Gaza: Les chrétiens palestiniens reprochent à l’archevêque anglican son manque de soutien

L’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, assiste à un service de prière et de réflexion pour la reine Élisabeth II à Londres (Photo, AFP).
L’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, assiste à un service de prière et de réflexion pour la reine Élisabeth II à Londres (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 26 octobre 2023

Gaza: Les chrétiens palestiniens reprochent à l’archevêque anglican son manque de soutien

  • Mgr Welby n’a pas qualifié les crimes commis par l’occupation israélienne de «crimes diaboliques et odieux» comme il l’a fait pour les attaques commises par le Hamas
  • Les congrégations anglicanes de Ramallah et de Bir Zeit ont affirmé qu’elles n’avaient été informées de sa visite à Jérusalem que par les réseaux sociaux

LONDRES: Les chrétiens palestiniens ont critiqué l’archevêque de Cantorbéry pour ses propos sur la guerre entre Israël et Gaza, l’accusant de «reléguer» leur situation critique au second plan, derrière des «considérations œcuméniques et de politique intérieure britanniques».

Justin Welby a passé quatre jours à Jérusalem en fin de semaine pour manifester sa solidarité «avec la communauté chrétienne en Terre sainte» après qu’Israël a bombardé l’hôpital anglican Al-Ahli à Gaza.

Avant de quitter le Royaume-Uni, Mgr Welby a publié un communiqué appelant à la libération des otages détenus par le Hamas ainsi qu’à l’autorisation de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.

«Les attaques terroristes diaboliques et odieuses du Hamas contre des personnes en Israël sont des crimes contre Dieu et contre l’humanité. Israël a le droit et le devoir légitimes de se défendre et de répondre de manière proportionnée et discriminée pour assurer sa sécurité», a-t-il déclaré. 

Toutefois, il a ajouté que «la campagne de bombardement d’Israël sur la bande de Gaza, très peuplée, cause des pertes civiles massives et des souffrances. Les habitants de Gaza manquent d’eau, de nourriture, de fournitures médicales et d’abris». 

Des paroissiens anglicans de Cisjordanie ont écrit une lettre ouverte au Mgr Welby, se déclarant «complètement déconcertés» par ses déclarations publiques.

«Nous ne nous souvenons pas d’une seule déclaration de notre Église faisant référence aux crimes bien documentés de l’occupation israélienne comme étant des “crimes diaboliques et odieux”, même lorsque des anglicans ont été touchés», indique la lettre. 

«Nous sommes complètement déconcertés par les déclarations publiques émanant de votre bureau sur la situation actuelle en Palestine. Il est devenu clair pour nous que nos voix en tant que Palestiniens anglicans ne sont pas entendues à Cantorbéry et que nos intérêts sont relégués au second plan (...).»

«Nous craignons que les considérations œcuméniques et politiques britanniques internes soient plus pertinentes dans votre processus de prise de décision que la reconnaissance et la mise en œuvre exactes des droits inaliénables du peuple palestinien en général, et de la communauté palestinienne anglicane en particulier.»

Les auteurs de la lettre ont également exprimé leur inquiétude quant aux déclarations du bureau du Mgr Welby les désignant comme «anglicans de Cisjordanie, d’Israël et de Gaza» plutôt que par leur identité nationale en tant que Palestiniens.

«Ces questions semblent peut-être, pour certains, relever simplement de la sémantique, mais pour nous, elles concernent directement notre identité et la lutte inébranlable que nous menons pour repousser les tentatives de nettoyage ethnique de notre présence en Palestine», soulignent-ils.

«Créer un équilibre entre l’opprimé et l’oppresseur.»

Les congrégations anglicanes de Ramallah et de Bir Zeit, signataires de la lettre, ont aussi affirmé qu’elles n’avaient été informées de la visite du Mgr Welby à Jérusalem que par les réseaux sociaux.

«Il est très regrettable que nous n’ayons pas eu l’occasion de participer aux prières du dimanche à Jérusalem en raison du blocus de nos villes par l’occupant israélien, alors que nous n’étions qu’à 10 km.» 

«Nous nous opposons sans équivoque à toutes les attaques contre les civils, quelle que soit leur identité nationale, ethnique ou religieuse, et appelons à la mise en œuvre intégrale du droit international humanitaire.» 

«Ce que nous attendons de notre Église, c’est qu’elle condamne pleinement le déni systématique de nos droits et les appels à l’anéantissement de notre peuple, en particulier lorsqu’ils sont exprimés publiquement par le gouvernement fasciste israélien actuel, plutôt que d’essayer de créer un équilibre entre l’opprimé et l’oppresseur.» 

S’adressant à la Chambre des Lords mardi, Mgr Welby a condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, tout en réitérant son appel à une action humanitaire à Gaza. Il a averti que «plus les pertes sont lourdes, moins il y a de chances que la paix soit rétablie».

L’archevêque a par ailleurs demandé au gouvernement britannique de reconnaître officiellement le «courage suprême» de Yosef Guedalia, un soldat israélo-britannique tué par des combattants du Hamas le 7 octobre.

Un porte-parole du palais de Lambeth a confirmé que Mgr Welby avait reçu la lettre, affirmant qu’il était «essentiel que nous écoutions nos frères et sœurs palestiniens anglicans et que nous restions solidaires de tous les chrétiens en Terre sainte.»

«L’archevêque Justin continue d’appeler à un cessez-le-feu humanitaire urgent et à l’acheminement de l’aide aux civils de Gaza. Il exhorte à l’instauration d’une paix juste qui garantisse la liberté et la sécurité à tous les peuples en Terre sainte, avec une attention et une préoccupation particulières pour les Palestiniens chrétiens qui sont trop souvent oubliés.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.