Des donateurs font pression sur les universités américaines pour soutenir Israël

 Les partisans de la Palestine se rassemblent à l'Université Harvard pour montrer leur soutien aux Palestiniens de Gaza (Photo, AFP).
Les partisans de la Palestine se rassemblent à l'Université Harvard pour montrer leur soutien aux Palestiniens de Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 22 octobre 2023

Des donateurs font pression sur les universités américaines pour soutenir Israël

  • Plusieurs grandes fortunes américaines ont annoncé qu'elles songeaient à retirer leur soutien financier à de prestigieuses universités privées, comme Harvard
  • Une réponse à «l'échec lamentable de la direction de Harvard à prendre une position claire et sans équivoque contre le Hamas»

NEW YORK: Sommées par des donateurs de soutenir plus clairement Israël, mais pressées aussi de protéger la liberté d'expression, des universités américaines doivent trouver un compromis quasi impossible au milieu des passions déchaînées sur leurs campus par le conflit au Proche-Orient.

Plusieurs grandes fortunes américaines ont annoncé qu'elles songeaient à retirer leur soutien financier à de prestigieuses universités privées, comme Harvard (près de Boston) ou UPenn (Philadelphie).

La fondation Wexner, qui promeut la formation d'élites de la communauté juive aux Etats-Unis, a franchi le pas et mis fin à son partenariat avec la Harvard Kennedy School.

Une réponse à "l'échec lamentable de la direction de Harvard à prendre une position claire et sans équivoque contre les meurtres barbares de civils israéliens innocents", a écrit le milliardaire Les Wexner, fondateur de la chaîne de magasins Bath & Body Works (Victoria's Secret).

Le PDG du fonds d'investissement Apollo Global Management et grand donateur de UPenn, Marc Rowan, a lui demandé la démission de sa présidente, Elizabeth Magill, lui reprochant d'avoir accueilli deux semaines plus tôt un festival de littérature palestinienne où figuraient des "antisémites notoires".

Selon des médias américains, Kenneth Griffin, PDG du fonds d'investissement Citadel et l'un des grands donateurs d'Harvard (350 millions de dollars en 2023), ou Ronald Lauder, l'héritier du groupe de cosmétiques Estée Lauder et bienfaiteur de UPenn, ont aussi fait connaître leur mécontentement.

Trop tard
"Les présidents d'université sont critiqués pour ne pas s'être exprimés assez vite, assez fort. On les force à choisir leur camp. Et pourtant, beaucoup disent que la diversité des points de vue sur le campus fait qu'il ne peut pas y avoir de position institutionnelle sur des questions aussi complexes", souligne la présidente de l'Association américaine des universités (AACU), Lynn Pasquerella.

A Harvard, la présidente Claudine Gay a bien condamné les attaques du Hamas, mais trop tard et trop mollement, accusent ses détracteurs.

Des critiques adressées aussi à Stanford (Californie) et Columbia (New York), sommées de prendre leurs distances avec des groupes d'étudiants pro-palestiniens qui accusent Israël, dans leurs tracts ou rassemblements, de commettre "un génocide".

Mais un collectif de professeurs de Harvard a aussi appelé à protéger les étudiants "harcelés" sur internet parce qu'ils sont supposés avoir signé un texte jugé incendiaire contre Israël, une pratique déplorée aussi à Columbia. A Harvard, un véhicule a circulé en diffusant noms et visages de certains étudiants sous le mot "antisémites".

"Ce que nous entendons directement, c'est que sur certains campus, des étudiants se sentent découragés de parler, ou de manifester", souligne Kristen Shahverdian, responsable du secteur Education au sein de l'organisation Pen America, qui défend la liberté d'expression.

"Il y a un sentiment de crainte, palpable, pour certains ", ajoute-t-elle.

Fractures
Aux Etats-Unis, la liberté d'expression est chèrement protégée et de nombreux campus se réfèrent au rapport du "comité Kalven" de 1967: à l'époque de la guerre du Vietnam et du mouvement des droits civiques, ce comité avait conclu que les universités devaient plutôt s'attacher à nourrir les diversités d'opinions plutôt que de prendre parti.

Pour Lynn Pasquerella, les pressions des donateurs "nuisent" au contraire aux "objectifs de l'enseignement supérieur qui sont de promouvoir une recherche sans entrave de la vérité et le libre échange d’idées".

"Les donateurs devraient savoir que la liberté d'expression fait partie intégrante de l'éducation supérieure. Cela veut dire de temps en temps des discours avec lesquels ils peuvent être fortement en désaccord", ajoute Kristen Shahverdian.

Les pressions sont aussi le fruit du "désinvestissement public dans l'éducation supérieure", estime la présidente de l'AACU: "les institutions ont une plus grande dépendance à l'égard des donateurs privés" et "des professeurs ou des administrateurs se sentent sous la contrainte de peur de perdre des donations".

Un phénomène qui, selon elle, touche des universités de taille moindre qu'Harvard, dont le "modèle économique", avec un fonds de dotation de 50 milliards de dollars, ne repose pas "sur les donations de quelques individus".

La controverse se déroule sur fond de polarisation de toute la société américaine, symbolisée par la fracture entre démocrates et républicains. D'après l'institut de sondage Gallup, le pourcentage des Américains faisant énormément ou beaucoup confiance à leur enseignement supérieur est passé de 57% en 2015 à 36% en 2023.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.