Après sa rencontre avec Xi, Biden veut rassurer ses alliés du Pacifique

Le président américain Joe Biden s'exprime alors qu'il participe à une table ronde avec les dirigeants du monde participant à la Semaine des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique, le 16 novembre 2023 (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden s'exprime alors qu'il participe à une table ronde avec les dirigeants du monde participant à la Semaine des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique, le 16 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

Après sa rencontre avec Xi, Biden veut rassurer ses alliés du Pacifique

  • Face à la Chine, les Etats-Unis cherchent en effet à muscler leurs alliances avec les pays de l'Asie-Pacifique
  • Les économies de l'Asie-Pacifique ont d'ores et déjà investi plus de 200 milliards de dollars aux Etats-Unis depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche

SAN FRANCISCO: "Nous sommes ici pour y rester", a lancé jeudi Joe Biden lors de son discours inaugural aux pays de l'Asie-Pacifique et dirigeants d'entreprises réunis à San Francisco pour un sommet économique sur fond de rivalité entre les Etats-Unis et la Chine.

"Les Etats-Unis sont une puissance du Pacifique", a insisté le président américain, qui s'est entretenu pendant plusieurs heures mercredi avec son homologue Xi Jinping.

C'était la première rencontre entre les deux chefs d'Etat depuis un an, 12 mois marqués par des tensions majeures.

"Le président m'a demandé pourquoi nous sommes aussi impliqués dans le Pacifique", a rapporté Biden. "Je lui ai répondu, +c'est parce que nous sommes une nation du Pacifique. Grâce à nous, il y a la paix et la sécurité dans la région, et donc de la croissance+. Il n'a pas manifesté de désaccord".

Face à la Chine, les Etats-Unis cherchent à muscler leurs alliances avec les 21 pays de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qui pèsent ensemble 60% de l'économie mondiale.

Le démocrate s'est félicité que les sociétés de ces pays aient investi "plus de 200 milliards de dollars" aux Etats-Unis depuis son arrivée à la Maison Blanche.

Mercredi soir, il avait reçu les chefs d'Etat et de gouvernement, sur fond de feu d'artifice, tandis que Xi Jinping a courtisé les patrons américains. Quelque 400 dirigeants d'entreprise ont accueilli le président chinois debout, avec des applaudissements nourris, selon une journaliste de l'AFP présente au dîner.

Pacte commercial

Joe Biden a assuré jeudi que des "engagements tangibles ont été négociés en un temps record" sur le plan commercial avec 13 autres pays de la région, dont le Japon, l'Inde, l'Australie, la Corée du Sud et une grande partie de l'Asie du Sud-Est, à l'exclusion de la Chine.

Le Cadre économique pour l'Indo-Pacifique (IPEF), qui n'offre pas d'accès aux marchés, a été lancé l'année dernière par Washington pour faire "contrepoids" face à la Chine et "démontrer que les Etats-Unis sont là et comptent bien rester", selon Niels Graham, du cercle de réflexion Atlantic Council.

En pratique, si les discussions sur les chaînes d'approvisionnement, la transition énergétique et la lutte contre la corruption ont en bonne partie abouties, le projet achoppe sur le volet commercial, à cause d'une polémique au sein du parti démocrate sur les normes de travail.

"Personne ne sera laissé en arrière", a promis jeudi le président démocrate, qui briguera dans un peu moins d'un an un second mandat. Les progrès de la semaine vont permettre à l'IPEF de "créer une course vers le haut et non vers le bas".

Se livrer une concurrence acharnée, mais en évitant qu'elle ne dégénère: Biden et Xi ont donc immédiatement mis en pratique les promesses faites mercredi lors de leur sommet, qui a surtout permis de renouer le dialogue.

Les deux hommes pourront désormais décrocher leur téléphone et se parler "directement et immédiatement" en cas de crise, a indiqué Joe Biden.

Les deux superpuissances ont annoncé une reprise des communications militaires de haut niveau, et pris des engagements pour lutter contre le narcotrafic, mais elles ont aussi exposé leurs différends au grand jour, en particulier sur Taïwan.

La rencontre Biden-Xi est «bonne» pour l'Ukraine, estime Zelensky

"Nous comprenons que ce fait est bon pour nous, leur rencontre", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

M. Zelensky a déclaré qu'il n'était pas en mesure de confirmer que M. Biden et M. Xi avaient discuté de la guerre en Ukraine mais il a estimé que l'invasion russe devait être "abordée d'une façon ou d'une autre" lors des entretiens entre les superpuissances.

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhailo Podoliak, a par ailleurs exprimé jeudi un "optimisme prudent" à propos de la rencontre Xi-Biden assombrie par le fait que le dirigeant américain a qualifié M. Xi de "dictateur".

La rencontre "est un grand signal pour le monde - le dialogue au lieu de la confrontation, un nouvel ordre mondial, des règles sont nécessaires nécessairement, la stabilité et la prévisibilité", a déclaré M. Podoliak sur les réseaux sociaux.

Campagne électorale

Joe Biden a aussi profité de la tribune de l'Apec pour vanter son bilan.

Il a mis en avant son approche économique, censée permettre aux "pauvres de grimper l'échelle sociale", tandis que la classe moyenne et les riches "continuent de bien s'en sortir".

"Nous voyons déjà les résultats. Le trimestre dernier, l'économique américaine a cru de 4,9% (en rythme annualisé), le taux de croissance le plus élevé depuis deux ans", a-t-il déclaré.

Il a aussi fait un appel du pied aux syndicats, dont il espère le soutien électoral pour 2024.

"Pourquoi nombre d'entre vous (patrons d'entreprise) employez des ouvriers syndicalisés? Parce que ce sont les meilleurs au monde", a-t-il lancé à l'assemblée, après avoir rappelé le récent succès "record" du syndicat de l'automobile américain.

"Mon message à vous tous, dirigeants de gouvernement et d'industries, est que vous pouvez compter sur les Etats-Unis, nous tenons nos promesses", a-t-il conclu.

"Nous serons votre partenaire solide et fiable et nous allons continuer à travailler ensemble pour rendre la région Asie-Pacifique".


Washington annonce 6 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
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  • Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie
  • Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi

WASHINGTON: Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé vendredi un nouveau volet de 6 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, au moment où Washington tente de rattraper le retard dans ses livraisons à Kiev après des mois d'impasse au Congrès.

"Il s'agit de la plus grande enveloppe d'aide militaire que nous ayons annoncée jusqu'ici", a souligné le responsable américain, lors d'une conférence de presse.

Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie.

Il permettra à Kiev de "stabiliser la ligne de front", a salué le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi.

Les deux montants s'inscrivent dans le budget de 61 milliards de dollars d'assistance à Kiev voté cette semaine au Congrès et promulgué dans la foulée par Joe Biden, l'Ukraine rencontrant actuellement des difficultés dans sa guerre contre la Russie.

Si l'aide d'un milliard de dollars dévoilée mercredi proviendra des stocks de l'armée américaine, celle annoncée vendredi proviendra de contrats avec l'industrie de défense ou de partenaires. Ce qui signifie qu'elle nécessitera davantage de temps pour parvenir jusque sur le champ de bataille.

Après avoir promulgué mercredi la loi prévoyant ces 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, Joe Biden avait promis un envoi rapide et massif d'armement.

Vote au Congrès 

Les Etats-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n'avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d'un an et demi -- principalement en raison de querelles partisanes.

Avant cette semaine, Washington n'avait annoncé d'aide à l'Ukraine qu'à une seule occasion cette année: une aide de 300 millions de dollars en mars rendue uniquement possible en raison d'économies réalisées par le Pentagone sur d'autres achats.

L'adoption de ce plan d'aide est un soulagement pour l'armée ukrainienne, confrontée à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions, face aux pressions constantes des troupes russes à l'est. Les autorités prédisent une dégradation sur le front potentiellement dès la mi-mai.

Et si le retour de l'aide américaine va permettre à l'armée ukrainienne de reprendre l'initiative face à la Russie, la préparation d'une contre-offensive sera bien plus longue, a estimé jeudi une responsable militaire américaine.

"Les Ukrainiens ont rationné leurs munitions depuis un moment (...), donc les Russes ont, pour résumer, repris l'initiative", a déclaré à la presse cette responsable sous couvert de l'anonymat.

L'aide militaire des alliés "va permettre aux Ukrainiens de commencer à reprendre l'initiative", mais "ce ne sera pas un processus rapide", a-t-elle ajouté.

La réception et la mise en place opérationnelle des nouvelles livraisons va prendre du temps, rien que "pour défendre leurs positions", a-t-elle prévenu, disant ne s'attendre à "aucune offensive de grande ampleur dans un premier temps".


Biden se moque de Trump lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche

Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
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  • «L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans»
  • Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire»

WASHINGTON, États-Unis : Le président Joe Biden a fait preuve d'autodérision samedi tout en égratignant son concurrent à la présidentielle américaine Donald Trump, un «enfant de six ans», lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, événement qui a suscité une manifestation contre la guerre à Gaza à ses abords.

De nombreux invités de marque, journalistes ou célébrités, sont arrivés à l'hôtel Hilton de la capitale fédérale au moment où une centaine de manifestants étaient rassemblés près de l'entrée. Certains protestataires ont alors entonné des slogans tels que «Honte à vous».

A l'intérieur du bâtiment, la guerre entre le Hamas et Israël n'a toutefois pas occupé le devant de la scène, au contraire des moqueries sur l'âge de Joe Biden ou ses chutes occasionnelles dans les escaliers de l'avion présidentiel.

La présence du dirigeant américain à ce gala annuel s'inscrit dans la longue tradition de l'événement, interrompue pendant le mandat de son prédécesseur Donald Trump, qui veut que le président écoute, avec le sourire, un humoriste l'éreinter en règle devant une assemblée en smoking et robes longues, puis prononce un discours émaillé de blagues plus ou moins réussies.

A la manœuvre cette année pour rire du président américain se trouvait le comédien Colin Jost, auteur et acteur pour l'émission phare de la télévision américaine «Saturday Night Live», diffusée sur NBC. Son épouse, l'actrice Scarlett Johansson, était également présente samedi au dîner.

«Je voudrais signaler qu'il est 22H00 passées, Joe l'endormi est toujours debout, pendant que Donald Trump a passé la semaine à s'endormir au tribunal chaque matin», a asséné l'humoriste, dans une allusion au procès à New York de l'ancien président pour une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X.

Entre autodérision et taquineries à l'encontre des médias, M. Biden, 81 ans, a pris la parole pour railler son rival républicain, 77 ans, expliquant que «l'âge est la seule chose que nous avons en commun».

Colin Jost et Joe Biden ont toutefois adopté un ton plus grave en abordant la question du climat politique aux Etats-Unis. La rhétorique de Donald Trump constitue un danger selon le président américain, en particulier après l'assaut du Capitole en 2021, et «les enjeux ne pourraient être plus élevés», d'après lui.

- Manifestation pro-palestinienne  -

«L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans».

Loin des rires de l'assistance parcourant la salle, une manifestation s'est déroulée devant l'hôtel, d'où, depuis une fenêtre du dernier étage, des protestataires ont suspendu un drapeau palestinien de plusieurs mètres de long. D'autres étaient rassemblés en contrebas, au niveau de la chaussée, tenant des pancartes ou des mégaphones.

Le dîner de gala s'est tenu alors que le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise dans les campus américains, avec des arrestations par centaines et le déploiement de policiers anti-émeute.

Un des groupes qui ont organisé la manifestation devant l'hôtel Hilton, Code Pink, a dit vouloir «arrêter» le dîner pour protester contre «la complicité du gouvernement Biden dans le ciblage et le meurtre de journalistes palestiniens par l'armée israélienne», précisant que cette action serait «non violente».

Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire», et pour réclamer un arrêt des hostilités à Gaza.

Plusieurs journalistes palestiniens avaient appelé dans une lettre ouverte leurs confrères américains à boycotter cet événement très couru, point d'orgue de tout un week-end de réceptions mondaines.

«Vous avez une responsabilité particulière de dire leur vérité aux puissants et de soutenir l'intégrité journalistique. Il est inacceptable de rester silencieux, par peur ou pour des raisons de carrière, lorsque des journalistes à Gaza continuent d'être détenus, torturés, et tués parce qu'ils font leur métier», ont écrit une vingtaine de journalistes palestiniens.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une association établie à New York, au moins 97 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, dont 92 Palestiniens. Au moins 16 autres ont été blessés.

Le dîner était organisé par l'association des correspondants à la Maison Blanche. Cet événement annuel donne aussi lieu à une remise de prix et à une distribution de bourses à des étudiants en journalisme.

L'an dernier, 2.600 invités avaient assisté à l'événement.

 


Mouvement pro-palestinien sur les campus américains: près de 200 arrestations

Des policiers arrêtent un manifestant lors d'une manifestation pro-palestinienne contre la guerre à Gaza à l'université Emory, le 25 avril 2024, à Atlanta (Géorgie). (Photo par Elijah Nouvelage AFP)
Des policiers arrêtent un manifestant lors d'une manifestation pro-palestinienne contre la guerre à Gaza à l'université Emory, le 25 avril 2024, à Atlanta (Géorgie). (Photo par Elijah Nouvelage AFP)
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  • Partie il y a dix jours de l'université Columbia à New York, cette nouvelle vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza a gagné nombre d'établissements
  • La présidence de Columbia, épicentre new-yorkais de la mobilisation estudiantine, a renoncé à faire évacuer par la police un «village» de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus

BOSTON, États-Unis : Près de 200 manifestants pro-palestiniens ont été interpellés samedi sur trois campus américains lors de l'évacuation par la police de leurs campements, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui s'élargit aux Etats-Unis.

Partie il y a dix jours de l'université Columbia à New York, cette nouvelle vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza a gagné nombre d'établissements, de la Californie au nord-ouest des Etats-Unis, en passant par le centre et le sud.

Une centaine de manifestants pro-palestiniens ont été brièvement interpellés par des policiers anti-émeute dans une université de Boston.

L'établissement, la Northeastern University, a annoncé sur X «l'interpellation d'environ 100 individus par la police», en précisant que «les étudiants qui ont présenté leurs cartes de Northeastern U. ont été libérés (...) Ceux qui ont refusé ont été arrêtés».

Des «insultes antisémites violentes» comme «Tuez les Juifs» avaient été proférées sur le campus selon l'université, qui a annoncé un «retour à la normale» à la mi-journée.

Un campement «illégal» de quelques tentes y a été démantelé par des policiers de l'université et des forces de l'ordre locales en tenue anti-émeute, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

A l'autre bout du pays, les forces de l'ordre de l'université d'Etat d'Arizona (ASU) ont «arrêté 69 personnes samedi après l'installation d'un campement non autorisé», a indiqué l'établissement en accusant la «plupart de ne pas être étudiants ou membres du personnel de l'ASU». Ces personnes seront «poursuivies pour intrusion illégale».

Et dans le centre des Etats-Unis, 23 personnes ont été interpellées lorsque la police, munie d'équipements anti-émeute, a évacué un campement installé à l'université de l'Indiana, a rapporté le journal Indiana Daily Student.

- Village de tentes -

La présidence de Columbia, épicentre new-yorkais de la mobilisation estudiantine, a de son côté renoncé à faire évacuer par la police un «village» de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus.

Un dirigeant du mouvement y est toutefois interdit d'accès après avoir proféré des menaces antisionistes dans une vidéo datant de janvier. Le jeune homme a présenté par la suite ses «excuses», selon CNN, qui a décrit le campus comme «relativement calme» samedi.

La situation s'est en revanche tendue à l'université de Pennsylvanie (UPenn), dont la présidente avait démissionné cet hiver après des déclarations devant le Congrès à Washington jugées ambiguës sur la lutte contre l'antisémitisme. A la suite d'«informations crédibles de cas de harcèlement et d'intimidation», la présidence a ordonné le démantèlement immédiat d'un campement.

En Californie, le campus de l'université polytechnique de Humboldt restera «fermé» pour le reste du semestre, et les cours auront lieu à distance, en raison de «l'occupation» de deux bâtiments, selon un communiqué.

Et au Canada voisin, un campement a été érigé pour la première fois à l'université McGill de Montréal où le mouvement dure depuis février. L'établissement s'inquiète d'«un risque d'escalade et de confrontation».

- Policiers anti-émeute -

Les images de policiers anti-émeute interpellant des étudiants, à l'appel de dirigeants d'universités, ont fait le tour du monde.

Elles font écho au soulèvement de campus américains durant la guerre du Vietnam. Voire à un souvenir douloureux, celui de la Garde nationale de l'Ohio ouvrant le feu en mai 1970 à l'université d'Etat de Kent, tuant quatre étudiants qui manifestaient de manière pacifique.

Le mouvement de solidarité avec Gaza a pris une tournure politique à sept mois de l'élection présidentielle américaine, entre allégations d'antisionisme et d'antisémitisme et défense de la liberté d'expression, un droit constitutionnel aux Etats-Unis.

Le pays compte le plus grand nombre de juifs au monde derrière Israël (quelque six millions) et aussi des millions d'Américains arabo-musulmans.

Toute la semaine à travers les Etats-Unis, étudiants et activistes pro-palestiniens ont été interpellés et le plus souvent relâchés sans poursuites en justice.

Et dans ces rassemblements, des étudiants juifs de gauche et antisionistes soutiennent la cause palestinienne, keffieh sur les épaules, dénonçant même un «génocide» qui serait perpétré par Israël.

Mais d'autres jeunes juifs américains expriment leur malaise et leur peur face à des slogans antisémites.

Skyler Sieradzky, 21 ans, de l'université George Washington de la capitale a affirmé cette semaine s'être fait cracher dessus en arrivant avec un drapeau israélien.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34.388 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.