En Cisjordanie, la peur des «vengeances» de colons et de soldats israéliens

Un jeune Palestinien brandit le drapeau national lors d'affrontements avec les forces israéliennes à l'entrée nord de la ville de Ramallah, près de la colonie israélienne de Beit El, en Cisjordanie occupée, le 16 octobre 2023. (AFP)
Un jeune Palestinien brandit le drapeau national lors d'affrontements avec les forces israéliennes à l'entrée nord de la ville de Ramallah, près de la colonie israélienne de Beit El, en Cisjordanie occupée, le 16 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 17 octobre 2023

En Cisjordanie, la peur des «vengeances» de colons et de soldats israéliens

  • Depuis le 7 octobre, la mort a aussi frappé dans le territoire palestinien de Cisjordanie, occupé par Israël depuis 1967
  • Au moins 58 Palestiniens ont été tués et plus de 1 200 blessés dans ce petit territoire quadrillé par les check-points israéliens et les colonies qui surplombent une bonne part des villes et villages palestiniens

RAMALLAH: "Les soldats israéliens et les colons ouvrent facilement le feu pour se venger de ce qui se passe à Gaza", lâche Faraj Beitaoui: dans son village, comme partout en Cisjordanie occupée, les Palestiniens vivent désormais dans la peur constante.

Les hostilités déclenchées entre Israël et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, ont fait des milliers de morts des deux côtés depuis l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le mouvement palestinien sur le sol israélien.

Depuis le 7 octobre, la mort a aussi frappé dans le territoire palestinien de Cisjordanie, occupé par Israël depuis 1967.

Au moins 58 Palestiniens ont été tués et plus de 1 200 blessés dans ce petit territoire quadrillé par les check-points israéliens et les colonies qui surplombent une bonne part des villes et villages palestiniens, selon le ministère palestinien de la Santé.

A Beita, le village de Faraj Beitaoui proche de Naplouse, la grande ville du nord de la Cisjordanie, un jeune a été tué dimanche par l'armée israélienne. Sur une vidéo, on voit un soldat tirer de loin sur lui, aux abords de son village.

Routes dangereuses

A Qousra, autre village du nord de la Cisjordanie, d'abord quatre habitants ont été tués par des colons. Puis, le lendemain, lors de leurs funérailles, un père et son fils ont été fauchés par des balles tirées par des colons.

Zeid al-Chouaïbi, de l'ONG al-Haq, surveille de près cette montée des violences. Mais pas d'aussi près qu'il le voudrait parce que, raconte-t-il à l'AFP, les déplacements se sont encore compliqués ces derniers jours.

"Nous n'avons aucun chiffre précis" du nombre d'attaques de colons ou de soldats israéliens sur des Palestiniens, "nos équipes de chercheurs ne pouvant plus emprunter les routes, car c'est là où les attaques et les intimidations contre les habitants ont lieu", affirme-t-il.

Les routes ont toujours été une ligne de friction. Partagées parfois par les Palestiniens et les colons israéliens, certaines sont réservées uniquement aux colons dont les plaques d'immatriculation sont jaunes comme en Israël.

Il n'est pas rare que des colons postés sur des collines jettent des pierres sur les voitures des Palestiniens, reconnaissables, elles, à leurs plaques blanches et vertes. Et inversement, que de jeunes Palestiniens attaquent des véhicules de colons.

Mais depuis le début de la guerre actuelle, aux "attaques contre les voitures", s'ajoutent "le saccage de magasins, les tags menaçants de colons, les meurtres et tentatives d'attaques sur les villages", qui ne sont pas sans rappeler la descente des colons sur la bourgade de Huwara l'hiver dernier, poursuit M. Chouaïbi.

Fin février, après la mort de deux colons israéliens non loin de Huwara, des dizaines de colons avaient déferlé sur ce village et incendié de nombreux bâtiments et véhicules.

Les images du village en feu avaient fait le tour du monde, provoquant une vague d'indignation.

Rondes de nuit

Elles avaient attiré tous les regards sur la situation des près de trois millions de Palestiniens de Cisjordanie occupée, où vivent aujourd'hui près d'un demi-million de colons juifs. Tous dans des colonies considérées par l'ONU comme illégales au regard du droit international --et certains dans des colonies dites "sauvages" que même Israël considère comme illégales.

Lundi, tous les magasins étaient fermés à Huwara. "On a tous peur de nouvelles attaques de colons après les événements de Gaza", affirme Moïn Damidi, son maire, à l'AFP.

Le village de Deir Jarir, près de Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, lui, vit à l'ombre d'une colonie sauvage montée aux marges de la grande colonie d'Ofra, dans le nord de la Cisjordanie.

Toutes les nuits, les jeunes veillent et font des rondes, rapporte à l'AFP Haidar Makho, 52 ans. "Et il y a un groupe où on s'échange les informations et où on se tient les uns les autres au courant des mouvements des colons", ajoute-t-il.

Mais parfois, les habitants sont pris par surprise: dimanche encore, une femme a été tuée par une balle de l'armée israélienne et son mari et son fils ont été blessés, alors qu'ils rentraient chez eux.

D'autre part, "environ 470 Palestiniens de Cisjordanie, pour la plupart des gens du Hamas, ont été mis en détention administrative", rapporte le Club des prisonniers palestiniens, alors qu'Israël a promis de "liquider" le Hamas.

Ce régime permet à Israël d'incarcérer des personnes sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elles.

"On n'avait pas vu une campagne d'arrestations de cette ampleur depuis des années en Cisjordanie", assure à l'AFP la porte-parole de cette association, Amani Sarahneh.


Les dirigeants du CCG réaffirment le lien de «sécurité indivisible» lors du sommet de Bahreïn

Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
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  • Toute atteinte à la souveraineté d'un État membre est considérée comme une menace pour la sécurité collective
  • Les pays soulignent l'objectif d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires

LONDRES: Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont réaffirmé leur lien de sécurité indivisible, enraciné dans une foi, une lignée et une langue communes, ainsi que dans une destinée partagée, à l'issue de la 46e session du Conseil suprême au palais d'Al-Sakhir, à Bahreïn.

Les délégués ont déclaré que la sécurité des États du CCG était indivisible et que toute atteinte à la souveraineté d'un État membre constituait une menace directe pour leur sécurité collective.

"Respecter la souveraineté des États du CCG et de tous les pays de la région, ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures et rejeter le recours à la force ou à la menace d'y recourir", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le secrétaire du CCG, Jasem Mohamed Albudaiwi, a déclaré que les États du Golfe étaient unis dans leur soutien au Qatar à la suite des attaques distinctes lancées cette année contre ce pays par l'Iran et Israël dans le cadre du conflit à Gaza.

L'attaque de missiles iraniens visant la base aérienne américaine d'Al-Udeid en juin était "une agression rejetée, une violation claire de sa souveraineté, de son espace aérien et des principes de bon voisinage", a-t-il déclaré.

En septembre, Israël a lancé une attaque aérienne contre des figures du Hamas à Doha, qui a fait six morts, dont un citoyen qatari.

"L'agression israélienne brutale (...) représente une attaque flagrante contre les efforts internationaux visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré M. Albudaiwi.

Les dirigeants du Golfe ont salué les résultats du sommet de la paix de Charm el-Cheikh en octobre et les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à faciliter l'aide humanitaire et à soutenir un État palestinien indépendant le long des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États et à l'initiative de paix arabe.

Ils ont déclaré que leur objectif était de consolider une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de résoudre les conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques.

M. Albudaiwi a félicité l'Arabie saoudite et la France d'avoir coprésidé une conférence organisée en septembre à New York, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'État palestinien par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie. Il a également salué les efforts constants du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie pour faciliter les discussions qui ont abouti à l'accord de Gaza.


Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG et a coprésidé la quatrième réunion du Conseil de coordination saoudo-bahreïnien.

Le roi de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al-Khalifa, a déclaré que le sommet avait abordé des questions régionales et diverses méthodes pour renforcer la solidarité et l'intégration du CCG.

L'émir du Koweït, Cheikh Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a déclaré que le CCG avait surmonté des circonstances régionales et internationales complexes et a réitéré la condamnation par le CCG de l'agression israélienne contre le Qatar.

Les dirigeants ont insisté sur l'objectif consistant à débarrasser le Moyen-Orient des armes nucléaires et des armes de destruction massive. Ils ont souligné les efforts déployés par les forces navales conjointes basées à Bahreïn pour renforcer la sécurité énergétique, protéger la navigation maritime et préserver le commerce international.

Ils ont également souligné la nécessité de satisfaire aux exigences du marché commun et de l'union douanière du CCG, de stimuler le commerce et le tourisme et d'investir dans des domaines clés tels que les infrastructures, les transports, l'énergie, les communications, l'eau et l'alimentation.

Les dirigeants ont accueilli le premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui a participé au sommet en tant qu'invitée d'honneur.

Le CCG a été créé en 1981 et se compose de six membres : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Qatar et Koweït. Son siège est situé à Riyad.


Yémen: les marins d'un navire coulé par les Houthis libérés 

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
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  • "L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate"
  • Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X

SANAA: Les membres d'équipage d'un cargo coulé par les rebelles yéménites houthis en juillet ont été libérés, a annoncé mercredi un média de ces insurgés, ajoutant qu'ils avaient été transportés par avion de Sanaa à Mascate, la capitale omanaise.

"L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate", a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X.

Des images de la chaîne Oman TV ont ensuite montré les marins arriver à Mascate, où ils ont été reçus par des responsables omanais et philippins.

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts.

Un responsable houthi a indiqué à l'AFP que la remise en liberté de l'équipage faisait partie d'un accord conclu avec Oman, visant à rapatrier 35 Yéménites, "des malades et des blessés" qui se trouvent "bloqués à l'étranger".

"Ils seront remis à Sanaa" et en échange, les marins du navire doivent être "remis à la partie omanaise", a expliqué cette source sécuritaire, sous couvert d'anonymat.

L'Eternity C, battant pavillon libérien, avait été coulé en juillet dernier en mer Rouge.

Les Houthis avaient publié à l'époque une vidéo de l'attaque, en déclarant avoir "sauvé" un nombre non précisé de marins et les avoir transférés en lieu sûr.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis pro-iraniens, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des attaques contre des navires qu'ils estimaient liés à Israël.

Ils n'ont revendiqué aucune attaque de ce type depuis la trêve conclue à Gaza en octobre.


Premières discussions directes entre le Liban et Israël en plus de 40 ans

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
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  • Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU
  • La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat

BEYROUTH: Des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu dans le sud du Liban, les premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays.

Alors que les deux voisins sont toujours techniquement en état de guerre, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a pris soin de souligner qu'il ne s'agissait pas de négociations de paix.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui salué "l'atmosphère positive" dans laquelle s'est déroulée la réunion, selon son bureau.

Celle-ci intervient alors qu'Israël menace d'une escalade au Liban, où son armée continue de viser le Hezbollah malgré un cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, accusant le mouvement pro-iranien de se réarmer.

"Pas important" 

Dirigées par des civils, les deux délégations se sont rencontrées au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), à Naqoura, près de la frontière avec Israël, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus, selon l'ambassade américaine à Beyrouth.

Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU.

La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat.

L'ambassade des Etats-Unis au Liban a salué mercredi sur X la participation à la réunion de représentants civils: l'ancien diplomate libanais, Simon Karam, et le responsable du Conseil de sécurité nationale d'Israël, Uri Resnick. Elle a parlé d'un "pas important" en vue d'une "paix durable".

"Il a été convenu d'élaborer des idées pour promouvoir une éventuelle coopération économique entre Israël et le Liban", a souligné le bureau de Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre libanais a indiqué pour sa part que ce type de réunions avait pour but de parvenir "à la cessation des hostilités (et) au retrait israélien total" du territoire libanais, où l'armée israélienne conserve des positions dans le sud.

"Les relations économiques viendront à la toute fin du processus de normalisation, qui doit venir après la paix", a expliqué M. Salam. "Elles ne peuvent pas précéder la paix".

Il a souligné que le Liban n'avait pas l'intention de conclure une paix séparée avec Israël.

La rencontre intervient au lendemain de réunions de Mme Ortagus avec Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a affirmé sur X que "le désarmement du Hezbollah était crucial pour l'avenir du Liban et la sécurité d'Israël".

Désarmement "incontournable" 

Le gouvernement israélien a répété mercredi que le désarmement du Hezbollah était "incontournable".

L'émissaire américaine est par la suite attendue au Liban, où le président Joseph Aoun s'était déclaré prêt à des négociations avec Israël, brisant un tabou entre les deux pays.

En 1983, après l'invasion israélienne du Liban, les deux pays avaient mené des contacts directs qui avaient abouti à la signature d'un accord prévoyant l'établissement de relations entre eux, mais il n'a jamais été ratifié.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.

"Israël se prépare à une escalade majeure au Liban à la lumière du renforcement militaire en cours du Hezbollah", a affirmé la radio-télévision publique israélienne mercredi.

Selon M. Salam, le Liban est ouvert à ce que l'ONU, les Etats-Unis et la France "vérifient" le désarmement du mouvement pro-iranien par l'armée libanaise dans le sud du pays.

Il a confirmé qu'elle devrait achever d'ici la fin de l'année le démantèlement des structures militaires du Hezbollah entre la frontière et le fleuve Litani, à une trentaine de km plus au nord.