Des Alpes au Mexique, les sommets de l'espoir face au cancer

Un groupe d'alpinistes est aperçu au sommet du volcan «Citlaltépetl» ou «Pico de Orizaba», la plus haute montagne du Mexique (5 636 m), à Puebla, au Mexique, le 25 novembre 2023 (Photo, AFP).
Un groupe d'alpinistes est aperçu au sommet du volcan «Citlaltépetl» ou «Pico de Orizaba», la plus haute montagne du Mexique (5 636 m), à Puebla, au Mexique, le 25 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 décembre 2023

Des Alpes au Mexique, les sommets de l'espoir face au cancer

  • Ximena, Erika, Fernando, David (tous quatre amputés), Victor, Gabrielle, Carla, Jean-Marc... relèvent le défi du «Sommet de l'espoir», une initiative née en France pour célébrer la «vie après le cancer»
  • Pour la première fois, des Français sont venus au Mexique, après le voyage de quatre Mexicains dont Ximena dans les Alpes en juillet

EL PICO DE ORIZABA: "La montagne, c'est une thérapie", lance Ximena au pied du pic d'Orizaba (5.610 m), le plus haut sommet du Mexique, que la jeune femme s'apprête à grimper en béquilles avec une quinzaine d'autres survivants du cancer mexicains et français.

Ximena, Erika, Fernando, David (tous quatre amputés), Victor, Gabrielle, Carla, Jean-Marc... relèvent le défi du "Sommet de l'espoir", une initiative née en France pour célébrer la "vie après le cancer".

Pour la première fois, des Français sont venus au Mexique, après le voyage de quatre Mexicains dont Ximena dans les Alpes en juillet.

L'aventure commence par une nuit d'adaptation en refuge à 4.200 m d'altitude, puis une marche de six heures sur des pistes escarpées qui traversent des goulets de pierres volcaniques, avec de la neige par endroits.

Les reliefs représentent un premier défi pour Ximena, 22 ans, Erika, 23 ans, Fernando, 18 ans, tous trois en béquilles, et David, 30 ans, équipé d'une prothèse sous le genou gauche.

"Je me surprends moi-même de ce que je suis capable de faire", souffle Ximena Gutierrez, amputée juste avant ses 15 ans après un ostéosarcome (cancer de l'os chez les jeunes).

La montagne permet de "dépasser les limites et les attentes que j'avais envers moi-même", assure la maquilleuse, qui a déjà grimpé l'ancien volcan l'année dernière.

Le groupe arrive au camp de base à 4.900 m au pied du glacier, dont l'ombre apparaît dans le ciel à la tombée du jour. Les "sherpas" montent les tentes sur un plateau rocheux, qui surplombe une couche de nuages.

Dans la paix du soir, Carla Bohème, 19 ans, se remet de ses efforts, réconfortée par sa sœur Marie, 22 ans, venue par surprise du Canada.

"C'est un peu comme quand on combat la maladie, on va jusqu'au bout, on se bat. Il y a des hauts et des bas", raconte l'étudiante venue de Franche-Comté dans l'est de la France.

Quatre jours avant son départ pour le Mexique, les médecins lui ont annoncé une troisième récidive du cancer du nasopharynx diagnostiqué quand elle avait neuf ans.

«J'ai de la chance de vivre»

"J'ai dit: je m'en fous, je viens quand même. Je vais profiter à fond. Pendant que je suis ici, les médecins cherchent ce qu'ils pourront me donner comme thérapie ciblée en rentrant", lance la jeune femme - qui s'arrête avec quelques autres à 4.900 m.

Pour les candidats à l'assaut final du sommet, la courte nuit glaciale dans les sacs de couchage se termine à une heure du matin, l'heure de s'équiper pour la haute montagne.

Sans difficulté technique particulière, l'ascension finale est un défi pour les alpinistes amateurs: cordée de quatre personnes avec guide, harnais, crampons et bâtons, respiration difficile à 5.300 m, avec une pente à 35 degrés.

Le sommet se rapproche quand le jour se lève dans un dégradé de noir, d'orange et d'azur.

Les bords du cratère, et puis le sommet, enfin: après cinq à sept heures d'effort selon le rythme des cordées, une dizaine de survivants touchent au but, dont Ximena, Erika et Fernando, accompagnés par leur guide.

"Je me sens puissante", sourit Ximena en contemplant le paysage à perte de vue, avec trois autres volcans à l'horizon, la Malinche (4.105 m), l'Iztaccihuatl (5.201 m) et le Popocatepetl (5.419 m), le seul en activité comme l'indique son panache de fumée.

Erika laisse couler des larmes de joie.

"J'ai de la chance de vivre des choses que beaucoup n'ont pas pu vivre", lance l'étudiante en tourisme, en pensant "aux personnes qui sont parties en chemin".

L'organisateur Mathieu Dornier tient la photo de deux de ses trois sœurs, Emilie et Valérie, décédées de leucémie dans les années 80 et 90.

"Les sommets de l'espoir ont commencé il y a 30 ans en France", explique le Français installé au Mexique où il a lancé une marque de produits bio.

"Quand l'une de mes sœurs rechutait pour la deuxième fois, mon père lui avait dit: +quand tu seras en rémission tu feras le Mont-Blanc+", raconte le quadra accompagné de sa troisième sœur, Pauline, venue de France.

Depuis 1994, l'association "Semons l'espoir" accompagnent ainsi vers les sommets des jeunes confrontés au cancer.

Après le décès de leur père en 2022, Mathieu et Pauline perpétuent l'aventure des "Sommets" des deux côtés de l'Atlantique "pour donner la même opportunité à des survivants du cancer de se surpasser".

Le groupe des survivants franco-mexicain s'est séparé dimanche dernier, avec des valises de souvenirs et d'émotions en partage. "Nous avons gagné des batailles et perdu d'autres", leur a écrit Mathieu dans un message de remerciement. "La lutte continue".


Russie: le cycliste français Sofiane Sehili libéré

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
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  • Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe
  • Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté

MOSCOU: Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti.

Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l'a condamné "à une amende de 50.000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l'agence.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.

Contactée par l'AFP, l'avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n'était pas joignable dans l'immédiat.

Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, M. Sehili risquait jusqu'à deux ans de prison.

Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l'étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l'attente de son procès.

Le cycliste d'endurance français avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n'était franchissable qu'en train ou en autocar, selon un responsable d'une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine.

Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d'effort.

Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe.

Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté.

"Il ne pensait qu'à son exploit sportif", avait-elle expliqué.

Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s'est spécialisé dans l'ultracyclisme, fait d'épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.

Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l'offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.


Washington menace Bogota, 5 morts dans des frappes américaines dans le Pacifique

Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
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  • Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total
  • Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro.

Le président américain Donald Trump a qualifié M. Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L'élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.

M. Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l'encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité M. Petro à "faire attention". Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".

Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total.

Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes.

Une source militaire colombienne a affirmé à l'AFP que la frappe de mardi s'était produite "près" mais non à l'intérieur des eaux coombiennes.

Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts.

L'origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n'a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.

"Inacceptable" 

Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu'il revendique comme une lutte contre le narcotrafic.

La Maison Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.

Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes.

"Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n'y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré M. Hegset.

Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.

"Ce qui est en jeu, c'est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s'est alarmé mercredi l'ambassadeur colombien à Washington Daniel García-Peña, dans un entretien à l'AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation

"Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme (...) de ses relations internationales, dans lequel l'incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".

Le Venezuela a de son côté accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5.000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.


Rubio affirme que les projets d'annexion d'Israël en Cisjordanie «menacent» la trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
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  • Marco Rubio a averti que les projets de loi israéliens visant à étendre la souveraineté en Cisjordanie risquent de compromettre la trêve à Gaza, soulignant que les États-Unis, sous Donald Trump, ne peuvent pas les soutenir pour le moment
  • Malgré le soutien de l’extrême droite israélienne à l’annexion, Washington redoute que ces initiatives ravivent les tensions en Cisjordanie et fragilisent les efforts de paix en cours

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a mis en garde mercredi sur le fait que le vote au parlement israélien de projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie risquait de "menacer" la trêve à Gaza.

"Je pense que le président (Donald Trump) s'est assuré que ce n'est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment", a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il partait pour Israël, où il est attendu jeudi, affirmant que cela "menacerait" le cessez-le-feu et serait "contre-productif".

La Knesset, le Parlement israélien, s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est opposé à toute annexion de la Cisjordanie par Israël, un projet soutenu par l'extrême droite israélienne.

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser leur examen en première lecture.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

"C'est une démocratie, ils vont voter", a déclaré M. Rubio.

"Mais pour l'instant, c'est quelque chose qui, selon nous, pourrait être contre-productif", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la recrudescence des violences commises par des colons israéliens extrémistes contre les Palestiniens en Cisjordanie, M. Rubio a déclaré: "Nous sommes préoccupés par tout ce qui menace de déstabiliser le fruit de nos efforts".

Marco Rubio se rend en Israël dans la foulée du vice-président JD Vance, qui s'est montré globalement optimiste quant au maintien de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump, cet accord avait paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d'accusations de violations de la trêve.

"Il y aura chaque jour des menaces, mais je pense en réalité que nous sommes en avance sur le calendrier en termes de mise en place, et le fait que nous ayons traversé ce week-end est un bon signe", a dit M. Rubio.