Des dizaines de morts dans les raids israéliens, nouvelles aides pour Gaza

Israël a annoncé l'intensification de ses frappes sur la bande de Gaza en préparation d'une invasion terrestre de l'enclave palestinienne (Photo d'illustration, AFP).
Israël a annoncé l'intensification de ses frappes sur la bande de Gaza en préparation d'une invasion terrestre de l'enclave palestinienne (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Des dizaines de morts dans les raids israéliens, nouvelles aides pour Gaza

  • Dans ce contexte de craintes d'un embrasement régional, l'armée israélienne a annoncé avoir intensifié ses frappes dans la bande de Gaza
  • Au Vatican, le pape François a appelé à la fin de la guerre et à une augmentation de l'aide humanitaire à la bande de Gaza

RAFAH: Des dizaines de Palestiniens dont des enfants ont été tués dans la bande de Gaza dimanche dans des raids intenses israéliens contre ce territoire assiégé, où de nouvelles aides ont été acheminées au 16e jour d'une guerre déclenchée par une attaque meurtrière du Hamas.

Face au risque d'un embrasement régional, le président américain Joe Biden a discuté au téléphone avec les dirigeants du Canada, d'Allemagne, d'Italie et de Grande-Bretagne, ainsi qu'avec le président français Emmanuel Macron, attendu mardi en Israël.

Alors qu'Israël semble se préparer à une offensive terrestre contre la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, l'Iran, allié du mouvement palestinien et du Hezbollah libanais, a averti les Etats-Unis et Israël que la situation pourrait devenir "incontrôlable".

Le Pentagone a annoncé un renforcement de son dispositif militaire dans la région après des "escalades par l'Iran et ses forces affiliées", et son chef Lloyd Austin a prévenu que son pays n'hésiterait "pas à agir" si ses intérêts étaient visés.

Sur le terrain, l'armée israélienne a intensifié ses frappes dans la bande de Gaza, un porte-parole affirmant que "des dizaines" de combattants du Hamas y avaient été tués.

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La ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 20 octobre 2023 (Photo, AFP)

Selon le ministère de la Santé du Hamas, les raids les plus meurtriers ont eu lieu à Deir al-Balah, où 80 personnes dont des femmes et des enfants ont péri et plusieurs immeubles ont été détruits. Des raids ont également visé Khan Younès et Rafah (sud).

A la morgue de Deir el-Balah, une femme éclate en sanglots en découvrant le corps de sa fille et de plusieurs enfants de sa famille, les Natil. Les noms de trois d'entre eux, Layan, Hani et Joane, sont écrits au feutre sur leurs jambes.

La dernière guerre

"Nous dormions chez nous, nous avons été réveillés quand les vitres ont explosé et des briques sont tombées. Nous nous en sommes sortis miraculeusement", témoigne à Rafah une survivante, Oum Ahmad.

L'armée israélienne a appelé maintes fois les civils du nord de la bande de Gaza à fuir vers le sud pour se mettre à l'abri. Mais les frappes sans relâche sur le territoire continuent de toucher le sud.

Israël s'est juré "d'anéantir" le mouvement islamiste palestinien, classé organisation "terroriste" par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

"Cela doit être la dernière guerre à Gaza. Pour la simple raison qu'il n'y aura plus de Hamas", a affirmé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël depuis Gaza, semant la terreur lors d'une attaque sans précédent depuis la création d'Israël en 1948. Plus de 1.400 personnes ont été tuées, la plupart des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou mutilés le jour de l'attaque, d'après les autorités. Le Hamas a en outre enlevé 212 Israéliens ou étrangers.

Dans la bande de Gaza, au moins 4.651 Palestiniens, en majorité des civils dont plus de 1.500 enfants, ont été tués dans les bombardements de représailles israéliens incessants qui ont détruit des quartiers entiers, selon le ministère de la Santé du Hamas.

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La morgue de l'hôpital Al-Aqsa de Deir Balah, dans le centre de la bande de Gaza, suite à une frappe israélienne le 22 octobre 2023 (Photo, AFP).

Et d'après l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), 29 de ses employés ont été tués depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza, petit territoire

«Flux continu»

En Israël, les sirènes d'alerte aux roquettes ont de nouveau retenti, dans le sud limitrophe du territoire palestinien, mais aussi dans le centre, a indiqué l'armée sans faire état de victimes. Un soldat a été tué près de Gaza par une roquette palestinienne.

A Revivim (sud), des Israéliens ont assisté aux funérailles de plusieurs personnes tuées le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, où les commandos du Hamas ont massacré au moins 100 personnes, d'après les autorités.

"Il nous faut l'assurance que cela n'arrivera plus, et ce n'est pas le sentiment que nous avons", a dit Romy Gold, un ex-parachutiste de 70 ans, présent aux funérailles.

A Jérusalem, des Israéliens ont manifesté pour réclamer le retour des otages aux mains du Hamas.

Deux jours après l'attaque du Hamas, Israël a imposé un "siège complet" à Gaza -soumise à un blocus israélien depuis plus de 16 ans-, en coupant l'approvisionnement en eau, électricité et nourriture.

L'ONU a évoqué une "situation catastrophique" et fait état d'au moins 1,4 million de Palestiniens déplacés.

Dimanche, un nouveau convoi de 17 camions d'aides est entré à Gaza depuis l'Egypte. Du carburant a été également acheminé depuis Rafah.

Le manque de carburant met en péril le fonctionnement des hôpitaux en particulier les couveuses de plus de 120 nouveau-nés prématurés, a averti l'Unicef.

La Maison Blanche a annoncé un accord entre Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour que Gaza bénéficie d'un "flux continu" d'aides.

Selon les autorités du Hamas, 165.000 logements ont été endommagés par les bombardements israéliens, soit la moitié des habitations dans la bande de Gaza, et 20.000 ont été détruits ou rendus inhabitables.

«Arrêtez, arrêtez»

L'armée israélienne a massé des dizaines de milliers de soldats aux abords de Gaza et à sa frontière nord avec le Liban.

A cette frontière, les échanges de tirs meurtriers se sont multipliés entre l'armée et le Hezbollah, tandis que les habitants évacuent la zone frontalière de part et d'autre.

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Les partisans des mouvements libanais Hezbollah et Amal se rassemblent dans la banlieue sud de Beyrouth le 20 octobre 2023 pour manifester leur solidarité avec le peuple palestinien (Photo, AFP).

En soirée, l'armée a affirmé avoir mis en échec une tentative "de deux cellules terroristes du Hezbollah" de lancer des roquettes sur Israël, en tirant sur elles.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a prévenu que le Hezbollah ferait "l'erreur de sa vie" en entrant en guerre contre Israël.

Les violences se sont également multipliées en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où 93 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 7 octobre, selon l'Autorité palestinienne.

"La guerre est toujours une défaite, c'est une destruction de la fraternité humaine. Frères, arrêtez, arrêtez !", a lancé le pape François.


La Défense civile fait état de 42 morts dans la bande de Gaza

La Défense civile fait état de 42 morts dans la bande de Gaza
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  • Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, a déclaré à l'AFP que "le bilan total s'élève désormais à 42 morts depuis l'aube"
  • Il a fait état notamment de plusieurs frappes aériennes sur la ville de Gaza ainsi que dans plusieurs zones du territoire, au centre, au nord et au sud

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 42 personnes tuées dimanche par des frappes et tirs israéliens dans le territoire palestinien, au moment où l'armée israélienne se prépare à prendre d'assaut la ville de Gaza.

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, a déclaré à l'AFP que "le bilan total s'élève désormais à 42 morts depuis l'aube".

Il a fait état notamment de plusieurs frappes aériennes sur la ville de Gaza ainsi que dans plusieurs zones du territoire, au centre, au nord et au sud.

La frappe la plus meurtrière, selon la Défense civile, a eu lieu à Al-Sabra, un quartier de Gaza-ville, et a fait huit morts.

"La situation est extrêmement dangereuse, dans tous les sens du terme. Chaque jour, chaque minute, il y a des bombardements, des martyrs, la mort et le sang, nous ne pouvons plus le supporter", a dit à l'AFP Ibrahim Al-Shurafa, un habitant d'Al-Sabra.

"Les frappes se poursuivent dans le quartier d'Al-Sabra, et l'artillerie continue de viser des quartiers résidentiels et des maisons de civils à cet instant même. Nous ne savons pas où aller, la mort nous poursuit partout", a-t-il ajouté.

Compte tenu des restrictions imposées par Israël aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la Défense civile ou de l’armée.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, entraînant la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.686 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

 


Frappes israéliennes meurtrières au Yémen contre des cibles houthies

L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens. (AFP)
L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens. (AFP)
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  • Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et drones en direction du territoire israélien
  • Après les frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l'Etat d'Israël", alors que les Houthis ont averti qu'ils "riposteront"

SANAA: L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens.

Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et drones en direction du territoire israélien, mais la plupart sont interceptés.

Après les frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l'Etat d'Israël", alors que les Houthis ont averti qu'ils "riposteront" à l'attaque israélienne.

"Agression israélienne sur la capitale Sanaa", la capitale aux mains des Houthis, a écrit la chaîne des rebelles, Al-Massirah, sur X. "Plusieurs frappes ont visé une station de la compagnie pétrolière rue al-Sittine" et une "centrale électrique" dans le sud de Sanaa, déjà bombardée par Israël il y a une semaine.

L'agence de presse des insurgés, Saba, a fait état d'un bilan de six morts et 86 blessés, dont 21 dans un état grave, citant le ministère de la Santé.

En Israël, l'armée a indiqué dans un communiqué avoir frappé "un site militaire situé dans le palais présidentiel, les centrales électriques d'Assar et de Hezyaz, ainsi qu'un site de stockage de carburant, tous utilisés pour les activités militaires".

"La puissance d'Israël" 

Le ministère israélien de la Défense a diffusé une photo montrant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Israël Katz et le chef d'état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, suivant l'opération militaire au Yémen depuis un bunker de commandement.

"Celui qui nous attaque — nous l'attaquons. Celui qui prévoit de nous attaquer — nous l'attaquons. Je pense que toute la région apprend à connaître la puissance et la détermination de l'Etat d'Israël", a prévenu M. Netanyahu dans un communiqué de son bureau.

"Nous ne dévierons pas de la lutte contre le projet américano-sioniste et poursuivront l'escalade jusqu'à l'arrêt de l'agression et la levée du blocus (israélien) contre Gaza", a averti de son côté le bureau politique des Houthis dans un communiqué.

Vendredi soir, les Houthis ont tiré un missile en direction d'Israël, situé à quelque 1.800 km. Les autorités israéliennes ont indiqué qu'il s'était "très probablement désintégré en plein vol".

Le Times of Israel et le site d'information israélien Ynet, citant un rapport de l'armée, ont affirmé dimanche que le missile tiré vendredi était pour la première fois équipé d'une ogive à fragmentation.

Outre les tirs contre Israël, les Houthis ont repris en juillet, après une pause de plusieurs mois, leurs attaques au large du Yémen, lancées après le début de la guerre à Gaza, contre les navires qu'ils accusent de liens avec Israël.

En mai, ils avaient conclu une trêve avec les Etats-Unis ayant mis fin à des mois de bombardements américains au Yémen.

L'Iran condamne 

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, en guerre depuis 2014, font partie d'une alliance contre Israël mise en place par l'Iran, qui comprend d'autres groupes comme le Hezbollah au Liban et le Hamas palestinien.

En Iran, ennemi juré d'Israël, le ministère des Affaires étrangères a condamné "avec force" les frappes israéliennes au Yémen.

Israël a mené plusieurs frappes de représailles au Yémen, ciblant des régions sous contrôle des Houthis, notamment des ports de l'ouest du pays et l'aéroport de Sanaa.

Au Yémen, la guerre a fait des centaines de milliers de morts et plongé le pays le plus pauvre de la péninsule arabique dans l'une des pires crises humanitaires au monde.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien, frappé par la famine selon l'ONU.


Frankly Speaking : Le point de vue de l'ancien Premier ministre israélien Olmert sur la guerre

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  • Olmert avertit que la guerre de Gaza met en danger la position d'Israël dans le monde et accuse Netanyahou de mener des politiques imprudentes guidées par l'intérêt personnel
  • A la question de savoir si Smotrich et Ben-Gvir sont des terroristes, Olmert est allé encore plus loin, les qualifiant de "messianiques" et d'"extrémistes"

RIYADH : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de Benjamin Netanyahu. S'il n'a pas accusé son successeur d'avoir commis un génocide, il a déclaré à plusieurs reprises que ce qui se passait à Gaza constituait des crimes de guerre.

S'adressant à Katie Jensen, animatrice de l'émission d'actualité Arab News "Frankly Speaking", M. Olmert a déclaré que, bien que la réponse d'Israël ait été justifiée à la suite de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023, le conflit était devenu intenable et constituait un "piège mortel pour les Israéliens".

"Toute la guerre qui a commencé après la violation de l'accord de cessez-le-feu temporaire en mars 2025 est une guerre illégitime", a déclaré M. Olmert, qui a été premier ministre de 2006 à 2009.

"Et dans cette guerre illégitime, à laquelle s'oppose la majorité des Israéliens, plus de 70 %, dans laquelle de nombreux soldats israéliens seront tués, alors que la vie des otages est gravement menacée et que des milliers de Palestiniens seront tués pour une guerre qui n'a aucun objectif, qui ne peut atteindre aucun but, qui n'apportera rien de bon à aucune des parties impliquées, une telle guerre est un crime, et j'ai accusé le gouvernement israélien de l'avoir commise."

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L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert interviewé par Katie Jensen dans l'émission "Frankly Speaking". (Photo AN)


Il a ajouté que de nombreux Israéliens pensent aujourd'hui que la guerre sert avant tout les intérêts personnels de M. Netanyahou plutôt que les familles des otages restants et la sécurité de l'ensemble de la société israélienne.

"C'est ce que tout le monde dit aujourd'hui en Israël", a-t-il déclaré. "Il s'agit d'une guerre inutile et superflue, et il n'y a aucun intérêt national pour Israël qui puisse être servi par la poursuite de la guerre. La conclusion inévitable est donc qu'elle sert les intérêts personnels du premier ministre. Tout le monde l'a dit.

"L'extension de la guerre contre Gaza, qui compte plus d'un million d'habitants et où le Hamas se cache dans les zones les plus densément peuplées de citoyens non impliqués, est un piège mortel pour les Israéliens, car quelque chose qui ne sert aucun intérêt national est un crime, et il faut se poser la question : À quoi cela sert-il ? C'est pourquoi de nombreuses personnes concluent qu'il s'agit d'un intérêt personnel".

Lorsque Jensen lui a demandé s'il pensait toujours que M. Netanyahou devait être inculpé de crimes de guerre à La Haye, M. Olmert a répondu qu'il ne se souvenait pas d'avoir fait une telle déclaration. Et ce, en dépit d'un extrait largement diffusé d'une interview avec le journaliste britannique Piers Morgan, le 2 juin, dans lequel Olmert était directement interrogé sur la question de savoir si Netanyahou devait être jugé à La Haye.

"Ecoutez, il faut qu'il y ait une voix. Et si, du fait que j'ai été Premier ministre et que je suis assez bien connu dans la communauté internationale, les gens veulent entendre ce que j'ai à dire, je dois le dire. Oui", a déclaré M. Olmert à M. Morgan dans le clip.

Bien qu'il semble maintenant être revenu sur ces commentaires, Olmert a approuvé la description du ministre israélien de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et du ministre des finances Bezalel Smotrich comme des terroristes, les qualifiant de "messianiques" et d'"extrémistes".

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M. Ben-Gvir a suscité l'indignation en conduisant des prières juives à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, violant ainsi des accords de longue date et suscitant la condamnation des dirigeants palestiniens, arabes et internationaux.

Il a également plaidé en faveur de la souveraineté israélienne sur Gaza et encouragé l'émigration "volontaire" massive des Palestiniens. Les gouvernements occidentaux l'ont sanctionné pour incitation à la violence et pour des condamnations pénales antérieures pour soutien au terrorisme et au racisme.

M. Smotrich, également sanctionné par les États occidentaux, a été critiqué pour ses déclarations incendiaires soutenant l'expansion des colonies en Cisjordanie, ses incitations à l'encontre des Palestiniens et ses positions considérées par les partenaires de l'UE et les groupes de défense des droits comme portant atteinte aux droits des Palestiniens et aux perspectives de paix.

M. Jensen a abordé le sujet en posant la question suivante : Lorsque nous examinons certains commentaires des ministres (de M. Netanyahou), des personnes comme M. Smotrich, qui a déclaré que le peuple palestinien n'existait pas - il s'est tenu sous une carte du "Grand Israël" en disant cela - il a également déclaré que le village palestinien de Huwara devrait être rayé de la carte.

"Ou des commentaires de Ben-Gvir, qui a déclaré à la télévision israélienne que son droit de se déplacer librement en Cisjordanie était plus important que la liberté de mouvement des Palestiniens... Si nous considérons les paroles et les actions de ces hommes, à votre avis, ces hommes sont-ils des terroristes ?

La réponse de M. Olmert a été sans équivoque.

"Ecoutez, c'est une partie facile de la question", a-t-il dit. "Oui, ils le sont d'une certaine manière, dans la mesure où Ben-Gvir a été condamné pour avoir pris part à ce qui est considéré comme des actions terroristes dans le passé. Mais je pense que la situation est plus complexe.

"Regardons les choses en face. D'un côté, il y a ces groupes messianiques, qui sont totalement, totalement inacceptables. Pour la majorité des Israéliens, cela ne fait aucun doute. Ils sont extrêmes, ils sont messianiques.

"Oui, en effet, ils veulent expulser tous les Palestiniens de Cisjordanie et annexer la Cisjordanie. Ils veulent aussi le faire à Gaza. Mais je pense que la majorité des Israéliens s'y opposent".

Contrairement à M. Netanyahou, qui s'est rallié à la rhétorique de ses ministres d'extrême droite, M. Olmert a déclaré qu'il n'aurait jamais soutenu la notion de "Grand Israël", un concept politique épousé par les extrémistes qui envisagent d'étendre le territoire israélien pour y inclure des pans entiers de la Palestine, du Liban, de la Jordanie, de la Syrie et même des terres situées entre le Nil et l'Euphrate.

Olmert a averti que cette rhétorique et ces politiques coûtaient à Israël des amis et des alliés.

"Il y a une profonde division entre une grande partie de l'opinion publique, qui est en faveur d'un changement de cap, et une partie qui est maintenant gouvernée par les Netanyahus et le groupe de voyous qui sont connus pour être les ministres du cabinet", a-t-il déclaré.

"Maintenant, ce qu'ils font, c'est causer un très grand dommage à la réputation de l'État d'Israël, à l'intégrité de l'État d'Israël, et à la perception de ce qu'Israël représente.

"Et cela crée d'énormes difficultés dans les relations d'Israël avec ses amis traditionnels, les pays européens, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres pays. Et cela crée également des difficultés qui deviendront de plus en plus difficiles à gérer avec l'Amérique.

"Malheureusement, cela crée aussi des difficultés avec nos amis très importants en Égypte et en Jordanie, ainsi que dans les Émirats. Et cela empêche certainement l'évolution possible vers un processus de normalisation avec l'Arabie Saoudite".

Depuis 2019, M. Netanyahou fait face à des accusations de corruption, y compris des allégations de corruption, de fraude et d'abus de confiance. Son procès, qui a débuté en 2020, a été reporté à plusieurs reprises pour des raisons de sécurité. Il nie toutes les accusations.

Des mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale à l'encontre de M. Netanyahou et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, concernant des crimes de guerre présumés à Gaza, n'ont pas encore été exécutés. Israël est lui-même accusé de génocide par la Cour internationale de justice.

Olmert lui-même a démissionné de son poste de premier ministre en 2009 à la suite d'allégations de corruption et a ensuite été condamné et emprisonné pour corruption et abus de confiance. Malgré cela, il insiste sur le fait que sa voix a du poids, arguant que la plupart des Israéliens s'opposent désormais à Netanyahou.

En effet, les manifestations massives qui ont eu lieu ces dernières semaines dans tout Israël pour s'opposer à l'extension de la guerre à Gaza mettent en évidence un changement radical dans l'attitude du public à l'égard de la trajectoire du gouvernement de coalition de droite.

"Si j'avais été Premier ministre, la situation aurait été totalement différente", a déclaré M. Olmert. "J'aurais adopté ce que je représentais à l'époque où j'étais premier ministre, en parlant de la solution à deux États, en négociant, (et) en espérant essayer de forcer les dirigeants palestiniens à se conformer".

M. Olmert a déclaré que l'échec du processus de paix israélo-palestinien à ce jour ne pouvait pas être entièrement imputé à Israël. Il a rappelé qu'au cours de son mandat, il avait proposé un État aux Palestiniens, mais que ceux-ci avaient rejeté la proposition.

"N'oublions pas qu'en 2008 et 2009, lorsque j'étais premier ministre, j'ai proposé au président de l'Autorité palestinienne un plan de paix global basé sur les frontières de 1967", a-t-il déclaré.

Ce plan prévoyait un retrait israélien de la majeure partie de la Cisjordanie, des échanges de terres pour les colonies annexées, un corridor reliant Gaza et la Cisjordanie, une administration partagée ou internationale des lieux saints de Jérusalem et l'acceptation symbolique d'un nombre limité de réfugiés palestiniens en Israël, avec une compensation et une réinstallation pour les autres.

Les Palestiniens ont rejeté l'accord en raison de leurs préoccupations concernant le droit au retour, le calendrier précipité de l'examen, les doutes quant à la survie politique d'Olmert et l'insatisfaction concernant les conditions relatives à Jérusalem et à l'attribution des terres.

Quelle que soit la faute, l'échec répété des efforts de paix au cours de cette période a culminé avec l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 et la guerre d'Israël contre Gaza qui s'en est suivie et qui, depuis, a tué au moins 60 000 Palestiniens et laissé l'enclave dévastée.

L'un des plus grands scandales de la guerre à ce jour a été la création de la Fondation humanitaire de Gaza au début de l'année 2025. Les critiques ont dénoncé la GHF pour avoir mis de côté les mécanismes d'aide de l'ONU en faveur d'un plan soutenu par les États-Unis et Israël qui a placé le personnel militaire et les entrepreneurs privés américains en charge de la distribution de l'aide dans les zones militarisées.

Des rapports ont fait état de centaines de morts et de blessés parmi les Palestiniens cherchant de la nourriture sur les sites d'aide du GHF. Des groupes, dont Médecins sans frontières, ont décrit ces sites comme des scènes de "tueries orchestrées" et ont demandé la suspension immédiate du programme.

M. Olmert a déclaré qu'il ne savait pas si les Israéliens avaient délibérément ciblé les civils sur les sites de la GHF, mais il a insisté sur le fait qu'il était de la responsabilité d'Israël de nourrir les habitants de Gaza.

"Je pense qu'il y a beaucoup de fausses informations sur les circonstances précises concernant les fournitures humanitaires et sur la façon dont le Hamas essaie de provoquer afin d'obtenir de la nourriture pour ses propres besoins, sachant que le Hamas n'est pas particulièrement attentif à la vie des Palestiniens et ... dans quelle mesure cela résulte des pratiques très inacceptables des soldats israéliens. Je ne sais pas", a-t-il déclaré.

"Je ne dis qu'une chose, et c'est le fond du problème, qui est, je pense, ce qui compte. Israël contrôle Gaza, c'est nous qui sommes responsables là-bas. Par conséquent, il incombe à Israël de répondre aux besoins humanitaires à Gaza pour tous ceux qui en ont besoin, de manière efficace, complète et sans interférence ou provocation de la part de quiconque veut perturber cette situation. C'est notre responsabilité.