Urgence à Gaza: L’aide des pays arabes aux Palestiniens

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont engagés à fournir une aide à Gaza, mais les organisations humanitaires ont du mal à accéder au poste frontière de Rafah (Photo, Getty Images/AFP).
L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont engagés à fournir une aide à Gaza, mais les organisations humanitaires ont du mal à accéder au poste frontière de Rafah (Photo, Getty Images/AFP).
Une photo prise le 10 octobre 2023 montre les portes fermées du poste frontière de Rafah avec l'Égypte (Photo, AFP).
Une photo prise le 10 octobre 2023 montre les portes fermées du poste frontière de Rafah avec l'Égypte (Photo, AFP).
Des Palestiniens, certains avec des passeports étrangers espérant passer en Égypte et d'autres attendant de l'aide au point de passage de Rafah dans le sud de la bande de Gaza, le 16 octobre 2023 (Photo, AFP).
Des Palestiniens, certains avec des passeports étrangers espérant passer en Égypte et d'autres attendant de l'aide au point de passage de Rafah dans le sud de la bande de Gaza, le 16 octobre 2023 (Photo, AFP).
Un convoi de camions transportant de l'aide pour Gaza depuis l'Égypte attend sur la route principale du désert d'Ismailia en direction du point de passage de Rafah, le 16 octobre 2023 (Photo, AFP).
Un convoi de camions transportant de l'aide pour Gaza depuis l'Égypte attend sur la route principale du désert d'Ismailia en direction du point de passage de Rafah, le 16 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 octobre 2023

Urgence à Gaza: L’aide des pays arabes aux Palestiniens

  • L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar ont promis des millions de dollars pour aider les Palestiniens soumis aux bombardements israéliens
  • Gaza est soumise à un embargo israélien strict depuis que le Hamas a lancé son attaque transfrontalière contre Israël le 7 octobre.

RIYAD: Alors que la crise humanitaire à Gaza s'aggrave parallèlement à l'extension de la guerre d'Israël contre le groupe militant palestinien Hamas, les États arabes du Golfe se sont engagés à fournir une aide et un soutien aux civils qui vivent sous un siège et des bombardements quotidiens.

Depuis que le Hamas a lancé son attaque transfrontalière sans précédent contre Israël le 7 octobre, la bande de Gaza est soumise à un embargo israélien strict, privant sa population de 2,2 millions d'habitants de nourriture, d'eau, de médicaments et d'électricité.

L'unique centrale électrique de Gaza s'est rapidement arrêtée en raison d’un manque de carburant. Selon l'ONU, les hôpitaux de la bande de Gaza, où des milliers de civils ont trouvé refuge, devraient manquer de carburant pour leurs générateurs d'ici quelques jours, mettant ainsi la vie des patients en danger.

Le siège, combiné à la fermeture du point de passage de Rafah entre Gaza et l'Égypte, a empêché les agences d'aide humanitaire d'acheminer l'aide. Plus de 200 camions et quelque 3 000 tonnes d'aide seraient coincées au point de passage de Rafah, le seul lien entre Gaza et l'Égypte.

L'Unicef, l'agence des Nations unies pour l'enfance, a déclaré que si l'eau et le carburant ne sont pas envoyés «immédiatement», les habitants de Gaza feraient face à un «danger imminent» d'épidémie et de mort.

Ce mercredi, Israël a déclaré qu'il autoriserait l'Égypte à acheminer une aide humanitaire limitée dans la bande de Gaza. L'annonce de l'autorisation d'acheminer de l'eau, de la nourriture et d'autres fournitures est intervenue alors que la colère suscitée par l'explosion de l'hôpital Al-Ahli de Gaza s'est répandue dans tout le Moyen-Orient et que le président américain, Joe Biden, s'est rendu en Israël dans l'espoir d'éviter un conflit plus important dans la région.

Biden a indiqué que le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, avait accepté d'ouvrir le point de passage et de laisser passer un premier groupe de 20 camions transportant de l'aide humanitaire. Le convoi devrait commencer à circuler vendredi au plus tôt, ont indiqué des responsables de la Maison Blanche.

Du personnel médical et un convoi de camions chargés de matériel d'aide pour Gaza fourni par des ONG égyptiennes attendent un accord pour traverser la frontière entre l'Égypte et Gaza dans la ville d’El-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï en Égypte, le 15 octobre 2023 (Photo, AFP).

Le bureau du Premier ministre israélien a déclaré qu'Israël «n'empêchera pas» les cargaisons de nourriture, d'eau ou de médicaments en provenance d'Égypte, à condition qu'elles soient limitées aux civils du sud de la bande de Gaza et qu'elles n'aillent pas aux combattants du Hamas.

Les fournitures seraient acheminées sous la supervision des Nations unies, a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, à la chaîne de télévision Al-Arabiya.

Le côté égyptien du point de passage de Rafah a été bombardé à plusieurs reprises depuis qu'Israël a lancé sa guerre contre le Hamas. L'Égypte devra réparer la route qui traverse la frontière et qui a été endommagée par les frappes aériennes israéliennes.

Du personnel médical et un convoi de camions chargés de matériel d'aide pour Gaza fourni par des ONG égyptiennes attendent un accord pour traverser la frontière entre l'Égypte et Gaza dans la ville d’El-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï en Égypte, le 15 octobre 2023 (Photo, AFP).

«À ce stade, nous ne pouvons pas apporter d'aide à Gaza», a révélé Christoph Hangar, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge à Genève, à Arab News avant l'annonce israélienne.

«Nous plaçons en ce moment même du personnel et des articles de secours afin d'être prêts lorsque l'accès à Gaza sera autorisé, ce qui doit être le cas de toute urgence», a-t-il ajouté.

Face à l'aggravation de l'urgence humanitaire, les États arabes du Golfe ont renouvelé leur engagement en faveur de la résolution du conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies, et ont promis des millions de dollars d'aide aux opérations de secours.

Des bénévoles et des employés d'ONG se tiennent près des tentes qu'ils ont dressées du côté égyptien du poste frontière de Rafah, le 19 octobre 2023, pour demander l'autorisation de faire entrer un convoi d'aide dans la bande de Gaza (Photo, AFP).

Israël a ordonné aux habitants du nord de Gaza de partir vers le sud, dans l'espoir peut-être de débarrasser la zone des civils en vue d'une invasion terrestre, qui impliquerait probablement des combats urbains brutaux.

L'attaque du 7 octobre a fait au moins 1 400 morts, pour la plupart des civils israéliens, et a permis la capture de plus de 200 personnes, qui sont maintenant retenues en otage à Gaza par le Hamas et d'autres «factions de la résistance».

La présence des otages dans l'enclave a compliqué les plans d'Israël pour une invasion terrestre.

EN CHIFFRES

2,4 millions d'habitants dans la bande de Gaza.

1 million de personnes déplacées par les bombardements israéliens.

3 000 Palestiniens tués dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.

2 millions de dollars (1 dollar américain = 0,95 euro) donnés à l'UNRWA par l'Arabie saoudite.

6 milliards de dollars de financement accordé aux Palestiniens par le Centre d'aide humanitaire et de secours Roi Salmane (KSrelief) depuis 2000.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, devait rencontrer Al-Sissi en Égypte jeudi pour discuter des moyens d'acheminer l'aide humanitaire à Gaza.

Stephane Dujarric, le porte-parole du chef de l'ONU, a déclaré dans un communiqué: «Il est évident que pour acheminer l'aide humanitaire à travers Gaza, nous avons besoin d'un passage sûr. Nous ne pouvons pas faire circuler des camions et des convois humanitaires tant que des bombardements sont en cours.

«Des discussions intenses sont en cours avec plusieurs parties afin d'essayer d'acheminer l'aide humanitaire la plus élémentaire le plus rapidement possible, à savoir de la nourriture, de l'eau et des médicaments. Ces produits sont nécessaires de toute urgence», a-t-il indiqué.

Des caisses d'aide humanitaire et de fournitures de l'Organisation caritative hachémite de Jordanie sont chargées à bord d'avions-cargos à Amman, en Jordanie, à destination de Gaza, le 12 octobre 2023 (Photo, Reuters).

«Depuis la création d'Israël, la population et le gouvernement saoudiens ont toujours été très favorables à la cause palestinienne», a déclaré à Arab News, Khaled al-Maeena, commentateur politique saoudien.

«Cela a été fait avec une réelle bonne volonté pour le peuple palestinien qui était opprimé et dont les terres étaient occupées. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est un holocauste palestinien», a-t-il précisé.

Depuis 2000, l'agence d'aide saoudienne KSrelief a fourni plus de 6 milliards de dollars d'aide au peuple palestinien dans de multiples secteurs, notamment la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'eau, l'assainissement et le logement.

Rien qu'en 2022, l'Arabie saoudite a versé 27 millions de dollars à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa). Lundi, l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle ferait don de 2 millions de dollars supplémentaires à l'Unrwa.

Le groupe d'aide humanitaire saoudien KSrelief poursuit son projet de distribution de paniers alimentaires en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (Photo, KSrelief).

L'argent a été remis à Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Unrwa, par Naïf al-Sudairi, ambassadeur saoudien en Jordanie, à l'ambassade saoudienne à Amman dimanche.

Le secteur privé saoudien s'est également engagé. McDonald's KSA a annoncé publiquement qu'il ferait un don de 533 000 dollars aux efforts de secours à Gaza, se déclarant «fière de son identité saoudienne» et de son soutien aux questions humanitaires.

«En tant qu'entreprise purement saoudienne, nous sommes fiers, depuis notre création, de notre identité saoudienne et de notre contribution continue au soutien de notre économie et de notre communauté nationale, ainsi qu'à l'adoption de mesures sociales et humanitaires qui préoccupent notre communauté», a déclaré la chaîne de restaurants dans un communiqué en ligne.

«Nous sommes ravis d'annoncer que McDonald's KSA fera un don de 2 millions de riyals (533 201  dollars) pour soutenir les efforts d'aide aux citoyens de Gaza, que Dieu les aide. Cette contribution fait suite à une coordination avec les autorités officielles compétentes», a indiqué McDonald's KSA.

Des membres du personnel déchargent l'aide destinée à la bande de Gaza d'un avion-cargo d'Emirates sur le tarmac de l'aéroport égyptien d’El-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, le 19 octobre 2023 (Photo AFP).

Avant le conflit, des pourparlers sous l'égide des États-Unis étaient en cours concernant la normalisation potentielle des relations entre l'Arabie saoudite et Israël, dans l'attente de signes clairs de progrès sur le statut des Palestiniens.

En août, alors que ces discussions étaient en cours, Riyad a également proposé de reprendre son soutien financier à l'Autorité palestinienne.

L'impact de la crise actuelle sur les pourparlers de normalisation reste à voir, mais la position de l’Arabie saoudite sur la nécessité de trouver une solution à la question palestinienne reste inchangée.

Dans un communiqué publié à la suite de l'attaque du Hamas, le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré qu'il «renouvèlerait son appel à la communauté internationale pour qu'elle assume ses responsabilités et mette en œuvre un processus de paix crédible conduisant à une solution à deux États, de manière à assurer la sécurité et la paix dans la région et à protéger les civils».

En 2020, les Émirats arabes unis sont devenus le premier État arabe du Golfe à normaliser ses relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham négociés par les États-Unis.

Le cheikh Theyab ben Mohammed ben Zayed al-Nahyane des Émirats arabes unis, accompagné d'autres hauts responsables, visite le centre de campagne Tarahum – pour Gaza à Abu Dhabi, qui a ouvert ses portes le 15 octobre. D'autres centres de collecte d'aide seront également ouverts dans les Émirats arabes unis à des dates ultérieures (Photo, WAM).

Un accord de partenariat économique global entre les deux pays est entré en vigueur en mars de cette année, ce qui constitue le premier accord de libre-échange entre Israël et un pays arabe. Bahreïn et le Maroc ont suivi.

En réponse à la crise qui sévit actuellement à Gaza, les Émirats arabes unis ont lancé une campagne baptisée Tarahum – ou «compassion» en arabe – pour aider les civils vulnérables, en particulier le million d'enfants qui représentent près de la moitié de la population de Gaza.

Sous l'égide du Croissant-Rouge des Émirats, les Émirats arabes unis ont lancé un appel aux dons et aux volontaires, et leur premier centre de secours a été établi au terminal de croisière d'Abu Dhabi.

Un avion transportant des fournitures médicales a déjà été envoyé dans la ville égyptienne d'El-Arich avant d'être acheminé vers le poste frontière de Rafah, selon l'agence de presse nationale émiratie WAM.

Mardi, Mohammed ben Rachid al-Maktoum, Premier ministre des Émirats arabes unis, a ordonné l'octroi d'une aide humanitaire de 20 millions de dollars au peuple palestinien.

Le Qatar a également mis en place sa propre initiative d'aide, déployant un avion à destination d'El-Arich lundi, transportant 37 tonnes de nourriture et d'aide médicale, fournies par le Fonds du Qatar pour le développement sous la direction de l'émir Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.

«Cette aide s'inscrit dans le cadre du soutien total de l'État du Qatar au peuple palestinien frère dans les conditions humanitaires difficiles dues aux bombardements israéliens sur la bande de Gaza», a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Qatar dans un communiqué.

L'équipage de l'armée de l'air du Qatar charge de la nourriture et de l'aide médicale dans un avion-cargo, le 16 octobre 2023, sur la base aérienne d'Al-Udeid à Doha. L'aide humanitaire du Fonds du Qatar pour le développement est destinée à l'Égypte pour les réfugiés de Gaza (Photo, Agence de presse du Qatar via REUTERS).

Depuis le début de la crise, les Palestiniens se massent au poste frontière fermé de Rafah, dans l'espoir de quitter Gaza avant le début de l'offensive terrestre dont on parle tant. De l'autre côté de la barrière frontalière, les organisations humanitaires sont impuissantes à intervenir.

«Nous explorons toutes les possibilités d'acheminer une aide vitale à Gaza», a déclaré Hangar, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). «Ce premier convoi de marchandises comprend des médicaments et des milliers de kits ménagers pour les familles, notamment des articles d'hygiène et des comprimés de chlore pour l'eau potable.»

«Nous déployons également de toute urgence du personnel pour soulager nos collègues à Gaza dès que nous sommes en mesure de nous y rendre. Il s'agit notamment d'une équipe chirurgicale mobile et d'autres personnels de santé, d'un expert en contamination par les armes et de coordinateurs de l'aide spécialisés dans l'eau, l'habitat et la sécurité alimentaire», a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE condamne les frappes israéliennes au Liban, exige le respect du cessez-le-feu

Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • L’Union européenne condamne les frappes israéliennes au sud du Liban et appelle Israël à respecter la résolution 1701 ainsi que le cessez-le-feu signé avec le Hezbollah en novembre 2024
  • L’UE exhorte toutes les parties libanaises, notamment le Hezbollah, à éviter toute escalade et à préserver les progrès réalisés vers la stabilité régionale

BRUXELLES: L'Union européenne a condamné les récentes frappes israéliennes sur le sud du Liban et appelé à respecter le cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le Hezbollah, dans un communiqué publié samedi par sa diplomatie.

"L'UE appelle Israël à mettre fin à toutes les actions qui violent la résolution 1701 et l'accord de cessez-le-feu conclu il y a un an, en novembre 2024", souligne Anouar El Anouni, porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères.

"Dans le même temps, nous exhortons tous les acteurs libanais, et en particulier le Hezbollah, à s'abstenir de toute mesure ou réaction susceptible d'aggraver encore la situation. Toutes les parties doivent s'attacher à préserver le cessez-le-feu et les progrès accomplis jusqu'à présent", insiste le porte-parole.

De nouvelles frappes ont été menées jeudi sur le sud du Liban par Israël, qui a dit viser des cibles du mouvement pro-iranien Hezbollah, accusé de vouloir se réarmer.

L'armée israélienne avait appelé auparavant des habitants de quatre villages à évacuer des bâtiments en prévenant qu'elle allait frapper des infrastructures militaires du mouvement libanais.

L'armée libanaise a elle estimé que les raids israéliens visaient à "empêcher l'achèvement" de son déploiement dans cette région, conformément à l'accord de cessez-le-feu qui avait mis fin il y a près d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël.

Ces frappes israéliennes ont déjà été condamnées par le président libanais Joseph Aoun et par l'Iran, qui a dénoncé vendredi des "attaques sauvages" et appelé la communauté internationale à réagir.


Le Soudan au bord du gouffre, selon un haut responsable de l’ONU

Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
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  • Des attaques directes contre les civils” soulignent la nécessité d’une action urgente, alerte Chaloka Beyani
  • L’ONU met en garde contre l’aggravation de la situation au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de personnes font face à des pénuries aiguës de nourriture, d’eau et de soins médicaux

NEW YORK : Le conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être sur le point de basculer dans des atrocités massives, alors que se multiplient les rapports faisant état de meurtres et d’attaques contre des civils à El-Fasher.

Mettant en garde contre le fait qu’“un seuil est sur le point d’être franchi”, Chaloka Beyani a affirmé que “lorsque notre bureau tire la sonnette d’alarme, c’est que la situation dépasse largement les violations ordinaires des droits humains ou du droit humanitaire international.”

Il a ajouté que “l’ampleur des atrocités montre qu’une action précoce doit être engagée.”

Beyani a dénoncé de “graves violations massives du droit international des droits de l’homme” et de “nouvelles attaques directes contre les civils” perpétrées par les belligérants au Darfour.

Des rapports et vidéos, apparus fin octobre, montrent des atrocités présumées commises par les Forces de soutien rapide (RSF) après leur prise de contrôle d’El-Fasher sur les troupes gouvernementales, mettant fin à un siège qui durait depuis plus de 500 jours.

Le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, a récemment déclaré devant le Conseil de sécurité que “l’horreur se poursuit” au Darfour, avertissant que les civils restaient piégés dans une spirale de violences généralisées.

Le bureau de Beyani a indiqué que plusieurs indicateurs de risque d’atrocités étaient désormais présents au Soudan, tout en rappelant que seule une cour internationale pourrait déterminer si un génocide avait été commis.

La Cour pénale internationale (CPI) a également fait part de sa “profonde inquiétude” cette semaine, précisant qu’elle recueillait des éléments de preuve concernant des massacres, viols et autres atrocités présumés à El-Fasher.

Parallèlement, plusieurs sources indiquent que les RSF ont accepté un “cessez-le-feu humanitaire” proposé par les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

L’ONU a par ailleurs averti que les conditions humanitaires continuaient de se détériorer au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de déplacés d’El-Fasher souffrent de pénuries extrêmes de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Les agences humanitaires installent de nouveaux camps à Tawila et dans d’autres zones voisines, mais plus de 650 000 personnes restent dans un besoin urgent d’aide.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Conseil de sécurité de l’ONU lève les sanctions contre le président syrien Ahmad al-Chareh

Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
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  • Résolution présentée par les États-Unis, qui retirent également de la liste le ministre de l’Intérieur Anas Hasan Khattab, adoptée avec 14 voix pour, aucune contre ; la Chine s’abstient
  • L’envoyé américain à l’ONU, Mike Waltz, déclare que le Conseil envoie « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie entre dans une nouvelle ère » après la chute du régime Assad en décembre dernier

NEW YORK: Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté jeudi la levée des sanctions visant Ahmad al-Chareh, retirant ainsi le président syrien de la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda, dans une décision largement considérée comme un signe de reconnaissance internationale du nouvel ordre politique post-Assad en Syrie.

La résolution 2729, déposée par les États-Unis, a été adoptée par 14 voix pour, aucune contre, et une abstention, celle de la Chine. Elle retire également le ministre syrien de l’Intérieur, Anas Hasan Khattab, auparavant désigné dans le cadre du même régime de sanctions.

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, le Conseil a déclaré jeudi que les deux responsables ne sont plus soumis aux gels d’avoirs ni aux interdictions de voyager imposés par les précédentes mesures de lutte contre le terrorisme.

Al-Chareh est arrivé jeudi à Belém, au Brésil, pour la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2025 (COP 30), et doit rencontrer le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche à Washington lundi.

Al-Chareh a dirigé la coalition Hayat Tahrir Al-Sham lors de l’offensive de décembre 2024 qui a renversé le régime Assad, après quoi il est devenu le dirigeant de facto de la Syrie.

Washington exhortait depuis plusieurs mois les quinze membres du Conseil de sécurité à assouplir les sanctions visant la Syrie et les responsables de son nouveau gouvernement.

Le représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU, Mike Waltz, a déclaré qu’en adoptant la résolution, le Conseil envoyait « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie est entrée dans une nouvelle ère depuis que Assad et ses associés ont été renversés en décembre 2024 ».

Il a ajouté : « Il existe aujourd’hui un nouveau gouvernement syrien, dirigé par le président Ahmad al-Chareh, qui travaille dur pour remplir ses engagements en matière de lutte contre le terrorisme et les stupéfiants, d’élimination de tout reste d’armes chimiques, et de promotion de la sécurité et de la stabilité régionales, ainsi que d’un processus politique inclusif, conduit et possédé par les Syriens eux-mêmes.

« Comme le président Trump l’a précédemment indiqué, la Syrie a désormais sa chance de grandeur. »

En rendant sa décision, le Conseil de sécurité a rappelé une série de résolutions précédentes visant Daech, Al-Qaïda et les groupes qui leur sont affiliés, et a réaffirmé son « engagement fort en faveur de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la République arabe syrienne ».

Le texte de la résolution, consulté par Arab News, souligne que le retrait des responsables syriens de la liste est conforme aux efforts visant à promouvoir « la reconstruction à long terme, la stabilité et le développement économique » du pays, tout en maintenant l’intégrité du cadre mondial des sanctions antiterroristes.

La résolution salue l’engagement de la République arabe syrienne à garantir « un accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave » conformément au droit humanitaire international ; à lutter contre le terrorisme, y compris les combattants terroristes étrangers, ainsi que les individus, groupes, entreprises et entités affiliés à Daech ou Al-Qaïda ; à protéger les droits humains et à assurer la sécurité de tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse ; à poursuivre les efforts de lutte contre les stupéfiants ; à promouvoir la justice transitionnelle ; à œuvrer pour la non-prolifération et l’élimination des restes d’armes chimiques ; à renforcer la sécurité et la stabilité régionales ; et à mener un processus politique inclusif, dirigé et possédé par les Syriens eux-mêmes.

Le Conseil a exprimé son attente que les autorités syriennes respectent ces engagements et contribuent à la stabilité régionale.

Al-Chareh avait été sanctionné par l’ONU en mai 2014, lorsque Hayat Tahrir Al-Sham, alors affiliée à Al-Qaïda, avait été ajoutée à la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda. Cette désignation imposait une interdiction de voyager et un gel des avoirs qui devaient rester en vigueur pendant plus d’une décennie.

Le vote de jeudi au Conseil de sécurité fait suite à la décision de Washington, en mai, de lever la plupart des sanctions américaines contre la Syrie. Ces mesures, instaurées en 1979 et considérablement élargies après le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011, limitaient le commerce, l’investissement et les exportations d’énergie. Bien que la majorité de ces restrictions aient été levées, certaines dispositions du Congrès restent en place dans l’attente d’un examen ultérieur.

En retirant officiellement Ahmad al-Chareh de la liste, la résolution du Conseil de sécurité est considérée comme un tournant dans l’engagement international envers les nouvelles autorités syriennes.

Des diplomates ont décrit cette décision à la fois comme une reconnaissance pragmatique des nouvelles réalités sur le terrain et comme une incitation à poursuivre la coopération en matière d’accès humanitaire, de lutte contre le terrorisme et de réforme politique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com