Israël fouille l'hôpital al-Chifa à Gaza, malgré la présence de civils

Cette photo distribuée par l'armée israélienne le 15 novembre 2023 montrerait des soldats israéliens effectuant des opérations à l'intérieur de l'hôpital al-Chifa (Photo, armée israélienne / AFP)
Cette photo distribuée par l'armée israélienne le 15 novembre 2023 montrerait des soldats israéliens effectuant des opérations à l'intérieur de l'hôpital al-Chifa (Photo, armée israélienne / AFP)
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

Israël fouille l'hôpital al-Chifa à Gaza, malgré la présence de civils

  • Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient «détruit» plusieurs services de l'hôpital al-Chifa
  • Des «images relatives aux otages» capturés par le Hamas ont été trouvées sur du matériel saisi au cours du raid, a ajouté l'armée

GAZA: L'armée israélienne passe vendredi au peigne fin le plus grand hôpital de la bande de Gaza à la recherche de repaires présumés du Hamas dans cet établissement, dans le petit territoire palestinien où les télécommunications sont désormais hors service faute de carburant, faisant craindre une nouvelle dégradation de la situation humanitaire.

Les tensions sont aussi vives à Jénine, en Cisjordanie occupée, où l'armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué "cinq terroristes". Dans la nuit, une équipe de l'AFP a fait état d'une importante opération israélienne dans ce bastion des mouvements armés palestiniens. Le Hamas avait revendiqué la veille une attaque sur un barrage de sécurité près de Jérusalem, dans laquelle un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés.

Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient "détruit" plusieurs services de l'hôpital al-Chifa, un immense complexe situé dans l'ouest de la ville de Gaza, lors d'un raid débuté mercredi.

Au 42e jour de guerre, l'armée a annoncé avoir retrouvé la dépouille de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas, en fouillant un bâtiment adjacent à l'hôpital al-Chifa. Le mouvement islamiste avait affirmé lundi qu'elle avait été tuée dans les bombardements qui ont frappé le complexe ces derniers jours.

Jeudi soir, le corps de Yehudit Weiss avait également été découvert également près de l'hôpital. L'otage âgée de 65 ans a été "assassinée par les terroristes dans la bande de Gaza", selon l'armée, après avoir été enlevée par le Hamas le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, dans le sud d'Israël.

La soldate avait été enlevée le même jour dans la base de Nahal Oz, lors des massacres perpétrés par les commandos du Hamas dans le sud d'Israël. Ces attaques, d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis la création d'Israël en 1948, ont fait 1.200 morts, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

«Risque immédiat de famine»

Environ 240 otages, civils et militaires, ont été emmenés le même jour par le Hamas à Gaza, selon l'armée qui a également perdu 51 soldats au cours des combats dans le territoire depuis le 7 octobre.

Depuis l'attaque meurtrière, Israël a juré "d'anéantir" le mouvement islamiste classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Les bombardements israéliens menés en représailles dans la bande de Gaza ont fait 11.500 morts, majoritairement des civils, dont 4.710 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée bombarde sans répit le petit territoire palestinien assiégé, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, et où la situation humanitaire devient catastrophique selon les ONG.

"Avec l'hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d'eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine", a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Depuis plusieurs jours, Israël resserre son étau sur la ville de Gaza et plus particulièrement ses hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme des "boucliers humains".

Un responsable de l'armée israélienne a annoncé que les soldats procédaient "à la fouille de chaque étage, bâtiment après bâtiment" de l'immense complexe de l'hôpital al-Chifa.

Israël affirme que l'hôpital abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels creusés sous le complexe, ce que dément le mouvement islamiste.

"Nous nous focalisons sur ce qu'il y a sous terre, y compris dans les hôpitaux. A ce titre, nos soldats ont découvert l'entrée d'un tunnel à l'hôpital al-Chifa et des ingénieurs militaires sont actuellement en train de déterrer l'infrastructure sur place", a indiqué jeudi soir le porte-parole Daniel Hagari.

Protéger la population

Des "images relatives aux otages" capturés par le Hamas ont été trouvées sur du matériel saisi au cours du raid, a ajouté l'armée.

"Nous avions de fortes indications selon lesquelles ils (les otages, ndlr) étaient détenus à l’hôpital al-Chifa, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous y sommes entrés. Si les otages étaient bien sur place, ils ont été transportés" ailleurs, a dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la chaîne américaine CBS.

Le raid lancé sur l'hôpital, privé d'eau et d'électricité, abritant des malades, du personnel soignant et des civils qui espéraient fuir la guerre, a suscité des appels pressants de la communauté internationale à protéger la population. Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'hôpital.

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un "siège complet" au territoire palestinien, coupant les livraisons d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.

L'aide internationale à Gaza arrive au compte-gouttes par camions depuis l'Egypte, et l'ONU réclame notamment la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux.

Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a affirmé jeudi à Genève que les communications étaient à nouveau "totalement coupées" avec la bande de Gaza, faute de carburant.

«Négociations délicates»

Tôt vendredi, l'AFP n'a pas été en mesure d'entrer en contact avec des membres de son équipe dans la bande de Gaza où, selon l'ONU, 1,65 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est entretenu avec Benny Gantz, ténor de l'opposition israélienne qui a rejoint le cabinet de guerre de M. Netanyahu, "à propos des efforts visant à augmenter et accélérer le passage de l'aide humanitaire indispensable vers Gaza", selon Washington.

En Israël, la pression s'accentue sur Benjamin Netanyahu sur la question des otages, alors que des pourparlers se tiennent via une médiation du Qatar. Une marche des proches des otages partis mardi de Tel-Aviv pour réclamer un accord sur leur libération, doit arriver vendredi à Jérusalem.

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit "en contact avec le Hamas, avec d'autres parties internationales concernées et avec Israël", les négociations sont "très délicates".

Israël a jusqu'ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages. Mais pour le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, Israël "n'a atteint aucun de ses objectifs" et n'obtiendra "la libération de ses prisonniers qu'au prix que la résistance fixera".


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".