Tunisie: la cinquième réforme du système éducatif sera-t-elle la bonne?

Comme la plupart des initiatives de Kaïs Saïed, la consultation est loin de faire l’unanimité. L’ancien ministre de l’Éducation (2015-2017) et président du Parti de l’alliance nationale tunisienne Néji Jalloul y voit «une perte de temps et d’argent public». (AFP)
Comme la plupart des initiatives de Kaïs Saïed, la consultation est loin de faire l’unanimité. L’ancien ministre de l’Éducation (2015-2017) et président du Parti de l’alliance nationale tunisienne Néji Jalloul y voit «une perte de temps et d’argent public». (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 14 novembre 2023

Tunisie: la cinquième réforme du système éducatif sera-t-elle la bonne?

  • Le président Kaïs Saïed a totalement changé le modèle d’organisation et de gouvernance de la réforme du système éducatif par rapport à celle de 2016
  • Ce pari risqué ne sera gagné que si le chef de l’État tunisien réussit à apporter des solutions adéquates aux nombreux problèmes du système éducatif

TUNIS: Le président Kaïs Saïed a totalement changé le modèle d’organisation et de gouvernance de la réforme du système éducatif par rapport à celle de 2016 en excluant les corps intermédiaires. Ce pari risqué peut rapporter gros ou, au contraire, coûter très cher en termes d’acceptabilité de la réforme.

Après une refonte du régime politique – avec l’adoption, le 25 juillet 2022, d’une nouvelle Constitution qui met en place un système présidentialiste en lieu et place du parlementaire mixte instauré par celle du 14 janvier 2014 – et du système économique – avec la création des fameuses sociétés communautaires –, le président s’attaque au dossier de l’éducation. 

Consultation nationale

Le 10 octobre, il a lancé une «consultation nationale» sur «la réforme du système éducatif et de l’enseignement» qui porte sur cinq axes: l’éducation de la petite enfance et la prise en charge de la famille, les programmes d’enseignement, le système d’évaluation et le temps scolaire, la qualité de l’enseignement et la technologie numérique, l’égalité des chances et l’apprentissage tout au long de la vie.

Comme la plupart des initiatives de Kaïs Saïed, la consultation est loin de faire l’unanimité. L’ancien ministre de l’Éducation (2015-2017) et président du Parti de l’alliance nationale tunisienne Néji Jalloul y voit «une perte de temps et d’argent public».

Cette réforme, qui est en préparation, est la cinquième dans l’histoire de la Tunisie. La première, menée en 1958, deux ans après l’indépendance du pays, visait, selon Najet Bacha, à démocratiser et à unifier le système scolaire par la suppression de l’enseignement traditionnel dispensé dans les écoles coraniques et à la mosquée Zitouna par un enseignement unilingue français. Les autres ont eu lieu en 1991, en 2002 et en 2016. 

Comme la plupart des initiatives de Kaïs Saïed, la consultation est loin de faire l’unanimité. L’ancien ministre de l’Éducation (2015-2017) et président du Parti de l’alliance nationale tunisienne Néji Jalloul y voit «une perte de temps et d’argent public».

En effet, lorsqu’il était à la tête de son ministère, un dialogue national avait été organisé sous sa houlette, couronné par la publication, en mai 2016, d’un ouvrage intitulé Livre blanc: la Réforme du système éducatif en Tunisie. Il proposait 363 mesures qui visaient à améliorer l’efficacité du système éducatif.

En plus d’ignorer ces recommandations – tout comme le gouvernement de Youssef Chahed qui, en août 2016, avait pris le relais de Habib Essid –, Kaïs Saïed a totalement changé le modèle d’organisation et de gouvernance de la réforme par rapport à celle de 2016. 

Consultation 

D’abord, il n’est plus question de «dialogue», mais seulement de consultation. Le dialogue sous-entend que les participants discutent et décident presque sur un pied d’égalité. La consultation, elle, n’a rien de contraignant. C’est du moins la conception qu’en a le président Saïed, qui avait ignoré la demande d’une majorité de Tunisiens de garder la Constitution de 2014 en la modifiant pour l’améliorer. 

Ensuite, la consultation n’est pas ouverte à tous. En 2016, le gouvernement de Habib Essid y avait associé, en plus des enseignants, des élèves et de leurs parents, le monde associatif, les partis politiques et les syndicats. Aujourd’hui, tout ce beau monde – ainsi que le secteur privé de l’éducation, révèle le responsable d’un collège – est exclu de la consultation en cours, car le président tunisien n’aime pas les corps intermédiaires, qu’il accuse de dessaisir l’État d’une partie de ses prérogatives.

On s’achemine donc sans doute vers une réforme très largement inspirée – voire rédigée, comme la nouvelle Constitution – par Kaïs Saïed lui-même. Ce pari risqué ne sera gagné que si le chef de l’État tunisien réussit à apporter des solutions adéquates aux nombreux problèmes du système éducatif et à les mettre en œuvre.


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Short Url
  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Short Url
  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Short Url
  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.