L'UE défendra à la COP28 la quasi-élimination des combustibles fossiles

Autres engagements portés par l'UE: un triplement d'ici 2030 des capacités installées d'énergies renouvelables, ainsi qu'un doublement de l'efficacité énergétique, en ligne avec la feuille de route du président de la COP28 (Photo, AFP).
Autres engagements portés par l'UE: un triplement d'ici 2030 des capacités installées d'énergies renouvelables, ainsi qu'un doublement de l'efficacité énergétique, en ligne avec la feuille de route du président de la COP28 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 17 octobre 2023

L'UE défendra à la COP28 la quasi-élimination des combustibles fossiles

  • Les ministres de l'UE se sont âprement affrontés sur l'inclusion de ce mot controversé dans le mandat de négociation
  • Les Européens appellent par ailleurs à viser une production d'électricité «entièrement ou très majoritairement décarbonée»

LUXEMBOURG: L'UE défendra à la COP28 l'élimination des combustibles fossiles brûlés sans captage du CO2, avec un pic de leur consommation mondiale dès "cette décennie", selon la position commune des Vingt-Sept adoptée lundi.

Les Européens appelleront par ailleurs à éliminer "aussi tôt que possible" les subventions aux combustibles fossiles qui ne servent pas à combattre la pauvreté énergétique ou à assurer "une transition juste" - mais sans fixer de date-butoir comme l'espéraient les ONG.

"La transition vers une économie climatiquement neutre exigera l'élimination à l'échelle mondiale des combustibles fossiles unabated", c'est-à-dire brûlés sans captage ou stockage du CO2, a résumé le Conseil européen, à l'issue d'une réunion des ministres de l'Environnement de l'UE.

Dans le même temps, les Vingt-Sept prôneront "un secteur énergétique (qui soit) de façon prédominante sans combustibles fossiles bien avant 2050" - formule exprimée cette fois sans la mention "unabated".

Les ministres de l'UE, réunis à Luxembourg, se sont âprement affrontés sur l'inclusion de ce mot controversé dans le mandat de négociation donné au nouveau commissaire européen au Climat, le Néerlandais Wopke Hoekstra, qui les représentera lors de la COP28, conférence des Nations unies sur le climat prévue du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.

A l'unisson des ONG, une partie des pays souhaitait retirer l'adjectif "unabated" ou l'assortir de restrictions sur l'usage des technologies de captage du carbone, de crainte que cela ne serve de prétexte pour continuer à brûler des fossiles et offre une échappatoire au secteur pétro-gazier.

"Nous aurons besoin de ces technologies dans les secteurs où les émissions dans la production sont inévitables, comme le ciment (...) Mais il n'y a pas d'alternative à l'abandon progressif des fossiles, cela doit être clair", avait averti la ministre autrichienne Leonore Gewessler.

"Ces technologies sont intéressantes, mais ne peuvent seules prendre en charge l'essentiel des émissions: il faut les réserver (aux secteurs) qu'on ne sait pas décarboner autrement", abondait son homologue française Agnès Pannier-Runacher.

Finalement, l'adjectif a été conservé dans le texte, mais n'est plus mentionné dans la formulation de l'objectif de long terme d'un "système énergétique" majoritairement sans fossiles "bien avant 2050".

Dans l'immédiat, les technologies de captage du CO2 seront nécessaires mais "devront être réservées aux secteurs pour lesquels il est difficile de se sevrer des fossiles pour une partie du processus industriel", a expliqué après la réunion la ministre espagnole Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

"L'objectif à long terme reste que les fossiles soient progressivement éliminés du mix énergétique", a-t-elle insisté.

Beaucoup de pays pousseront à la COP28 pour décrocher un engagement inédit de l'humanité à sortir des énergies fossiles "unabated".

Ce sera cependant "extrêmement difficile", prévoit Wopke Hoekstra. "C'est une équation à plus de 190 entités, mais il n'y a pas d'autre choix", a-t-il estimé.

«Moteur de changement»

Les Européens appellent par ailleurs à viser une production d'électricité "entièrement ou très majoritairement décarbonée" à l'échelle mondiale à partir "des années 2030".

Autres engagements portés par l'UE: un triplement d'ici 2030 des capacités installées d'énergies renouvelables, ainsi qu'un doublement de l'efficacité énergétique, en ligne avec la feuille de route du président de la COP28.

Un autre sujet faisait débat: les Européens devaient-ils maintenir à Dubaï leur objectif, juridiquement acté, d'une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'ici 2030 par rapport à 1990, ou défendre la baisse de 57% qu'ils devraient de facto atteindre compte tenu des politiques vertes déjà adoptées?

"57%, ce serait une excellente annonce, nous démontrerions clairement que l'Europe est leader" sur l'action climatique, estimait le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic.

Au bout du compte, les Vingt-Sept ont simplement actualisé leur "contribution" pour indiquer qu'ils visaient une baisse d'"au moins 55%" d'ici 2030.

"Nous insistons sur l'effet des mesures adoptées, le message étant que nous dépasserons l'objectif fixé", a souligné Teresa Ribera, estimant que l'UE, par son exemple, pouvait s'imposer "en moteur de changement".

Enfin, les Vingt-Sept appelleront à "renforcer les dispositifs de financement" pour le fonds pertes et dommages, créé à la COP27 et destiné à aider les pays pauvres: la COP28 s'efforcera de parvenir à un accord sur son fonctionnement.

Les Européens pointent "le potentiel des banques multilatérales de développement et institutions financières internationales" et appellent à "mobiliser toutes les sources de financement".

Wopke Hoekstra avait précédemment plaidé pour chercher des ressources propres susceptibles d'abonder, évoquant des taxes internationales sur le kérosène ou le transport maritime, ou encore les recettes du marché du carbone.


La Banque islamique de développement tient ses assemblées à Alger sous le signe de la diversification économique

Les assemblées annuelles 2024 de la Banque islamique de développement se tiendront sous le patronage du roi Salman bin Abdulaziz à Riyad, du 27 au 30 avril 2024. (Shutterstock/File)
Les assemblées annuelles 2024 de la Banque islamique de développement se tiendront sous le patronage du roi Salman bin Abdulaziz à Riyad, du 27 au 30 avril 2024. (Shutterstock/File)
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  • Placée sous le thème « Diversification économique : un enrichissement de la vie », cette 50e édition marque un moment clé pour la coopération multilatérale islamique, en rassemblant 2 000 participants venus des 57 pays membres.
  • Avec un encours global de 3 500 milliards de dollars en 2024, la finance islamique, guidée par les principes de la Charia notamment interdiction de l’intérêt, traçabilité, partage du risque, devrait atteindre 4 940 milliards de dollars d’ici fin 2025.

RIYAD : Du 19 au 22 mai 2025, la capitale algérienne accueille les Assemblées annuelles de la Banque islamique de développement (BID) au Centre international des conférences Abdellatif Rahal, sous le haut patronage du Président Abdelmadjid Tebboune.

Placée sous le thème « Diversification économique : un enrichissement de la vie », cette 50e édition marque un moment clé pour la coopération multilatérale islamique, en rassemblant 2 000 participants venus des 57 pays membres.

Le Président du Groupe de la BID, Dr Muhammad Al Jasser, a salué l’engagement du pays hôte : « Nous sommes ravis de tenir nos Assemblées annuelles 2025 en Algérie, dans cette ville historique qui a toujours été un carrefour de coopération et d’échanges culturels. Ces rencontres seront une opportunité précieuse pour renforcer les partenariats, proposer des solutions innovantes et faire progresser le développement durable dans nos pays membres. »

Avec un encours global de 3 500 milliards de dollars en 2024, la finance islamique, guidée par les principes de la Charia (interdiction de l’intérêt, traçabilité, partage du risque), devrait atteindre 4 940 milliards de dollars d’ici fin 2025, selon un rapport de la BID. Cette croissance, portée par des pays moteurs comme l’Iran, l’Arabie saoudite, la Malaisie ou encore les Émirats arabes unis, représente une dynamique à laquelle l’Algérie souhaite activement contribuer.

Pour M. Abdelkrim Bouzred, ministre des Finances, cet événement constitue une vitrine stratégique : « Une opportunité de renforcer notre position sur la scène économique internationale, en mettant en valeur les réformes engagées, et de promouvoir les atouts du pays en matière de coopération, d’investissement et de développement durable. »

L’Algérie, qui développe depuis 2020 un segment bancaire islamique avec 900 milliards de dinars de dépôts (6,76 Mds USD), ambitionne de renforcer sa présence dans les chaînes de financement islamiques. Toutefois, le chemin reste vaste : l’économie informelle représente près de 34 % de la masse monétaire nationale, et les paiements numériques restent encore sous les 20 % des transactions.

Outre les sessions plénières du Conseil des gouverneurs, les Assemblées prévoient un Forum du secteur privé, des ateliers spécialisés (finance islamique, innovation, digitalisation, waqfs), des tables rondes sur l’investissement halal, ainsi qu’une réunion du Conseil supérieur d’Al Aqsa. Plus de 40 panels et rencontres B2B favoriseront la coopération Sud-Sud et les échanges de savoirs.

Dr Al Jasser a rappelé : « Notre rencontre à Alger sera une occasion unique de renforcer les liens entre nos pays membres, d’encourager l’esprit de coopération et d’innovation, et de renouveler notre engagement commun en faveur du développement et de la prospérité partagés. »

Enfin, l’événement devrait se conclure par la signature de plusieurs projets et accords de financement entre la BID et des institutions algériennes. Pour Ali Bouharaoua, directeur général des relations économiques et financières extérieures : « Ce rendez-vous devenu un événement économique international majeur » symbolise « l’engagement de l’Algérie en faveur d’un multilatéralisme fondé sur la solidarité, le développement et la prospérité partagée. »


L 'Arabie saoudite domine le classement de l'économie numérique de la région MENA

Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale des centres de données en 2024, atteignant 290,5 mégawatts. (Shutterstock)
Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale des centres de données en 2024, atteignant 290,5 mégawatts. (Shutterstock)
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  • Le Royaume a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données.
  • Ces chiffres sont publiés à l'occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information.

RIYAD : l'Arabie saoudite est devenue la plus grande économie numérique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, avec une valeur de marché dépassant les 495 milliards de SR (131,9 milliards de dollars) en 2024, soit 15 % du produit intérieur brut national.

Ces chiffres ont été communiqués par le ministère des Communications et des Technologies de l'Information à l'occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information, comme le rapporte l'agence de presse saoudienne.

Ces résultats interviennent alors que l'Arabie saoudite continue de renforcer son rôle de puissance numérique régionale et mondiale grâce à des avancées significatives dans les domaines de l'intelligence artificielle, des centres de données, de l'administration en ligne et du développement du capital humain.

« Le marché des communications et des technologies de l'information a enregistré une croissance record de 180 milliards de SR en 2024, grâce à l'expansion des investissements du secteur privé et à l'augmentation de l'innovation, ce qui a renforcé la position du Royaume en tant que plus grand marché technologique du Moyen-Orient », indique le rapport de la SPA. 

L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)
L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)

Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale de ces centres en 2024, pour atteindre 290,5 mégawatts.

Les efforts du Royaume sont illustrés par le lancement de Humain, une entreprise d'IA soutenue par l'État, qui souligne cet engagement.

Humain a pour objectif de mettre en place des technologies et des infrastructures d'IA, notamment de grands centres de données et des modèles d'IA en langue arabe, afin de positionner l'Arabie saoudite comme un centre mondial de l'IA.

Le Royaume a activement recherché des partenariats avec des entreprises technologiques mondiales de premier plan. Nvidia devrait notamment fournir 18 000 de ses puces d'IA avancées à l'Arabie saoudite dans le cadre d'un partenariat stratégique avec Humain.

La couverture en fibre optique s'étend désormais à plus de 3,9 millions de foyers, tandis que la pénétration d'Internet atteint 99 %, ce qui place l'Arabie saoudite parmi les nations les plus connectées au monde. ***

L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)
L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)

Cette expansion de l'infrastructure soutient les services numériques à haute efficacité et témoigne de la volonté du Royaume de promouvoir l'informatique en nuage et les applications intelligentes.

Le développement du capital humain reste une composante essentielle de la stratégie de transformation numérique.

Avec plus de 381 000 emplois spécialisés dans le secteur technologique, l'Arabie saoudite abrite la plus grande concentration de talents numériques au Moyen-Orient.

La participation des femmes dans ce secteur est passée de 7 % en 2018 à 35 % en 2024, soit la plus élevée de la région, dépassant les moyennes du G20 et de l'Union européenne.

Le Royaume a également obtenu des classements mondiaux de premier plan dans le domaine de la gouvernance numérique. Il s'est classé au quatrième rang mondial dans l'indice des services en ligne des Nations unies, au sixième rang dans l'indice de développement de l'administration en ligne et au deuxième rang parmi les pays du G20.

Il occupe également la première place en matière de services publics numériques au niveau régional. Le Royaume a également obtenu la première place mondiale en matière de compétences numériques et d'administration numérique ouverte, et la septième place en matière d'e-participation. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 

 

 

 


Aramco prépare l’avenir avec une stratégie ambitieuse dans les énergies propres

Des visiteurs se rendent au stand d'exposition de Saudi Aramco au Centre national des expositions d'Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Shutterstock)
Des visiteurs se rendent au stand d'exposition de Saudi Aramco au Centre national des expositions d'Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Shutterstock)
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  • La stratégie d'investissement de Saudi Aramco reflète une approche pragmatique et tournée vers l'avenir alors que le paysage énergétique mondial continue d'évoluer

DJEDDAH : La stratégie d'investissement de Saudi Aramco reflète une approche pragmatique et tournée vers l'avenir alors que le paysage énergétique mondial continue d'évoluer, ont déclaré des experts à Arab News.

Ayant annoncé un revenu net de 106,2 milliards de dollars en 2024, la société énergétique la plus importante et la plus précieuse du monde reste concentrée sur sa croissance à long terme.

Ses ambitieux projets de gaz naturel, notamment le champ de gaz non conventionnel de Jafurah et l'usine de gaz de Tanajib, sont essentiels pour la sécurité énergétique future de l'Arabie saoudite.

Ces initiatives soutiennent la transition en cours du pétrole brut vers la production d'électricité à partir de gaz et s'alignent étroitement sur les objectifs de diversification économique et de responsabilité environnementale de Vision 2030.

Une approche pragmatique

Saudi Aramco intensifie son développement du gaz naturel, reconnaissant son rôle d'alternative plus propre au pétrole brut. Ces efforts s'inscrivent dans une stratégie nationale plus large visant à réduire les émissions tout en renforçant la résilience économique.

Tamer al-Sayed, directeur financier de l’Institut Future Investment Initiative (FII), a déclaré à Arab News que la diversification d'Aramco s'étendait à ses entreprises mondiales de gaz naturel liquéfié, telles que sa participation dans MidOcean Energy.

"Le gaz naturel est un carburant de transition fiable dont l'intensité en carbone est inférieure à celle du pétrole brut", a-t-il expliqué.

Aramco exploite également l'intelligence artificielle pour améliorer l'efficacité opérationnelle et réduire les émissions, renforçant ainsi son avantage concurrentiel dans un monde de plus en plus axé sur les énergies renouvelables.

"Cette double stratégie - développer des carburants plus propres et déployer des technologies intelligentes - permet à Aramco de rester compétitive au niveau mondial tout en contribuant aux objectifs climatiques du Royaume", a déclaré M. al-Sayed.

Investir dans la capture du carbone

La pierre angulaire de la décarbonisation d'Aramco est une installation de captage et de stockage du carbone à grande échelle en cours de développement à Jubail. Prévu pour capturer jusqu'à 9 millions de tonnes de CO2 par an, ce sera l'un des plus grands projets de ce type au niveau mondial.

M. al-Sayed a reconnu les problèmes liés au captage et au stockage du carbone : "Les aspects économiques restent difficiles sans un mécanisme solide de tarification du carbone".

Il a souligné que le CSC est un pari stratégique qui permettra à l'industrie saoudienne de maintenir son accès au marché dans un contexte de durcissement des réglementations en matière de faibles émissions de carbone. Il existe également un potentiel de nouvelles sources de revenus grâce au "captage du carbone en tant que service".

"En termes macroéconomiques, il s'agit d'un pari sur l'avenir de l'industrie saoudienne", a-t-il ajouté, soulignant que le Royaume est prêt à tirer parti des marchés émergents du carbone et des politiques commerciales vertes.

Un avenir plus propre

Les investissements d'Aramco dans les énergies renouvelables se concentrent fortement sur l'énergie solaire et l'hydrogène. La société fait progresser la centrale solaire photovoltaïque de Sudair et trois autres projets totalisant 5,5 gigawatts, qui visent à rendre le réseau plus écologique et à réduire la consommation intérieure de pétrole, libérant ainsi des hydrocarbures pour l'exportation ou l'utilisation industrielle.

Dans le secteur de l'hydrogène, Aramco vise à produire 2,5 millions de tonnes d'ammoniac bleu par an d'ici à 2030, en tirant parti de ses réserves de gaz et de son infrastructure de CSC pour devenir un exportateur d'énergie propre de premier plan.

"Cette démarche s'inscrit dans l'objectif de Vision 2030, qui consiste à développer des industries à forte valeur ajoutée et fondées sur la connaissance", a indiqué M. al-Sayed.

Si les énergies renouvelables ne remplaceront pas les hydrocarbures du jour au lendemain, elles restent un élément essentiel de la diversification énergétique à long terme de l'Arabie saoudite.

Expansion en aval

Les récentes acquisitions d'Aramco sur les marchés émergents témoignent d'une poussée stratégique vers les activités en aval. Sa participation totale dans la société chilienne Esmax et sa participation de 40% dans le réseau de distribution de carburant pakistanais Gas & Oil donnent à l'entreprise saoudienne un accès direct à des marchés énergétiques en pleine croissance.

"Du point de vue de l'économie saoudienne, de tels investissements en aval contribuent à réduire la dépendance excessive à l'égard des exportations de pétrole brut en monétisant l'ensemble de la chaîne de valeur des hydrocarbures, du puits à la roue", a révélé M. al-Sayed.

Ces initiatives génèrent également des flux de revenus étrangers, soutiennent la balance des paiements du Royaume et complètent les efforts plus larges de diplomatie commerciale.

La demande en carburant du Pakistan augmentant parallèlement à la croissance de sa population et de ses infrastructures, et le Chili servant de porte d'entrée dans le paysage de la vente au détail d'énergie en Amérique du Sud, Aramco se positionne en vue d'une croissance durable au-delà des activités en amont.

"Ces investissements permettent également de résister aux fluctuations de la demande régionale, renforçant ainsi la stratégie d'Aramco qui consiste à maintenir une présence mondiale sur les marchés de l'énergie", a ajouté M. al-Sayed.

Un recalibrage pour l'avenir

Face à la décarbonisation rapide, Aramco recalibre sa stratégie à long terme par la diversification, les investissements mondiaux et l'adoption de technologies tournées vers l'avenir. L'entreprise cherche à concilier les réalités opérationnelles d'aujourd'hui avec les objectifs énergétiques de demain.

"Il ne s'agit pas seulement de résilience, mais aussi de pertinence", a conclu M. al-Sayed, soulignant que la diversification et les investissements stratégiques ancrent fermement Aramco dans l'économie énergétique de demain.

La résilience au milieu des coupes

Yaseen Ghulam, professeur agrégé d'économie et directeur de recherche à l'université Al-Yamamah de Riyad, a mis en perspective la baisse du revenu net d'Aramco en 2024, soit 12% de moins que les 121,3 milliards de dollars enregistrés en 2023.

Il l'a attribuée aux réductions stratégiques de la production de pétrole convenues par l'OPEP+, y compris une réduction de 6,25% à partir de 2023 et une réduction de 14,28% à partir de 2022.

"L'OPEP+ prévoit en outre de prolonger les réductions volontaires de la production de pétrole jusqu'en septembre 2026, ce qui pourrait entraîner une réduction de 0,4 million de barils par jour en 2025", a confirmé M. Ghulam.

Malgré ces contraintes de marché, il a noté que le secteur non pétrolier de l'Arabie saoudite a compensé la baisse des revenus liés au pétrole grâce à la hausse de la consommation des ménages et à l'augmentation des investissements, sous l'impulsion des efforts de diversification du gouvernement.

Il prévoit une croissance du secteur hors hydrocarbures d'au moins 4%, soutenue par un faible taux de chômage, une augmentation de la participation des femmes à la main-d'œuvre et la poursuite des progrès de la Vision 2030, avec l'appui de solides amortisseurs budgétaires.

Investissement durable

Interrogé sur les dépenses d'investissement d'Aramco - 53,3 milliards de dollars en 2024 et jusqu'à 58 milliards de dollars en 2025 - M. Ghulam a souligné le rôle central de l'entreprise dans l'élaboration des tendances mondiales en matière d'approvisionnement en pétrole.

"Aramco a réalisé un investissement record et continuera probablement à investir dans l'intelligence artificielle, la fabrication et les acquisitions d'entreprises afin d'améliorer les chaînes d'approvisionnement pétrolières nationales et mondiales et de contribuer à la diversification de l'économie du pays", a-t-il noté.

Il a en outre souligné l'engagement de l'entreprise à développer des produits à faible teneur en carbone dans les secteurs de l'énergie, de la chimie et des matériaux, parallèlement à son plan visant à tirer parti de sa production en amont à faible coût et à faible teneur en carbone pour répondre à la demande mondiale croissante.

Il a également signalé les investissements de l'entreprise dans les énergies renouvelables par l'intermédiaire de sa division des nouvelles énergies, en déclarant : "Aramco a signé un accord pour construire de nouvelles installations de production d'hydrogène et d'ammoniac verts. L'entreprise souhaite produire 11 millions de tonnes d'ammoniac bleu par an d'ici à 2030, avec la possibilité d'exporter vers les marchés d'Asie et d'Europe".

Soutenir les plans de diversification

Selon son rapport annuel 2024, les initiatives technologiques d'Aramco visent à améliorer les opérations en amont et en aval, à élargir son portefeuille de produits et à promouvoir une croissance durable alignée sur ses ambitions nettes zéro.

M. Ghulam a observé que l'économie de l'Arabie saoudite réduit rapidement sa dépendance à l'égard des recettes pétrolières, grâce à des politiques en matière d'infrastructures, de tourisme et de technologie.

"Les activités non pétrolières représentent aujourd'hui 52% de l'activité économique globale et devraient atteindre 65% d'ici à la fin de la décennie. Les revenus non pétroliers ont en fait doublé en quatre ans. Les industries qui stimulent cette croissance sont l'industrie manufacturière, la construction, la communication, la finance, le commerce de détail, la restauration, l'hôtellerie, la logistique et les transports", a-t-il déclaré.

Le Royaume met en œuvre plus de 5 000 projets visant à la diversification, 73% des nouveaux investissements étant destinés aux secteurs non pétroliers.

M. Ghulam a conclu qu'Aramco joue un rôle essentiel dans le soutien de cette transition en investissant massivement dans le GNL, l'hydrogène, le solaire, l'éolien et les matériaux pour batteries comme le lithium, tout en maintenant des projets pétroliers en amont pour conserver sa position de leader mondial.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com