Libye: La formation d’un gouvernement d’union nécessaire à l’accélération des secours

La formation d’un gouvernement unifié en Libye permettrait d’accélérer les opérations de secours, a expliqué jeudi l’ambassadeur américain en Libye, Richard Norland (Photo, Reuters).
La formation d’un gouvernement unifié en Libye permettrait d’accélérer les opérations de secours, a expliqué jeudi l’ambassadeur américain en Libye, Richard Norland (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Vendredi 06 octobre 2023

Libye: La formation d’un gouvernement d’union nécessaire à l’accélération des secours

  • La Libye est partagée entre deux gouvernements rivaux, à l’est et à l’ouest, qui sont soutenus par des milices armées et des mécènes internationaux
  • La tempête Daniel a causé d’importantes destructions et a fait des milliers de morts lorsqu’elle a frappé l’est du pays le 10 septembre

CHICAGO: La formation d’un gouvernement unifié en Libye permettrait d’accélérer les opérations de secours à la suite des inondations dévastatrices qui ont fait près de 15 000 morts dans le pays le mois dernier, a expliqué jeudi l’ambassadeur américain en Libye, Richard Norland.

La tempête Daniel a causé d’importantes destructions lorsqu’elle a frappé l’est du pays le 10 septembre. La région la plus touchée était Derna, où deux barrages se sont effondrés et où l’eau libérée a détruit une partie de la ville. Les États-Unis ont été le principal donateur pour les opérations de secours internationales qui ont suivi. 

La tempête qui a été le catalyseur de la catastrophe est imputée aux effets du réchauffement climatique, mais elle a également suscité un nouveau débat plus large sur la nécessité grandissante de réunifier le pays divisé et de créer une feuille de route pour des élections démocratiques susceptibles d’établir un gouvernement unifié, selon Norland.

La Libye est plongée dans la tourmente politique et les divisions nationales depuis les manifestations du Printemps arabe de 2011 qui ont conduit au renversement et à l’assassinat de Mouammar Kadhafi, qui avait gouverné la nation nord-africaine pendant quarante-deux ans.

Le pays est partagé entre deux gouvernements rivaux, soutenus par des milices armées et des mécènes internationaux. Dans l’ouest du pays, le Premier ministre, Abdel Hamid Dbeibah, dirige le Gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale. À l’est, le Premier ministre, Ossama Hamad, dirige le Gouvernement de stabilité nationale, soutenu par l’armée nationale libyenne du puissant commandant militaire Khalifa Haftar.

«Ce n’est peut-être pas une coïncidence, mais le débat sur la reconstruction a également relancé le débat et attiré l’attention sur les lois électorales et la formation d’un gouvernement intérimaire qui mènerait le pays à des élections», a indiqué Norland lors de sa conférence de presse de jeudi, à laquelle Arab News a assisté.

Feuille de route crédible

Des inquiétudes subsistent quant au financement des opérations de secours et à l’acheminement de l’aide humanitaire vers ceux qui en ont le plus besoin. Des mesures visant à ressouder le pays divisé contribueraient à apaiser ces inquiétudes, a-t-il ajouté.

«Nous espérons voir davantage de progrès dans les jours et les semaines à venir en ce qui concerne l’organisation d’élections et les efforts concertés pour reconstruire et aider la population de Derna et de l’est de la Libye», a déclaré Norland.

«Je doute que quiconque croie que cela se produira du jour au lendemain», a-t-il poursuivi.

Norland a précisé que des responsables américains avaient passé plusieurs semaines en Libye afin d’évaluer les besoins du pays pour soutenir l’effort international de secours à la suite des inondations. Le général Michael Langley, commandant du Commandement des États-Unis pour l’Afrique, et lui-même se sont rendus à Tripoli et à Benghazi les 20 et 21 septembre «pour s’entretenir avec les chefs militaires et politiques libyens afin de réitérer l’importance de la coopération est-ouest en Libye en vue du redressement et de la stabilisation à long terme du pays».

Norland a souligné que la communauté internationale souhaite disposer d’une feuille de route crédible pour les élections dans le pays, avec l’engagement total de toutes les factions et des principaux dirigeants, y compris la Chambre des représentants, basée dans l’est du pays; le Haut Conseil d’État, un organe consultatif formé selon les termes de l’Accord politique libyen de 2015; le Conseil présidentiel; le Gouvernement d’union nationale; et l’armée nationale libyenne.

«Au cours de mes visites et de celles du général Langley en Libye, les États-Unis ont acheminé par avion plus de 29 tonnes d’aide humanitaire essentielle à Benghazi pour répondre aux besoins les plus urgents des communautés touchées par les inondations», a mentionné Norland.

«Nous avons aussi discuté du besoin urgent de faire progresser le processus politique afin de parvenir à des élections et à la formation d’un gouvernement unifié capable de servir efficacement l’ensemble de la population du pays à la suite de cette crise.» 

«Ainsi, outre les besoins humanitaires immédiats des populations des régions touchées par les inondations, un mécanisme national unifié est nécessaire pour mettre en œuvre les efforts de reconstruction de manière efficace.»

Soutien international

Les États-Unis, ainsi que la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, ont soutenu l’appel de l’ONU en faveur d’un «mécanisme national unifié» capable de se coordonner avec les partenaires locaux, nationaux et internationaux pour contribuer à l’acheminement de l’aide dans le cadre d’une réponse transparente et responsable aux besoins en matière d’aide et de reconstruction en Libye.

«L’unification des efforts de secours répond aux demandes du peuple libyen et est cruciale pour faciliter un soutien et une assistance technique supplémentaires de la part des États-Unis et d’autres partenaires internationaux», a affirmé Norland. 

Il a ajouté que les États-Unis ont été le principal donateur dans la réponse aux inondations, et que cette tragédie a donné l’occasion à toutes les parties de reconnaître qu’elles doivent travailler ensemble pour aller de l’avant grâce à un processus de consensus politique.

«En réponse à ce qui s’est passé, les États-Unis ont fourni une aide humanitaire de 12 millions de dollars (1 dollar américain = 0,95 euro) et ont mis en place un programme de diplomatie, de développement et d’engagement en matière de défense, qui sont en cours», a indiqué Norland.

«Nous sommes le principal donateur d’aide humanitaire aux personnes touchées par les inondations à Derna et dans l’est de la Libye. Notre ambassade a déclaré l’état d’urgence le jour de l’inondation, et le directeur de l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), basé à Tunis, a été sollicité le 13 septembre et continue de coordonner son action avec les partenaires humanitaires et les autorités libyennes dans tout le pays afin de fournir une aide.»

Norland a brièvement abordé les questions relatives aux efforts déployés par la Russie pour participer aux opérations de secours dans le pays. Il a noté que la société militaire privée controversée Wagner Group, financée par l’État russe, opérait en Libye et a précisé qu’elle avait «contribué» aux divisions et aux problèmes dans ce pays. Cependant, il a ajouté que c’est au peuple libyen de «décider lui-même» si la Russie peut lui être utile ou non.

Les États-Unis soutiendront la Libye dans ses efforts pour unifier son armée et son gouvernement afin d’assurer la réponse internationale la plus efficace à la crise humanitaire dans le pays, a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Short Url
  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Short Url
  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Short Url
  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.