Comment le sommet de Riyad entre le CCG et l'ASEAN a tracé la voie de la coopération interrégionale

Une photo distribuée par la cour présidentielle des Émirats arabes unis le 20 oct. 20, 2023, montre (de gauche à droite) le Premier ministre vietnamien, Pham Minh Chinh, le prince héritier du Koweït, Cheikh Michal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, le président indonésien, Joko Widodo, l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, le sultan de Brunei Haji Hassanal Bolkiah Muizzaddin Waddaulah, le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, le roi de Bahreïn, Hamad ben Isa al-Khalifa, le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed al-Nahyan, le président des Philippines, Ferdinand Marcos Jr, le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, et le vice-Premier ministre d'Oman chargé des affaires de défense, Sayyed Chihab ben Tarek ben Taimur al-Saïd, lors d'une séance de photos à l'issue du sommet conjoint du CCG et de l'ASEAN à Riyad. (Photo, AFP)
Une photo distribuée par la cour présidentielle des Émirats arabes unis le 20 oct. 20, 2023, montre (de gauche à droite) le Premier ministre vietnamien, Pham Minh Chinh, le prince héritier du Koweït, Cheikh Michal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, le président indonésien, Joko Widodo, l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, le sultan de Brunei Haji Hassanal Bolkiah Muizzaddin Waddaulah, le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, le roi de Bahreïn, Hamad ben Isa al-Khalifa, le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed al-Nahyan, le président des Philippines, Ferdinand Marcos Jr, le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, et le vice-Premier ministre d'Oman chargé des affaires de défense, Sayyed Chihab ben Tarek ben Taimur al-Saïd, lors d'une séance de photos à l'issue du sommet conjoint du CCG et de l'ASEAN à Riyad. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 21 octobre 2023

Comment le sommet de Riyad entre le CCG et l'ASEAN a tracé la voie de la coopération interrégionale

  • La réunion qui s'est tenue vendredi dans la capitale saoudienne était la première du genre depuis l'établissement des relations en 1986
  • Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a souligné la nécessité d'établir un État palestinien selon les frontières de 1967

RIYAD/JAKARTA: Le Conseil de coopération du Golfe et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est ont adopté vendredi une feuille de route de coopération lors de leur premier sommet conjoint à Riyad, qui a également appelé à un cessez-le-feu à la suite des bombardements israéliens sur Gaza.

La réunion des dirigeants du CCG et de l'ASEAN dans la capitale saoudienne était le premier engagement au plus haut niveau entre les deux blocs depuis qu'ils ont établi les relations en 1986, lorsque le conseil ministériel du CCG a décidé d'établir des contacts avec l'union politique et économique de 10 pays d'Asie du Sud-Est.

Les relations entre les deux groupes — qui, du côté du CCG, comprennent l'Arabie saoudite, Oman, le Qatar, le Bahreïn, le Koweït et les Émirats arabes unis, et du côté de l'ASEAN, l'Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, le Viêt Nam, le Brunei Darussalam, le Cambodge, le Laos, le Myanmar et les Philippines — se sont intensifiées ces dernières années.

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Le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed al-Nahyan (à gauche), et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane accueillent les dirigeants de l'ASEAN et du CCG avant le premier sommet des blocs régionaux à Riyad. (Photo, SPA)

Les deux blocs représentent ensemble un PIB d'environ 7 800 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro) et une population de plus de 700 millions d'habitants. L'année dernière, leur croissance économique a été largement supérieure à la moyenne mondiale, avec 7,5% pour le CCG et 5,3% pour l'ASEAN.

«Nous sommes impatients de renforcer les relations avec les nations de l'ASEAN dans divers domaines», a déclaré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, lors de l'ouverture du sommet.

La réunion ayant lieu dans le sillage de l'attaque israélienne en cours sur la bande de Gaza, le prince héritier a réitéré le refus catégorique de l’Arabie saoudite de prendre des civils pour cible et a appelé à la fin des combats.

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Les dirigeants du Sommet CCG-ASEAN de Riyad ont appelé à un cessez-le-feu à Gaza et à un accès plus efficace et plus efficient aux fournitures de secours, à l'aide humanitaire et aux services essentiels. (Photo, SPA)

«Alors que nous nous réunissons ici, nous sommes attristés par l'escalade de la violence dont Gaza est témoin aujourd'hui et dont le prix est payé par des civils innocents», a-t-il indiqué, soulignant la nécessité de «mettre fin aux opérations militaires contre les civils et de créer les conditions pour le retour de la stabilité et l'instauration d'une paix durable qui permette de parvenir à une solution juste dans le but d’établir un État palestinien selon les frontières de 1967».

Joko Widodo, le président de l'Indonésie, qui assure cette année la présidence tournante de l'ASEAN, a remercié l'Arabie saoudite pour «son accueil chaleureux et son hospitalité». Il espère que le nouveau niveau de coopération entre les pays du Golfe et de l'Asie du Sud-Est leur permettra d'émerger ensemble comme une «force positive au milieu d'un monde divisé».

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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (à droite) accueille le président indonésien Joko Widodo à Riyad le 19 octobre 2023, un jour avant le sommet CCG-ASEAN. (Photo, Bandar Al-Jaloud/Palais royal saoudien)

Il a également appelé les participants au sommet à se pencher sur la situation à Gaza.

«Les actes de violence doivent cesser, les questions humanitaires doivent être prioritaires en ce moment et nous devons empêcher que les conditions ne s'aggravent», a insisté le président indonésien.

«Nous ne devons pas oublier que la cause première du problème est l'occupation des territoires palestiniens par Israël», a-t-il précisé.


 

EN CHIFFRES

• L'Asean est la troisième économie la plus peuplée du monde, après la Chine et l'Inde.

 

• La croissance économique de l'Asean devrait ralentir, passant de 5,6% en 2022 à 4,4% en 2023.

 

• Ce chiffre resterait supérieur à la moyenne mondiale qui est de 2,7%.

Anwar Ibrahim, premier ministre de Malaisie — pays coordinateur du sommet CCG-ASEAN — a également appelé toutes les nations à s'unir pour trouver une solution durable et juste afin d'éviter que la situation ne devienne «une crise humanitaire sans précédent» qui pourrait se transformer en un conflit régional et mondial. 

«Les Palestiniens doivent se voir restituer leurs terres, leurs maisons et leurs biens», a-t-il souligné. «Ils doivent être autorisés à vivre en paix et dans la dignité dans leur propre État souverain, dans des frontières internationalement reconnues, sur la base des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.»

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Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim (à gauche), coordinateur national du sommet CCG-ASEAN, a appelé toutes les nations à s'unir pour trouver une solution juste et durable à la crise palestinienne. (Photo, SPA)

Israël a déclaré qu'il autoriserait l'entrée de l'aide dans l'enclave assiégée, mais alors que des camions chargés d'aide étrangère ont atteint Rafah, le point de passage entre Gaza et l'Égypte, l'accord négocié par le président américain Joe Biden est resté dans un état d'incertitude.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, s'est rendu vendredi du côté égyptien du poste frontière pour superviser les préparatifs en vue de l'acheminement de l'aide.

Les participants au sommet de Riyad se sont penchés vendredi sur l'ordre du jour initial, à savoir l'élaboration d'une feuille de route pour la coopération, et ont publié une déclaration commune sur la situation à Gaza.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, ont clôturé le sommet en présentant le cadre de coopération CCG-ASEAN 2024-2028, qui vise à «renforcer davantage le partenariat» et à «réaliser le potentiel de coopération croissante entre les deux blocs».

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, tient une conférence de presse conjointe avec son homologue indonésien Retno Marsudi. (Photo, SPA)

Le prince Faisal a également annoncé que les sommets des dirigeants du CCG et de l'ASEAN se tiendraient tous les deux ans afin de renforcer la coopération commune.

Ce cadre couvre les domaines de la lutte contre le terrorisme, du commerce et de l'investissement, de l'agriculture et de la sécurité alimentaire, de l'énergie, du tourisme, de la connectivité, ainsi que de la culture, de l'information, de l'éducation, des services bancaires et financiers. Les dirigeants régionaux ont également convenu d'étudier des stratégies communes sur les politiques de développement des TPE, des petites et moyennes entreprises.

«La coopération entre l'ASEAN et le CCG continuera de s'épanouir à l'avenir et, ensemble, nous pourrons créer une meilleure région et un meilleur monde», a assuré Marsudi.

«Aujourd'hui, nous écrivons une nouvelle histoire. L'histoire d'une relation plus étroite entre deux régions importantes, entre l'ASEAN et le CCG. Aujourd'hui, nous construisons un pont solide, pour relier nos deux régions et développer une coopération qui soit bénéfique à nos peuples», a-t-elle ajouté.

Dans une déclaration commune sur Gaza, les dirigeants du CCG et de l'ASEAN ont appelé au respect du droit humanitaire international, en particulier des principes et des dispositions de la convention de Genève de 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

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Ils ont condamné toutes les attaques contre les civils, appelé à un cessez-le-feu durable et demandé à toutes les parties concernées d'assurer l'accès le plus efficace possible à l'aide humanitaire.

Depuis le 7 octobre, date à laquelle le Hamas, groupe militant basé à Gaza, a attaqué Israël, le territoire palestinien est privé d'électricité, d'eau, de nourriture, de carburant et de médicaments, à cause des frappes aériennes israéliennes quotidiennes qui ont déjà tué plus de 4 100 personnes.

Le prince Faisal a déclaré que les dirigeants du CCG et de l'ASEAN étaient parvenus à un consensus sur la nécessité d'un cessez-le-feu et d'un accès humanitaire.

«J'espère qu'en travaillant ensemble, nous pourrons non seulement contribuer à la paix, mais aussi à la prospérité de notre partie du monde et de l'ASEAN», a-t-il indiqué.

«La seule façon de mettre fin au cycle de la violence est de trouver une solution durable au conflit», a-t-il soutenu.

La déclaration du CCG et de l'ASEAN a appelé «toutes les parties concernées à garantir l'accès le plus efficace possible à l'aide humanitaire, aux fournitures de secours et aux autres produits de première nécessité et services essentiels, ainsi qu'à rétablir l'électricité et l'eau, et à permettre la livraison sans entrave de carburant, de nourriture et de médicaments dans toute la bande de Gaza».

L'appel du sommet à mettre en œuvre un cessez-le-feu et à permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et des fournitures est une «initiative bienvenue qui contribuera à mettre fin à l'effusion de sang, aux meurtres et blessures de civils», a déclaré à Arab News, le Dr Osama Ghanem al-Obaidy, professeur de droit international à l'Institut d'administration publique de Riyad.

«Il est temps de mettre un terme aux morts, aux blessés et aux destructions résultant de ce conflit, et c'est l'objectif de ce sommet», a-t-il conclu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pari israélien sur le Somaliland : quels risques pour la région?

Israël a officiellement reconnu le Somaliland le 26 décembre, brisant ainsi des décennies de consensus international sur l'intégrité territoriale de la Somalie. (Fourni)
Israël a officiellement reconnu le Somaliland le 26 décembre, brisant ainsi des décennies de consensus international sur l'intégrité territoriale de la Somalie. (Fourni)
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  • La situation stratégique du Somaliland près du Bab Al-Mandab fait craindre qu'une présence sécuritaire israélienne ne transforme la mer Rouge en poudrière
  • Les critiques soutiennent que la décision ravive la stratégie israélienne de "périphérie", encourageant la fragmentation des États arabes et musulmans pour un avantage stratégique

RIYAD: Les observateurs régionaux chevronnés ne seront peut-être pas surpris d'apprendre qu'Israël est devenu le premier et le seul État membre des Nations unies à reconnaître officiellement la République du Somaliland comme une nation indépendante et souveraine.

Le 26 décembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre des affaires étrangères Gideon Sa'ar ont signé une déclaration commune de reconnaissance mutuelle avec le président du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi.

Pour une région qui a existé dans un état de flou diplomatique depuis qu'elle a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, ce développement est, comme l'a décrit M. Abdullahi, "un moment historique". Mais sous la surface se cache un pari géopolitique calculé et à fort enjeu.

Si plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l'Éthiopie, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont ouvert des bureaux de liaison dans la capitale, Hargeisa, aucun n'a voulu franchir le Rubicon de la reconnaissance officielle de l'État.


Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assisté du ministre des affaires étrangères Gideon Sa'ar, signe le document reconnaissant officiellement la région séparatiste du Somaliland, le 26 décembre 2025. (AFP)
La décision d'Israël de rompre ce consensus international vieux de plusieurs décennies constitue une rupture délibérée avec le statu quo.

En prenant cette mesure, Israël s'est positionné comme le principal bienfaiteur d'un État qui cherche depuis longtemps à s'asseoir à la table internationale. Comme l'a déclaré à Arab News Dya-Eddine Said Bamakhrama, ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite, une telle décision est profondément perturbatrice.

"Une déclaration unilatérale de séparation n'est ni un acte purement juridique ni un acte politique isolé. Au contraire, elle entraîne de profondes conséquences structurelles, au premier rang desquelles l'aggravation des divisions internes et des rivalités entre les citoyens d'une même nation, l'érosion du tissu social et politique de l'État et l'ouverture de la porte à des conflits prolongés", a-t-il déclaré.

Les critiques affirment qu'Israël fait depuis longtemps pression pour un nouveau découpage de la région sous diverses formes.

La reconnaissance du Somaliland est considérée par beaucoup dans le monde arabe comme la poursuite d'une stratégie visant à affaiblir les États arabes et musulmans centralisés en encourageant les mouvements sécessionnistes périphériques.
Dans le contexte somalien, cette voie est perçue non pas comme un geste humanitaire, mais comme une méthode visant à saper les accords nationaux conclus dans le cadre d'une Somalie fédérale.

Selon l'ambassadeur Bamakhrama, la communauté internationale s'est toujours opposée à de telles initiatives afin de donner la priorité à la stabilité régionale plutôt qu'aux "tendances séparatistes dont l'histoire a maintes fois démontré les dangers et les coûts élevés".

En ignorant ce précédent, Israël est accusé d'utiliser la reconnaissance comme un outil pour fragmenter la cohésion régionale.

Par le passé, Israël a souvent justifié son soutien à des acteurs non étatiques ou à des groupes séparatistes en prétextant la protection de minorités vulnérables, comme les Druzes au Levant ou les Maronites au Liban.

Cette "doctrine de la périphérie" avait un double objectif : elle créait des alliés régionaux et soutenait la revendication d'Israël en tant qu'État juif en validant l'idée d'autodétermination ethnique ou religieuse.

Toutefois, dans le cas du Somaliland, les gants ne sont plus du tout de mise. Il ne s'agit pas ici de protéger une minorité religieuse, puisque le Somaliland est un territoire à forte majorité musulmane. Il s'agit plutôt d'un raisonnement purement géopolitique.

Israël semble rechercher une profondeur stratégique dans une région où il a toujours été isolé. M. Netanyahu a explicitement lié cette initiative à "l'esprit des accords d'Abraham", indiquant que les principaux moteurs sont la sécurité, le contrôle maritime et la collecte de renseignements plutôt que la démographie interne de la Corne de l'Afrique.

La première grande victoire d'Israël dans cette manœuvre est l'élargissement de son orbite diplomatique. On pourrait faire valoir que le refus du gouvernement fédéral de Mogadiscio d'adhérer aux accords d'Abraham constituait une barrière artificielle.


Des habitants brandissent des drapeaux du Somaliland alors qu'ils se rassemblent dans le centre-ville d'Hargeisa le 26 décembre 2025, pour célébrer l'annonce d'Israël reconnaissant le statut d'État du Somaliland. (AFP)
La preuve de cette affirmation, du point de vue israélien, est que le Somaliland - un territoire comptant près de six millions d'habitants et doté de ses propres institutions démocratiques - était désireux d'adhérer à l'accord.

M. Abdullahi a déclaré que le Somaliland rejoindrait les accords d'Abraham en tant que "pas vers la paix régionale et mondiale". Toutefois, cette paix s'accompagne d'une contrepartie évidente : la reconnaissance officielle.

Israël peut désormais affirmer que le "modèle du Somaliland" prouve que de nombreuses autres entités arabes et musulmanes sont disposées à normaliser leurs relations si leurs intérêts politiques ou territoriaux spécifiques sont satisfaits.

Cela remet en question la position unifiée de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique, qui maintiennent que la normalisation doit être liée à la résolution du conflit palestinien.


Le deuxième gain majeur pour Israël est la possibilité d'une présence militaire dans la Corne de l'Afrique. La position stratégique du Somaliland dans le golfe d'Aden, près du détroit de Bab Al-Mandab, en fait un lieu privilégié pour la surveillance du trafic maritime.

Il s'agit d'une bombe à retardement étant donné que de l'autre côté de cette mer étroite se trouve le Yémen, où le mouvement Houthi - dont le slogan est "Mort à Israël" - contrôle un territoire important.

Israël peut prétendre qu'une présence militaire ou de renseignement au Somaliland renforcera la sécurité régionale en contrant les menaces des Houthis sur la navigation. Toutefois, les voisins de la région craignent que cette présence n'attise les tensions.

L'ambassadeur Bamakhrama a prévenu qu'une présence militaire israélienne "transformerait effectivement la région en une poudrière".


"Si Israël décidait d'établir une base militaire dans un endroit géopolitiquement sensible, cela serait perçu à Tel-Aviv comme un gain stratégique dirigé contre les États arabes bordant la mer Rouge, à savoir l'Égypte, l'Arabie saoudite, la Somalie, le Yémen, le Soudan et Djibouti", a-t-il déclaré.

La mer Rouge est un "corridor maritime international vital" et toute modification de son équilibre géopolitique aurait des "répercussions bien au-delà de la région", a-t-il ajouté.

Cette reconnaissance constitue également une violation flagrante du droit international et du principe d'intégrité territoriale inscrit dans la Charte des Nations unies.

Si les partisans de la reconnaissance font état d'exceptions telles que le Sud-Soudan ou le Kosovo, il n'en reste pas moins que ces cas impliquaient des circonstances très différentes, notamment des conflits génocidaires prolongés et de vastes transitions sous l'égide des Nations unies.

En revanche, l'Union africaine a toujours affirmé que le Somaliland faisait partie intégrante de la Somalie.
 

La réaction a été rapide et sévère. La Ligue arabe, le Conseil de coopération du Golfe et l'OCI ont tous décrié cette décision. Même le président américain Donald Trump, qui a pourtant joué un rôle dans les accords d'Abraham, n'a pas approuvé la décision d'Israël.

Lorsqu'on lui a demandé si Washington suivrait le mouvement, M. Trump a répondu par un "non" catégorique, ajoutant : "Est-ce que quelqu'un sait vraiment ce qu'est le Somaliland ?"

Ce manque de soutien de la part de Washington souligne l'isolement de la position d'Israël. L'OCI et les ministres des affaires étrangères de 21 pays ont publié une déclaration commune mettant en garde contre de "graves répercussions" et rejetant tout lien potentiel entre cette reconnaissance et les projets de déplacement des Palestiniens de Gaza vers la région africaine.

La reconnaissance du Somaliland par Israël semble être un pari calculé visant à échanger des normes diplomatiques contre un avantage stratégique.

Alors que Hargeisa célèbre une étape longtemps attendue, le reste du monde y voit un dangereux précédent qui menace de déstabiliser l'un des couloirs les plus instables du monde.

Comme le dit l'ambassadeur Bamakhrama, l'établissement de tels liens "ferait d'Israël le premier et le seul État à rompre avec le consensus international" - une décision qui donne la priorité à des "calculs stratégiques étroits" plutôt qu'à la stabilité du système international.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com