L’opposition turque préoccupée par le silence du gouvernement sur la découverte de dispositifs d’écoute

Le président Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d’entretenir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui a lancé une insurrection contre l’État en 1984. (AP)
Le président Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d’entretenir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui a lancé une insurrection contre l’État en 1984. (AP)
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Publié le Lundi 21 décembre 2020

L’opposition turque préoccupée par le silence du gouvernement sur la découverte de dispositifs d’écoute

  • Des dizaines de mouchards ont été retrouvés cachés dans des lampes et des prises dans 40 bureaux de district appartenant au Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde à Istanbul
  • L’utilisation de dispositifs d’écoute était courante dans le passé chez les rivaux du gouvernement, qui plaçaient des mouchards dans les bureaux de l’État pour divulguer des documents aux médias

ISTANBUL : Le silence du gouvernement turc sur la découverte de dispositifs d’écoute dans les bureaux d’un parti de l’opposition a suscité des inquiétudes, et un avocat en droits de l’homme a affirmé qu’une telle mise sur écoute révélait « une illégalité grave et profondément enracinée ».

Des dizaines de mouchards ont été retrouvés cachés dans des lampes et des prises dans 40 bureaux de district appartenant au Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde à Istanbul. Cette mise sur écoute serait une tentative du gouvernement d’espionner les activités politiques du parti.

Les dispositifs d’écoute ont été découverts lorsque des responsables du parti ont essayé d’utiliser une triple prise de courant lors d’une conférence de presse, celle-ci étant cassée. Le HDP a demandé aux procureurs turcs d’ouvrir une enquête, mais la procédure judiciaire n’a pas encore commencé.

« La mise sur écoute concerne le troisième plus grand parti au parlement, et la loi sur les partis politiques ainsi que la constitution considèrent les partis politiques comme une partie intégrante de la vie politique démocratique », a indiqué l’avocat en droits de l’homme, Erdal Dogan, à Arab News. « L’installation de tels dispositifs d’écoute est inacceptable du point de vue de l’état de droit dans un pays. La mise sur écoute des partis politiques légaux dans une société dite démocratique et la répression continue contre leurs activités politiques montrent une illégalité grave, profondément enracinée et visent à restreindre l’opposition publique ».

Le HDP, ciblé par le gouvernement

Le président Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d’entretenir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui a lancé une insurrection contre l’État en 1984 et considéré comme un groupe terroriste par la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis. Le HDP rejette ces accusations.

Ce parti est la cible d’une répression de la part du gouvernement depuis plusieurs années, et ses maires et dirigeants sont emprisonnés pour terrorisme et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement. La fermeture du HDP suscite un débat en Turquie et ses bureaux font régulièrement l’objet de descentes de police.

La députée du HDP, Meral Danis Bestas, a commenté sur le silence radio du gouvernement à propos de la découverte de dispositifs d’écoute, déclarant lors d’une conférence de presse le 9 décembre : « Il s’agit d’une acceptation, d’une reconnaissance. Cela signifie: “Nous les avons écoutés”. Si ce n’est pas le cas, ils devraient répondre à nos déclarations ».

Le ministre de l’Intérieur a nié ces allégations, alors que les services de renseignement ne se sont pas prononcés à ce sujet.

D’autres partis de l’opposition, tels que le Parti républicain du peuple (CHP), parti principal de l’opposition,  et le Parti séparatiste islamiste de la félicité, s’inquiètent également de la surveillance illégale mise en place par le gouvernement.

Le président du Parti de la félicité, Temel Karamollaoglu, pense que leurs téléphones portables et leurs salles de réunion sont également mis sur écoute. Le législateur Aytun Ciray, du Bon Parti, a critiqué le silence des médias pro-gouvernementaux sur ce scandale.

« L’ancien président américain (Richard) Nixon a dû démissionner à la suite d’un scandale similaire. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort », dit-il.

Le président du CHP, Kemal Kilicdaroglu, a récemment affirmé que son téléphone portable était mis sur écoute. Mais cette affirmation a été rejetée par le ministre de l’Intérieur, Suleyman Soylu, qui a estimé que les déclarations visaient à changer le programme politique bien que le téléphone de Soylu ait été mis sur écoute il y a deux ans.

Necdet Ipekyuz, député du HDP pour la province de Batman au sud-est, a mentionné que cette découverte préoccupait tout le monde.

« Tout le monde craint de parler au téléphone de peur d’être écouté par les autorités », a-t-il déclaré à Arab News. « C’est un exemple puissant qui montre à quel point cette atmosphère de peur s’est répandue dans le pays ».

Selon M. Ipekyuz, si le HDP engageait une entreprise professionnelle pour dénicher des mouchards dans leurs bureaux, un musée de dispositifs d’écoute à part entière pourrait être ouvert.

« Si vous vous rendez dans le  bureau local du HDP dans les provinces ou dans les petites villes, vous verrez sûrement une petite voiture qui attend devant le bâtiment avec des dispositifs d’écoute », a-t-il ajouté.

Les législateurs du HDP ont insisté qu’ils menaient leurs activités de manière transparente et légale.

« De telles tentatives visent à criminaliser et à rendre notre parti illégal… Ceci est un sérieux problème qui touche tous les partis de l’opposition, pas seulement le HDP », a indiqué M. Ipekyuz.

L’utilisation de dispositifs d’écoute était courante dans le passé chez les rivaux du gouvernement, qui plaçaient des mouchards dans les bureaux de l’État pour divulguer des documents aux médias ou même pour les utiliser à des fins de chantage.

Le téléphone crypté d’Erdogan a été illégalement mis sur écoute pendant 21 mois en 2014.

 

 


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com