La semaine du climat de la région MENA s'achève à Riyad sur un appel aux partenariats

Des experts et des parties prenantes se sont réunis cette semaine à Riyad pour discuter de la manière dont les dernières avancées technologiques, les innovations et les politiques durables peuvent aider la région à lutter contre le changement climatique (Photo, AN/Huda Bashatah).
Des experts et des parties prenantes se sont réunis cette semaine à Riyad pour discuter de la manière dont les dernières avancées technologiques, les innovations et les politiques durables peuvent aider la région à lutter contre le changement climatique (Photo, AN/Huda Bashatah).
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Publié le Vendredi 13 octobre 2023

La semaine du climat de la région MENA s'achève à Riyad sur un appel aux partenariats

  • Les participants ont exploré les moyens de parvenir à une situation zéro émission nette grâce aux progrès technologiques, à l'innovation et aux politiques durables
  • Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord connaissent des conditions météorologiques extrêmes, une dégradation de l'environnement, une pénurie d'eau et une insécurité alimentaire

RIYAD: Des responsables, des scientifiques et des chefs d'entreprise du monde entier se sont réunis à Riyad, la capitale saoudienne, pour discuter des moyens de lutter contre le changement climatique dans le cadre d'un programme chargé de réunions et d'événements organisés à l'occasion de la Semaine du climat du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.

Des experts et des parties prenantes ont été réunis pour collaborer à la mission commune de parvenir à zéro émission nette en explorant les possibilités d'application des dernières avancées technologiques, des solutions innovantes et des politiques durables.

La Semaine du climat de la région MENA a été organisée par la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. L'un de ses objectifs était de fournir des contributions spécifiques à la région afin d’informer le premier bilan mondial de l'Accord de Paris de 2015 avant la Conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP28, qui se tiendra à Dubaï en novembre prochain.

FEUILLE DE ROUTE 2030

600 millions d'arbres à planter

44 millions tonnes de CO2 seront capturées d'ici 2027 grâce à la coentreprise d'Aramco, axée sur le pôle industriel de Jubail

650 tonnes d'hydrogène propre à produire à partir de 2026

50% de la production d'électricité de l'Arabie saoudite provient des énergies renouvelables

30% des terres et des mers sont protégées

«C'est une semaine formidable au cours de laquelle nous avons eu l'occasion d'échanger avec de nombreuses personnes non seulement de la région MENA, mais aussi de l'extérieur, qui ont vu de nombreux intervenants extérieurs venir partager leurs expériences», a déclaré Fahad al-Ajlan, président du Centre d'études et de recherches pétrolières Roi Abdallah, à Arab News, en marge de l'événement.

«Il était très important d'avoir ce dialogue, en particulier avant la COP28 aux Émirats arabes unis», a-t-il ajouté.

Cet événement de cinq jours, organisé pour la première fois à Riyad, a accueilli plus de 10 000 participants de 115 pays. Il comprenait des sessions sur la transition vers une économie fondée sur l'énergie propre et sur le rôle des politiques gouvernementales dans la réalisation de l'objectif «zéro émission nette».

Le moment n'aurait pu être plus critique. Certaines régions du Moyen-Orient subissent de plus en plus les effets du changement climatique, avec des phénomènes météorologiques extrêmes très fréquents, entraînant une dégradation de l'environnement, un stress hydrique et une insécurité alimentaire.

Plus de 10 000 participants de 115 pays ont assisté à cet événement de cinq jours, organisé pour la première fois à Riyad (Photo, AN/Huda Bashatah).

C'est pourquoi l'Arabie saoudite a fait de sa réponse à la crise climatique une priorité absolue, en mettant en œuvre une série d'initiatives destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à capturer le carbone de l'atmosphère, à verdir ses espaces urbains et à protéger les habitats de la faune et de la flore.

L'organisation de la Semaine climatique de la région MENA a donné à l’Arabie saoudite l'occasion de démontrer son leadership dans le dossier climat de la région.

«La convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) accueille la semaine du climat dans les différentes régions, et c'est vraiment important pour le processus multilatéral mondial parce que nous avons les négociations, mais nous avons aussi besoin d'un espace pour discuter des meilleures pratiques, pour amener les parties prenantes à discuter de leurs défis, pour avoir des opportunités de réseautage pour les entreprises afin de permettre une action climatique sur le terrain», a déclaré à Arab News, Nora al-Issa, spécialiste de la politique internationale au ministère saoudien de l'Énergie.

«Il s'agit d'un moment crucial pour relier les deux COP (dont la COP27 de l'année dernière en Égypte) et mettre en évidence les principales préoccupations des régions, mais aussi la manière dont la région avance avec des initiatives, des objectifs, mais aussi avec la mise en œuvre de ces objectifs.

«Je pense que son Altesse Royale (le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l'Énergie) a très bien illustré ce point dans les différents thèmes majeurs: ce qui est vraiment important, c'est que nous parlions d'objectifs, mais aussi de la manière dont nous les mettons en œuvre, des partenariats et des solutions nécessaires sur le terrain.

Lors de l'événement, le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l'Énergie, a expliqué pourquoi il est important de parler des objectifs, de la manière dont ils sont mis en œuvre, des partenariats et des solutions nécessaires (Photo, AN/Huda Bashatah).

«Et c'est ce que nous espérons permettre lors de cette semaine du climat. Des solutions et des cadres permettant à chacun de jouer un rôle», a souligné le prince Abdelaziz.

Le secteur de l'énergie joue un rôle central dans le défi climatique, puisqu'il représente environ deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Bien que ce secteur soit l'un des principaux responsables de ces émissions, il est également un initiateur essentiel de solutions durables, notamment l'énergie de l'hydrogène.

«Il est extrêmement important que notre région fasse preuve d'une telle volonté politique, parce que nous disposons des ressources naturelles et des capacités nécessaires pour exceller dans le domaine des hydrocarbures, mais aussi dans celui des sources d'énergie plus propres», a indiqué Al-Issa.

«Le message de la Semaine climatique de la région MENA est que toutes les solutions sont importantes et que toutes les solutions sont nécessaires», a-t-elle insisté.

Reconnaissant la gravité de la situation, la Semaine climatique de la région MENA a proposé trois sessions ministérielles de haut niveau: faire progresser l'inclusivité et la circularité pour des transitions énergétiques justes et équitables, le financement inclusif et la diversification économique vers les objectifs de l'Accord de Paris, et avancer vers un objectif mondial sur l'adaptation pour un monde à 1,5 C.

Adel al-Jubeir, ministre d'État saoudien aux Affaires étrangères et envoyé climatique (à gauche) et Shauna Aminath, ministre de l'Environnement, du Changement climatique et de la Technologie des Maldives lors d'un panel ministériel de haut niveau (Photo, AN/Huda Bashatah).

Tout au long de la semaine, les participants ont pris part à des sessions et à des événements parallèles sur la planification intégrée pour la résilience urbaine dans un climat changeant, l'amélioration de l'application du droit maritime pour une action climatique basée sur les océans, et les opportunités et défis de l'intégration de systèmes énergétiques intelligents pour un avenir durable.

Le deuxième jour a marqué le lancement de quatre pistes thématiques qui se sont poursuivies tout au long de la semaine. Des sessions parallèles ont pris place sur les systèmes énergétiques et l'industrie, les villes, les établissements urbains et ruraux, les infrastructures et les transports, la terre, les océans, l'alimentation et l'eau, ainsi que les sociétés, la santé, les moyens de subsistance et les économies.

Le deuxième jour a également vu le lancement de l'application web du mécanisme saoudien de crédit et de compensation des émissions de gaz à effet de serre, GCOM, à l'initiative du prince Abdelaziz.

Ce système volontaire basé sur des projets s'aligne sur l'article 6 de l'Accord de Paris, couvrant les mesures de gaz à effet de serre et de gaz non-effet de serre dans tous les secteurs de l’Arabie saoudite, et est ouvert aux secteurs public et privé, ainsi qu'aux filiales d'entreprises étrangères.

La Semaine du climat de la région MENA a également vu la participation de plusieurs universités, centres de recherche et groupes de réflexion, qui jouent un rôle essentiel dans l'avancement du débat en cours sur le changement climatique en fournissant des recherches indépendantes, des analyses et des recommandations politiques.

Al-Ajlan, président du Centre d'études et de recherches pétrolières Roi Abdallah, a souligné l'engagement de son organisation en faveur du climat et de la durabilité. En effet, le centre a joué un rôle essentiel dans la promotion de l'ambition climatique, notamment en lançant l'indice de l'économie circulaire du carbone.

Fahad al-Ajlan, président du Centre d'études et de recherches pétrolières roi Abdallah, était l'un des représentants officiels à prendre la parole lors des sessions (Photo, AN/Huda Bashatah).

L'indice, qui suit les ambitions de 64 pays en matière de climat et de développement durable, est conçu pour faciliter le partage des meilleures pratiques et pour développer les objectifs d'autres pays et secteurs.

«En ce qui concerne le risque climatique, il s'agit en partie de partager les connaissances et les meilleures pratiques dont dispose l'Arabie saoudite en tant que leader dans la région, mais aussi spécifiquement en ce qui concerne l'ambition climatique», a expliqué Al-Ajlan à Arab News.

«Comment pouvons-nous transmettre certaines de ces meilleures pratiques à d'autres pays et à d'autres secteurs qui peuvent également s'en inspirer et continuer à réaliser et à améliorer leur ambition et leur vision?», a-t-il insisté.

Le troisième jour de la semaine climatique de la région MENA a été marqué par des événements parallèles sur la restauration des récifs coralliens, les solutions naturelles pour la gestion de l'eau dans la région et le lancement d'un centre de recherche mondial pour le tourisme durable en Arabie saoudite.

Des personnalités et des dirigeants de la région MENA et de la région élargie participent à un événement d'une semaine (Photo, AN/Huda Bashatah).

Des pôles d'action interactifs ont également exploré les possibilités et les solutions de réutilisation ou de remplacement des plastiques, l'alphabétisation et l'émancipation des jeunes en matière d'énergie, et la technologie de captage cryogénique du carbone.

Le quatrième jour, un documentaire intitulé «Between the Rains» («Entre les pluies») a été projeté, mettant en lumière les dimensions humaines du changement climatique et la nécessité de s'adapter aux conditions changeantes.

D'autres événements ont porté sur la localisation du financement climatique afin d'en améliorer l'accès au niveau local, sur un cadre mondial pour la durabilité dans le secteur des technologies de l'information et de la communication, et sur une planification municipale résiliente au climat et tenant compte de la dimension sexospécifique dans la région MENA.

L'un des temps forts de la journée a été la publication d'un rapport explorant les défis auxquels l'Arabie saoudite et l'ensemble de la région MENA pourraient être confrontés dans un monde où les températures pourraient dépasser de 3°C les niveaux préindustriels d'ici la fin du siècle.

Ce rapport, fruit d'une collaboration entre l'Université des sciences et technologies roi Abdallah, AEON Collective et le Centre d'études et de recherches pétrolières Roi Abdallah, propose une analyse complète de l'impact du changement climatique sur les divers habitats de l'Arabie saoudite.

Plus de 10 000 participants de 115 pays ont assisté à cet événement de cinq jours, organisé pour la première fois à Riyad (Photo, AN/Huda Bashatah).

Le rapport souligne que l'Arabie saoudite subit les effets du changement climatique à un rythme beaucoup plus rapide que les autres régions. La gravité de ces effets dépend d'une série de scénarios socio-économiques et d'émissions.

Dans le scénario le plus extrême, les températures dans la péninsule arabique pourraient augmenter de 5,6°C d'ici la fin du siècle.

Le dernier jour de la Semaine climatique de la région MENA a été consacré à des sessions sur la libération du potentiel des marchés du carbone pour la réduction et l'élimination des émissions, en reconnaissant le rôle qu'ils jouent dans la réalisation de l'objectif «zéro émission nette».

Les discussions ont porté sur l'efficacité des technologies de captage, d'utilisation et de stockage du carbone et ont permis de faire la lumière sur le sujet souvent négligé des effets du changement climatique sur la santé.

Le programme a également exploré des sujets tels que l'agriculture intelligente, l'économie circulaire du carbone et la promotion de l'innovation verte incluant les centres, offrant des solutions pratiques qui, une fois combinées, créent une approche holistique d'un avenir durable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite s’inquiète des pressions de l’EAU sur le STC et met en garde contre des menaces sécuritaires

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  • L’Arabie saoudite a souligné que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge »
  • Riyad a également insisté sur l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures

Riyad : L’Arabie saoudite a exprimé mardi ses regrets face à ce qu’elle a qualifié de pressions exercées par les Émirats arabes unis sur les forces du Conseil de transition du Sud (STC) afin de mener des opérations militaires dans les gouvernorats yéménites de Hadramaout et d’Al-Mahra, avertissant que de telles actions constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume et la stabilité régionale.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué que ces démarches alléguées étaient incompatibles avec les principes de la Coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu et qu’elles compromettaient les efforts en cours visant à instaurer la sécurité et la stabilité dans le pays.

#Statement | Pursuant to the statement issued by the Ministry of Foreign Affairs on 25/12/2025 corresponding to 5/7/1447 regarding the Kingdom’s concerted efforts, working with the brotherly United Arab Emirates, to end and contain the escalatory steps taken by the Southern… pic.twitter.com/lTyU0gLgpf

— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) December 30, 2025

Le ministère a fait référence à de précédentes déclarations du Conseil présidentiel de direction du Yémen et du commandement de la coalition concernant le déplacement de navires transportant des armes et des véhicules lourds depuis le port de Fujairah vers Al-Mukalla sans autorisation officielle.

L’Arabie saoudite a affirmé que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge », ajoutant qu’elle n’hésiterait pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à de tels risques et les neutraliser.

Le Royaume a réaffirmé son soutien à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté du Yémen, ainsi que son appui total au Conseil présidentiel yéménite et à son gouvernement. Il a également rappelé que la question du Sud est une cause juste qui ne peut être résolue que par le dialogue, dans le cadre d’une solution politique globale impliquant toutes les parties yéménites, y compris le STC.

Riyad a en outre souligné l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures et de cesser tout soutien militaire ou financier à toute faction yéménite.

Le communiqué a appelé à la prévalence de la sagesse afin de préserver l’unité du Golfe, les relations bilatérales et l’objectif commun de stabilité et de développement régionaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Survivants traumatisés et «conditions indignes»: récit de la première mission de l'ONU à El-Facher

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  • Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même"
  • A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues

PORT-SOUDAN: Des survivants traumatisés vivant des "conditions indignes", sans eau ni assainissement: pour la première fois depuis le siège par les paramilitaires d'El-Facher dans l'ouest du Soudan, une équipe de l'ONU a pu se rendre sur place.

Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même", "une scène de crime", a résumé dans un entretien lundi avec l'AFP la coordinatrice humanitaire Denise Brown, qui n'a été autorisée à passer que "quelques heures" sur place.

A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues.

"De larges parties de la ville sont détruites", raconte Mme Brown: El-Facher est devenue "l'un des épicentres de la souffrance humaine" dans la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière aux paramilitaires.

Accès "âprement négocié" 

Fin octobre, les FSR se sont emparées du dernier bastion de l'armée au Darfour lors d'une offensive sanglante marquée par des exécutions, pillages et viols.

Depuis, ils ont imposé un black-out sur la ville, l'isolant du monde. A l'exception de vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-mêmes, suscitant l'indignation internationale, très peu d'informations ont filtré.

Plus de 107.000 personnes ont fui, selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

Vendredi, l'équipe onusienne a pu pénétrer dans la ville après avoir "négocié âprement", explique la responsable canadienne, chargée pour le Soudan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Elle décrit des survivants "traumatisés vivant sous bâches plastiques", dans des conditions qu'elle qualifie "d'indignes et dangereuses".

Impossible de donner des chiffres à ce stade sur combien sont restés sur place. "Nous n'avons pas encore assez d'informations", dit-elle, alors que la ville comptait avant la guerre plus d'un million d'habitants.

L'équipe pouvait se déplacer librement vers les sites sélectionnés: l'hôpital saoudien, des abris de déplacés et cinq bureaux abandonnés de l'ONU.

Le complexe hospitalier, l'un des derniers en ville, "tient encore debout" avec du personnel médical sur place, mais il est à court d'antibiotiques et d'équipements, et quasi vide de patients.

"Partie émergée de l'iceberg" 

Privée d'aide humanitaire, El-Facher s'est retrouvée à court de tout pendant les 18 mois de siège.

Pour survivre, les habitants se sont résolus à manger de la nourriture pour animaux. En novembre, l'ONU y a confirmé l'état de famine.

"Un petit marché" subsiste avec de minuscules paquets de riz, des tomates, oignons et patates, quelques biscuits: "les gens n'ont pas les moyens d'acheter davantage", a-t-elle décrypté.

L'équipe "n'a pu voir aucun des détenus, et nous croyons qu'il y en a", a précisé la responsable onusienne.

"Nous n'avons vu que la partie émergée de l'iceberg", a-t-elle admis, "soucieuse" d'éviter les zones jonchées de munitions non explosées et de mines, dans un conflit qui a déjà tué 128 travailleurs humanitaires.

Les analyses d'images satellites et les témoignages recueillis par l'AFP font régulièrement état d'exactions sommaires et de fosses communes dans la ville, mais la responsable a préféré réserver ses observations aux experts des droits humains de l'ONU, qui préparent un rapport sur les atrocités à El-Facher.

La guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné 11 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".