Moyen-Orient: «une région extrêmement importante» pour le groupe RATP

«Aujourd’hui l'émirat de Dubaï est en quête d’un nouvel opérateur pour son métro et son tramway. Fort logiquement, au vu de nos positions dans la région, nous sommes candidats.» Olivier Badard. (AFP)
«Aujourd’hui l'émirat de Dubaï est en quête d’un nouvel opérateur pour son métro et son tramway. Fort logiquement, au vu de nos positions dans la région, nous sommes candidats.» Olivier Badard. (AFP)
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Publié le Mardi 22 décembre 2020

Moyen-Orient: «une région extrêmement importante» pour le groupe RATP

  • RATP Dev, une filiale du groupe français de transports urbains RATP créée en 2002, est aujourd’hui présente dans treize pays, dont l’Arabie saoudite
  • «Paradoxalement, je pense que nous avons investi en 2020 autant, si ce n’est plus, pour le futur que nous ne l’avons fait ces dernières années», explique Olivier Badard, le directeur de la région Asie, Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de RATP Dev

DUBAÏ: RATP Dev, une filiale du groupe français de transports urbains RATP créée en 2002, est aujourd’hui présente dans treize pays, dont l’Arabie saoudite. Chargée de gérer et d’entretenir un grand nombre de réseaux de transports urbains, RATP Dev est devenue, depuis quelques années, un acteur très important du transport, notamment dans la région du Moyen-Orient.

M. Olivier Badard, directeur de la région Asie, Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de RATP Dev, livre dans une interview accordée à Arab News en français un aperçu des différents investissements réalisés par l’entreprise dans la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient (Mena). Il évoque aussi les ambitions de cette filiale dans le domaine de la mobilité urbaine à travers l’exposition 2020 de Dubaï, ainsi que les actions qu’elle met en place afin de répondre au mieux aux défis sanitaires et sociaux que connaît la région.

Plusieurs centaines de millions d’euros ont été soustraits au chiffre d'affaires de la RATP pour l'année 2020, selon les rapports financiers du groupe. Pensez-vous que la crise que traverse le transport public en général et la RATP en particulier constituera un frein au développement de nouveaux projets ou, au contraire, qu’elle sera une source de motivation pour explorer de nouvelles opportunités technologiques et d’investissement?

Fondamentalement, pour les opérateurs de mobilité, 2020 est une année difficile, sans aucun doute. Néanmoins, au sein du groupe RATP et au sein de RATP Dev en particulier, nous avons fait de l’enjeu auquel nous avons été confrontés en 2020 une opportunité pour accélérer notre développement, de manière à anticiper les éventuels défis futurs.

Paradoxalement, je pense que nous avons investi en 2020 autant, si ce n’est plus, pour le futur que nous ne l’avons fait ces dernières années. Finalement, cette difficulté que l’on a connue du fait de la crise sanitaire en 2020 nous a donné l’envie et le besoin de décupler nos efforts afin de rayonner de manière globalement plus pérenne et plus marquante.

Olivier Badard

Nous avons annoncé un grand nombre de choses très importantes au cours de l'année 2020. Pas plus tard qu’hier, nous avons annoncé un partenariat extrêmement structurant lors de la visite à Singapour du ministre Franck Riester. Nous avons continué à progresser et à servir les autorités de transport avec leurs mobilités du quotidien. Certains réseaux ont été arrêtés, pour d’autres, nous avons dû adapter l’offre à la demande, en fonction des contraintes réglementaires des pays dans lesquels nous évoluons. Mais, de manière générale, je pense que l’on sortira de 2020 avec l’espoir que l’année 2021 sera plus prolifique et moins contraignante. Je pense que nous en sortirons avec un bénéfice sur les investissements que l’on a bien voulu faire en 2020. Donc, nous n’avons pas vu de ralentissement majeur sur les investissements ni sur nos projets, au contraire.

Le Moyen-Orient est devenu une zone extrêmement importante pour le groupe RATP.

Olivier Badard

Le groupe RATP est le quatrième opérateur mondial de transport urbain en chiffre d’affaires et il est devenu un acteur important du transport urbain au Moyen-Orient. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les projets phares actuellement menés dans la région, mais également sur les ambitions de RATP Dev à travers cette exposition qui se tiendra en octobre de l’année prochaine à Dubaï?

Le Moyen-Orient est devenu une zone extrêmement importante pour le groupe RATP. Fondamentalement, les positions que nous avons aujourd’hui dans la région sont les suivantes:

Depuis 2014, nous avons reçu un contrat majeur à Riyad pour construire, mobiliser et mettre en service le réseau de bus de la ville sur un contrat de douze ans.

En 2018, nous avons gagné un contrat d’exploitation et de maintenance d’une partie du métro de Riyad, là encore sur un contrat long terme de douze ans.

 

Globalement, cette zone Afrique du Nord et Moyen-Orient est essentielle. Sans que ce soit un très grand secret, nous ambitionnons évidemment de continuer à nous développer dans les pays du Moyen-Orient, peut-être aux Émirats arabes unis également.

Olivier Badard

Le 1er septembre dernier, nous avions annoncé un contrat de très long terme, de quinze années, au Caire, pour l’exploitation et la maintenance de la ligne 3. C’est un exemple parmi les projets qui se sont matérialisés pendant la phase Covid. Nous avons déployé par ailleurs dès le mois de septembre – au moment de la signature de ce contrat – toutes les ressources, les compétences, les personnes requises pour exécuter ce contrat.

RATP Dev a été créé il y a une quinzaine d'années, justement pour capitaliser sur le savoir-faire du groupe RATP acquis dans la région parisienne et grâce à Île-de-France Mobilités, notre client.

Au-delà de ce que l’on a fait au Moyen-Orient, nous disposons également de positions historiques en Afrique du Nord. Nous sommes depuis maintenant plus de dix ans en Algérie. Nous avons mis en service six tramways dans le pays et nous avons été l'opérateur du métro d’Alger. Par ailleurs, nous sommes aussi présents depuis plusieurs années à Casablanca, où nous avons en charge deux lignes du réseau de tramway.

Donc, globalement, cette zone Afrique du Nord et Moyen-Orient est essentielle. Sans que ce soit un très grand secret, nous ambitionnons évidemment de continuer à nous développer dans les pays du Moyen-Orient, peut-être aux Émirats arabes unis également, parce qu’aujourd’hui l'émirat de Dubaï est en quête d’un nouvel opérateur pour son métro et son tramway. Fort logiquement, au vu de nos positions dans la région, nous sommes candidats.

Cette pandémie mondiale de coronavirus a, comme vous le savez, eu des lourdes répercussions sur les transports publics et elle a mis en relief nos défaillances en termes de résilience urbaine. Quelle stratégie RATP Dev met-elle en place afin de soutenir les efforts que fait le Moyen-Orient pour relever le défi de développement de villes durables, inclusives et connectées?

Ce que nous comptons faire, et que nous faisons déjà, dans les contrats qui sont les nôtres et sur les réseaux de transport urbains que nous avons mis en service au Moyen-Orient, c’est évidemment d’apporter toute la compétence et les innovations que nous avons pu déployer dans les autres pays du monde. En particulier, si l’on prend l’exemple de Paris, sous la direction de la région Île-de-France, le réseau de transport public a été un lien vital prépondérant qui a gardé tout son sens, et pour lequel la priorité a été donnée au maintien du service, malgré la réduction de l’offre. Il était essentiel que les personnels de santé puissent se rendre sur leurs lieux de travail. Ce que nous avons fait à Paris, comme dans tous les pays où nous sommes implantés, c’est de mettre en place des protocoles sanitaires. Nous avons mis en place un certain nombre de mesures, certes onéreuses, mais qui étaient essentielles. Nous avons accéléré le déploiement de solutions de paiement sans contact, de façon à réduire les interactions physiques.

Cette année, qui a été délicate, je le confirme, nous a permis d'accélérer des plans et des initiatives d’innovation qui étaient essentiels dans tout projet de mobilité urbaine.

Olivier Badard

Il y a deux ans, RATP Dev Moyen-Orient a signé la Déclaration de soutien des chefs d’entreprise en faveur des principes d’autonomisation des femmes pour promouvoir, entre autres, l'égalité hommes-femmes. Pouvez-vous nous en dire davantage? Et prévoyez-vous de nouvelles initiatives dans ce sens?

La réponse est oui, sans aucun doute. Je peux vous donner un exemple: j'étais la semaine dernière à Riyad, où nous sommes en train de recruter et de former des personnels qui, demain, exploiteront et maintiendront, d’un point de vue technique, une partie du réseau du métro de Riyad.

J’ai été ravi de participer moi-même à la conclusion d’une session de formation de jeunes femmes saoudiennes qui nous ont rejoints à RATP Dev en Arabie saoudite.

Olivier Badard

Nous les formons à devenir des responsables de station, qui travaillent sur l’accueil, la fluidité des passagers dans le réseau du métro de Riyad. J’étais entouré de jeunes femmes saoudiennes qui sont tout à fait fières d’avoir terminé leur formation, d’avoir rejoint RATP Dev en Arabie saoudite. C'est très valorisant et, qui plus est, cela fait partie des valeurs essentielles du groupe RATP à travers le monde.

Ainsi, en Arabie saoudite, sur le réseau de bus de Riyad, nous nous sommes engagés à compter, sur 3 000 conducteurs de bus, au moins 100 conductrices. Si vous regardez du côté de l’Algérie et du Maroc, où nous sommes présents depuis dix à douze années, nous avons aujourd’hui des taux de localisation de personnel via nos transferts de compétences qui atteignent 95 à 97%. Nous avons près de 5 000 employés en Algérie et 1 000 au Maroc. Sur ces 6 000 employés, vous avez un taux d'algérianisation en Algérie et de marocanisation au Maroc qui dépasse les 95%.

Nous avons l’ambition, en Arabie saoudite, sur une période de cinq à dix années, que nos taux de saoudisation dépassent 50%, parmi lesquels une place prépondérante sera réservée aux femmes.

Olivier Badard

 


La Qatar Investment Authority s’engage à soutenir le secteur français des semi-conducteurs

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
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  • Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe
  • Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation

RIYAD: Le Qatar va se lancer dans l’industrie technologique française, un grand organisme d'investissement qui a annoncé son intention de s’engager financièrement dans Ardian Semiconductor.

Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe. Cela confirme son rôle de partenaire financier privilégié dans les sous-secteurs technologiques clés, notamment dans le développement de la chaîne d’approvisionnement.

Selon un communiqué officiel, l’attention stratégique que la QIA accorde à ce secteur reflète sa conviction du rôle essentiel que jouent les semi-conducteurs dans la stimulation des transformations numériques et écologiques dans des industries vitales telles que l’intelligence artificielle, la mobilité et la technologie grand public.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation.

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire prise en juin 2023 dans la société japonaise Kokusai Electric Corp., leader dans la fabrication de semi-conducteurs. Cela témoigne de l’engagement continu de la QIA à réaliser des investissements importants dans ce domaine à l’échelle mondiale.

En outre, le 13 mai, la QIA a annoncé son intention de porter son partenariat d'investissement avec Bpifrance à 300 millions d’euros, renforçant ainsi leur engagement commun à stimuler la croissance économique et l’innovation en France. Cela marque un tournant dans leur collaboration, initialement établie dans le cadre de la coentreprise Future French Champions.

Lors de la première phase de ce partenariat, qui s’est achevée en 2021, près de 300 millions d’euros ont été consacrés à la création d’emplois, au développement économique et, plus particulièrement, au renforcement du secteur des petites et moyennes entreprises françaises.

Fortes de ces réalisations, les deux entités sont passées à la deuxième phase de leur collaboration en janvier 2023, s’engageant à verser 300 millions d’euros supplémentaires.

Ils prévoient désormais d’entamer une troisième phase, en promettant jusqu’à 300 nouveaux millions d’euros une fois que les fonds actuels auront été entièrement déployés.

Le partenariat renouvelé se focalisera sur des priorités stratégiques telles que l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs, l’informatique quantique, les soins de santé, le secteur aérospatial et la transition énergétique.

Ces investissements sont destinés à faire progresser les capacités technologiques, à améliorer la compétitivité dans divers secteurs et à promouvoir une croissance durable, reflétant ainsi l’engagement des deux parties à promouvoir des innovations importantes et à soutenir les objectifs économiques à long terme de la France.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


PwC: Le marché des introductions en bourse au Moyen-Orient devrait poursuivre sa croissance en 2024

PwC estime que le programme de privatisation dans l’ensemble du CCG entraînera une augmentation du nombre d’introductions en bourse. (Shutterstock)
PwC estime que le programme de privatisation dans l’ensemble du CCG entraînera une augmentation du nombre d’introductions en bourse. (Shutterstock)
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  • Sur le marché primaire, trois introductions en bourse ont rapporté un total de 667 millions de dollars
  • Le rapport prévoit que le paysage des introductions en bourse restera dynamique jusqu’à la fin de l’année 2024 grâce à un solide portefeuille de projets

RIYAD: Selon un nouveau rapport, en raison des gains significatifs enregistrés après les introductions en bourse qui ont eu lieu au cours du premier trimestre, celles du Moyen-Orient devraient continuer à enregistrer des résultats positifs sur le marché secondaire cette année.

Le dernier rapport de PwC, intitulé «IPO+ Watch», évoque l’émergence de la Bourse saoudienne en tant que force dominante dans l’activité d’introduction en bourse du Conseil de coopération du Golfe (CCG). La majorité des introductions ont eu lieu au cours du premier trimestre, ce qui souligne l’attrait de la région pour les investisseurs à la recherche d’opportunités dynamiques.

«Tadawul resterait la bourse la plus active du CCG. En effet, toutes les introductions en bourse, à l’exception d’une, ont eu lieu soit sur le marché principal Tadawul, soit sur le marché parallèle Nomu», indique le rapport.

Sur le marché primaire, trois introductions en bourse ont rapporté un total de 667 millions de dollars (1 dollar = 0,92 euro), tandis que, sur le marché secondaire, six introductions en bourse ont permis de récolter un total de 57 millions de dollars.

Parmi les succès récents, on peut citer les sociétés MBC Group et Avalon Pharma, qui ont toutes deux enregistré des gains substantiels de parts de marché.

Toutefois, le rapport note que le marché a été particulièrement attiré par la demande de Dubai Parking, qui a établi un nouveau record de souscription sur le marché financier de Dubaï. En effet, la demande de cette société a été sursouscrite à 165 reprises.

Au cours des trois premiers mois de l’année, le paysage des introductions en bourse au Moyen-Orient a été caractérisé par une activité dans divers secteurs, présentant une gamme variée d’opportunités d’investissement.

La vague d’introductions en bourse a touché de nombreux secteurs, qu’il s’agisse des marchés de la consommation, avec des sociétés comme Parkin et Modern Mills for Food Products, des industries de la santé représentées par Avalon Pharma ou encore des technologies, des médias et des télécommunications avec MBC Group.

En outre, des introductions en bourse à plus petite échelle ont été observées dans les secteurs des services financiers, de l’industrie, de la fabrication et de l’automobile.

Mohammed Hassan, responsable des marchés des capitaux chez PwC Middle East, a fait part de son optimisme, évoquant avec la sursouscription de Parkin et les gains à deux chiffres réalisés après l’introduction en bourse d’indicateurs une dynamique positive soutenue.

«Nous nous attendons à ce que le programme de privatisation dans l’ensemble du CCG, associé à l’ambition des entreprises familiales privées de se faire coter en bourse, continue à stimuler l’émission d’actions en soutenant la dynamique positive de l’activité d’introduction en bourse dans le CCG en 2024», a-t-il précisé.

En ce qui concerne l’avenir, le rapport prévoit que le paysage des introductions en bourse restera dynamique jusqu’à la fin de l’année 2024 grâce à un solide portefeuille de projets.

Les entreprises du secteur privé qui sont à la recherche de liquidités et d’un accès aux capitaux devraient constituer les principaux moteurs de cette activité, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis étant en tête. Néanmoins, des marchés comme Oman et le Qatar connaissent une dynamique croissante, ce qui laisse présager une expansion régionale plus large de l’activité d’introduction en bourse.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au sommet Choose France, dorures versaillaises et 15 milliards d'euros d'investissements

Le ministre français des Forces armées, Sébastien Lecornu (G), et le PDG français du groupe Iliad et de Free Telecom, Xavier Niel, assistent au septième « Sommet Choose France », qui vise à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au Château de Versailles, près de Paris, le 13 mai 2024. (AFP)
Le ministre français des Forces armées, Sébastien Lecornu (G), et le PDG français du groupe Iliad et de Free Telecom, Xavier Niel, assistent au septième « Sommet Choose France », qui vise à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au Château de Versailles, près de Paris, le 13 mai 2024. (AFP)
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  • Au total, l'Elysée a dévoilé un nombre "record" aussi de 56 projets créant potentiellement 10.000 emplois, après les 28 annonces et 13 milliards de l'édition 2023
  • "Ce genre de sommets a une très grande importance", a estimé Taavi Madiberk, cofondateur de la société Skeleton Technologies en marge du sommet

VERSAILLES: L'un des plus beaux écrins français pour attirer les patrons étrangers: le gouvernement recevait lundi 180 dirigeants au château de Versailles, traditionnelle vitrine du sommet Choose France au cours duquel plus de 15 milliards d'euros d'investissements étrangers, un record, ont été annoncés.

Au total, l'Elysée a dévoilé un nombre "record" aussi de 56 projets créant potentiellement 10.000 emplois, après les 28 annonces et 13 milliards de l'édition 2023.

"Ce genre de sommets a une très grande importance", a estimé Taavi Madiberk, cofondateur de la société Skeleton Technologies en marge du sommet, où cette entreprise s'est engagée à investir 600 millions d'euros pour développer des batteries de nouvelle génération en Occitanie.

Ce dirigeant estonien est présent pour la troisième fois à ce sommet annuel: "cela augmente la visibilité de nos projets" et met "l'ensemble des décideurs clés autour de la table", ministres et patrons d'envergure internationale, dit-il.

Les patrons étrangers ont pu déguster au déjeuner, présidé par le Premier ministre Gabriel Attal, du suprême de poulet et des macarons garnis de pamplemousse en attendant l'arrivée du président Macron à 15H.

Celui-ci a ensuite présidé deux tables rondes à format "exclusif" - moins de 15 patrons - sur les thèmes de la décarbonation et de l'intelligence artificielle, avant de clore une table ronde avec des investisseurs potentiels venus d'Inde, pays avec lequel la France veut accroître ses liens.

Kunal Bajaj, direction de la section aérospatiale du groupe indien Motherson, qui acquiert à Brive (Corrèze) AD Industries pour 150 millions d'euros, a dit prévoir à cette occasion de présenter à ses compatriotes "le parcours fantastique" de son entreprise en France depuis 2009, notamment grâce à l'esprit selon lui "pro-investissement" de l'exécutif.

« Poids lourds »

Après quelques entretiens en tête-à-tête, et avant le dîner dans la prestigieuse galerie des Glaces, M. Macron a vanté devant tous les invités les avancées économiques de la France, tout en réitérant ses inquiétudes sur l'Europe.

Il a observé que les règles de l'Organisation mondiale du travail (OIT) "n'étaient plus respectées par les deux poids lourds" que sont la Chine et les Etats-Unis, à force de subventions à leurs entreprises.

Pour la France, il a annoncé la mise en place en 2025 d'une garantie d'Etat allant jusqu'à la moitié de l'emprunt pour un projet industriel.

Il s'est ensuite livré, hors la présence de la presse, à une séance de questions-réponses avec l'assistance, entamée par le patron de la banque américaine JPMorgan, Jamie Deamon.

Le plus gros investisseur cette année est Microsoft. Le groupe américain consacrera 4 milliards d'euros à un nouveau centre de données dans l'est de la France et à l'agrandissement d'autres en région parisienne et près de Marseille : "l'investissement le plus important que nous ayons jamais réalisé" en France, a déclaré son président Brad Smith à l'AFP.

Le président Macron a salué un investissement qui met la France "dans la compétition des données en même temps que nous voulons être dans celle du calcul pour l'IA".

Il a aussi défendu la "constance" de sa politique économique, qui "produit des résultats", en référence au dernier baromètre EY qui sacre la France championne d'Europe de l'attractivité pour la cinquième année consécutive.

Même si sa plus grande entreprise en matière de chiffre d'affaires, TotalEnergies, envisage de déménager à New York sa cotation boursière principale. Ce projet ne plairait "pas du tout" au président de la République, a-t-il déclaré à l'agence Bloomberg, tout en indiquant qu'il en serait "très surpris" et "attendait la confirmation".

« Clichés qui persistaient »

La plupart des annonces "sont des projets qui auraient vu le jour avec ou sans le sommet", tempère Sylvain Bersinger, économiste en chef au cabinet Asterès. "Le cœur de l'attractivité française" réside davantage selon lui dans le système éducatif, le cadre "juridique, fiscal, l'environnement d'innovation, le marché local".

Outre Microsoft, figurent parmi les projets une nouvelle usine d'engrais bas carbone dans la Somme (FertigHy, 1,3 milliard d'euros) et des investissements d'Amazon pour développer ses infrastructures cloud en région parisienne et son infrastructure logistique en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 milliard).

S'ajoutent également des lignes de production de frites et pommes de terre de McCain (350 millions) dans le Pas-de-Calais et dans la Marne, où s'est rendu M. Macron lundi. Dans le secteur pharmaceutique, Pfizer, AstraZeneca et GSK ont également fait des annonces.

"Nous avons réussi à mettre fin à bon nombre des clichés qui persistaient" en France, a affirmé Gabriel Attal en inaugurant lundi matin le nouveau campus de la banque américaine Morgan Stanley, en référence à la fiscalité ou aux normes.