En Cisjordanie occupée, les colons menacent la récolte des olives

Abu Bashar, le représentant de la communauté Wadi al Seeq, s'appuie contre un olivier alors qu'il se tient dans un champ de la ville de Taybeh en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
Abu Bashar, le représentant de la communauté Wadi al Seeq, s'appuie contre un olivier alors qu'il se tient dans un champ de la ville de Taybeh en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 novembre 2023

En Cisjordanie occupée, les colons menacent la récolte des olives

  • Chaque année, à l'automne, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 56 ans par Israël, des colons incendient ou déracinent des arbres
  • Des soldats israéliens bloquent l'accès aux oliveraies ou une colonie vient s'installer sur des terres

TAYBEH: Sanglé dans sa coque de protection, le rabbin Arik Ascherman monte la garde dans une oliveraie de Cisjordanie occupée. A son échelle, ce militant protège les agriculteurs palestiniens de la vague de violence les visant depuis la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

"Il n'y a aucune excuse, aucune explication, aucune justification à ce que le Hamas a fait" le 7 octobre, affirme ce rabbin de 64 ans alors que derrière lui des agriculteurs font tomber des olives dans une bâche au pied des arbres multiséculaires.

Ce jour-là, le mouvement islamiste palestinien a tué 1.200 personnes en Israël, enlevé plus de 240 autres et déclenché une guerre qui a déjà fait plus de 11.000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Après ça, "l'Israélien moyen n'est ni prêt ni désireux de faire la distinction entre les Palestiniens terroristes et les Palestiniens terrorisés", dit à l'AFP M. Ascherman, co-fondateur de l'ONG Rabbins pour les droits de l'Homme.

Colons et soldats

Et de citer l'Ancien testament: "Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ?".

"Cela fait 28 ans que je fais ça, je n'ai jamais été aussi marginalisé", raconte-t-il, le torse bombé par la coque de protection qu'il porte sous sa chemise.

Chaque année, à l'automne, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 56 ans par Israël, des colons incendient ou déracinent des arbres, des soldats israéliens bloquent l'accès aux oliveraies ou une colonie vient s'installer sur des terres.

Mais cette saison est particulière. Elle coïncide avec la guerre à Gaza et une intensification des affrontements en Cisjordanie --déjà plus de 180 Palestiniens tués dans le petit territoire depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé. Les soldats israéliens multiplient les incursions jusqu'au coeur des villes; les attaques de colons sont passées de trois à sept par jour, selon l'ONU.

Fin octobre, ils ont tué un agriculteur qui s'occupait de ses oliviers, rapporte l'ONG israélienne des droits humains B'Tselem.

Depuis le 7 octobre, ajoute B'Tselem, "il y a eu une hausse des incidents impliquant des colons violents qui s'en prenaient à des Palestiniens vêtus d'uniformes militaires et en possession d'armes délivrées par l'Etat".

Pour l'ONU, dans près de la moitié des cas de violences menées par des colons, "les forces de sécurité israéliennes les accompagnaient ou les soutenaient activement".

L'armée israélienne, elle, assure que dans le cas de l'agriculteur tué dans son oliveraie, "il semble qu'un soldat qui n'était pas en service a participé". Elle a affirmé avoir ouvert une enquête.

Deux fois plus peur

"Depuis le 7 octobre, on a deux fois plus peur des colons", témoigne Samir Abdelkarim, 63 ans, qui possède lui aussi des oliviers quelques kilomètres plus loin.

Dans son village de Doura al-Qarea, "nous n'avons pas pu accéder à nos arbres", dit-il, "parce que les colons et l'armée israélienne nous tirent dessus".

"De notre point de vue, on dirait que les colons essayent d'ouvrir un nouveau front", affirme à l'AFP Dani Brodsky, directeur de Rabbins pour les droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés, gants rembourrés aux mains au cas où des colons viendraient faire le coup de poing.

"C'est dur de perdre cette saison de récolte, mais nous prions pour la paix et nous sommes prêts à travailler pour", ajoute-t-il.

Ce jour-là, durant plusieurs heures, l'AFP n'a vu aucun colon. Les agriculteurs palestiniens ont tous refusé d'être cités ou filmés par crainte de représailles venant des colonies environnantes.

Avant, dans le petit territoire qui compte environ 10 millions d'oliviers, "la saison de la récolte des olives était un vrai festival, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui", déplore Souad Mahmoud, de Doura al-Qarea.

"Les olives, c'est très important pour nous, nous ne pourrions pas vivre selon elles".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.