers d'Albanais vivent en Grèce, où ils travaillent et sont bien intégrés. Et il y a beaucoup de Grecs qui viennent ici pour le tourisme. Nous sommes donc des pays frères.»

Alors que l'Albanie vise à resserrer ses relations avec l'Europe, d'autres acteurs puissants, dont la Chine, la Turquie et la Russie, ont fait des incursions dans la région des Balkans occidentaux.

«Je ne les mettrais pas tous les trois dans le même panier, car il s'agit de trois acteurs différents ayant des raisons différentes et une volonté différente d'aborder les Balkans ou d'autres régions», a indiqué Rama.

Pays communiste de 1946 à 1991, l'Albanie s'est séparée de l'Union soviétique à la fin des années 1950 à la suite de la dénonciation de Joseph Staline par Nikita Khrouchtchev, que le dirigeant albanais de l'époque, Enver Hoxha, considérait comme une rupture avec les principes idéologiques du communisme.

Des membres des Mojahedin-e-Khalq agitent des drapeaux lors de la conférence «120 ans de lutte pour la liberté de l'Iran» dans une base de l'Organisation des Moudjahidin du peuple d'Iran à Manza, en Albanie (Photo, AFP).

Rama a mentionné que les relations stratégiques avec la Russie ne servaient pas les intérêts des Balkans à l'époque et qu'elles ne les servent pas aujourd'hui, comme le montre l'invasion russe de l'Ukraine.

«La Russie s'est révélée pleinement en attaquant brutalement l'Ukraine au cours de la troisième décennie du XXIe siècle, aux portes de l'UE, en investissant dans une guerre, en tuant des gens et en se dévoilant d'une manière qui est vraiment choquante. C'est une vision totalement impérialiste du monde», a déclaré Rama.

«Ce que la Russie veut dans la région est facile à comprendre, et nous ne sommes pas intéressés par une relation substantielle avec la Russie à cause de notre histoire, pour le meilleur ou pour le pire. Bien sûr, ce n'est pas la même Russie aujourd'hui. Mais elle n'est pas très différente et nous ne sommes donc pas intéressés. Ils ont également compris, avec le temps, que l'Albanie n'est pas un terrain où planter leurs graines de division avec l'Europe et avec l'Occident», a-t-il jugé.

L'Albanie a plutôt donné la priorité aux relations avec les pays occidentaux, a-t-il précisé.

«Nous sommes totalement dévoués à la communauté euro-atlantique, parce que l'histoire nous a enseigné des leçons très importantes et que c'est le meilleur endroit où se trouver pour des raisons de paix et de sécurité», a soutenu Rama.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Prison à vie pour une Syrienne jugée coupable de l'attentat meurtrier d'Istanbul

Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
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  • Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022
  • Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité

DJEDDAH : Une femme syrienne qui avait posé une bombe  tuant six personnes dans la principale rue commerçante d'Istanbul il y a 18 mois a été condamnée à la prison à vie vendredi.

Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022. Six citoyens turcs, deux membres de chacune des trois familles, ont trouvé la mort dans l'explosion qui s'est produite dans cette rue très fréquentée par les commerçants et les touristes. Une centaine de personnes ont été blessées.

Plus de 30 autres personnes ont été accusées d'avoir participé à l'explosion. Quatre d'entre elles ont été remises en liberté vendredi, et dix autres ont été jugées séparément par contumace, car elles étaient introuvables.

Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité. Six d'entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour meurtre et « atteinte à l'unité et à l'intégrité de l'État ».

La Turquie a accusé des militants kurdes d'être à l'origine de l'explosion et a déclaré que l'ordre d'attaquer avait été donné à Kobani, dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont mené des opérations contre la milice kurde syrienne YPG au cours des dernières années.

Les YPG et le groupe séparatiste kurde hors-la-loi PKK, qui mène depuis des décennies une insurrection contre l'État turc, ont nié toute implication dans l'attentat. Aucun groupe n'a admis avoir participé à l'attentat.

Istanbul a été attaquée par le passé par des militants kurdes, islamistes et gauchistes. Une vague d'attentats à la bombe et d'autres attaques a commencé à l'échelle nationale lorsque le cessez-le-feu entre Ankara et le PKK a été rompu à la mi-2015.

Plus de 40 000 personnes ont été tuées dans le conflit entre le PKK et la Turquie depuis que le groupe militant a pris les armes en 1984. Il est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les États-Unis.

 Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Des milliards de cigales vont envahir les Etats-Unis

L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
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  • Certaines cigales apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans
  • «Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine

WASHINGTON : Bruyantes et prêtes à s'accoupler, des milliards de cigales s'apprêtent à envahir les forêts et banlieues pavillonnaires américaines.

Dans les prochaines semaines, deux groupes particuliers de cigales vont batifoler au même moment. Un phénomène qui n'est pas arrivé depuis 1803, quand Thomas Jefferson était encore président et que les Etats-Unis rachetaient la Louisiane à la France.

La famille des cigales comprend plus de 3.000 espèces d'insectes à travers le monde. La majorité d'entre-elles passent leur vie sous terre, sous forme de larve. Elles émergent adultes pour muer et se reproduire.

Certaines apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans.

Cette année, le phénomène implique deux groupes de cigales: le groupe XIX, qui émerge tous les 13 ans et a déjà commencé à le faire en Caroline du Nord et du Sud (sud-est). Il sera suivi par le groupe XIII dans le Midwest, qui émerge tous les 17 ans. Dans le centre de l'Etat de l'Illinois (nord), les deux pourraient être présentes au même endroit.

«Quand elles font surface, elles le font en grand nombre, ce qui enthousiasme parents et enfants», selon l'entomologiste Gene Kritsky, de l'Université Mount-Saint-Joseph, qui a développé une application pour que tout un chacun puisse collecter des données sur ces bestioles aux yeux rouges.

Un phénomène dont on se souvient, et dont les histoires se transmettent de génération en génération. Tout comme, par exemple, être témoin d'une éclipse.

«C'est ce que fait la science: vous faites des hypothèses qui vous conduisent à des prédictions, les prédictions sont vérifiées, (...) cela a de la valeur, au moment où certaines personnes cherchent à discréditer la science», note Gene Kritsky.

- Une merveille scientifique  -

Sans grande défense, les cigales «périodiques» comptent sur leur nombre pour la survie de l'espèce: grâce aux hordes qui déferlent au même moment, les oiseaux, renards, ratons laveurs, tortues et autres prédateurs sont vite rassasiés, explique à l'AFP John Lill, professeur de biologie à l'Université George Washington.

Dans une étude publiée récemment dans la revue Science, John Lill et ses collègues montrent qu'un groupe de cigales ayant émergé à Washington en 2021 avait conduit à une augmentation du nombre de chenilles -- délaissées par les oiseaux, qui se sont concentrés sur les cigales.

Résultat: la consommation de pousses de jeunes chênes s'est accrue.

D'autres recherches montrent que les années où les chênes produisent le plus de glands suivent toujours deux ans après l'émergence des cigales. Plus il y a de glands, plus les populations de mammifères qui s'en nourrissent croît, plus le risque de maladie de Lyme chez l'homme augmente.

Ce phénomène «montre qu'il existe potentiellement des impacts écologiques à plus long terme se répercutant pendant des années après l'apparition des cigales», ajoute M. Lill.

- Impacts humains -

Puis il y a le son singulier -- et strident -- des cigales mâles qui s'accouplent.

«Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine.

Selon Chris Simon, chercheuse à l'université du Connecticut, le changement climatique perturbe l'horloge interne des cigales.

Avec le réchauffement climatique aux Etats-Unis, l'allongement de la saison de croissance des plantes fournit plus de nourriture et accélère celle des cigales. «Je prédis que davantage de cigales de 17 ans se transformeront en cigales de 13 ans», a-t-elle indiqué «et, éventuellement, que ce trait sera assimilé génétiquement».

Il est difficile de savoir ce que cela signifie pour l'espèce à long terme, ajoute M. Lill.


Sahel: Washington va retirer des soldats du Tchad, après le Niger

Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1 000 soldats américains présents dans le pays
  • Dans un courrier au ministre des Armées, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains

WASHINGTON: Les Etats-Unis vont retirer temporairement des soldats du Tchad, a annoncé le Pentagone quelques jours après leur accord pour retirer leurs forces du Niger voisin.

Au Tchad, les Etats-Unis disposent d'une centaine de soldats dans le cadre de la lutte antijihadiste au Sahel.

"L'Usafricom envisage actuellement de repositionner certaines forces militaires américaines depuis le Tchad, dont le départ d'une partie était déjà prévu", a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, se référant au commandement militaire américain en Afrique.

"Il s'agit d'une étape temporaire dans le cadre d'une révision en cours de notre coopération de sécurité, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad", a-t-il ajouté.

Dans un courrier au ministre des Armées lu par l'AFP, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains, incriminant un défaut de documents sur un accord permettant leur présence.

Selon ce courrier, "l'armée de l'air a demandé à l'attaché de défense américain d'arrêter immédiatement les activités militaires sur la BAK", la base aérienne d'Adji Kossei où les soldats américains entraînent des forces spéciales tchadiennes à lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram.

"Nous vous demandons d'intercéder auprès de qui de droit afin de prévenir les Américains que nous avons pris la décision d'arrêter leur activité", ajoute la lettre.

"La présence des forces américaines au Tchad était initialement motivée par l'engagement commun dans la lutte contre le terrorisme, un objectif partagé par les deux nations", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien.

Discussions supplémentaires 

"Cependant, des préoccupations ont été exprimées par l'état-major tchadien quant à cette présence" et "en reconnaissance des préoccupations exprimées, le gouvernement américain a décidé de retirer temporairement ses forces du Tchad", a ajouté M. Abderaman Koulamallah.

"Il est important de souligner que ce retrait ne signifie en aucun cas une rupture de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit.

"Des discussions supplémentaires auront lieu pour explorer la possibilité d'un retour des forces américaines dans le cadre d'un accord bilatéral précis et convenu entre les deux pays", a encore indiqué le porte-parole.

Au Niger, autre pivot de la stratégie des Etats-Unis et de la France pour combattre les jihadistes dans la région, la junte militaire au pouvoir depuis juillet a dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1.000 soldats américains présents dans le pays.

Les Etats-Unis disposent notamment au Niger d'une base de drones importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", avait déclaré lundi Pat Ryder après l'annonce la semaine dernière du retrait américain du Niger.

Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé en mars sa candidature à la présidentielle, qu'il est quasi-assuré de remporter après que son régime a violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.

Il avait été proclamé par l'armée président de transition le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel régnait d'une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans.

Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l'assaut de son parti, d'une "balle dans la tête à bout portant" selon l'opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.