Le secteur de la défense en Europe cherche à être plus efficace

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba s'adresse à une conférence de presse avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borell, après leur réunion, au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 novembre 2023. (Photo de JOHN THYS /AFP)
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba s'adresse à une conférence de presse avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borell, après leur réunion, au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 novembre 2023. (Photo de JOHN THYS /AFP)
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Publié le Jeudi 30 novembre 2023

Le secteur de la défense en Europe cherche à être plus efficace

  • Les dépenses militaires dans l'Union européenne ont certes atteint cette année un chiffre record à près de 270 milliards d'euros, mais celles concernant la recherche dans le domaine militaire sont en baisse
  • Les alliés européens de l'Ukraine ne cessent de réaffirmer leur soutien à ce pays en guerre contre la Russie, mais rechignent pour certains à débourser davantage

BRUXELLES: Des industriels de la défense, militaires et responsables politiques de l'UE ont fait le point jeudi à Bruxelles sur ce qu'il manque encore à l'Europe pour être efficace sur les champs de bataille, principalement en Ukraine.

Financements, capacité de travailler ensemble, interopérabilité des armées, adaptabilité, recherche et développement, autant de sujets sur lesquels l'Europe a encore du chemin à faire, ont constaté les participants à la conférence annuelle de l'Agence européenne de Défense (EDA), agence de l'UE pour les questions de défense.

Les dépenses militaires dans l'Union européenne ont certes atteint cette année un chiffre record à près de 270 milliards d'euros, mais celles concernant la recherche dans le domaine militaire sont en baisse.

Et surtout, "nous continuons à être à la traîne par rapport à d'autres acteurs" dans ce domaine, a souligné le patron de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui préside également l'EDA.

La Russie a prévu d'augmenter ses dépenses militaires de 67% en 2024, à quelque 30% de son PIB, quand celles des 27 représentent en moyenne 1,5%, loin de l'objectif de 2% fixé par l'Otan pour ses membres, dont 22 sont aussi des pays de l'UE. En comparaison, les Etats-Unis sont à 3,5%, a souligné M. Borrell.

Les alliés européens de l'Ukraine ne cessent de réaffirmer leur soutien à ce pays en guerre contre la Russie, mais rechignent pour certains à débourser davantage.

Le président du Conseil européen Charles Michel a suggéré jeudi d'avoir recours à des emprunts européens consacrés à la défense. Mais l'endettement de l'UE est un sujet tabou pour plusieurs Etats membres, à commencer par l'Allemagne.

Près de 60 milliards d'euros ont pourtant été consacrés aux investissements dans le secteur de la défense en Europe l'an dernier, selon l'EDA.

Avec ces "60 milliards d'euros par an, nous pouvons faire de grandes choses", a assuré M. Michel. Encore faut-il que ces dépenses soient efficaces, particulièrement en Ukraine.

Problème sur le terrain 

Or, l'interopérabilité de ces armements est un vrai problème sur le terrain. "Il y a beaucoup trop de systèmes d'armement différents en Europe", a déploré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, jeudi devant l'EDA.

Elle a pris l'exemple du canon de type Howitzer, utilisé par la brigade germano-néerlandaise, mais dont les obus ne sont pas interchangeables entre les artilleurs de ces deux pays.

"Nos forces armées en Ukraine utilisent plus de 200 systèmes différents d'armement", déplorait la semaine dernière à Bruxelles l'ambassadrice ukrainienne auprès de l'Otan, Nataliia Galibarenko.

Les industriels de l'armement réclament aussi de la visibilité.

"Nous avons besoin de clarté sur les priorités, davantage de coopération, de mise en commun des ressources financières et de cohérence entre l'UE et les Etats membres", a expliqué le patron de MBDA Missile Systems, Eric Beranger.

Et surtout, il faut des contrats d'armement.

L'UE a mis en place un mécanisme de financement de contrats en commun, pour répondre à la demande ukrainienne, mais les choses n'avancent pas assez vite.

L'UE a promis de fournir un million d'obus d'artillerie à l'armée ukrainienne d'ici mars, mais de l'aveu du ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, cet objectif ne sera pas atteint.

L'Ukraine "consomme" pas moins de 10 000 drones par mois, a rappelé Mme von der Leyen, et plus de 400.000 obus de mortier pour la même période, a affirmé de son côté le vice-ministre de la Défense ukrainien, le général Ivan Havryliuk.

Or, les industries de défense n'ont guère investi dans ces capacités d'armement que les Européens croyaient dépassées après des décennies de paix sur le continent.

"Qui aurait pu penser que nous aurions besoin de tanks, de systèmes de défense anti-aérien aujourd'hui", a remarqué le général Michiel van der Laan, directeur général de l'État-major de l'UE.

"Avec la guerre sur notre continent, nous pouvons garantir des contrats à long terme", a assuré Charles Michel, pour qui le message des 27 est clair: "produisez et nous achèterons".

"Cela ne fonctionne pas comme ça", a rétorqué Micael Johansson, le patron de la firme suédoise Saab. "Nous ne pouvons pas jeter de l'argent dans des projets à long terme sans avoir d'engagements et c'est ce qui manque aujourd'hui", a-t-il déclaré dans une autre conférence sur les questions de défense organisée dans la capitale belge.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.