En Irak, du soleil mais pas de solaire

Un ingénieur électricien irako-kurde donne un briefing sur les panneaux solaires installés sur le toit de la Direction de l'électricité à Sulaimaniyah, dans la région autonome kurde du nord de l'Irak, le 20 septembre 2023. (AFP)
Un ingénieur électricien irako-kurde donne un briefing sur les panneaux solaires installés sur le toit de la Direction de l'électricité à Sulaimaniyah, dans la région autonome kurde du nord de l'Irak, le 20 septembre 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 novembre 2023

En Irak, du soleil mais pas de solaire

  • Tout foyer fournissant aux autorités l'énergie solaire qu'il ne consomme pas bénéficie d'une réduction de sa facture d'électricité publique
  • Le Kurdistan ambitionne de construire trois centrales électriques solaires d'une capacité totale de 75 mégawatts (MW)

HAZAR MERD: Dans un hameau perché sur les hauteurs du Kurdistan d'Irak, quasiment tous les toits sont couverts de panneaux solaires. Mais le village Hazar Merd reste une exception, dans un pays où les autorités doivent encore concrétiser leur engagement à développer les énergies renouvelables.

Pour un Irak otage de sa manne pétrolière, frappé de plein fouet par les effets du changement climatique, le dossier est primordial. Au quotidien, les 43 millions d'Irakiens vivent au rythme des délestages qui empirent l'été quand les températures frôlent, voire dépassent, les 50 degrés.

Mais la rareté du solaire dans l'un des pays les plus ensoleillés de la planète illustre la difficulté de sortir les économies de la facilité du pétrole et du gaz, comme vont pourtant l'exiger des dizaines de pays à la prochaine COP28, en novembre et décembre à Dubaï.

Niché dans les montagnes du Kurdistan autonome, près de Souleimaniyeh, un village a fait le pari de l'énergie solaire: à Hazar Merd, 17 foyers sur 25 ont installé des panneaux photovoltaïques.

"Le solaire couvre tous nos besoins: le frigidaire, la télévision, le refroidisseur (d'air), la machine à laver, l'aspirateur", résume Daniar Abdallah, 33 ans.

"Ca nous a beaucoup soulagés", poursuit ce père de deux fillettes qui a déboursé 2.800 dollars (environ 2.650 euros) en 2018 pour se convertir au solaire.

Le calme ambiant n'est plus troublé par le vrombissement des gros générateurs de quartier utilisés partout en Irak pour pallier les coupures de courant et extrêmement polluants car fonctionnant à l'énergie fossile.

"Avant, on avait un générateur qui tombait tout le temps en panne", poursuit M. Abdallah, soldat dans les forces kurdes locales. D'autant que les délestages durent parfois "12 ou 13 heures par jour".

Suivant son exemple, "plusieurs amis dans d'autres villages se sont empressés d'installer des panneaux solaires", ajoute-t-il.

98% fossile

Mais le phénomène est encore marginal. A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan d'Irak, sur les 600.000 foyers abonnés à l'électricité publique, seuls 500 sont équipés de panneaux solaires, reconnaît le porte-parole du département, Sirouan Mahmoud.

Le solaire connaît une "progression rapide" depuis que le Parlement régional a voté des incitations en 2021, assure-t-il cependant. Ainsi, tout foyer fournissant aux autorités l'énergie solaire qu'il ne consomme pas bénéficie d'une réduction de sa facture d'électricité publique.

M. Mahmoud rappelle que le Kurdistan ambitionne de construire trois centrales électriques solaires d'une capacité totale de 75 mégawatts (MW).

Dans un pays aux infrastructures ravagées par des décennies de conflits, où la gestion des affaires publiques est minée par une corruption endémique, les centrales irakiennes ne produisent que 24.000 MW. Pour dire adieu aux délestages, il faudrait dépasser le seuil des 32.000 MW.

Or les énergies renouvelables restent sous-exploitées dans le mix énergétique. L'Irak bénéficie de plus de 3.000 heures de soleil sur les 8.700 heures de l'année. Mais "plus de 98% de l'électricité" est produite par "des combustibles fossiles", rappelait la Banque mondiale dans un rapport récent.

Les autorités assurent vouloir développer les énergies propres pour répondre d'ici à 2030 à un tiers des besoins du pays. Si plusieurs grands projets ont été annoncés en fanfare, ils doivent encore se concrétiser.

TotalEnergies veut livrer dans les deux ans "la première tranche" d'une usine solaire de 1.000 MW. Et Bagdad a signé en 2021 un accord avec l'émirati Masdar pour construire cinq centrales solaires d'une capacité de 1.000 MW.

«Culture» du solaire

Pour encourager le solaire, la Banque centrale a annoncé en 2022 l'allocation de 750 millions de dollars (soit 711 millions d'euros) distribués sous forme de prêts quasiment à taux zéro, dont peuvent bénéficier particuliers et entreprises privées.

Une initiative qui piétine "en raison du manque de coopération des banques", regrette Mohamed al-Douleimi, expert en énergies renouvelables.

Directeur exécutif de Solar Energy Universe, Ali al-Ameri déplore l'absence d'une "culture" du solaire. Cette année toutefois, la tendance est à la hausse: son entreprise a installé des panneaux photovoltaïques sur une douzaine de sites.

"Les prix commencent à 4.500 dollars et peuvent monter jusqu'à 6.000 dollars" (entre 4.200 et 5.600 euros), dit-il.

Parmi ses clients, "des universitaires et des médecins" mais aussi des agences humanitaires, poursuit-il, soulignant "le nombre important d'agriculteurs ayant recours à l'énergie solaire".

Depuis 2020, il a effectué 70 installations, principalement "des maisons", que ce soit à Bagdad, dans la province d'Al-Anbar (ouest), ou dans le sud.

Pourtant, le potentiel est immense. "Le pire site solaire d'Irak dispose de ressources supérieures aux deux tiers comparé au meilleur site d'Allemagne", souligne Ali al-Saffar, expert à la Fondation Rockefeller. Grâce à l'énergie solaire "le pays aurait l'opportunité de résoudre une bonne fois pour toutes ses pénuries chroniques d'électricité".


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.