KABOUL: Dimanche, des analystes afghans de haut niveau ont critiqué les propos du ministre iranien des Affaires étrangères. Il a en effet suggéré que des combattants de la Brigade des Fatimides, une milice iranienne composée de migrants chiites afghans, pourraient aider dans la lutte de Kaboul contre Daech.
Cette milice est considérée comme relevant de la Force Al-Qods, la branche du Corps des gardiens de la révolution iranienne (CGRI), responsable des opérations à l'étranger, que les États-Unis et de nombreux autres pays considèrent comme une organisation terroriste.
Pour Tabish Forugh, un universitaire afghan basé aux États-Unis, l'Afghanistan ne devrait pas «risquer de provoquer une violence sectaire inutile dans le pays».
«Kaboul ne peut en aucun cas recruter des milices du CGRI utilisées comme mercenaires dans les guerres du Moyen-Orient», explique-t-il.
S'exprimant sur une chaîne de télévision afghane locale, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, a déclaré: «La Brigade des Fatimides est une excellente force. Si le gouvernement afghan le décide, elle peut l’aider à lutter contre Daech.»
Les responsables du gouvernement afghan ont refusé de commenter l'interview du ministre. Cette dernière fait suite à une série d'attaques sanglantes revendiquées par Daech à Kaboul ces derniers mois, au cours desquelles des dizaines de personnes – dont beaucoup de chiites – ont été tuées.
Les commentaires de M. Zarif interviennent alors que se tiennent des pourparlers de paix entre Kaboul et les talibans au sujet du retrait des forces américaines d’Afghanistan au printemps prochain.
Dans son allocution, le ministre défend la création du réseau des Fatimides par le régime iranien, accusé d'avoir amené des dizaines de milliers de combattants chiites de pays comme le Pakistan et l'Afghanistan pour combattre en Syrie. Ce que l'Iran nie.
L’année dernière, les États-Unis ont sanctionné la Brigade des Fatimides.
«Nous avons besoin de paix, pas d’un appel à l'utilisation de mercenaires», explique l’analyste Shafiq Haqpal à Arab News.
«Le fait de suggérer une telle idée, revient à mettre de l’huile sur le feu. Nous ne voulons pas que l’Afghanistan devienne une autre Syrie ou un autre Irak.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com