Des lettres à des marins français vieilles de deux siècles retrouvées en Angleterre

Une photographie non datée prise par les Archives nationales et publiée par l'Université de Cambridge le 2 novembre 2023 montre une lettre d'amour d'Anne Le Cerf, alias Nanette, à son mari Jean Topsent. (AFP)
Une photographie non datée prise par les Archives nationales et publiée par l'Université de Cambridge le 2 novembre 2023 montre une lettre d'amour d'Anne Le Cerf, alias Nanette, à son mari Jean Topsent. (AFP)
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Publié le Mardi 07 novembre 2023

Des lettres à des marins français vieilles de deux siècles retrouvées en Angleterre

  • Ces courriers avaient été saisis par la Royal Navy durant la guerre qui a notamment opposé Britanniques et Français entre 1756 et 1763 autour de leurs possessions coloniales
  • Écrites en majorité par des femmes, elles témoignent notamment de l'expérience de ces épouses, mères, fiancées en temps de guerre, contraintes de tenir seules le foyer et de prendre des décisions en l'absence des hommes

LONDRES: Elles n'étaient jamais parvenues à leurs destinataires: des lettres écrites au 18e siècle à des marins français durant la Guerre de Sept Ans entre la France et la Grande-Bretagne ont finalement été ouvertes, livrant des témoignages à la fois intimes et historiques.

Une lettre de l'épouse d'un officier, une autre d'une mère reprochant à son fils de ne pas lui écrire plus souvent... ces courriers avaient été saisis par la Royal Navy durant la guerre qui a notamment opposé Britanniques et Français entre 1756 et 1763 autour de leurs possessions coloniales.

"Je passerais fort bien la nuit à t'écrire (...), ta fidèle femme pour la vie. Bonsoir mon cher ami. Il est minuit. Je pense qu'il est temps de me reposer", écrit par exemple en 1758 Marie Dubosc à son époux Louis Chambrelan, premier-lieutenant de la frégate française Galatée, capturée par les Britanniques.

Louis n'a jamais reçu la lettre de son épouse, qui meurt l'année suivante, probablement en captivité.

Dans un autre courrier daté du 27 janvier 1758, Marguerite Lemoyne, la mère du matelot Nicolas Quesnel, originaire de Normandie, regrette de ne pas recevoir plus de nouvelles de son fils.

"Je pense plus à toi, que toi à moi (...) enfin, je te souhaite une heureuse année remplie des bénédictions du seigneur", lui dit-elle dans une lettre sans doute dictée à un scribe.

Mais le Galatée, parti de Bordeaux pour le Quebec, a été capturé dans l'Atlantique et emmené à Plymouth, sur la côte sud de l'Angleterre, puis enfin à Portsmouth.

Les lettres ont suivi le bateau de port en port jusqu'à sa capture, avant d'arriver aussi en Angleterre.

«Expériences humaines universelles»

D'abord considérés comme des documents d'intérêt militaire, ces 104 courriers sont finalement transférés aux archives nationales britanniques, où ils sont oubliés dans un carton, jusqu'à ce qu'ils attirent l'attention de Renaud Morieux, professeur d'histoire à l'université de Cambridge.

"J'ai simplement demandé à consulter ce carton par curiosité", raconte le chercheur, dont les conclusions sont publiées mardi dans la revue Les Annales. Histoire, Sciences sociales.

"J'ai réalisé que j'étais la première personne à lire ces messages très personnels", regroupés en trois piles et tenus ensemble par des rubans.

"Leurs destinataires n'ont pas eu cette chance et c'était très émouvant", dit-il, ajoutant que ces lettres contiennent "des expériences humaines universelles".

Écrites en majorité par des femmes, elles témoignent notamment de l'expérience de ces épouses, mères, fiancées en temps de guerre, contraintes de tenir seules le foyer et de prendre des décisions en l'absence des hommes.

Renaud Morieux a identifié chacun des 181 membres de la frégate Galatée, dont un quart avaient été destinataires de ces lettres, et a également mené des recherches généalogiques sur les marins et les auteurs des lettres.

En 1758, un tiers des quelques 60 000 marins français, ont été emprisonnés en Grande-Bretagne. Et sur toute la période de la Guerre de Sept Ans, gagnée par l'alliance menée par la Grande-Bretagne et la Prusse, 65 000 ont été détenus par les Britanniques.

Certains sont morts de maladie et de malnutrition, tandis que d'autres ont été finalement libérés.

Durant cette période, les lettres étaient le seul moyen pour leurs familles d'essayer de les contacter.

"Aujourd'hui, nous avons Zoom ou WhatsApp. Au 18e siècle, les gens n'avaient que les lettres, mais ce qu'ils écrivaient résonne aujourd'hui de manière très familière", estime le chercheur.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.