Accord au Congrès américain sur un plan de soutien à l'économie

Washington, DC, «Nous avons convenu d'un paquet de près de 900 milliards de dollars. Il est rempli de politiques ciblées pour aider les Américains en difficulté qui ont déjà attendu trop longtemps», a déclaré le chef républicain de la majorité au Sénat américain, Mitch McConnell (Photo,AFP).
Washington, DC, «Nous avons convenu d'un paquet de près de 900 milliards de dollars. Il est rempli de politiques ciblées pour aider les Américains en difficulté qui ont déjà attendu trop longtemps», a déclaré le chef républicain de la majorité au Sénat américain, Mitch McConnell (Photo,AFP).
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Publié le Lundi 21 décembre 2020

Accord au Congrès américain sur un plan de soutien à l'économie

  • «Nous pouvons enfin dire ce que notre nation a besoin d'entendre depuis longtemps : davantage d'aide (économique) est en route»
  • Les démocrates réclamaient le double, soit le montant des chèques envoyés au printemps à des millions d'Américains

WASHINGTON: Un accord a été trouvé dimanche au Congrès américain entre démocrates et républicains pour voter un nouveau plan de soutien à l'économie, qui était en négociations depuis l'été, a annoncé le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell.

«Nous pouvons enfin dire ce que notre nation a besoin d'entendre depuis longtemps : davantage d'aide (économique) est en route», a-t-il déclaré devant le Sénat. Il confirme que le plan d'urgence s'élèvera «à près de 900 milliards de dollars». 

«Les quatre dirigeants au Sénat et à la Chambre (des Représentants) ont finalisé un accord», a-t-il ajouté.

Reste néanmoins à finaliser le texte de cet accord et d'éviter les obstacles de dernière minute, a-t-il relevé.

Vote lundi

De son côté, le chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer, a précisé que le vote aurait lieu lundi devant les deux chambres.

Le Congrès a par ailleurs décidé de prolonger de 24 heures la loi de court terme permettant le financement des administrations fédérales, une mesure destinée à éviter un «shutdown» alors que le budget 2021 doit être voté.

«Alors que nos citoyens continuent de lutter contre le coronavirus pendant cette saison des fêtes, ils ne se battront pas seuls», a commenté M. McConnell, regrettant toutefois que cet accord n'ait pas été conclu «il y a des mois».

Les deux partis se rejettent depuis des mois la responsabilité du blocage des négociations de ce deuxième plan.

Le premier, d'un montant gigantesque de 2.200 milliards de dollars, avait été voté en urgence fin mars, en plein cœur de la pandémie de Covid-19.

Dimanche matin le sénateur républicain Mitt Romney avait indiqué sur CNN qu'un accord devrait être conclu dimanche.

«Il y a toujours des points d'achoppement mais le principal a été résolu la nuit dernière», avait-il expliqué, en allusion à la Banque centrale.

Les élus avaient en effet trouvé un compromis la nuit dernière sur le rôle de la Réserve Fédérale (Fed) pour soutenir la première économie du monde, terrassée par la pandémie de Covid-19.

L'accord maintiendrait la capacité de la Fed à mettre en place des programmes de prêts d'urgence sans l'approbation du Congrès, a détaillé le Wall Street Journal. 

En revanche, la puissante institution aurait besoin de son approbation si elle voulait lancer des programmes similaires à ceux compris dans le gigantesque plan d'urgence de 2.200 milliards de dollars voté fin mars en pleine pandémie. 

Ces programmes de la loi baptisée «Cares Act» vont expirer à la fin de cette année.   

Chèque

S'agissant de l'autre pomme de discorde, à savoir le montant du chèque à accorder aux Américains les plus en difficulté, «il sera de 600 dollars», avait aussi affirmé Mitt Romney.

Les démocrates réclamaient le double, soit le montant des chèques envoyés au printemps à des millions d'Américains.

«Ce serait bien s'ils étaient (d'un montant) supérieur mais ceux qui travaillent à l'élaboration de ce plan reconnaissent que la priorité est d'aider les petites entreprises» pour maintenir l'emploi, avait-il fait valoir alors que nombre de boutiques et de restaurants mettent la clé sous la porte en raison des nouvelles mesures de restriction liées à la vague d'infections dans le pays.

Aider les petites entreprises est «primordial», avait insisté ce sénateur républicain.

Le nouveau plan doit aussi inclure des mesures pour la distribution et la logistique des vaccins contre le coronavirus ainsi que des allocations chômage supplémentaires de 300 dollars par semaine.

Depuis des mois, les économistes exhortent le Congrès à prendre des nouvelles mesures d'aide alors que la reprise économique a ralenti à l'automne. 

Pire, la résurgence de la pandémie a fait bondir les nouvelles inscriptions au chômage les deux dernières semaines.

Depuis qu'il a été élu président Joe Biden n'a eu de cesse, lui-même, d'appeler à un vote «sans délai».

Samedi soir, le président républicain Donald Trump l'a rejoint: «Pourquoi le Congrès ne donne-t-il pas à notre peuple un plan de relance? FAITES-LE et donnez-leur plus d'argent en paiements directs», a-t-il tweeté.

Mercredi, le président de la Fed Jerome Powell avait lui-même souligné l'urgence de la situation, relevant que de nombreuses petites entreprises risquaient la faillite sans aide immédiate de l'Etat.

Des millions d'Américains risquaient aussi de perdre des aides au lendemain de Noël.

Selon la Fed, le taux de chômage s'élèvera à 6,7% cette année et à 5% l'an prochain, loin des 3,5% enregistrés en février.

Pour l'heure, les élus n'ont en revanche pas évoqué l'autre risque: le shutdown qui pourrait, lui, être effectif dès minuit.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.