La rue arabe exprime sa colère après la frappe sur un hôpital à Gaza

Les forces de sécurité libanaises évacuent un camarade blessé lors d'affrontements avec des manifestants devant l'ambassade américaine à Awkar, à l'est de Beyrouth, lors d'une manifestation de solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, le 18 octobre 2023. (AFP)
Les forces de sécurité libanaises évacuent un camarade blessé lors d'affrontements avec des manifestants devant l'ambassade américaine à Awkar, à l'est de Beyrouth, lors d'une manifestation de solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, le 18 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 19 octobre 2023

La rue arabe exprime sa colère après la frappe sur un hôpital à Gaza

  • Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi, pour le deuxième soir consécutif, devant le consulat d'Israël à Istanbul et devant le consulat des Etats-Unis
  • En Tunisie, des milliers de manifestants pro palestiniens se sont rassemblés devant l'ambassade de France, condamnant le soutien occidental à Israël

BEYROUTH: Des milliers de personnes ont manifesté mercredi à travers le monde arabe exprimant leur indignation après la frappe meurtrière contre un hôpital de Gaza, qu'ils imputent à Israël, malgré son démenti.

D'importants rassemblements ont eu lieu à Amman, Tunis, Beyrouth, Damas et d'autres capitales, comme Manama, au lendemain du drame qui a fait au moins 471 morts, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza assiégée, et suscité des appels à une "journée de colère" dans le monde arabe.

Sous couvert de l'anonymat, un haut responsable européen du renseignement a lui affirmé mardi que le tir avait fait au maximum 50 morts.

Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures.

Le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui contrôle le territoire, a accusé Israël d'être à l'origine de cette frappe. Israël qui dit avoir des "preuves", a imputé l'explosion dans l'hôpital de la ville de Gaza à un tir de roquette raté du Jihad islamique - allié du Hamas -  qui a qualifié ces accusations de "mensonges".

Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi, pour le deuxième soir consécutif, devant le consulat d'Israël à Istanbul et devant le consulat des Etats-Unis.

Mercredi, devant l'ambassade d'Israël à Amman, environ 10.000 manifestants, selon une source sécuritaire jordanienne, se sont rassemblés pour exiger l'expulsion de la mission diplomatique israélienne à la suite de l'attaque.

En dépit du blocage des routes menant à l'ambassade par les forces de sécurité, la manifestation a grossi, attestant de la colère de la rue en Jordanie, pays qui abrite un grand nombre de réfugiés palestiniens.

"Pas d'ambassade sioniste sur le territoire jordanien", ont scandé les manifestants, brandissant des drapeaux palestiniens.

A Bahreïn, qui a aussi normalisé ses relations avec Israël en 2020, une poignée de militants se sont rassemblés devant l'ambassade d’Israël à Manama, un quartier quadrillé par la police, appelant notamment leur pays à rompre ses liens avec Israël.

Au Maroc, des centaines de manifestants se sont rassemblés près du consulat américain à Casablanca pour dénoncer le soutien de Washington à Israël dans son offensive contre Gaza. Les manifestants ont brandi des banderoles condamnant le "génocide", "l'apartheid" et "l'occupation".

«Massacres en série»

En Tunisie, des milliers de manifestants pro palestiniens se sont rassemblés devant l'ambassade de France, condamnant le soutien occidental à Israël. D'autres manifestations ont eu lieu dans d'autres villes tunisiennes.

Une trentaine de personnes se sont aussi rassemblées près de l'ambassade américaine dans la banlieue nord de Tunis, alors que le président américain, Joe Biden, a appuyé la version israélienne sur la frappe.

Au Liban, des centaines de personnes ont pris part à une manifestation à l'appel du Hezbollah pro-iranien et allié du Hamas dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, brandissant des drapeaux palestiniens et du parti chiite.

"Ce qui se passe à Gaza n'est pas un conflit ou une guerre (...) des massacres en série sont commis", a déclaré un haut responsable du mouvement, Hachem Safieddine.

Quelques centaines de personnes se sont également rendues aux abords de l'ambassade américaine à Awkar, près de Beyrouth, après un appel de partis libanais et palestiniens.

«Non à l'Amérique»

A Bagdad, environ 200 personnes ont manifesté près d’une entrée de la Zone verte, secteur fortifié de la capitale irakienne, où se trouvent des ambassades étrangères, dont celle des Etats-Unis.

Les manifestants, dont des femmes, ont brandi des drapeaux de plusieurs factions irakiennes fidèles à l'Iran, ainsi que des portraits du guide suprême iranien Ali Khamenei, a constaté un photographe. Les manifestants scandaient "Non, non, à l'Amérique" et "Mort à Israël".

A Damas, la capitale syrienne, des centaines de personnes brandissant des drapeaux palestiniens se sont rassemblées près du Parlement, nombre d'entre elles portant des t-shirts à l'effigie du président Bachar al-Assad.

Des milliers d'Egyptiens ont battu également le pavé mercredi dans différentes villes du pays, où manifester est habituellement illégal, selon des images diffusées par des médias locaux et sur les réseaux sociaux.

Au Yémen, une manifestation massive de soutien aux Palestiniens a eu lieu dans la capitale Sanaa.

Dans les régions contrôlées par le gouvernement yéménite, des centaines de personnes ont également manifesté à Taez et à Marib.


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.