Depuis la Suisse, Macron contre-attaque face aux critiques politiques et diplomatiques

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant la communauté française à Berne, le 15 novembre 2023 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant la communauté française à Berne, le 15 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 16 novembre 2023

Depuis la Suisse, Macron contre-attaque face aux critiques politiques et diplomatiques

  • Emmanuel Macron défend sa diplomatie au Proche-Orient et dénoncer une «faute politique majeure» des opposants qui boycottent ses rencontres
  • C'est Eric Ciotti qui en prend le plus pour son grade

BERNE: L'agacement est palpable, comme souvent chez Emmanuel Macron quand les critiques s'accumulent. Le président est passé à la contre-offensive mercredi depuis la Suisse, terre de neutralité, pour défendre sa diplomatie au Proche-Orient et dénoncer une "faute politique majeure" des opposants qui boycottent ses nouvelles rencontres de Saint-Denis.

C'est Eric Ciotti qui en prend le plus pour son grade.

Après avoir fait mine d'être prêt à participer vendredi à la deuxième édition de ces rencontres à huis clos entre le chef de l'Etat et les dirigeants des partis politiques, le patron des Républicains a changé d'avis, dénonçant "une énième démarche de communication".

Surtout, il a justifié sa défection par l'absence d'Emmanuel Macron dimanche à la grande marche républicaine contre l'antisémitisme à Paris.

"Utiliser le contexte que nous vivons pour justifier une absence à une réunion de travail sur des réformes constitutionnelles est absolument indigne de la part d'un dirigeant politique", a lancé le président lors d'une conférence de presse à Berne au début d'une visite d'Etat de deux jours.

Au-delà, il ne cache pas son mécontentement face au rétrécissement drastique de cette "initiative politique majeure" lancée à la fin de l'été pour favoriser unité et consensus dans un second quinquennat marqué par les divisions. Alors que tous les opposants étaient présents fin août à Saint-Denis, trois lui font faux bond cette fois: Eric Ciotti, mais aussi le socialiste Olivier Faure et l'Insoumis Manuel Bompard.

"Je pense que c'est une faute politique majeure de la part de ces dirigeants", a-t-il taclé, affichant sa "surprise" à l'égard des patrons LR et PS "qui ont eu pendant des décennies à gouverner la France".

"Ils iront expliquer à leurs électeurs pourquoi ils ne sont pas là" pour discuter de l'élargissement du champ du référendum, de la décentralisation, a encore dit Emmanuel Macron.

«Préserver l'unité du pays»

Quant à la marche elle-même, il a réagi sur son absence très décriée, sur laquelle il ne s'était pas vraiment expliqué auprès des Français. Ce débat "n'avait pas lieu d'être", a-t-il balayé, expliquant ne pas avoir à démontrer son "engagement personnel" et "implacable" contre "toutes les formes d'antisémitisme".

"Mon rôle n'est pas de faire une marche", a-t-il ajouté, assurant se concentrer sur la nécessité de "préserver (...) l'unité du pays", et d'"aider à la libération de nos otages", retenus par le Hamas depuis son attaque sans précédent du 7 octobre en Israël.

Au passage, il s'en est pris indirectement au Rassemblement national, qui a, lui, participé à la marche, plongeant la gauche et une partie de la Macronie dans l'embarras. "Protéger les Français de confession juive, ça n'est pas mettre au pilori les Français de confession musulmane", a-t-il taclé comme pour mettre en doute la sincérité de la lutte contre l'antisémitisme affichée par le parti d'extrême droite.

Eric Ciotti a réagi sur BFMTV en taxant à son tour d'"indigne (...) l'absence du président" au rassemblement.

Si Emmanuel Macron a dérogé à la règle non écrite - et variablement respectée - selon laquelle un président ne répond pas aux questions de politique intérieure depuis l'étranger, c'est peut-être car sa propre position sur Israël et Gaza est également mis en cause.

Un groupe de diplomates français au Moyen-Orient a rédigé une note critiquant sa politique régionale et déplorant un parti pris pro-israélien, dont la teneur a fuité dans Le Figaro.

Mais, signe d'un équilibre difficile à trouver, les propos du président à la BBC exhortant l'Etat hébreu à "arrêter" les bombardements tuant des civils ont heurté les autorités israéliennes.

Il s'en est expliqué avec son homologue Isaac Herzog, mais aucun appel avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou n'a été rendu public, signe d'un certain malaise dans les relations franco-israéliennes.

Dans son propre camp, ce conflit et la position présidentielle font ressurgir des divisions.

Ces critiques "montrent que notre position doit être équilibrée", a relevé le chef de l'Etat.

"Nous reconnaissons, de manière complète, le droit d'Israël de se défendre et de lutter contre le terrorisme mais parce qu'Israël est une démocratie (...) ce droit à se défendre doit s'inscrire dans le cadre du droit international humanitaire et en respectant les règles de la guerre (...). Nous n'avons jamais varié", a-t-il martelé.


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
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  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.