«Bien vieillir»: Les députés adoptent des mesures pour l'aide à domicile, et soulèvent la question des «moyens»

L'examen d'une proposition de loi macroniste sur le grand âge a repris lundi à l'Assemblée avec l'adoption de nouveaux articles sur l'aide à domicile (Photo, AFP).
L'examen d'une proposition de loi macroniste sur le grand âge a repris lundi à l'Assemblée avec l'adoption de nouveaux articles sur l'aide à domicile (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 21 novembre 2023

«Bien vieillir»: Les députés adoptent des mesures pour l'aide à domicile, et soulèvent la question des «moyens»

  • En fin de journée, les députés ont adopté un article pour le versement d'une aide financière annuelle aux départements
  • Si les oppositions ont largement voté la mesure, elles ont de concert dénoncé le manque d'annonces sur les «moyens» alloués

PARIS: Suspendu depuis mi-avril, l'examen d'une proposition de loi macroniste sur le grand âge a repris lundi à l'Assemblée avec l'adoption de nouveaux articles sur l'aide à domicile, malgré les vives critiques des oppositions et jusque dans le camp présidentiel contre un manque d'ambition face au défi du vieillissement.

Ce texte a une dimension "sociétale" contre "les maltraitances" des personnes âgées et pour faciliter le "droit de visite" des proches dans les Ehpad, après le traumatisme de nombreuses familles pendant la crise de la Covid-19, a souligné la ministre des Solidarités Aurore Bergé.

Il vise aussi à "faciliter le travail au quotidien" des aides à domicile, via une carte professionnelle.

En fin de journée, les députés ont adopté un article pour le versement d'une aide financière annuelle aux départements, afin de soutenir les frais de transports des professionnels de l'aide à domicile.

Contre l'avis du gouvernement, ils ont adopté un amendement d'Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance) pour mieux prendre en compte les "temps invisibles" des aides à domicile. Il entend conditionner une aide financière mobilité de l'Etat aux départements qui permettent que le temps de déplacement pris en charge comme du temps de travail passe de moins de 15 minutes à moins de 30 minutes.

Dans une ambiance plus consensuelle, ils ont adopté des amendements identiques du gouvernement et des oppositions pour permettre aux départements d'expérimenter un financement de l'aide à domicile par forfait plutôt que la tarification horaire en vigueur. L'idée étant de mieux tenir compte de certains frais qui passeraient encore trop sous les radars.

"On n'aura pas d'aides à domicile si on ne sort pas de cette tarification horaire", a insisté Aurore Bergé, annonçant le lancement d'une mission d'information sur la question.

Si les oppositions ont largement voté la mesure, elles ont de concert dénoncé le manque d'annonces sur les "moyens" alloués.

"Si vous ne répondez pas à la question +combien+ ce sera vain", a lancé François Ruffin (groupe LFI).

«Des miettes»

Un argument régulièrement soulevé dans les débats.

"Plus la discussion avance, plus on se rend compte que le texte n'atteint pas les objectifs affichés", a déploré le communiste Pierre Dharréville. C'est "une petite loi", a critiqué Jérôme Guedj (PS).

A la reprise des débats lundi Aurore Bergé a insisté sur les "100 millions d'euros supplémentaires" fléchés pour "l'aide à la mobilité des aides à domicile".

"Ce sont des miettes", a rétorqué François Ruffin.

Les députés ont aussi adopté un amendement de Perrine Goulet (MoDem) pour exonérer les mineurs de l'obligation de fournir une aide alimentaire à leurs parents dans le besoin, si ces mineurs ont été placés par décision de justice pendant au moins trente-six mois cumulés avant leurs 18 ans, ou si le parent en question a été condamné pour crime ou agression sexuelle sur l'autre parent.

Lors de la présentation vendredi de la stratégie du gouvernement pour adapter la société au vieillissement de la population, la ministre a répondu à l'une des revendications récurrentes des détracteurs du texte, en assurant qu'une loi de programmation plus ambitieuse sur le grand âge verrait le jour.

Même dans la majorité, les interrogations se manifestent. "Est-ce qu'on avait vraiment besoin" de cette proposition de loi avant "une grande loi de programmation? Pas grand monde n'y comprend grand chose", a lâché le MoDem Bruno Millienne.

Promise par Emmanuel Macron au début de son premier quinquennat et réclamée par les professionnels du secteur, cette future loi de programmation avait été demandée par l'Assemblée, unanime, en avril au début de l'examen du texte "bien vieillir".

Elle "fixera un cadre, des objectifs à atteindre d'ici à 2030 et des modalités de financement" pour que la France puisse affronter la hausse du nombre de personnes âgées en perte d'autonomie, selon la ministre.

La gauche réclame aussi une vaste réforme pour les Ehpad afin de réduire le reste à charge des résidents et de leurs familles.

En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Et pour la première fois, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.