«Nous utiliserons tous les moyens du droit pour défendre les Palestiniens», affirme Me Gilles Devers

Me Gilles Devers, avocat au Barreau de Lyon. (Photo fournie)
Me Gilles Devers, avocat au Barreau de Lyon. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

«Nous utiliserons tous les moyens du droit pour défendre les Palestiniens», affirme Me Gilles Devers

  • L’histoire retiendra la date du 7 octobre 2023 comme celle du début d’un conflit des plus violents entre Israël et le Hamas
  • Me Devers souligne que «les Palestiniens doivent savoir qu’ils disposent d’une armée d’avocats et qu’on est là pour défendre leur voix devant tous les tribunaux

PARIS: L’histoire retiendra la date du 7 octobre 2023 comme celle du début d’un conflit des plus violents entre Israël et le Hamas. «Israël a le droit de se défendre» semble être devenu l’adage des alliés de Tel-Aviv, au point que des puissances comme les États-Unis ferment les yeux sur le massacre à Gaza.

Les «représailles» d’Israël, qui entend «anéantir» le Hamas, ont tué 11 500 Palestiniens, majoritairement des civils, sur la bande de Gaza. Femmes, enfants, immeubles résidentiels, hôpitaux et même sièges d’institutions internationales ne sont pas épargnés.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a fait état jeudi d'«allégations extrêmement graves» de violations du droit international dans cette guerre déséquilibrée et il a demandé une enquête internationale.

«Vu les événements en cours, la qualification juridique n’est plus “crime de guerre” ou “crime contre l'humanité”. Nous sommes à l'étage au-dessus, c’est à dire “génocide”», a expliqué à Arab News en français l’avocat français Gilles Devers. Jeudi dernier, lui et 300 autres avocats ont déposé une plainte contre Israël auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour «génocide».

Pour expliquer cette qualification, l’avocat au barreau de Lyon a estimé qu’il y avait «destruction physique des personnes par liquidation, comme le génocide juif, mais aussi génocide par destruction du lien social, c’est-à-dire faire comprendre à une partie du peuple qu’il n' a plus jamais sa place ici et qu’il n’est pas considéré comme un être humain égal».

«Vu les événements en cours, la qualification juridique n’est plus “crime de guerre” ou “crime contre l'humanité”. Nous sommes à l'étage au-dessus, c’est à dire “génocide”» - Me Gilles Devers

 

Par ailleurs, Gilles Devers explique que compte tenu de la jurisprudence qui a notamment été rendue pour les Rohingyas, le qualificatif est clair. «La privation d’eau et d'électricité, la rareté de l’alimentation, la destruction des maisons, l’absence d'accès aux soins, les attaques contre les services de santé, les déplacements massifs de population sont autant d'éléments qui caractérisent le génocide des Rohingyas.» On retrouve ces éléments dans les sévices qu’ont endurés les Gazaouis. «Ajoutez à cela les bombardements et, sur le plan de l’intention, il est déclaré que les Palestiniens sont des animaux et qu’ils seront traités comme tels», souligne Gilles Devers. 

En déposant cette plainte, l'avocat français explique vouloir donner des réponses à l'opinion publique, qui se demande pourquoi personne ne réagit, et fait cesser le génocide, notamment en lançant des enquêtes le plus rapidement possible. 

Un mandat d'arrêt contre Netanyahou

Lorsque la plainte a été déposée à la CPI, jeudi 10 novembre, 300 avocats s'étaient alignés pour soutenir cette procédure. Aujourd’hui, plus de 500 sont organisés comme une «petite armée». Me Devers souligne que «les Palestiniens doivent savoir qu’ils disposent d’une armée d’avocats et qu’on est là pour défendre leur voix devant tous les tribunaux, toutes les instances internationales».

Selon l’avocat, la CPI reste le champ de bataille juridique principal, même s’il reconnaît que les modalités de la cour ne sont pas toujours très simples. D’ailleurs, l’une des difficultés pour ouvrir une enquête reste le financement et la mise à disposition des moyens. 

«Le procureur disait: “Je ferais bien quelque chose, mais je n'en ai pas les moyens”», explique Gilles Devers avant de révéler que la Belgique a versé 5 millions d’euros pour que des enquêtes soient lancées. «Maintenant, c’est à lui de dire qu’il a suffisamment d'éléments pour que la machine démarre, car la question du financement est réglée», conclut-il.

La CPI, basée à La Haye, fait souvent l’objet de critiques relatives à son champ d’action plutôt restreint. Néanmoins, l’avocat souligne qu’elle est «la plus efficace» et, surtout, qu’elle «peut délivrer un mandat d'arrêt contre Netanyahou».

Le pari «insensé» de 1917

«J'ai le grand plaisir de vous transmettre, de la part du gouvernement de Sa Majesté, cette déclaration de sympathie avec les aspirations juives sionistes», déclarait le 2 novembre 1917 Arthur Balfour, secrétaire d'État britannique aux affaires étrangères, dans une lettre qu’il adressait à Lionel Walter Rothschild.

Dans ce qu’on appellera par la suite «la déclaration de Balfour», le secrétaire d'État britannique annonçait que la Couronne britannique donnait son aval à un «foyer national pour le peuple juif» en Palestine, pays qui subissait les assauts d’une campagne britannique.

C’est précisément à cette année 1917 que remonte Gilles Devers pour signaler «le pari insensé de vouloir créer un État juif dans une terre arabe». 

Selon l’avocat, c'est à partir de ce moment-là, et avec le soutien des Occidentaux, que le basculement dans un déni du droit du peuple palestinien a lieu, et que commencent à se fomenter les différents conflits israélo-palestiniens, pour en arriver à ce que nous connaissons aujourd’hui.

«À ces amis palestiniens, il faut dire qu’ils vivent des choses totalement anormales et que le silence des puissances occidentales ne signifie pas qu’elles sont normales» - Me Gilles Devers

 

Cette action n'est pas la première intervention de Me Devers dans le domaine de la défense de la cause palestinienne. Il a été notamment l'un des porte-parole d'un groupe de 350 ONG représenté par 40 avocats qui était chargé du traitement d'une requête en justice auprès de la CPI pour des crimes de guerre commis lors de la guerre de Gaza de 2008-2009.

Il a également indiqué avoir été mandaté par l'Autorité palestinienne pour déposer plainte en son nom le 22 janvier 2009. En juillet 2014, il a déposé une nouvelle plainte contre Israël au nom du ministre de la Justice du gouvernement palestinien d'union nationale, Salim al-Saqa, à propos des événements intervenus lors de Guerre de Gaza de 2014. 

Lorsqu’on lui demande la raison de son engagement pour la cause palestinienne, il explique: «Nous sommes des avocats, un métier ancestral, avec de très bonnes méthodes de travail. Je suis un citoyen qui a un cerveau et je vois des événements, des qualifications de crime. J'essaie de mettre à contribution tout ce que j’ai appris pour essayer de rétablir le droit», assure-t-il.

«À ces amis palestiniens, il faut dire qu’ils vivent des choses totalement anormales et que le silence des puissances occidentales ne signifie pas qu’elles sont normales», poursuit-il. «Elles constituent une faillite intellectuelle et nous sommes là pour rétablir cela en utilisant le droit», conclut-il.

 


Le ministre saoudien des affaires étrangères arrive à Damas pour une visite officielle

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RIYAD : Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, est arrivé vendredi en Syrie dans le cadre d'une visite officielle, a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le prince Faisal rencontrera le dirigeant de facto de la Syrie, Ahmed al-Charaa, ainsi que des hauts responsables de la nouvelle administration syrienne.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Liban: l'ONU plaide pour un retour "durable" des réfugiés en Syrie

Filippo Grandi et Joseph Aoun. (X/@FilippoGrandi)
Filippo Grandi et Joseph Aoun. (X/@FilippoGrandi)
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  • Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a plaidé jeudi au Liban pour un retour "durable" des réfugiés syriens dans leur pays
  • Selon Beyrouth, le Liban accueille près de deux millions de Syriens (près de 800.000 sont enregistrés auprès des Nations unies), soit le plus haut nombre de réfugiés par habitant dans le monde

BEYROUTH: Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a plaidé jeudi au Liban pour un retour "durable" des réfugiés syriens dans leur pays, après la chute de Bachar al-Assad début décembre.

Selon Beyrouth, le Liban accueille près de deux millions de Syriens (près de 800.000 sont enregistrés auprès des Nations unies), soit le plus haut nombre de réfugiés par habitant dans le monde.

"Ma visite s'inscrit dans une tournée régionale visant à identifier les moyens les plus efficaces pour accompagner le retour des réfugiés syriens", a déclaré M. Grandi, après sa rencontre avec le nouveau président libanais, Joseph Aoun.

Il salué "un moment porteur d'espoir pour le Liban et la région", après la chute de Bachar al-Assad, renversé par une coalition rebelle après 13 ans de guerre civile. "Les récents développements ouvrent la voie à une résolution de cette crise humanitaire prolongée".

"Nous souhaitons que ces retours soient durables, ce qui nécessite une sécurité renforcée, une stabilité politique accrue, le respect des droits de toutes les communautés en Syrie, ainsi qu'un appui international à la reconstruction" du pays dévasté par la guerre.

Lors de la rencontre, Joseph Aoun a appelé au retour des réfugiés syriens dans leur pays "le plus tôt possible", et demandé à ce que le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) "commence à organiser des convois de retour", selon la présidence libanaise.

Selon le HCR, plus de 200.000 réfugiés syriens sont retournés dans leur pays depuis la chute de Bachar al-Assad début décembre.

"Il y a seulement quelques mois, moins de 2% des réfugiés syriens dans la région prévoyaient de retourner en Syrie dans les 12 mois. Ce chiffre est passé à environ 30% depuis la chute du régime syrien", a-t-il ajouté.

M. Grandi a en outre annoncé qu'il se rendrait en Syrie pour y "rencontrer les nouvelles autorités et discuter des possibilités de retour pour un plus grand nombre de réfugiés depuis les pays voisins".

La guerre en Syrie déclenchée en 2011 par la répression sanglante de manifestations anti-Assad a fait plus d'un demi-million de morts et des millions de déplacés.


L'Arabie saoudite est optimiste quant à l'avenir du Liban, déclare le ministre des AE après sa rencontre avec le président Aoun

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, salue le président libanais Joseph Aoun au palais présidentiel au Liban, jeudi. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, salue le président libanais Joseph Aoun au palais présidentiel au Liban, jeudi. (SPA)
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  • Le prince Faisal a déclaré que l'Arabie saoudite était "optimiste quant à l'avenir du Liban, à la lumière de l'approche réformiste décrite dans le discours d'investiture du président"

BEYROUTH : Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, a félicité le président libanais Joseph Aoun pour son élection à la présidence au nom du roi Salmane et du prince héritier Mohammed ben Salmane.

À l'issue de sa rencontre avec M. Aoun au palais présidentiel, qui a duré environ une demi-heure, le prince Faisal a déclaré qu'ils avaient discuté "des développements dans la région ; je lui ai transmis le soutien du Royaume au Liban et à son peuple frère dans tous les domaines."

Il a souligné "l'importance du respect de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban et l'importance de la mise en œuvre de la résolution 1701".

Le prince Faisal a déclaré que l'Arabie saoudite était "optimiste quant à l'avenir du Liban, à la lumière de l'approche réformiste décrite dans le discours d'investiture du président".

Il a ajouté : "Nous avons une grande confiance dans le président et le premier ministre désigné pour mettre en œuvre les réformes nécessaires au Liban, ce qui renforcera la confiance du monde dans le Liban et contribuera à stabiliser la situation politique et économique dans le pays.

"Nous sommes convaincus que les dirigeants libanais sauront saisir l'occasion qui leur est offerte et travailleront sérieusement pour le Liban.

Le Royaume, a déclaré le prince Faisal, "continuera à soutenir pleinement le Liban pour qu'il parvienne à la stabilité et au développement dans divers domaines".

Il a souligné "la nécessité d'une coordination continue entre les deux pays pour atteindre leurs objectifs communs".

Sa visite a marqué un tournant dans les années de relations tendues entre le Liban et l'Arabie saoudite.

Ces tensions étaient dues à la domination du Hezbollah sur les décisions politiques du Liban au cours des dernières années et à l'utilisation de points de passage illégaux pour la contrebande de drogues, en particulier le Captagon, vers les États du Golfe.

Depuis Davos, le ministre saoudien a souligné que l'élection de M. Aoun à la présidence du Liban était un "développement très positif".

Le prince Faisal s'est félicité de la "formation du gouvernement", mais a insisté sur la nécessité de "véritables réformes et d'une approche tournée vers l'avenir pour garantir des progrès durables".

Il a également rappelé que "l'avenir du Liban repose entre les mains de son peuple, qui doit prendre les décisions qui orienteront le pays dans une nouvelle direction".

De son côté, l'ambassadeur du Qatar au Liban, Saud ben Abdulrahman Al-Thani, a exprimé l'espoir que "la formation du nouveau gouvernement au Liban lui permette de se concentrer sur l'accomplissement des tâches attendues, ce qui favoriserait la stabilité et garantirait l'acheminement de l'aide à la reconstruction du Liban".

Il a souligné "l'intérêt du Golfe pour le Liban, illustré par les visites à Beyrouth des ministres saoudien et koweïtien des affaires étrangères, ainsi que du secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe".

"Je pense qu'Israël se retirera des territoires qu'il a récemment occupés dans le sud du Liban. Le comité international de surveillance du cessez-le-feu remplit son rôle, et les États-Unis et la France soutiennent ce résultat.

L'ambassadeur a également déclaré que "les ressortissants du Golfe, y compris les Qataris, devraient retourner au Liban pour la saison estivale".

Par ailleurs, l'homme d'affaires émirati Khalaf Al-Habtoor a déclaré qu'il prévoyait d'investir dans un "grand projet ambitieux au Liban une fois que le nouveau gouvernement sera formé. Le projet a pour ambition de contribuer à la renaissance économique et de fournir des milliers d'emplois, d'être un véritable apport pour soutenir l'économie libanaise et restaurer la confiance en elle."

Toutefois, M. Al-Habtoor a souligné que tout nouvel investissement dépendrait de la formation d'un gouvernement en bonne et due forme.

"Le nouveau gouvernement doit être libre de toute subordination et de tout quota, et il ne doit pas inclure ceux qui ont ruiné le Liban, causé l'effondrement de l'économie et provoqué ses guerres", a-t-il déclaré.

"Cette phase exige des dirigeants dignes de confiance et un cabinet composé de personnes expérimentées et qualifiées qui s'engagent à donner la priorité aux intérêts du Liban. La sécurité et la stabilité sont les fondements de toute reprise, et elles ne peuvent être atteintes que par un gouvernement fort et indépendant, capable de restaurer la confiance des investisseurs libanais, arabes et internationaux."

Al-Habtoor a également mis en garde contre le fait que "toute indulgence dans le processus de formation ou l'acceptation de la subordination ne conduira qu'à la poursuite de la crise et fermera les portes de l'investissement et de la renaissance au Liban et à son peuple".

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com