Le safran, «or rouge» du Cachemire, victime du changement climatique et de la guerre

Ces cultures odorantes de Pampore faisaient la fortune de milliers de familles (Photo, AFP)
Ces cultures odorantes de Pampore faisaient la fortune de milliers de familles (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 22 décembre 2020

Le safran, «or rouge» du Cachemire, victime du changement climatique et de la guerre

  • «Aujourd'hui, notre famille de six s'en tire en une seule journée», assure M. Mir, «ces champs étaient de véritables mines d'or»
  • La fleur de crocus est cultivée en Iran, qui compte pour 90% de la production mondiale, mais aussi en Espagne et en Grèce

PAMPORE: Mohammad Ramzan Rather travaille d'arrache-pied dans son champ de crocus du Cachemire sous administration indienne. Mais les récoltes sont maigres et la nostalgie le gagne quand il pense à l'époque avant le changement climatique, quand ses terres produisaient en abondance l'« or rouge », le safran. 

Ces cultures odorantes de Pampore, localité au sud de Srinagar -- dont les paysages se parent de l'éclatant violet durant les deux semaines de floraison à la fin de l'automne -- faisaient la fortune de milliers de familles. 

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« Quand j'étais enfant, 80 hommes étaient nécessaires, toute une semaine, pour récolter les fleurs sur nos 16 kanals (0,8 hectare) de terre à safran » (Photo, AFP)

L'an dernier, la récolte de M. Rather n'a pas excédé un demi-kilo. Elle pèse cette année à peine trente malheureux grammes. Il y a douze ans, un peu moins d'un hectare de cultures rendait deux kilos de safran. 

« Quand j'étais enfant, 80 hommes étaient nécessaires, toute une semaine, pour récolter les fleurs sur nos 16 kanals (0,8 hectare) de terre à safran », raconte Abdul Ahad Mir, cultivateur de l'épice la plus chère au monde. 

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« Aujourd'hui, notre famille de six s'en tire en une seule journée », assure M. Mir, « ces champs étaient de véritables mines d'or » (Photo, AFP)

Il faut extraire à la main, avec la plus extrême délicatesse, les trois stigmates rouge foncé de quelque 160.000 fleurs, pour obtenir un kilogramme de safran qui sera vendu au prix de 1.350 dollars sur le marché local. 

« Aujourd'hui, notre famille de six s'en tire en une seule journée », assure M. Mir, « ces champs étaient de véritables mines d'or ». 

Pluies irrégulières  

« L'irrégularité des pluies de ces dix dernières années cause des dommages », affirme l'agriculteur Jalal-ud-Din Wani. « Nous avions l'habitude de partir dans les champs avec de grands paniers en osier, mais maintenant les paysans se munissent d'affreux petits sacs en polyéthylène pour la récolte ». 

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La culture du safran pourrait retrouver son âge d'or : « il reste encore une petite chance de renaissance » (Photo, AFP)

Les experts accusent le changement climatique de provoquer la diminution du volume des glaciers de la région himalayenne, réduisant considérablement le débit d'eau en aval de ses contreforts. Selon une étude publiée en juillet dans la revue Climate Change, les températures dans la région pourraient augmenter de près de sept degrés Celsius d'ici 2100 en fonction de certains scénarios d'émissions de gaz à effet de serre.  

En conséquence, nombre de cultivateurs de safran se convertissent à la production de pommes qui requiert beaucoup moins d'eau. 

Selon les historiens, le safran était déjà cultivé au Cachemire 500 ans avant J.-C.. C'est un ingrédient récurrent de recettes traditionnelles, telle que l'infusion de Kehwa, une boisson sucrée à base de thé vert, de cannelle, de cardamome et d'amandes pilées, servie aux convives, et lors de cérémonies comme les mariages.  

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L'épice est, partout à travers le monde, employée dans la composition de recettes culinaires, produits médicinaux et cosmétiques (Photo, AFP)

L'épice est, partout à travers le monde, employée dans la composition de recettes culinaires, produits médicinaux et cosmétiques, et se retrouve aussi dans certains rituels hindous. 

La fleur de crocus est cultivée en Iran, qui compte pour 90% de la production mondiale, mais aussi en Espagne et en Grèce.  

Mais le safran du Cachemire a la réputation d'être le meilleur en raison de sa forte teneur en crocine, à laquelle il doit son incomparable teinte rouge et son arôme singulier.  

Irrigation 

Le changement climatique mais aussi le conflit dans la région, revendiquée également par le Pakistan, ont réduit de moitié la production de l'or rouge passant de 2,8 kg par hectare en 1998 à 1,4 kg en 2018, selon les données officielles.  

Cette année, le gouvernement a créé une certification d'origine du safran pour lutter contre la contrefaçon. 

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Cette année, le gouvernement a créé une certification d'origine du safran pour lutter contre la contrefaçon (Photo, AFP)

Soucieux d'atténuer aussi l'impact du changement climatique et de stimuler le rendement, il a lancé en 2010 une « Mission nationale du safran », dotée d'un budget de 54 millions de dollars, afin d'introduire des technologies modernes dans les pratiques agricoles. Les autorités affirment que 1.480 hectares de cultures de safran du Cachemire ont ainsi pu être régénérées.  

Des systèmes d'irrigation de tuyaux en plastique installés dans des champs ont fini par être retirés par les agriculteurs contestant leur efficacité, les jugeant contreproductifs. D'autres accusent les nouvelles semences fournies par les autorités d'avoir ruiné leurs rendements. 

Ainsi, aux solutions dites de pointe proposées par la mission gouvernementale, sur le terrain l'on préfère encore les bonnes vieilles méthodes, sécher les récoltes au soleil, recourir aux réseaux commerciaux locaux. Comme M. Wani, certains veulent croire qu'en revenant aux techniques ancestrales, la culture du safran pourrait retrouver son âge d'or : « il reste encore une petite chance de renaissance ». 


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com