A Paris, 22 ans requis contre Rédoine Faïd pour une évasion spectaculaire «en famille»

Ce croquis judiciaire réalisé le 5 septembre 2023 montre Rédoine Faïd alors qu'il assiste à l'ouverture de son procès pour évasion de prison en 2018, au Palais de Justice de Paris (Photo, AFP).
Ce croquis judiciaire réalisé le 5 septembre 2023 montre Rédoine Faïd alors qu'il assiste à l'ouverture de son procès pour évasion de prison en 2018, au Palais de Justice de Paris (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 18 octobre 2023

A Paris, 22 ans requis contre Rédoine Faïd pour une évasion spectaculaire «en famille»

  • Dans le box, Rédoine Faïd accueille ces réquisitions avec le sourire
  • Le braqueur au crâne chauve et aux épais sourcils est un «drogué de la liberté», comme il l'a dit lui-même

PARIS: Une affaire de "famille": 22 ans de prison ont été requis mardi à Paris à l'encontre du "drogué de la liberté" Rédoine Faïd, jugé aux assises avec cinq proches accusés de l'avoir aidé lors de sa "spectaculaire" évasion de la prison de Réau en 2018.

Dans le box, le braqueur multirécidiviste qui en est à son sixième procès d'assises comme le rappelle l'accusation, accueille ces réquisitions avec le sourire. Puis sifflote, mimant l'indifférence.

"Ne vous laissez pas abuser", venaient de demander les deux avocats généraux aux jurés, au terme d'un réquisitoire de près de sept heures.

Rédoine Faïd, disent-ils, est un "escroc" qui fait preuve d'"humour" à l'audience et se vante de "principes nobles" - pas de sang sur les mains, pas d'affaires de drogues - mais dont les "actions violentes" ne servent en réalité "toujours" qu'une seule personne: "lui même".

Le braqueur au crâne chauve et aux épais sourcils, dont c'est le deuxième procès pour une évasion spectaculaire, est un "drogué de la liberté", comme il l'a dit lui-même. Cette liberté, "il ne la recherche pas, il l'arrache", en refusant "de se soumettre à l'exécution des longues peines qui lui restent", soutient l'accusation.

Le 1er juillet 2018, un commando armé s'était posé en hélicoptère devant les parloirs de la prison de Réau (Seine-et-Marne), après avoir pris un pilote en otage. Ils avaient lancé des fumigènes, scié les grilles à la disqueuse, et libéré Rédoine Faïd.

En prenant le large le braqueur avait adressé un "salut" de la main aux surveillants derrière lui, rappelle l'avocat général.

Une évasion pliée en "7 minutes 33", "propre à créer la fascination du public et la stupéfaction de l'administration pénitentiaire". Sans coups de feu, avait insisté le braqueur, lors d'une audience aux airs de "masterclass", pendant laquelle il avait raconté "non sans une certaine fierté" l'évasion minutieusement préparée, note l'avocat général.

Le magistrat estime plutôt que "le sort des victimes n'a aucune influence sur sa détermination".

«Grand paranoïaque»

Quand il avait refait le film à l'audience, Rédoine Faïd avait soutenu que les acteurs principaux de son commando étaient des "professionnels". Que ses frères et neveux jugés à ses côtés n'avaient joué qu'un rôle secondaire.

Une "histoire inventée" pour "dédouaner" sa famille, répond l'accusation qui n'y croit pas une seconde. En 2018, soutiennent-ils, Rédoine Faïd est "fui" par le milieu du grand banditisme qui "redoute" sa médiatisation.

Alors pour s'évader, "il ne restait que ses proches", avec l"assurance" pour ce "grand paranoïaque" autoproclamé, de ne pas être dénoncé.

Le "coeur du dossier", c'est la "solidarité", le "sacrifice familial" au profit de "celui qui agit, toujours, que pour son propre intérêt", tacle encore l'avocat général.

Dans cette famille soudée par les drames, Rachid Faïd, 65 ans, contre qui l'accusation requiert 18 ans de prison, n'est pas le "papy serviable issu du bâtiment", devenu "voyou malgré lui" pour aller scier les grilles de la prison de son frère. Il est l'"homme ressource" de Rédoine Faïd, assure l'avocat général.

Pour cette évasion, et déjà pour un précédant projet avorté en 2017. Selon l'accusation, le braqueur avait à l'époque demandé de l'aide, via son frère, à la figure du grand banditisme corse Jacques Mariani, en échange d'assassinats ciblés. Une peine de cinq ans a été requise contre Jacques Mariani, et trois ans avec sursis pour son ex-ami "intermédiaire", qui comparaît caché à l'audience après avoir "balancé".

Les autres neveux, dont l'un était, d'après l'accusation, à bord de l'hélicoptère, ont "tous, à leur niveau" été "indispensables". Des peines de quatre, 10 et 15 ans ont été demandées.

Un acquittement a cependant été réclamé pour Brahim Faïd, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec son frère au moment de l'évasion, "aucun élément" ne prouvant que l'homme retrouvé "prostré" était au courant.

Comme le pilote aujourd'hui âgé de 60 ans, l'accusée Alima A. a pour sa part "en quelque sorte aussi été prise en otage", quand le braqueur et ses complices en cavale se sont imposés chez elle, à Creil où Rédoine Faïd a grandi et où il sera arrêté après trois mois de cavale. Un acquittement a aussi été demandé pour elle.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.