L’Iran «doit arrêter de se soustraire à ses engagements sur le nucléaire»

La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a sommé le régime iranien de s’abstenir de se soustraire à ses engagements prévus par le Plan d’action global commun (JCPOA). Ci-dessus, le réacteur nucléaire à eau d’Arak, au sud de Téhéran (Photo, Organisation de l'énergie atomique d’Iran/AFP).
La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a sommé le régime iranien de s’abstenir de se soustraire à ses engagements prévus par le Plan d’action global commun (JCPOA). Ci-dessus, le réacteur nucléaire à eau d’Arak, au sud de Téhéran (Photo, Organisation de l'énergie atomique d’Iran/AFP).
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Publié le Jeudi 24 décembre 2020

L’Iran «doit arrêter de se soustraire à ses engagements sur le nucléaire»

  • Rosemary DiCarlo informe le Conseil de sécurité des derniers développements relatifs à l’accord sur le nucléaire de 2015
  • Les participants à cet accord ont été appelés à éviter les actions qui pourraient davantage exacerber les tensions ou déclencher des hostilités

NEW YORK : Ces dernières années dans le Golfe se caractérisent par une montée des tensions, «une surenchère verbale, et de potentielles erreurs d’appréciation qui compliquent la résolution d’autres conflits dans la région», selon un haut responsable de l’ONU.

Lors d’une allocution prononcée devant le Conseil de sécurité de l’ONU mardi, la secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a sommé le régime iranien de s’abstenir de se soustraire à ses engagements prévus par le Plan d’action global commun (JCPOA) signé en 2015.

Mieux connu sous le nom d’accord sur le nucléaire iranien, l’accord contraint Téhéran de limiter ses recherches nucléaires en échange d’un allègement des sanctions. En plus de l’Iran, Il est signé par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis), ainsi que l’Allemagne et l’UE.

DiCarlo a informé le Conseil de sécurité des derniers développements relatifs à la Résolution 2231, qui sert de référence à l’accord sur le nucléaire et régit les modalités de sa mise en œuvre.

Elle a appelé toutes les signataires de l'accord à éviter toute activité qui pourrait exacerber les hostilités existantes, et à avoir plutôt recours au processus de règlement des différends contenu dans le JCPOA.

Après avoir réitéré son soutien au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour ses initiatives afin de faciliter le commerce et les relations économiques avec l’Iran, surtout durant la pandémie, Mme DiCarlo a exhorté Téhéran à tenir compte des «préoccupations concernant ses activités (de transfert d’armes)».

La Résolution 2231 comprend une clause qui interdit le transfert d’armes de ou vers l’Iran, et qui a pris fin le 18 octobre de cette année. Après le retrait des États-Unis du JCPOA en 2018 et la réimposition des sanctions contre Téhéran, l’administration Trump a présenté un projet de résolution pour prolonger l’embargo sur les armes de l’ONU. Le Conseil de sécurité a voté contre le projet.

La majorité des membres du Conseil ont aussi rejeté en août une demande des États-Unis de rétablir toutes les sanctions imposées avant la conclusion de l’accord sur le nucléaire, sous prétexte que Téhéran a violé de nombreux termes de l’accord. Cependant, l’une des conditions pour lancer le mécanisme, connu sous le terme «snapback», est que le pays qui fait en la demande doit être un participant actif au JCPOA, ce que les États-Unis n’étaient plus.

«La réimposition par les États-Unis de toutes ses sanctions nationales levées ou annulées par le JCPOA est contraire aux objectifs définis dans le plan et dans la Résolution 2231», insiste Mme DiCarlo, ajoutant que la majorité des États membres de l’ONU soutiennent toujours l’accord sur le nucléaire.

Citant deux cas de transfert d’armes, Mme DiCarlo affirme qu’Israël a fourni des informations au secrétaire général et au Conseil de sécurité à propos de la prolifération continue des armes de pointe en Iran. «En ce qui concerne les informations fournies par Israël sur quatre missiles guidés antichar Dehlavieh en Libye, le Secrétariat a pu vérifier que l’un des quatre missiles présente des caractéristiques conformes au Dehlavieh produit par l’Iran», a-t-elle déclaré. «Nous n’avons néanmoins pas été en mesure de déterminer si ce missile a été transféré en Libye, ou si son transfert est contraire aux dispositions de la Résolution».

L’Iran a rejeté ces affirmations dans une lettre adressée au secrétaire général.

De plus, Mme DiCarlo dit regretter «les mesures prises par l’Iran depuis juillet 2019 pour se défaire de certains de ses engagements relatifs au nucléaire dans le cadre du JCPOA ».

Cet accord garantit que les responsables de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) auront accès aux sites nucléaires iraniens et aux informations relatives au programme nucléaire du pays. Bien que Téhéran se soit conformé à certaines de ces dispositions, l’AIEA signale que les limites imposées par le JCPOA sur l’enrichissement de l’uranium ont été dépassées. De faibles niveaux d’enrichissement requis pour produire de l’énergie nucléaire sont autorisés dans le cadre de l’accord, mais les niveaux d’enrichissement plus élevés nécessaires pour la fabrication d’armes nucléaires ne le sont pas.

«Il est indispensable que l’Iran s’abstienne de prendre de nouvelles mesures pour réduire ses engagements, et qu’il recommence à appliquer le JCPOA à la lettre», martèle Mme DiCarlo.

Le parlement iranien a récemment adopté un projet de loi qui autorise l’installation de centrifugeuses avancées d’enrichissement d’uranium, ainsi que l’expulsion des inspecteurs de l’AIEA si le pays ne bénéficie pas des avantages économiques promis par l’accord. Les centrifugeuses avancées permettent l’enrichissement de l’uranium à des niveaux plus élevés que ceux autorisés dans le cadre de l’accord.

Plus tôt en décembre, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont dits «très préoccupés» par cette annonce. «Si l’Iran souhaite sérieusement préserver un espace pour la diplomatie, il ne doit pas mettre en œuvre ces mesures», ont souligné les trois puissances dans un communiqué conjoint.

Le mois dernier, l’AIEA a rapporté que l’Iran a commencé à exploiter des centrifugeuses avancées dans un site sous-terrain à Natanz.

Le président-élu Joe Biden a promis un retour des États-Unis au JCPOA, mais il a laissé entendre que des négociations sont nécessaires au sujet du programme de missiles de l’Iran et ses activités perturbatrices dans la région. Les signataires européens de l’accord ont plus tard fait écho à ces propos.

L’Iran rejette toute suggestion de nouvelles négociations, et insiste sur un retour à l’accord sur le nucléaire tel que conclu en 2015.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.