Nagorny Karabakh: rassemblements de soutien aux Arméniens

Un manifestant tient une pancarte indiquant « S.O.S Arménie » tandis que d'autres brandissent des drapeaux arméniens lors d'une manifestation de soutien aux Arméniens à Bruxelles, le 1er octobre 2023. (AFP)
Un manifestant tient une pancarte indiquant « S.O.S Arménie » tandis que d'autres brandissent des drapeaux arméniens lors d'une manifestation de soutien aux Arméniens à Bruxelles, le 1er octobre 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 01 octobre 2023

Nagorny Karabakh: rassemblements de soutien aux Arméniens

  • Le maire de Marseille, Benoit Payan, également présent, a notamment appelé la France à «bloquer les avoirs» du président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev
  • Il a estimé que l'Europe «trahit ses valeurs quand elle décide d'acheter aux Azéris le gaz qu'elle ne peut plus acheter en Russie, (... qui) est derrière cette manipulation»

MARSEILLE: Des rassemblements se sont tenus dimanche à Marseille, Lyon, Clermont-Ferrand ou Châteauroux pour soutenir les Arméniens ayant fui le Nagorny Karabakh, l'enclave séparatiste récemment reprise par l'Azerbaïdjan, et réclamer une action plus forte de la communauté internationale.

A Marseille, plus d'un millier de personnes selon la police et "près de 5.000" selon les organisateurs se sont rassemblées au Vieux-Port. "Nous sommes ici pour dénoncer le silence de la communauté internationale", a lancé Julien Harounyan, président du conseil de coordination des associations arméniennes de France pour le sud du pays. "Le message est clair : le Karabakh c'est l'Arménie".

De son côté, le maire de Marseille, Benoit Payan, également présent, a notamment appelé la France à "bloquer les avoirs" du président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, et estimé que l'Europe "trahit ses valeurs quand elle décide d'acheter aux Azéris le gaz qu'elle ne peut plus acheter en Russie, (... qui) est derrière cette manipulation".

A Lyon, environ 500 personnes ont participé. "Emmanuel Macron a pris position contre le gouvernement azéri. Mais il manque d'actions. Aujourd'hui, on attend que ce soit la France, l'UE, (qui) réagissent réellement à ce qui est en train de se passer parce que c'est alarmant", a dit à la presse Annabelle Jallud, 38 ans, présidente de la maison de la culture arménienne à Décines (Rhône).

Environ 80 personnes ont participé à Clermont-Ferrand et entre 100 et 150 à Châteauroux, selon les organisateurs.

Les participants, à l'appel du réseau d'organisations "Europeans for Artsakh", nom arménien du Nagorny Karabakh, accusent l'Azerbaïdjan de mener un "nettoyage ethnique" dans cette région, dont la quasi-totalité de la population arménienne a fui en quelques jours. L'Azerbaïdjan réfute ces accusations et assure que les habitants de l'enclave sont libres de partir ou de rester.

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Bruxelles, siège des institutions de l'UE, avec les mêmes mots d'ordre.

Marseille compte une importante communauté d'origine arménienne, généralement estimée à quelque 80.000 personnes, arrivée notamment dans les années 1920 après les massacres et déportations par les troupes de l'empire ottoman.

Le Nagorny Karabakh, région à majorité arménienne, avait fait sécession de l'Azerbaïdjan à la désintégration de l'URSS, et s'est opposée pendant plus de trois décennies à Bakou.

Mais une offensive éclair de l'Azerbaïdjan, a conduit les séparatistes à capituler. Près de 600 morts sont à déplorer et l'enclave séparatiste a été presque entièrement désertée par ses habitants.

Dans une tribune publiée dimanche sur le site du journal Le Monde, des maires de grandes villes françaises et d'autres élus appellent "la France et l'Union européenne (à) poser des actes forts en faveur de la protection des populations et du processus de paix".

"Si le président azerbaïdjanais n'entend ni les appels du secrétaire général des Nations unies ni ceux des chefs d'Etats européens, des sanctions économiques devront être prises", réclament les signataires, dont les maires de Paris Anne Hidalgo (PS), Marseille Benoît Payan (divers gauche), Lyon Grégory Doucet (EELV), Nice Christian Estrosi (Horizons) ou Strasbourg (Jeanne Barseghian (EELV), ainsi que les présidents de plusieurs régions.

Etablir «des conditions décentes»

L'ambassadrice d'Arménie en France a appelé dimanche la communauté internationale et les Nations Unies à établir "des conditions décentes" pour un retour des réfugiés arméniens dans le Nagorny Karabakh.

"Il y a une autre alternative que d'être réfugié", à savoir le retour de ces populations, a déclaré Hasmik Tolmajian sur la radio France Info, soulignant que "personne ne souhaite être réfugié quand il peut rester dans son pays".

Une mission des Nations Unies est arrivée dimanche au Nagorny Karabakh pour évaluer les besoins humanitaires sur place après l'exode de plus de 100.000 Arméniens vers l'Arménie suivant l'offensive éclair et victorieuse de l'Azerbaïdjan contre les séparatistes.

"On pourrait attendre de la communauté internationale qu'elle assure le retour (de ces réfugiés) dans des conditions dignes, décentes, c'est à dire qu'il y ait une sécurité", a souligné Hasmik Tolmajian.

La diplomate a par ailleurs pointé du doigt l'échec de la communauté internationale dans ce conflit.

"Si la communauté internationale, avec tous les mécanismes internationaux, le système des Nations Unies, tout le système de préventions, n'a pas pu empêcher le crime, on ne peut pas dire que la communauté internationale ait été à la hauteur, qu'elle n'ait pas manqué à sa mission", a-t-elle réagi.

Elle a aussi exhorté à des sanctions alors que "l'histoire de l'humanité a montré que l'impunité favorise la récurrence du crime".

"Pour stopper les agresseurs, le crime, il faut des sanctions qui peuvent être économiques, diplomatiques. Sans une action, les autocrates, les criminels ne s'arrêtent jamais", a-t-elle insisté.

"Depuis la création des Nations Unies, c'est la première fois que l'on voit une république disparaître sous nos yeux", a déploré la diplomate, mettant en garde sur le fait que cela puisse créer un précédent.

Karabakh: des milliers d'Arméniens à Bruxelles pour dénoncer la «complicité» de l'Europe

Des milliers d'Arméniens, venus de plusieurs pays européens, ont convergé dimanche à Bruxelles pour dénoncer la "complicité" de l'Europe après l'opération militaire azerbaïdjanaise au Nagorny Karabakh, une enclave désormais quasiment vidée de ses habitants arméniens.

Les dirigeants européens sont "des criminels envers le peuple arménien, ils font couler le sang du peuple arménien", a lancé l'une des organisatrices de cette manifestation, Talline Tachdian, devant ces milliers de personnes, souvent des jeunes, venues de France, Belgique, Pays-Bas et Allemagne.

Une cinquantaine de cars ont fait le voyage depuis l'Île-de-France, où vit une partie de la communauté arménienne de France, l'une des plus importantes d'Europe.

Regroupés Rond-Point Schumann, au cœur de l'Europe des institutions, ces manifestants s'en sont pris avec émotion et colère à l'Union européenne, coupable, selon eux, de fermer les yeux sur le drame des Arméniens en échange du gaz azerbaïdjanais que l'UE achète pour compenser en partie la perte du gaz russe.

"Vends 2000 ans de civilisation arménienne contre du gaz azéri", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un manifestant.

Sur une autre, affichant une photo de la présidente de la Commission européenne serrant la main du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, c'est la complicité de l'UE avec Bakou qui est dénoncée.

Tous partis 

"Rendez ce qui est à nous !", lance une jeune manifestante, Anita Kervakian, 21 ans, venue des Pays-Bas.

"J'ai beaucoup d'amis au Karabakh, ils sont tous partis, tous sans exception", affirme de son côté à l'AFP une Arménienne de France, Karine Narazyan, 40 ans, venue de la région parisienne dire sa tristesse et sa colère.

Sur le podium, le président des Arméniens de Belgique, Karen Tadevosyan, dit son amertume à la lecture de la réponse faite par les dirigeants européens aux demandes arméniennes.

"Une cinquantaine d'organisations ont adressé une lettre le 17 juillet" à Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

"Nous prenons note des mesures proposées", a-t-il répondu le 14 août, selon M. Tadevosyan. "Et quand ils appellent au dialogue, ce ne sont que des mots !", lance-t-il encore, appelant à des sanctions contre l'Azerbaïdjan.

"Et s'il n'y a pas de sanctions, alors ils seront vraiment complices", a-t-il ajouté, encouragé par les cris de la foule, brandissant pancartes et drapeaux aux couleurs rouge, bleue et jaune de l'Arménie.

"Nous sommes à Bruxelles pour rompre le mur de silence", qui entoure l'Arménie, a encore dit Mme Tachdian.

En ouverture de la manifestation, une cinquantaine d'enfants ont chanté l'hymne européen, puis celui de l’Arménie, repris par la foule.

Quelque 10.000 personnes étaient présentes à Bruxelles, selon les organisateurs, plus de 3.000, selon la police de Bruxelles, précisant qu'il s'agit d'une estimation faite en début de rassemblement.

L'ancien ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a fait le déplacement pour apporter son soutien à la cause arménienne.

L'Europe "doit participer à la surveillance ou à la protection même des frontières de l'Arménie. Préserver, ou surveiller, protéger les frontières de l’Arménie, c'est très important maintenant", a-t-il déclaré.

Quant au Nagorny Karabakh, que les Arméniens appellent Artsakh, "il n'existe plus, hélas", a ajouté l'ancien chef de la diplomatie française.

La France «condamne l'action de l'Azerbaïdjan»

"La France condamne l'action de l'Azerbaïdjan" au Nagorny Karabakh, a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

"Les choses doivent se faire dans le cadre des Nations unies", a ajouté M. Véran, évoquant trois priorités: "la restauration des conditions humanitaires, le soutien à la population et la mobilisation de la communauté internationale".

"Il faut discuter de la relation de l'UE avec l'Azerbaidjan", alors que Bruxelles a signé en janvier avec Bakou un important contrat gazier, a relevé sur France Inter la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

"Ne faudrait-il pas prendre des sanctions contre les Azéris ? Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Il faut continuer, aller plus loin".

Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau a fustigé dimanche le silence de la Commission européenne face à ce qu'il a dénoncé comme une "épuration ethnique et religieuse" au Nagorny Karabakh. 

"Aujourd'hui, on assiste à une véritable épuration ethnique et religieuse", a dénoncé M. Retailleau lors d'une intervention devant le Forum des jeunes LR, dimanche à Valence.

"Pendant que les Arméniens meurent, l'Europe se tait. L'Europe est complaisante", a-t-il assuré, rappelant l'important contrat gazier signé en janvier entre la Commission européenne et l'Azerbaïdjan.


Négociations à Doha entre l'UE et l'Iran sous la menace de sanctions

Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le chef de cabinet du président iranien Mohsen Haji-Mirzaei (au centre) assiste à une réunion entre les présidents iranien et russe en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, le 1er septembre 2025. (AFP)
Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le chef de cabinet du président iranien Mohsen Haji-Mirzaei (au centre) assiste à une réunion entre les présidents iranien et russe en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, le 1er septembre 2025. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, réunis au sein du groupe dit E3, ont indiqué être prêts à abandonner les nouvelles sanctions si l'Iran répond aux préoccupations soulevées par son programme nucléaire
  • Signé en juillet 2015 par l'E3, l'Iran, les Etats-Unis, la Chine et la Russie - sous la présidence de Barack Obama qui cherchait à rapprocher Washington de Téhéran - l'accord suspendait diverses sanctions économiques prises par l'ONU

DOHA: La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas s'est entretenue jeudi à Doha avec le ministre iranien des Affaires étrangères pour tenter de trouver une solution négociée à la question du programmme nucléaire de Téhéran, alors que la menace de sanctions se rapproche.

La rencontre a eu lieu alors que les puissances européennes ont laissé la semaine dernière un mois à Téhéran pour négocier sur son programme nucléaire et éviter le rétablissement de sanctions faute de mise en oeuvre d'un accord conclu en 2015.

"Mme Kallas a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi à Doha pour discuter des efforts pour atteindre une solution négociée à la question du nucléaire iranien", a indiqué un responsable de l'UE sous le couvert de l'anonymat.

"Les discussions se sont concentrées sur une série de questions, dont l'accès des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique aux sites nucléaires iraniens et le sort des stocks iraniens d'uranium hautement enrichi", a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, réunis au sein du groupe dit E3, ont indiqué être prêts à abandonner les nouvelles sanctions si l'Iran répond aux préoccupations soulevées par son programme nucléaire.

Signé en juillet 2015 par l'E3, l'Iran, les Etats-Unis, la Chine et la Russie - sous la présidence de Barack Obama qui cherchait à rapprocher Washington de Téhéran - l'accord suspendait diverses sanctions économiques prises par l'ONU en échange d'une réduction des activités de Téhéran dans le domaine nucléaire.

Les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, avaient décidé en 2018 de s'en retirer et avaient rétabli leurs propres sanctions.

Téhéran s'était ensuite affranchie de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium.

Sous son second mandat commencé le 20 janvier, le milliardaire républicain avait commencé à renouer le dialogue avec l'Iran, avant qu'Israël ne le convainque de l'aider à frapper les installations nucléaires iraniennes lors d'une guerre de 12 jours en juin.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran nie et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.


Ukraine: "prêts" sur les garanties de sécurité, les Européens vont tester les engagements de Trump

Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
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  • Réunis à Paris autour d’Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, les alliés européens de l’Ukraine actent leur volonté de garantir la sécurité de Kiev, tout en pressant les États-Unis de formaliser leur propre engagement
  • Vladimir Poutine, soutenu par la Chine et la Corée du Nord, rejette toute intervention étrangère et affirme que la Russie poursuivra ses objectifs militaires en Ukraine

PARIS: Les soutiens européens de l'Ukraine se réunissent jeudi pour tester l'engagement des Etats-Unis pour la sécurité future de l'Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses soutiens internationaux, paraît plus inflexible que jamais

Le président français Emmanuel Macron copréside à 10H30 (08H30 GMT) à l'Elysée une réunion de la "Coalition des volontaires", qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev - une trentaine de pays, essentiellement européens - en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants s'entretiendront ensuite par téléphone à 14H00 (12H00 GMT) avec Donald Trump. Avec deux sujets à l'ordre du jour: un appel à plus de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures à apporter à l'Ukraine.

Outre M. Zelensky, le président finlandais Alexander Stubb sera présent à l'Elysée, de même que les Premiers ministres polonais Donald Tusk, espagnol Pedro Sanchez, danoise Mette Frederiksen ou encore les présidents des institutions de l'Union européenne Ursula von der Leyen et Antonio Costa.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, coprésident de la réunion, interviendra en visioconférence de même que les autres dirigeants européens, de l'Allemand Friedrich Merz à l'Italienne Georgia Meloni.

- Réserves -

Les Européens vont acter qu'ils sont "prêts" sur l'octroi de garanties de sécurité à l'Ukraine, pour mieux signifier qu'ils attendent désormais des gestes concrets des Américains dans le même sens.

"Nous sommes prêts pour ces garanties de sécurité. L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité", a déclaré le président français en accueillant son homologue ukrainien dès mercredi soir à l'Elysée pour un tête-à-tête.

Les alliés de l'Ukraine attendent maintenant "de voir ce que les Américains souhaitent apporter concernant leur participation", a renchéri le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, à Bruxelles.

La Coalition des volontaires est disposée à contribuer au renforcement de l'armée ukrainienne, voire pour certains pays - dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique - à déployer des soldats en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais certains alliés se sont montrés hésitants dans l'attente de la contribution américaine, que plusieurs pays européens jugent indispensable avant tout engagement de leur part.

Jusqu'à un cessez-le-feu, "il n'y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine et même après, j'ai des réserves considérables à ce sujet concernant l'Allemagne", a lancé le chancelier Merz sur la chaîne Sat1.

La Russie a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune "intervention étrangère quelle qu'en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen".

- "A l'offensive" -

Donald Trump a promis lors d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.

Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l'envoi de troupes américaines au sol.

Il a affirmé mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes, deux semaines après leur rencontre en Alaska qui n'a abouti à aucun progrès substantiel sur une issue à la guerre en Ukraine.

En attendant, Vladimir Poutine, qui affiche un retour en force sur la scène internationale avec une présence très remarquée mercredi au côté du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pékin, après le sommet d'Anchorage le 15 août avec Donald Trump, multiplie les déclarations offensives.

Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine, assurant que ses troupes demeuraient "à l'offensive" sur l'ensemble du front.

Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque avec plus de 500 drones et missiles sur l'Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d'électricité.

"Malheureusement, nous n'avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu'ils veulent mettre fin à la guerre", a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, se disant toutefois convaincu que l'Europe et les Etats-Unis aideraient Kiev à "accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique".


Turquie: nouveau coup judiciaire contre le principal parti d'opposition

Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
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  • Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages
  • Le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti

ISTANBUL: Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel.

Cette mesure apparaît comme un nouvel épisode de la guerre que livrent les autorités turques au premier parti d'opposition et surtout à ses figures populaires, dont le maire d'Istanbul emprisonné, Ekrem Imamoglu.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages.

Dans son jugement, dont l'AFP a pu consulter une copie, le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti.

Par ces procédures, l'objectif est d'évincer l'actuel président du parti, Özgür Özel, en faisant annuler le résultat du congrès national du CHP.

S'exprimant mardi soir à l'issue d'une réunion d'urgence des instances du parti à Ankara, M.Özel a juré de "ne pas capituler" et dénoncé une "décision politiquement et légalement nulle et non avenue".

"Nous sommes confrontés à un coup d'Etat judiciaire", a-t-il enchainé lors d'un entretien à la chaine de télévision privée Halk TV, accusant les autorités de vouloir "modifier les résultats électoraux par voie de justice".

"Ils menacent de me retirer la direction du parti. Je vais me battre en retour". a-t-il promis.

Pression judiciaire croissante 

Le CHP subit une pression judiciaire croissante via un grand nombre d'enquêtes et d'interpellations visant ses élus, accusés de corruption, comme au sein de la municipalité d'Istanbul, la plus riche et la plus importante ville de Turquie, dont le maire est depuis mars derrière les barreaux.

L'arrestation de l'édile, Ekrem Imamoglu, figure populaire de l'opposition et principal adversaire potentiel du président Recep Tayyip Erdogan à la prochaine échéance présidentielle, avait déclenché un mouvement de contestation inédit dans ce pays depuis douze ans.

Sont de fait suspendues mardi "toutes les décisions prises au cours du congrès provincial d'Istanbul" du CHP qui avait eu lieu le 8 octobre 2023, d'après le jugement rendu.

La mesure suppose également "la réintégration temporaire" des personnes élues lors du précédent congrès ou la nomination d'un comité provisoire qui serait jugé approprié par le tribunal.

Au congrès d'octobre 2023, Özgür Celik, élu à la direction du parti à Istanbul avec le soutien d'Ekrem Imamoglu, l'avait emporté face à son concurrent, Cemal Canpolat, un proche de l'ancien président du CHP, Kemal Kilicdaroglu.

Ce dernier avait été le candidat malheureux de l'opposition à la présidentielle de 2023.

Le parquet a ouvert une enquête contre M. Celik et neuf autres responsables du parti pour des allégations de "fraude électorale", ce qui peut leur valoir jusqu'à trois ans de prison.

Pour l'analyste politique Berk Esen joint par l'AFP, la décision de mardi contre la direction d'Istanbul est une "répétition" avant une nouvelle procédure judiciaire contre le CHP lui-même, afin de l'affaiblir en tant que force d'opposition dans la perspectives des prochaines élections.

M. Esen y voit le signe d'une "évolution vers une autocratie totale (qui) signale la fin du multipartisme dans le pays tel que nous le connaissons".

"Le gouvernement prend des mesures calculées pour éliminer Ekrem Imamoglu, qu'il considère comme la seule véritable menace électorale, et pour réduire le CHP à une opposition sous contrôle", assure-t-il.