Le Parlement adopte un budget 2021 hors normes face au coronavirus

Face à «une crise inédite», le ministre du Budget Olivier Dussopt a insisté sur le rôle du plan de relance pour «proposer une perspective», grâce à une enveloppe globale de 100 milliards d'euros jusqu'en 2022 (Photo, AFP).
Face à «une crise inédite», le ministre du Budget Olivier Dussopt a insisté sur le rôle du plan de relance pour «proposer une perspective», grâce à une enveloppe globale de 100 milliards d'euros jusqu'en 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 décembre 2020

Le Parlement adopte un budget 2021 hors normes face au coronavirus

  • La crise sanitaire a parasité à plusieurs reprises le marathon budgétaire de l'automne
  • «Les investissements sont là pour préparer la France de 2030»

PARIS: Le Parlement a définitivement adopté jeudi le budget 2021 et ses vertigineuses dépenses d'urgence et de relance face à la crise sanitaire, avec des inquiétudes des différents bords politiques sur l'aggravation de la précarité et le remboursement de la «dette Covid».

Ce vote a clos une longue année budgétaire, avec également quatre budgets 2020 rectificatifs, soit quelque 375 heures de débats au total au Palais Bourbon, sur près de 13.000 amendements.

L'Assemblée nationale a soutenu le projet de loi de finances pour 2021 par 91 voix contre 33. Gauche et droite ont voté contre, sauf l'UDI.

La crise sanitaire a parasité à plusieurs reprises le marathon budgétaire de l'automne, poussant le gouvernement à réajuster à la baisse ses prévisions macroéconomiques et à prolonger les aides d'urgence pour les secteurs sinistrés comme la restauration ou l'événementiel.

Dans la dernière ligne droite, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait annoncé la mobilisation de 20 milliards d'euros d'aides en 2021, dédiés notamment au chômage partiel et au fonds de solidarité pour les entreprises encore fermées ou au ralenti en début d'année.

Après une récession attendue à 11% du PIB en 2020, le gouvernement table sur un rebond économique de 6% du PIB en 2021un déficit de 8,5% et une dette qui s'envole à 122,4% du PIB, dans un contexte de grande incertitude.

Face à «une crise inédite», le ministre du Budget Olivier Dussopt a insisté sur le rôle du plan de relance pour «proposer une perspective», grâce à une enveloppe globale de 100 milliards d'euros jusqu'en 2022.

«Les investissements sont là pour préparer la France de 2030», a complété le rapporteur général Laurent Saint-Martin (LREM), plaidant pour »une culture de l'optimisme».

En 2021, la mission «plan de relance» compte 22 milliards d'euros de crédits, dont trois milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments ou 4 milliards fléchés vers les »jeunes» et leur entrée dans la vie professionnelle. L'enjeu sera de déployer les crédits efficacement. 

La droite a apporté son soutien à la mission «relance» même si elle trouve le plan tardif et trop peu ciblé. 

La gauche juge en revanche cette relance très en deçà des besoins, insuffisamment tournée vers la «demande» et l'écologie. Précaires et jeunes sont les «grands oubliés», selon la cheffe du groupe PS Valérie Rabault, qui réclame le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune ou une «contribution des plus aisés». 

«Quelqu'un va payer»

Chez LFI, Eric Coquerel a défendu en vain une ultime motion de rejet du texte. Il redoute «l'aggravation d'une nouvelle épidémie, sévère, celle de la pauvreté».

Gauche et écologistes ont ferraillé contre la baisse programmée de 10 milliards d'euros des impôts de production des entreprises, une mesure de compétitivité profitable selon eux aux plus grandes sociétés, «sans contrepartie sociale ou écologique». 

Ce débat sur les contreparties a aussi eu lieu dans la majorité, qui s'est accordée pour demander aux entreprises de plus de 50 salariés d'améliorer leur «performance» en matière »écologique, de parité et de gouvernance», avec divers indicateurs.

Les ONG de Réseau action climat critiquent un budget «pas à la hauteur de l'urgence». 

Il renforce le malus auto pour l'achat des véhicules les plus émetteurs de CO2. Le durcissement de cette taxe est un peu moins rapide que prévu, car le gouvernement a dans le même temps mis en place pour 2022 un malus au poids pour les véhicules les plus lourds, comme les SUV, à partir de 1,8 tonne. Un seuil jugé trop élevé par les écologistes, alors que la Convention citoyenne pour le climat le réclamait dès 1,4 tonne.

La droite a combattu ce malus «punitif». 

Durant les débats dans les deux chambres, se sont aussi fait entendre des inquiétudes quant au niveau de la dette, qui «obère le futur des jeunes générations» pour la sénatrice Vanina Paoli-Gagin (Indépendants) et «qui à terme pèsera sur les dépenses sociales», selon sa collègue écologiste Sophie Taillé-Polian.

«Quelqu'un va payer un jour», a prévenu à l'Assemblée le président de la commission des Finances Eric Woerth (LR), réclamant des «réformes structurelles». 

Le gouvernement assure que toute hausse d'impôt est exclue et attend les conclusions d'ici fin février d'une commission sur le sujet, présidée par l'ancien ministre Jean Arthuis.


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.