Espagne: le roi charge Pedro Sánchez de tenter de former un gouvernement

Le Premier ministre espagnol par intérim Pedro Sánchez part après avoir prononcé un discours au palais de la Moncloa à Madrid le 3 octobre 2023 après avoir rencontré le roi Felipe VI (Photo de Thomas COEX / AFP).
Le Premier ministre espagnol par intérim Pedro Sánchez part après avoir prononcé un discours au palais de la Moncloa à Madrid le 3 octobre 2023 après avoir rencontré le roi Felipe VI (Photo de Thomas COEX / AFP).
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Publié le Mardi 03 octobre 2023

Espagne: le roi charge Pedro Sánchez de tenter de former un gouvernement

  • Afin d'obtenir la confiance des députés, le socialiste devra disposer du soutien crucial des indépendantistes catalans, qui exigent en échange une mesure d'amnistie très controversée
  • Le chef du gouvernement sortant, qui est au pouvoir depuis 2018, a jusqu'au 27 novembre pour être reconduit au pouvoir par le Parlement

MADRID: Le roi d'Espagne, Felipe VI, a chargé mardi le Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sánchez, de présenter sa candidature devant le Parlement pour tenter d'être reconduit au pouvoir, a annoncé la présidente de la Chambre des députés.

"Sa majesté le Roi", qui a consulté depuis lundi les représentants des partis politiques, "m'a communiqué sa décision de proposer M. Pedro Sánchez (au Parlement) comme candidat à la présidence du gouvernement", a déclaré Francina Armengol lors d'une allocution télévisée.

Espagne: Pedro Sánchez promet de la «générosité» aux indépendantistes catalans

Le socialiste espagnol Pedro Sánchez, qui va tenter prochainement d'être reconduit au pouvoir par le Parlement, a promis mardi la "générosité" de la gauche aux indépendantistes catalans, dont son sort dépend et qui exigent une amnistie très controversée.

Disposant déjà du soutien de l'extrême gauche, avec qui il gouverne en coalition depuis 2020, Pedro Sánchez doit encore obtenir l'appui indispensable du parti indépendantiste catalan de Carles Puigdemont, qui s'est systématiquement opposé à son gouvernement ces dernières années.

Les négociations "vont être complexes", a reconnu le socialiste mais "j'ai confiance" dans le fait d'y parvenir, a-t-il assuré.

Carles Puigdemont, chef d'orchestre de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, a exigé début septembre depuis Bruxelles, où il s'est installé pour fuir les poursuites judiciaires, l'amnistie des indépendantistes visés par la justice espagnole, en échange du soutien de sa formation.

Cette éventuelle amnistie provoque la fureur de la droite espagnole mais aussi le malaise d'une partie du Parti socialiste, formation qui y était par le passé catégoriquement opposée.

Manifestation à Barcelone dimanche 

Une organisation anti-indépendantiste a convoqué dimanche une manifestation dans les rues de Barcelone à laquelle participera M. Feijóo et d'autres responsables du PP.

Sans jamais prononcer le mot amnistie, malgré les questions insistantes des journalistes, M. Sánchez a préparé le terrain à un accord avec les indépendantistes et justifié sa main tendue.

"On ne peut pas être à la tête du gouvernement (...) sans comprendre la pluralité politique du Parlement ou la diversité territoriale de la nation. C'est donc l'heure de la politique (...) C'est l'heure de la générosité", a-t-il insisté.

Arrivé au pouvoir moins d'un an après la tentative de sécession, le chef de file socialiste a accédé à plusieurs reprises aux demandes des indépendantistes catalans, dont une partie a soutenu son gouvernement minoritaire au parlement.

Il a ainsi gracié leurs dirigeants condamnés à la prison et réformé le Code pénal pour supprimer le délit de sédition pour lequel ils avaient été poursuivis. Des "concessions" inacceptables pour la droite et l'extrême droite qui l'accuse d'être "otage" des séparatistes.

"Quand j'ai pris la décision de les gracier, j'avais confiance dans les effets positifs" de cette mesure "sur la coexistence au sein de la Catalogne en vue de dépasser les évènements de 2017", a argumenté mardi M. Sánchez.

"Avec humilité, je pense que nous y sommes parvenus et que la situation en Catalogne n'a aujourd'hui rien à voir" avec celle d'il y a cinq ans, a-t-il soutenu. "Ce que veulent les Catalans et les Catalanes, c'est tourner la page", a encore affirmé le socialiste.

Le Premier ministre sortant a en revanche répété que l'organisation d'un référendum d'autodétermination était une ligne rouge, alors que les séparatistes ont fait monter la pression vendredi en appelant à "ne pas appuyer l'investiture d'un futur gouvernement espagnol qui ne s'engagerait pas à travailler pour rendre effectives les conditions de l'organisation d'un référendum".

Avec Carles Puigdemont à sa tête, le gouvernement régional catalan avait organisé le 1er octobre 2017 un tel référendum, malgré son interdiction par la justice. Ce scrutin avait été suivi par une déclaration unilatérale d'indépendance, qui avait provoqué la pire crise politique en Espagne depuis des décennies.

Afin d'obtenir la confiance des députés, le socialiste devra disposer du soutien crucial des indépendantistes catalans, qui exigent en échange une mesure d'amnistie très controversée.

Le chef du gouvernement sortant, qui est au pouvoir depuis 2018, a jusqu'au 27 novembre pour être reconduit au pouvoir par le Parlement. Faute de quoi, un nouveau scrutin sera automatiquement convoqué pour la mi-janvier.

Son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo, qui était arrivé en tête des législatives du 23 juillet, mais sans majorité viable, a vu sa candidature rejetée la semaine dernière par les députés.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.