Autour des prisonniers palestiniens libérés, liesse et feux d'artifice

Des prisonniers palestiniens applaudissent après avoir été libérés du complexe militaire israélien Ofer à Baytunia, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, en échange d'otages libérés par le Hamas à Gaza, le 24 novembre 2023. (AFP)
Des prisonniers palestiniens applaudissent après avoir été libérés du complexe militaire israélien Ofer à Baytunia, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, en échange d'otages libérés par le Hamas à Gaza, le 24 novembre 2023. (AFP)
Une prisonnière palestinienne libérée quitte la prison militaire israélienne, Ofer, après un accord d'échange otages-prisonniers entre le Hamas et Israël près de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 novembre 2023. (Reuters)
Une prisonnière palestinienne libérée quitte la prison militaire israélienne, Ofer, après un accord d'échange otages-prisonniers entre le Hamas et Israël près de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 novembre 2023. (Reuters)
Un prisonnier palestinien libéré quitte la prison militaire israélienne d'Ofer, après l'échange d'otages et de prisonniers entre le Hamas et Israël près de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 novembre 2023. (Reuters)
Un prisonnier palestinien libéré quitte la prison militaire israélienne d'Ofer, après l'échange d'otages et de prisonniers entre le Hamas et Israël près de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 novembre 2023. (Reuters)
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Publié le Samedi 25 novembre 2023

Autour des prisonniers palestiniens libérés, liesse et feux d'artifice

  • Au total, 39 prisonniers palestiniens ont retrouvé leur domicile, en vertu d'une trêve qui a permis en même temps la libération de 13 otages israéliens
  • Dans le même temps, plus de 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens en Cisjordanie, selon le ministère de la Santé palestinien

BEITUNIA: Dans l'obscurité de la nuit, les écrans de téléphone brillent: personne, en Cisjordanie occupée, ne veut rater l'arrivée triomphale des femmes et enfants palestiniens sortis vendredi des prisons israéliennes.

Au total, 39 prisonniers palestiniens ont retrouvé leur domicile, en vertu d'une trêve qui a permis en même temps la libération de 13 otages israéliens, enlevés le 7 octobre par le mouvement islamiste Hamas.

Sous les slogans, au milieu des feux d'artifice, dans une nuée de keffieh, de drapeaux palestiniens et des différents mouvements dont l'étendard vert du Hamas, les détenus libérés embrassent leurs familles et pleurent dans les bras de parents émus.

A Beitunia, des centaines de Palestiniens fêtent les "héros" enfermés "pour la liberté de tous les Palestiniens", lance un orateur dans un micro crachotant.

La soirée avait pourtant commencé dans les cris: des soldats israéliens ont tiré des grenades lacrymogènes et le Croissant-Rouge palestinien a recensé au moins trois blessés par balles.

Plus au nord, à Balata, le remuant camp de réfugiés de Naplouse, la grande ville du nord de la Cisjordanie, la sortie "des héros" réjouit aussi la foule.

Les frères qui résistent

Mais personne, lance un orateur, n'oublie "nos frères qui résistent et qui tiennent bons à Gaza, à Jénine". Cette ville de Cisjordanie occupée a connu le 9 novembre sa journée la plus meurtrière (14 morts) depuis au moins 2005, selon l'ONU qui recense les morts de ce territoire depuis cette date.

Car si la guerre fait rage depuis sept semaines à Gaza, les violences ont aussi flambé en Cisjordanie. Vendredi matin, un Palestinien de 22 ans a été abattu par l'armée israélienne à Jéricho, selon l'Autorité palestinienne.

Depuis le 7 octobre et l'attaque sanglante du Hamas qui s'est soldée par 1.200 morts en Israël, en majorité des civils selon les autorités israéliennes, et environ 240 otages, quelque 15.000 personnes sont mortes à Gaza, selon le gouvernement du Hamas.

Dans le même temps, plus de 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens en Cisjordanie, selon le ministère de la Santé palestinien.

Les ONG palestiniennes affirment qu'environ 3.000 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées depuis le début de la guerre. Elles ont également annoncé la mort de six prisonniers en détention depuis le 7 octobre.

Et dans les Territoires occupés, l'expérience carcérale est une des plus partagées: selon l'ONG Addameer, environ 800.000 Palestiniens sont passés dans les prisons israéliennes depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967 et le début de l'occupation des Territoires palestiniens.

L'organisation de défense des prisonniers recense actuellement 200 enfants palestiniens et 84 femmes dans des prisons israéliennes, sur plus de 7.000 prisonniers.

Jérusalem-Est sous surveillance

A quelques kilomètres de la Cisjordanie, Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967, vit une soirée encore différente. La joie s'y exprime à bas bruit, sous le regard des policiers israéliens.

"La police est chez nous et empêche les gens de venir nous voir", raconte à l'AFP Fatina Salman. Car toute célébration autour des prisonniers libérés est interdite à Jérusalem.

Sa fille Malak, 23 ans, avait été arrêtée sur le chemin de l'école il y a sept ans pour avoir tenté de poignarder un policier à Jérusalem. Incarcérée en février 2016, elle ne devait pas sortir avant 2025. Mais ce soir, elle dormira chez elle, dans son quartier de Beit Safafa.

"Ma fille est faible, elle n'a pas mangé depuis hier", se désole Fatina Salman.

Marah Bakir, elle, ne quitte pas sa mère dans la maison familiale du quartier de Beit Hanina de Jérusalem-Est. Le débit saccadé, cette Palestinienne de 24 ans dont huit en prison enchaîne les interviews devant les caméras.

"Je suis heureuse mais ma libération s'est faite au prix du sang des martyrs", affirme-t-elle, évoquant les 15.000 morts de Gaza, aux deux tiers des femmes et des enfants, selon le gouvernement du Hamas.

La liberté "loin des quatre murs de la prison", c'est "magnifique", dit-elle, un voile bleu fleuri sur la tête. "J'ai passé la fin de mon enfance et mon adolescence en prison, loin de mes parents et de leurs câlins, mais c'est comme ça avec un Etat qui nous oppresse et ne laisse aucun de nous tranquilles".

Son téléphone n'en finit pas de sonner : des proches, des amis qui tiennent à dire un mot au plus vite. Puis sa mère lui apporte un verre d'eau et siffle la fin de la séquence médiatique. "Désolée, laissez la se rafraîchir un peu".


Plus de la moitié des installations d’eau de Gaza ont été détruites, selon une enquête de la BBC

Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées. (Photo AFP)
Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées. (Photo AFP)
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  • Plus de la moitié des usines de dessalement et des systèmes de forage ont été endommagés ou détruits
  • La destruction des stations d’épuration des eaux usées a provoqué une explosion des maladies transmises par l’eau

LONDRES: Une enquête menée par la BBC révèle que la moitié des installations d’eau et d’assainissement de Gaza ont été détruites depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Des images satellites examinées par BBC Verify montrent qu’un peu plus de la moitié des six cent trois usines de dessalement et des systèmes de forage utilisés pour fournir de l’eau à Gaza ont été endommagés ou détruits. C’est également le cas de quatre des six stations d’épuration des eaux usées.

Selon une organisation humanitaire citée par la BBC, les deux autres stations d’épuration ont été fermées par manque de carburant ou d’approvisionnement. Les efforts de réparation ont été fortement perturbés en raison des dégâts qu’un important dépôt a subis.

La destruction de ces installations a provoqué une explosion des maladies transmises par l’eau, ce qui présente de graves risques pour la santé de la population, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes.

Le nombre de cas de diarrhée, d’hépatite A et même de choléra est monté en flèche.

Selon la Dr Natalie Roberts, directrice générale de Médecins sans frontières UK, la destruction des installations d’eau et d’assainissement a entraîné «des conséquences sanitaires désastreuses pour la population», ce qui a causé des décès.

Elle note que Rafah et la frontière sud de la région font partie des zones les plus touchées.

La BBC explique que, dans la mesure où l’état exact de chaque installation n’a pu être déterminé, aucune distinction ne peut être faite entre les installations «détruites» et celles qui sont «endommagées».

Elle souligne en outre que tous les dégâts ne sont pas visibles sur les images satellite – principalement dans le nord de Gaza ou dans la zone qui entoure la ville méridionale de Khan Younès –, de sorte que certaines installations touchées ont pu passer inaperçues.

La situation a été aggravée par les dégâts subis par le Service des eaux des municipalités côtières de Gaza et par le principal dépôt de services de l’Unicef, ce qui rend les réparations difficiles.

Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées.

D’après Leila Sadat, ancienne conseillère spéciale sur les crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale, ces destructions témoignent soit d’une «approche imprudente» des infrastructures civiles, soit d’un ciblage intentionnel.

Elle ajoute qu’il est possible que «ces destructions ne soient pas toutes des erreurs».

En réponse aux conclusions de la BBC, l’armée israélienne indique que le Hamas a utilisé des infrastructures civiles à des fins militaires, y entreposant des armes et des munitions.

Elle soutient que les installations d’approvisionnement en eau ont été principalement touchées lors de frappes aériennes qui visaient les combattants du Hamas et nie avoir intentionnellement ciblé des infrastructures civiles.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite condamne l’attaque sur le siège de l’Unrwa à Jérusalem-Est

Un groupe de manifestants israéliens a attaqué le siège de l’agence à Jérusalem-Est, région occupée par Israël, après qu’un fonctionnaire municipal israélien a appelé à manifester contre l’Unrwa. (Photo AFP)
Un groupe de manifestants israéliens a attaqué le siège de l’agence à Jérusalem-Est, région occupée par Israël, après qu’un fonctionnaire municipal israélien a appelé à manifester contre l’Unrwa. (Photo AFP)
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  • Le Royaume a déclaré qu’il tenait «l’occupation israélienne» pour responsable des crimes récurrents commis contre des civils innocents et des travailleurs humanitaires
  • L’Arabie saoudite a exhorté la communauté internationale à agir sérieusement pour faire cesser les violations des droits de l’homme commises par Israël

RIYAD: L’Arabie saoudite a condamné jeudi l’attaque menée par les colons israéliens au siège de l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), dans la partie occupée de Jérusalem.

Le Royaume a déclaré qu’il tenait «l’occupation israélienne» pour responsable des crimes récurrents commis contre des civils innocents et des travailleurs humanitaires, selon un communiqué publié par le ministère saoudien des Affaires étrangères.

L’homme politique a exhorté la communauté internationale à agir sérieusement pour faire cesser les violations des droits de l’homme commises par Israël. «L’occupation doit être tenue pour responsable des crimes qu’elle commet. Ces derniers violent le droit international», indique le communiqué.

Le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, avait mentionné plus tôt qu’un groupe de manifestants israéliens avait attaqué le siège de l’agence à Jérusalem-Est, région occupée par Israël, après qu’un fonctionnaire municipal israélien a appelé à manifester contre l’Unrwa.

La Jordanie a également condamné cette attaque, affirmant qu’il s’agissait d’une «violation flagrante du droit international, en vertu duquel les installations de l’ONU doivent être protégées».

Elle a appelé la communauté internationale à faire respecter le droit humanitaire international «immédiatement et efficacement» ainsi qu’à obliger Israël à empêcher les attaques contre les travailleurs humanitaires qui «jouent un rôle humanitaire majeur en fournissant de l’aide et des services aux Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Départ de Chypre d'un navire américain chargé d'aides pour Gaza

Un cargo battant pavillon américain transportant de l'aide vers un quai construit par les États-Unis au large de Gaza quitte Larnaca, à Chypre. (Reuters)
Un cargo battant pavillon américain transportant de l'aide vers un quai construit par les États-Unis au large de Gaza quitte Larnaca, à Chypre. (Reuters)
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  • Le MV Sagamore, battant pavillon américain, a quitté le port de Larnaca après avoir été chargé d'aides de Grande-Bretagne, de Chypre et des Etats-Unis, a déclaré le porte-parole du gouvernement chypriote
  • Les aides humanitaires devront être transférées sur une jetée temporaire construite par les Etats-Unis au large de Gaza avant leur acheminement dans le territoire palestinien

NICOSIE : Un porte-conteneurs américain chargé d'aides a quitté Chypre jeudi en direction de Gaza, un nouveau test pour le corridor maritime mis en place pour acheminer des aides vers le territoire palestinien assiégé et dévasté par la guerre entre Israël et le Hamas.

Le MV Sagamore, battant pavillon américain, a quitté le port de Larnaca après avoir été chargé d'aides de Grande-Bretagne, de Chypre et des Etats-Unis, a déclaré le porte-parole du gouvernement chypriote, Yiannis Antoniou, à l'agence de presse officielle CNA.

Les aides humanitaires devront être transférées sur une jetée temporaire construite par les Etats-Unis au large de Gaza avant leur acheminement dans le territoire palestinien.

Mardi, le Pentagone a affirmé que l'armée américaine avait achevé de construire un port artificiel temporaire à Gaza pour faciliter la livraison d'aide humanitaire mais qu'il ne pouvait être installé pour l'instant à cause des conditions météorologiques.

"La plateforme devrait être prête au moment où le navire arrivera afin que l'aide puisse être déchargée puis distribuée aux Palestiniens", a déclaré M. Antoniou, dont le pays est situé à quelque 370 km de Gaza.

Gouvernements et organisations internationales s'efforcent de trouver des moyens alternatifs pour acheminer l'aide vers Gaza après que l'ONU a mis en garde contre une famine imminente face à la forte baisse des livraisons d'aides internationales par voie terrestre, strictement contrôlées par Israël qui assiège la bande de Gaza depuis le 9 octobre.

L'ONG espagnole Open Arms, en collaboration avec l'ONG américaine World Central Kitchen, a affrété le premier navire d'aides qui s'est rendu de Chypre à Gaza en mars.

La communauté internationale et les ONG soulignent toutefois que ce couloir maritime, ainsi que les parachutages d'aides par des avions de plusieurs pays sur Gaza, ne peuvent se substituer aux aides par voie terrestre.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre, qui a fait plus de 1.170 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive de représailles d'Israël a coûté la vie à au moins 34.904 personnes, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.