Macron va exprimer son soutien à Israël et appeler à la relance du processus de paix

Le président français Emmanuel Macron assiste à une vidéoconférence avec les familles des otages français des militants du Hamas (Photo, Reuters).
Le président français Emmanuel Macron assiste à une vidéoconférence avec les familles des otages français des militants du Hamas (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 24 octobre 2023

Macron va exprimer son soutien à Israël et appeler à la relance du processus de paix

  • Emmanuel Macron va exprimer mardi à Tel-Aviv le «soutien» de la France à «Israël et aux Français d'Israël»
  • Lors de ce déplacement au Proche-Orient, le président Macron aura aussi «vraisemblablement des échanges avec les partenaires arabes de la région»

PARIS: Emmanuel Macron va exprimer mardi à Tel-Aviv le "soutien" de la France à "Israël et aux Français d'Israël", plaider pour une "trêve humanitaire" et proposer de relancer un "véritable processus de paix" après l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre contre ce pays et la riposte militaire israélienne à Gaza.

"Ce message de solidarité est univoque. Il n'y a pas pas de réserve, il n'y a pas de 'oui mais'. Nous devons aux Israéliens notre plus complète solidarité face à des attaques terroristes d’une ampleur et d'une cruauté" sans précédent depuis la fondation de l'Etat d'Israël en 1948, a souligné lundi l'Elysée.

Peu avant, la Première ministre Elisabeth Borne avait appelé aussi l'Etat hébreu à une "réponse juste" face au "terrorisme" du Hamas palestinien et demandé une "trêve humanitaire qui pourra mener à un cessez-le-feu", devant une Assemblée nationale électrisée par les positions de La France insoumise (LFI).

Emmanuel Macron rencontrera mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président Isaac Herzog, les chefs de l'opposition Benny Gantz et Yaïr Lapid ainsi que des familles de Français ou franco-israéliens tués dans l'attaque ou emmenés comme otages par le Hamas à Gaza.

Au moins 30 ressortissants français ont été tués, le plus lourd bilan depuis l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice (86 morts) dans le sud de la France, et sept sont portés disparus, dont une otage sûre et plusieurs autres probablement détenus par le Hamas à Gaza.

Lors de ce déplacement au Proche-Orient, le président Macron aura aussi "vraisemblablement des échanges avec les partenaires arabes de la région à commencer par l’Autorité palestinienne (Mahmoud Abbas, ndlr), mais aussi le roi de Jordanie, le président égyptien et les partenaires arabes du Golfe", a ajouté l'Elysée sans autres précisions.

«Libération des otages»

Le chef de l'Etat, qui se rend en Israël après le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Rishi Sunak, a toujours affirmé qu'il effectuerait un tel voyage s'il pouvait être "utile" à la région.

"Le seul moyen d’être utile, c’est: 1- d'apporter de la solidarité à Israël 2- prendre des engagements très clairs contre les groupes terroristes 3-rouvrir une perspective politique", a martelé la présidence française.

Pour cela, il faut au préalable une "trêve humanitaire" qui permette d'apporter de l'aide aux Palestiniens de Gaza, sous blocus complet et sous les bombardements israéliens depuis l'attaque du Hamas.

Cette pause humanitaire doit aussi "faciliter la libération de ceux qui sont aujourd'hui détenus ou disparus à Gaza", a relevé la présidence française.

Deux otages femmes libérées par le mouvement islamiste palestinien Hamas sont arrivées dans la soirée au point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte.

Emmanuel Macron, qui prendra la parole mardi soir, souhaite aussi "prendre l’initiative avec tous ceux de bonne volonté" pour relancer un processus politique, a souligné l'Elysée, en rappelant l'attachement de la France pour la "solution à deux Etats", "la seule qui vaille", avec un Etat palestinien au côté de celui d'Israël.

"Il va naturellement parler de ce qui est nécessaire à la création d’un Etat palestinien", "l’arrêt de la colonisation" en Cisjordanie, mais aussi une "négociation sur ce que doivent être les paramètres qui permettent d’avoir un Etat palestinien viable, continu, capable de vivre en paix et en sécurité avec Israël".

«Indépendante»

Le chef de l'Etat veut aussi contribuer à "éviter la généralisation du conflit" au Moyen-Orient. Le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de l'Iran, ne doit pas "rentrer dans ce conflit", a ainsi insisté l'Elysée, sans exclure que le président puisse se rendre au Liban même si "rien n'est programmé" pour l'heure. Cela "n’apporterait que du malheur au Liban", déjà dans une "solution très fragile", a mis en garde un conseiller présidentiel.

La perspective d'un cessez-le-feu reste par ailleurs incertaine : Israël a pour cela "besoin de garanties très fortes" de sécurité mais le Hamas continue de tirer des roquettes sur son territoire, a-t-il relevé.

La France est "l'amie d'Israël", des "Palestiniens", des "pays arabes de la région", elle a une "position indépendante (...), qui nous donne un rôle pivot pour aider à tracer le chemin de la paix", a dit de son côté Mme Borne, voulant tordre le coup aux accusations d'"indignations sélectives" émanant d'une partie de la gauche et du monde arabe.

Devant un hémicycle clairsemé pour un débat spécial sur le Proche-Orient, elle a appelé à ne "faire preuve d'aucune ambiguïté" face aux crimes du Hamas, alors que LFI est fortement critiquée pour n'avoir pas qualifié le Hamas de "terroriste".

La présidente du groupe insoumis Mathilde Panot a  dénoncé pour sa part une France "devenue un État aligné, (...) sur les États-Unis et sur le gouvernement israélien va-t-en-guerre d'extrême droite".


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.