Grève de contrôleurs aériens: importants retards dans plusieurs aéroports français

La grève des contrôleurs aériens provoque d'importants retards dans plusieurs aéroports français, voire des fermetures, et a des conséquences par ricochet en Europe, selon des données disponibles lundi matin. (AFP)
La grève des contrôleurs aériens provoque d'importants retards dans plusieurs aéroports français, voire des fermetures, et a des conséquences par ricochet en Europe, selon des données disponibles lundi matin. (AFP)
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Publié le Lundi 20 novembre 2023

Grève de contrôleurs aériens: importants retards dans plusieurs aéroports français

  • Les aéroports de Tarbes-Lourdes-Pyrénées (Hautes-Pyrénées, sud-ouest) et de Pau-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques, sud-ouest), ainsi que celui de Saint-Yan (Saône-et-Loire, est) sont privés de services de la circulation aérienne et ne fonctionnent donc pas
  • Le service de communication de l'aéroport de Tarbes-Lourdes a assuré qu'il n'était pas fermé même si un vol a été dérouté sur Toulouse

PARIS: Des aéroports fermés et d'importants retards pour les voyageurs sur les grandes plateformes françaises: le mouvement social d'une partie des contrôleurs aériens contre la réforme de leur droit de grève provoque de fortes perturbations lundi.

Les aéroports de Tarbes-Lourdes-Pyrénées (Hautes-Pyrénées, sud-ouest) et de Pau-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques, sud-ouest), ainsi que celui de Saint-Yan (Saône-et-Loire, est) sont privés de services de la circulation aérienne et ne fonctionnent donc pas, selon le tableau de bord en ligne de la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC).

Le directeur de l'aéroport de Pau-Pyrénées, Jérôme Le Bris, a confirmé à l'AFP que le mouvement de grève nationale, "suivi par les contrôleurs de la tour de contrôle", avait conduit à "dérouter l'ensemble des vols" jusqu'à 20H00.

En revanche, le service de communication de l'aéroport de Tarbes-Lourdes a assuré qu'il n'était pas fermé même si un vol a été dérouté sur Toulouse. Le tableau des départs et arrivées montrait seulement deux vols, tous deux annulés, en provenance et à destination d'Orly.

D'autres installations de plus grande envergure ont subi des retards importants au départ ou à l'arrivée, selon la DGAC. Après avoir culminé par endroits à plus d'une heure et demie en fin de matinée, les délais au décollage atteignaient en moyenne 58 minutes à Lille-Lesquin, 46 à Montpellier et 37 à Paris-Orly en milieu d'après-midi.

Plusieurs syndicats - l'UNSA-ICNA, l'USAC-CGT et la CFDT - entendent protester contre l'adoption mercredi de la proposition de loi visant à obliger les contrôleurs aériens à se déclarer individuellement grévistes ou non 48 heures à l'avance, comme c'est déjà le cas à la RATP ou à la SNCF.

La DGAC avait par conséquent demandé aux compagnies aériennes de renoncer lundi à entre 20% et 25% de leur programme de vols à Orly, Toulouse, Bordeaux et Marseille.

Elle avait aussi prévenu que l'activité de centres en route de la navigation aérienne (CRNA), qui gèrent les trajectoires des appareils survolant le territoire, serait affectée, forçant potentiellement des vols à contourner la France.

De fait, les opérations de vol européennes ont également été perturbées lundi, selon l'organisme de surveillance Eurocontrol, touchant en particulier des couloirs aériens en Espagne. De "très importants retards" ont aussi affecté la zone gérée par le CRNA de Brest.

«Dans les prochains jours»

Air France a prévu d'assurer lundi "plus de 7 vols sur 10 de et vers Paris Orly, Toulouse, Marseille, Bordeaux et Nantes", selon un porte-parole.

Les vols long-courrier de la compagnie, et ceux de et vers Paris-Charles-de-Gaulle ne sont pas affectés.

Dans son préavis pour lundi, l'USAC-CGT, troisième syndicat des contrôleurs aériens, a dénoncé un texte qui "ne fait que rajouter une restriction supplémentaire sur le droit de grève déjà très réduit d'une partie des agents de la DGAC" et assuré que ces nouvelles dispositions n'avait pas fait l'objet d'un dialogue avec les organisations syndicales.

Le syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), syndicat majoritaire du secteur et qui n'a pas appelé à la grève, s'est exprimé en faveur du texte, alertant sur une "instrumentalisation du droit de grève et son usage déraisonné" dans certaines circonstances.

Le trafic aérien avait été régulièrement perturbé par des grèves d'aiguilleurs du ciel en début d'année, lors du conflit sur les retraites. Début février, Orly avait été paralysé par un mouvement surprise, suscitant des appels de responsables politiques à réformer l'encadrement du droit de grève des contrôleurs.

Le SNCTA s'est engagé à respecter une "trêve olympique", c'est-à-dire à ne pas faire grève d'ici à la fin des Jeux olympiques et paralympiques prévus en France pendant l'été 2024. Selon le ministère des Transports, cet accord engage aussi le deuxième syndicat des aiguilleurs du ciel, l'UNSA-ICNA.

Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a promis lundi d'appliquer "pleinement cette réforme".

"Elle organisera mieux le service public, elle est soutenue par le syndicat majoritaire et personne n'avait eu le courage de la faire. La loi sera promulguée dans les prochains jours, elle s'appliquera dans les prochaines semaines après une révision du décret", a-t-il ajouté dans une déclaration transmise à l'AFP.


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.