Le Moyen-Orient est-il prêt à une propagation du conflit entre Israël et le Hamas?

Israël a bombardé Gaza et placé la bande en état de siège après que les combattants du groupe palestinien Hamas ont lancé un assaut transfrontalier sans précédent au cours du week-end (Photo, AFP).
Israël a bombardé Gaza et placé la bande en état de siège après que les combattants du groupe palestinien Hamas ont lancé un assaut transfrontalier sans précédent au cours du week-end (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 12 octobre 2023

Le Moyen-Orient est-il prêt à une propagation du conflit entre Israël et le Hamas?

  • Israël pourrait se retrouver dans une guerre à quatre fronts si des groupes armés au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen se joignent à la bataille
  • Une guerre ouverte et multilatérale pourrait s'avérer politiquement coûteuse et économiquement désastreuse pour la région

DUBAI: Alors que l'armée israélienne intensifie ses attaques contre Gaza en représailles à l'assaut sans précédent lancé le week-end dernier contre le sud d'Israël par des combattants du groupe palestinien Hamas, on craint de plus en plus l'éclatement d'un conflit plus vaste et aux multiples facettes au Moyen-Orient.

Selon les experts, l'Iran et son Corps des gardiens de la révolution islamique ont passé des décennies à armer et à financer des combattants chiites ainsi que des groupes palestiniens sunnites au Moyen-Orient. En conséquence, Israël est désormais confronté à la possibilité d'une guerre sur trois ou quatre fronts, impliquant le Hamas et le Djihad islamique palestinien à Gaza et en Cisjordanie, complétés par le Hezbollah et le Djihad islamique au Liban et en Syrie.

Le Hezbollah libanais a déjà tiré le premier coup de semonce contre Israël en lançant des roquettes dimanche, provoquant des représailles meurtrières de la part d'Israël. Lundi, des échanges d'artillerie à la frontière ont tué trois combattants du Hezbollah, deux combattants palestiniens et un officier supérieur de l'armée israélienne.

Le Pentagone a averti le Hezbollah de «réfléchir à deux fois» avant d'ouvrir un second front et a déclaré que les États-Unis sont prêts à prendre la défense d'Israël. Le commandement central a envoyé le groupe de frappe du porte-avions USS Gerald R. Ford en Méditerranée orientale et a renforcé les escadrons de l'armée de l'air dans la région. Il envisagerait également de déployer un second porte-avions près d'Israël pour renforcer la dissuasion.

Le Pentagone a averti le Hezbollah de «réfléchir à deux fois» avant d'ouvrir un second front et a déclaré que les États-Unis étaient prêts à prendre la défense d'Israël (Photo, AFP).

Bien que la situation soit tendue, les partisans du Hamas estimant que la dynamique est de leur côté, les observateurs estiment qu'une guerre ouverte et multiforme avec Israël, qui ne bénéficie pas d'un large soutien de l'opinion publique, pourrait s'avérer politiquement coûteuse pour eux et économiquement désastreuse pour les pays à partir desquels ils opèrent.

Dans le cas du Liban, les analystes estiment que ni le Hezbollah ni Israël ne veulent être pris dans une guerre régionale majeure, et ce pour différentes raisons.

«Je pense que les deux parties sont prêtes à accepter un certain degré de violence et de pertes. Les deux parties ne veulent pas que cela dégénère en une guerre beaucoup plus large», a déclaré à Arab News Michael Young, rédacteur en chef de Carnegie Middle East à Beyrouth.

«Ce que nous avons vu jusqu'à présentva dans le sens de mon opinion. Le Hezbollah a absorbé les pertes et les Israéliens ont absorbé le fait que deux de leurs bases militaires ont été ciblées par des tirs», a-t-il ajouté.

«Il s'agit bien sûr d'un jeu risqué. À tout moment, il peut échapper à tout contrôle.»

L'attaque du Hamas contre Israël ce week-end ouvre la voie à un conflit plus large dans la région (Photo, AFP).

La dernière grande guerre entre Israël et le Hezbollah, qui s'est déroulée en 2006, s'est achevée sur l'accord tacite que la violence à l'avenir serait limitée à une petite bande de territoire contestée près du plateau du Golan.

L'Iran et ses mandataires chiites au Liban, en Irak et au Yémen – membres de ce que l'on appelle l'axe de la résistance – ont fermement soutenu l'attaque de samedi, au cours de laquelle des bases militaires israéliennes et plusieurs villages et villes ont été envahis par des combattants du Hamas. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, s'est entretenu par téléphone avec des dirigeants du Hamas et du Jihad islamique après le début de l'attaque, a indiqué dimanche l'agence de presse publique iranienne IRNA.

À la suite de l'attentat, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a déclaré: «Ils payeront un prix dont ils, et d’autres ennemis, se souviendront pendant des décennies.» Mais Israël pourrait bien se retrouver à se battre sur plus d'un front s'il procède à une invasion terrestre.

Mohammed Deif, le commandant militaire suprême des Brigades d’Al-Qassam, la branche armée du Hamas responsable de l'attaque, a appelé les groupes de combattants alliés à l'Iran au Liban, en Syrie et en Irak à se joindre à l'offensive contre Israël.

Des groupes armés irakiens et yéménites alignés sur l'Iran ont menacé de cibler les intérêts américains avec des missiles et des drones si l'administration Biden intervenait pour soutenir Israël.

Les Hachd al-Chaabi irakien (Forces de mobilisation populaire) ont menacé de lancer des attaques contre les troupes américaines en Irak si Washington s’impliquait directement dans le conflit. Les États-Unis ont 2 500 soldats en Irak et 900 autres en Syrie voisine, avec pour mission de conseiller et d'aider les forces locales à lutter contre Daech, qui s'est emparé en 2014 de vastes zones de territoire dans les deux pays.

Israël est désormais confronté à la possibilité d'une guerre sur trois ou quatre fronts, impliquant le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Gaza et en Cisjordanie, complétés par le Hezbollah et le Jihad islamique au Liban et en Syrie (Photo, AFP).

Ce lundi, l'homme politique irakien Hadi al-Amiri, chef du groupe politique et militaire de l'Organisation Badr, proche de l'Iran, a déclaré: «S'ils interviennent, nous interviendrons... nous considérerons toutes les cibles américaines comme objectifs légitimes.»

Badr constitue une grande partie des Forces de mobilisation populaire (FMP) irakiennes, l'organisation paramilitaire de l'État qui comprend de nombreuses factions soutenues par l'Iran.

Mardi en fin de journée, des roquettes tirées depuis la Syrie, où le Hezbollah et d'autres milices soutenues par l'Iran maintiennent une présence à la frontière israélienne avec l'approbation du président, Bachar al-Assad, qui auraient atterri en terrain découvert dans le nord d'Israël.

Au Yémen, le chef des Houthis chiites a averti mardi que sa milice répondrait à toute intervention américaine à Gaza par des drones, des missiles et d'autres options militaires.

Il a déclaré que le groupe était prêt à coordonner l'intervention avec d'autres membres de l'axe de la résistance.

Des milliers de personnes ont trouvé la mort dans ce conflit, alors que l'assaut israélien sur Gaza se poursuit (Photo, AFP).

Selon les experts, toute escalade du conflit impliquant le Hezbollah libanais modifierait complètement les calculs régionaux et confronterait Israël à un défi sécuritaire d'une ampleur inégalée depuis un demi-siècle.

«Notre histoire, nos armes et nos roquettes sont avec vous», a déclaré un haut responsable du Hezbollah, Hachem Safieddine, lors d'un rassemblement en faveur du Hamas dans l'est de Beyrouth dimanche.

Malgré cela, le Hezbollah pourrait choisir de garder ses cartouches au sec à cette occasion. Son arsenal de roquettes actuellement pointées sur Israël dissuade fortement ce dernier de prendre des mesures préventives à l'encontre de l'Iran.

Vient ensuite la question des coûts et du soutien politique. Éprouvée par la pandémie, les conflits et la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants, et accablée par la faiblesse de ses finances publiques, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord n'est, de l'avis général, pas en mesure de résister aux répercussions directes et indirectes d'un conflit.

EN BREF

- Les accords d'Oslo ont conduit à la création de l'Autorité palestinienne, chargée d'assurer une autonomie palestinienne limitée sur certaines parties de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

- La bande de Gaza est une étroite bande de terre densément peuplée appuyée sur la mer Méditerranée, bloquée par la marine israélienne depuis 2009 et fermée à tout trafic maritime.

- Le Hamas, qui a remporté les élections législatives en 2006, a expulsé l'Autorité palestinienne et a pris le contrôle total de Gaza en 2007.

Selon les experts, l'état de l'économie politique dans les pays arabes, allant de la Tunisie et de la Libye à l'ouest, au Yémen à l'est, est au mieux précaire. Selon un blog du Fonds monétaire international datant de juin, une combinaison de risques fiscaux et de développements externes tels que les hausses de taux d'intérêt et les flambées des prix des denrées alimentaires et des carburants a mis les finances publiques sous forte pression dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire du monde arabe.

Au Liban, plusieurs hommes politiques ont mis en garde contre le risque d'entraîner le pays dans le conflit entre Israël et le Hamas, affirmant que la stabilité et l'unité, dans un contexte de crise économique prolongée, devaient être prioritaires.

Abdallah Bou Habib, ministre libanais des Affaires étrangères, a exigé du Hezbollah qu'il lui garantisse qu'il ne se joindrait pas aux combats provocation, tandis que Najib Mikati, Premier ministre libanais, a insisté sur la nécessité de préserver la sécurité.

Les analystes estiment que le gouvernement libanais, sans président depuis près d'un an, n'a que peu ou pas d'influence sur les décisions du Hezbollah. Ils ajoutent toutefois que la mesure dans laquelle le Hezbollah est prêt à s'impliquer dans le conflit de Gaza dépendra dans une certaine mesure de l'ampleur de la confrontation entre Israël et le Hamas. Toute tentative d'élimination totale du groupe pourrait entraîner une escalade régionale.

L'armée israélienne a intensifié ses attaques sur Gaza en représailles à l'assaut sans précédent lancé le week-end dernier par le Hamas contre Israël (Photo, AFP).

«Je pense qu'il y a un autre élément à prendre en considération, et c'est ce que les Israéliens vont faire à Gaza», a révélé Young, de Carnegie Middle East, à Arab News. «S'ils menacent l'existence du Hamas, nous pouvons supposer que le Hezbollah interviendra pour tenter d'éviter cette situation.»

«Mais pour les Israéliens, une menace existentielle signifie une prise de contrôle complète de Gaza sans trop de pertes. Cela impliquerait que l'armée entre dans les maisons et arrête des milliers de jeunes hommes qui sont des combattants du Hamas.

«Il s'agit d'une mission extrêmement difficile pour les Israéliens. Je doute qu'ils soient en mesure de le faire. C'est la pire chose possible pour eux d'être pris dans la bande de Gaza de cette manière. Et c'est précisément ce que veulent les Iraniens: entraîner les Israéliens dans des combats de rue à Gaza.»

Si Israël, avec le soutien des États-Unis, décide d'affronter directement l'Iran, soupçonné d'avoir participé à l'assaut du Hamas, Téhéran pourrait réagir en interrompant le flux de pétrole à travers le détroit d'Ormuz, ce qui entraînerait une hausse massive du prix du brut sur les marchés mondiaux.

Israël bombarde la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas samedi (Photo, AFP).

Les prix du pétrole ont déjà augmenté cette semaine en raison du risque accru d'une guerre plus large impliquant les États arabes du Golfe exportateurs d'énergie.

Certains commentateurs ont exprimé l'espoir qu'un conflit décisif entre Israël et le Hamas pourrait créer une surprise, de la même manière que la guerre israélo-arabe de 1973 avait aboutie aux accords de paix de Camp David et à la normalisation des relations entre Israël et l'Égypte.

Le journaliste et chroniqueur égyptien Abdellatif el-Menawy a mis en doute la possibilité d'une telle issue. «À la lumière de ce qu'ils ont fait jusqu'à présent, les Palestiniens ont le droit de se vanter d'une certaine “victoire”, quelle que soit la suite des événements. Cela peut être considéré comme le début d'un processus politique», a-t-il expliqué à Arab News. «Mais le Hamas et Israël peuvent-ils être des partenaires de paix? Les deux parties ont eu de multiples occasions de le prouver.

«Le Hamas avait une chance de gouverner Gaza de manière responsable, de prouver sa valeur et de dissiper l'idée qu'il n'était rien de plus qu'une mafia islamique palestinienne, uniquement intéressée par le maintien de son emprise sur Gaza, et prête à servir de patte de chat à l'Iran au lieu de faire de son objectif principal la création d'un nouvel avenir pour les Palestiniens en partenariat avec leurs partenaires de Ramallah (l'Autorité palestinienne).

«Parallèlement, l'opération déluge d'Al-Aqsa a été le type de résultat – et d'autres sont probablement à venir – que l'on ne peut qu'attendre de la poursuite de l'occupation israélienne illégale des territoires palestiniens et de ses politiques de discrimination raciale, d'usurpation de terres, d'empiétement des colonies et de soumission des Palestiniens à des conditions inhumaines.

Une patrouille de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) traverse la plaine de Khiam, au sud du Liban, le long de la frontière avec Israël (Photo, AFP).

«Il serait étrange qu'une personne rationnelle s'attende à un résultat autre qu'une explosion», a signalé El-Menawy.

Il est clair que dans l'immédiat, l'assaut meurtrier du Hamas a anéanti les espoirs d'une ère de paix, fait craindre que la situation ne devienne incontrôlable et fait planer le spectre d'un conflit ruineux impliquant des pays dont les économies sont déjà dans une situation précaire.

Seul le temps nous dira si cela a également augmenté les chances d'un règlement qui fasse progresser de manière significative les droits et les aspirations du peuple palestinien à devenir un État.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.